• il y a 2 mois
En 2023, en France, plus de 150 personnes ont été tuées lors de règlements de comptes liés à la drogue. Le profil des exécutants est glaçant : des jeunes, parfois mineurs, qui tuent pour 10 000 à 15 000 euros. Meurtres, séquestrations, ou encore actes de torture sont commandités par des chefs de réseaux qui brassent des centaines de millions d’euros. Jamais le trafic de drogue n’a provoqué autant de violence sur notre territoire, et jamais il n’a rapporté autant d’argent. Chaque année, ce business illégal génère 3,5 milliards d’euros de chiffre d'affaires en France.

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00:00:00...
00:00:12Ça c'est du shit, regardez c'est bien servis...
00:00:15Même ça dépasse du sac.
00:00:17Tu vas voir, quelqu'un à tout beau...
00:00:18Et tu vas vouloir déguster la vie comme les dégustes.
00:00:21Et pour ça, on en revient toujours au même, il faut de l'argent.
00:00:24On a le stock, si quelqu'un...
00:00:27A le couille de venir...
00:00:29Il repartira sûrement mort.
00:00:30En dix mille euros, vous allez tuer.
00:00:33Parce que je devais aller en vacances.
00:00:35On a à peu près ce qu'ils vendent bien, ce que les gens recherchent.
00:00:39Pourquoi la kalachnikov, elle est aussi utilisée dans les règlements de compte ?
00:00:42Tu peux la mettre dans la main de n'importe qui qui a déjà joué aux jeux vidéo,
00:00:45qui sera la chargée et il ne reste plus qu'à appuyer.
00:00:49On a acheté ce qu'on avait à acheter et on est partis faire ce qu'on avait à faire.
00:00:52Et en traduction, de manière concrète, ça veut dire quoi ?
00:00:54Ça veut dire on est partis, on a pris les armes, on est partis, on a tué.
00:00:59Vous avez réussi, vous en avez combien depuis que vous avez repensé à vous ?
00:01:03Deux millions.
00:01:04Deux millions.
00:01:06Bonsoir et bienvenue dans Enquête Exclusive,
00:01:08qui vous propose ce soir un document tout à fait étonnant, parfois glaçant.
00:01:12C'est une plongée inédite dans l'univers du trafic de drogue en France.
00:01:16Un marché noir qui génère entre 3 et 6 milliards d'euros chaque année en France,
00:01:21d'après les experts, et ce serait entre 200 et 250 000 personnes
00:01:25qui en vivraient directement ou indirectement.
00:01:28Alors c'est un marché noir, c'est aussi un marché de la mort,
00:01:31avec ses règlements de compte, avec ses victimes collatérales.
00:01:34Il faut savoir que 150 personnes ont été victimes de cette guerre entre gangs l'an dernier.
00:01:40Il faut savoir aussi que les tueurs sont de plus en plus jeunes.
00:01:43Les nouveaux barons de la drogue en France,
00:01:44c'est une enquête signée Solène Oyénaud pour Vigie et Enquête Exclusive.
00:01:53Le rendez-vous nous a été donné dans un appartement,
00:01:57quelque part en France.
00:02:00L'homme qui se présente à nous est un tueur à gages,
00:02:04un professionnel du crime.
00:02:08Il a environ 35 ans et fait déjà partie des criminels expérimentés.
00:02:16Je suis un mec qui travaille au contrat.
00:02:18Un contrat, c'est une photo, une somme d'argent, et cette photo-là, c'est une cible.
00:02:23Aujourd'hui, vous avez tué combien de personnes?
00:02:24Je dirais plus d'une dizaine.
00:02:28Ça fait 12 ans que je fais ce métier.
00:02:30C'est mon quotidien.
00:02:32Des tueurs indépendants comme lui, qui ne sont affiliés à aucun clan,
00:02:36ont fait leur apparition dans le monde de la drogue depuis une dizaine d'années.
00:02:41Pour une mort, c'est à peu près 100, 150 000 euros.
00:02:44On ne paye en avance.
00:02:45Je passe par certaines personnes.
00:02:47Je ne connais pas le commanditaire et je ne peux pas le connaître.
00:02:50Dans la rue, son métier a un nom, charcleur.
00:02:54Ça vous fait quoi de tuer?
00:02:56Aujourd'hui, franchement, ça ne me fait plus rien.
00:02:58Je fais mon taf, je charcle, je rentre chez moi à dormir, j'oublie tout.
00:03:03Je peux aller faire la fête, je fais un repas en famille.
00:03:06Tout va bien.
00:03:08L'homme est venu avec une partie de ce qu'il utilise.
00:03:14Dans son sac, plusieurs armes à feu de différents calibres.
00:03:19Je vais vous présenter tout ce que j'utilise.
00:03:24La K-47, la K-47, je vérifie qu'il n'y a rien dedans.
00:03:30L'autre nom de la Kalashnikov, chargeur 7,62 par 39.
00:03:36Autrefois peu répandue, ces armes de guerre sont aujourd'hui habituelles dans les fusillades.
00:03:42C'est une petite, très pratique, peu précise, semi automatique.
00:03:47Elles font de gros dégâts et sont souvent responsables des victimes collatérales des règlements de comptes.
00:03:54Là, j'ai les armes de poing, 7,65, blessure de jambe, c'est pour blesser les jambes.
00:04:02C'est une petite punition, on va dire, petite punition avant la méchanceté.
00:04:05La méchanceté, dans son jargon, ça veut dire la mort.
00:04:11Ce jour là, sur la table, six armes à feu et des dizaines de balles.
00:04:17Elle est plus petite que celle de 7,62 par 39, mais elle fait autant de dégâts, celle-là.
00:04:24Elle te rentre dedans, elle ricoche sur l'os et elle te perfore de l'intérieur.
00:04:28Elle fait que des ricochets.
00:04:31L'homme nous dit accepter des contrats régulièrement, car la demande ne fait qu'augmenter.
00:04:39Je suis beaucoup sollicité, oui, bien sûr.
00:04:41Paris, c'est une grosse ville meurtrière.
00:04:44Il y a Lyon aussi, qui est une ville meurtrière.
00:04:46On a Lille, un peu de partout, en fait.
00:04:49En vérité, je vais être franc avec vous, la France, ça commence à être l'Amérique.
00:04:53Là, ce que vous voyez sur la table, vous faites l'émission au jour d'aujourd'hui.
00:04:57Peut-être que demain, une de celle-là, elle va tuer quelqu'un, elle aura disparu.
00:05:01Cet homme nous dit être aujourd'hui l'un des tueurs à gages les plus âgés dans le milieu.
00:05:06Car depuis quelques années, de nouveaux profils ont fait leur apparition.
00:05:11Des jeunes, parfois mineurs, qui acceptent de tuer pour 10 à 15 000 euros.
00:05:18Pourquoi l'ultra-violence dans le monde du stupéfiant a-t-elle explosé?
00:05:22En France, en 2023, le nombre d'homicides et tentatives d'homicides liées au trafic de drogue a augmenté de 57% par rapport à 2022.
00:05:33C'est nécaton, c'est nécaton, quand je dis que Marseille, c'est devenu un cimetière, pour moi, c'est un cimetière.
00:05:39En France, les réseaux n'ont jamais été aussi puissants et aussi riches.
00:05:44200.000 personnes vivraient directement ou indirectement du trafic.
00:05:49Les violences qu'ils génèrent ont aussi atteint un niveau record.
00:05:53Assassinats, enlèvements, violences et tortures.
00:05:59Vous allez être dans le camp, de toute manière, séquestration, là, t'as pas compris?
00:06:02Je vais vous en prayer.
00:06:03Désormais, l'ultra-violence s'assume et s'exhibe.
00:06:07Vous avez déjà torturé ou fait torturer?
00:06:09Mais c'est des fils de pute.
00:06:11Plus inquiétant encore, les soldats de ces guerres meurtrières n'ont jamais été aussi jeunes.
00:06:16A Marseille, plus de la moitié des mises en examen pour assassinat ou tentative d'assassinat l'an dernier ont moins de 20 ans.
00:06:23Il est dans votre cœur, le petit garçon.
00:06:25Je l'ai pris, ce cœur là.
00:06:27Ils l'ont pris, ça y est.
00:06:29Durant plusieurs mois, nous avons enquêté et vécu en immersion dans le monde de la drogue.
00:06:34Nous avons recueilli des témoignages inédits au plus haut niveau du trafic.
00:06:39Aujourd'hui, vous êtes à quel niveau des échanges?
00:06:43Il n'y a personne au-dessus de moi.
00:06:45Des grands patrons jusqu'aux plus jeunes, prêts à prendre les armes et tuer pour quelques milliers d'euros.
00:06:52Le plus cher que vous ayez pris, c'était combien?
00:06:5525.
00:06:57Et le moins cher?
00:06:5810.
00:06:59Pour 10, l'euro, vous avez tué.
00:07:02Parce que je devais aller en vacances.
00:07:04Voilà à peu près ce qui se vend bien, ce que les gens recherchent.
00:07:08Nous avons vécu de l'intérieur ces guerres de territoire.
00:07:14Elle est passée la balle, elle n'est pas passée.
00:07:18Pas trop risqué, non.
00:07:21C'est un peu risqué pour nous.
00:07:22Plongé au cœur du trafic de drogue, de ses codes et de sa violence.
00:07:28Un business qui génère chaque année en France 3 milliards et demi d'euros.
00:07:38Rien qu'à Marseille, la vente de drogue dans la cité phocéenne rapporterait 10 à 15 millions d'euros chaque mois.
00:07:45Certains quartiers se sont ainsi spécialisés dans la vente de stupéfiants.
00:07:49Les sommes engrangées sont ahurissantes.
00:07:53Dans les quartiers nord, d'après nos sources, la cité de Campagne-Lévesque générerait un chiffre d'affaires de 60.000 euros par jour.
00:08:02La Castellane, 50.000 euros.
00:08:05Plus au sud, Herbel, 30.000 euros.
00:08:09Un business qui se centralise depuis quelques années autour des fours, ces points de deal qui fonctionnent aujourd'hui comme de vraies entreprises.
00:08:22C'est également le cas de la cité Félix-Piatt, dans le troisième arrondissement de la ville, l'un des quartiers les plus précaires de France.
00:08:30Aujourd'hui, la vente de drogue y est devenue une activité presque comme une autre.
00:08:40Exceptionnellement, nous avons vécu en immersion au sein de ce point de deal pour en expliquer le fonctionnement.
00:08:50Le rendez-vous nous a été donné à 10 heures du matin.
00:08:53À 7 heures, le point de deal n'a pas encore ouvert.
00:08:57Si la cité semble calme, dans les étages de cet immeuble habité, une petite main commence à s'activer.
00:09:18Moussa a 16 ans.
00:09:20Sa mission, s'assurer que les forces de l'ordre n'ont pas mis leur immeuble sous surveillance.
00:09:27Là, je fouille parce que la police, elle vient par en haut et ça nous embête.
00:09:34Ça nous embête, on ne peut pas travailler normalement.
00:09:39On perd des sous.
00:09:41Moussa est le vendeur et c'est à lui que revient la responsabilité de sécuriser l'immeuble.
00:09:47Il faut tout regarder.
00:09:49Il doit fouiller intégralement les 14 étages de cette tour.
00:09:56Dehors, d'autres jeunes s'activent aussi.
00:09:59Eux vont assurer la sécurité aux abords du point de deal.
00:10:10Ces poubelles mises en quinconce servent à ralentir les forces de l'ordre,
00:10:14qui devront slalomer avant d'atteindre le point de deal.
00:10:17Cela permet aux trafiquants de gagner du temps.
00:10:21En amont du barrage, un autre maillon indispensable du trafic est déjà en place.
00:10:26Ce sont les guetteurs.
00:10:28Ils sont là pour prévenir en cas de passage de la police
00:10:31et doivent crier des codes à destination des vendeurs.
00:10:34Les axes à surveiller, c'est ceux-là.
00:10:37Là.
00:10:39Ici, c'est le S.
00:10:41Là, c'est Miami.
00:10:42Et cette petite rue-là, c'est la résine.
00:10:45Chaque passage de la police doit être indiqué clairement.
00:10:49Quand la police est là à Miami,
00:10:51il doit crier les typistes en Miami, en gros.
00:10:54Et quand la police rentre, il doit crier le ARA.
00:10:59Grâce aux cris, le vendeur aura le temps de se mettre à l'abri dans les étages.
00:11:04Ce n'est qu'une fois que toutes les petites mains du réseau sont à leur poste...
00:11:10...que Moussa, le vendeur, peut s'installer.
00:11:14Le lieu de vente se trouve derrière ce dernier rempart installé en permanence
00:11:19qui condamne les issues de secours de cet immeuble
00:11:22où vivent plusieurs centaines de personnes.
00:11:24Ici, on vend principalement du cannabis.
00:11:36Mais également de la cocaïne.
00:11:39C'est bon.
00:11:41Avant le début de la vente, tout est minutieusement compté.
00:11:45Comme tous les matins, le point de deal ouvre donc ses portes
00:11:49et les premiers acheteurs sont déjà là.
00:11:52Ici, tout est structuré comme dans une entreprise.
00:11:56Aux côtés de Moussa, le vendeur, il y a le gérant.
00:11:59C'est lui qui va tenir les comptes sur son petit bout de papier.
00:12:04C'est la feuille de compte ?
00:12:06Oui, c'est ça.
00:12:10Dans la cage d'escalier, c'est le défilé de consommateurs
00:12:14venus de tous horizons.
00:12:16Travailleurs.
00:12:20Cadres.
00:12:23Étudiants. Hommes. Femmes.
00:12:27Toutes les catégories socio-professionnelles s'y retrouvent sans complexe.
00:12:32Merci.
00:12:38L'usage de stupéfiants est un délit puni d'une peine maximale
00:12:42de un an d'emprisonnement et de 3 750 euros d'amende.
00:12:50Les vendeurs ont même adopté tous les codes des commerciaux traditionnels
00:12:54et font la promotion de leurs produits.
00:12:57Mais l'apparente tranquillité du trafic a néanmoins ses limites.
00:13:08Le cri d'alerte retentit.
00:13:10Les transactions s'arrêtent immédiatement.
00:13:14La police est aux alentours.
00:13:16Avant même son arrivée, toute la cité est au courant.
00:13:27Une patrouille à pied a été repérée.
00:13:31Régulièrement, les forces de l'ordre tentent de venir interpeller les trafiquants.
00:13:36Les policiers pénètrent dans les étages.
00:13:39Le barrage installé le matin a permis aux vendeurs de prendre la fuite.
00:13:44Les policiers détruisent les barricades.
00:13:46A défaut d'interpellation, cela permet de ralentir le trafic.
00:13:51Dehors, les jeunes attendent tranquillement.
00:13:54Les guetteurs ne risquent qu'une amende de 68 euros pour tapage injurieux.
00:13:58Une amende rarement infligée.
00:14:14Une fois la police partie, les dealers reprennent leur quartier.
00:14:18Ils veulent reconstruire le plus rapidement possible.
00:14:21Car leur business est à l'arrêt depuis près d'une demi-heure.
00:14:41Au pied de la tour, les clients attendent tranquillement que le point de deal ouvre de nouveau.
00:14:49Comme si la situation était normale.
00:15:07Les policiers sont toujours aux alentours.
00:15:10Le point de ventre reste donc fermé.
00:15:12Mais la reconstruction du barrage, elle, continue.
00:15:16Parmi ces jeunes qui tiennent le point de deal ce dimanche,
00:15:20beaucoup sont mineurs.
00:15:22Et certains sont même scolarisés.
00:15:45Au bout d'une heure finalement, le trafic va pouvoir reprendre.
00:15:53Après un énième inventaire.
00:15:55Car un problème de comptabilité les effraie bien plus que la présence policière.
00:16:01Tortures, humiliations, dettes.
00:16:04Certains patrons font régner la terreur en cas de trou dans les comptes.
00:16:16Les dealers font preuve d'une grande minutie.
00:16:33Toutes les deux heures, la recette est évacuée pour éviter d'être saisie par la police en cas d'interpellation.
00:16:46Il n'y aura pas de paye, les gérants ne vont rien toucher.
00:16:50Car souvent, les petits femins sont payés avec les recettes de la journée.
00:16:55Et si de l'argent manque à la fin, il pourra être retenu de leur salaire.
00:17:00Pour une journée de 8 heures, le guetteur touche entre 100 et 150 euros.
00:17:05Le vendeur, entre 200 et 400 euros.
00:17:09Et le gérant, 600 euros.
00:17:12Au total, seule une petite quinzaine de personnes permettent au réseau de fonctionner.
00:17:30Gagner beaucoup, en peu de temps.
00:17:33Et espérer s'offrir ce qu'ils voient au quotidien sur les réseaux sociaux.
00:17:38Influenceurs, stars du rap, traders dans la crypto-monnaie.
00:17:43Mais tout est possible. Donc crois en toi, crois en tes rêves et rejoins l'élite.
00:17:47Mener la grande vie sur fond d'argent facile et rapide.
00:17:51Le nouveau rêve de cette génération.
00:17:55Tu vas voir quelqu'un à Dubaï, tu vas vouloir déguster la vie comme il déguste.
00:17:59Et pour ça, on en revient toujours au même, il faut de l'argent.
00:18:03Et pour avoir cet argent-là, nous on se débrouille autrement.
00:18:09Ce jour-là, les forces de l'ordre semblent avoir décidé de ne pas lâcher Félix Piat.
00:18:15Cette stratégie policière s'appelle le harcèlement de points de deal.
00:18:20Les barricades sont de nouveau détruites.
00:18:24Puis une fois les policiers repartis, sont immédiatement reconstruites.
00:18:30Les réseaux font preuve d'une résilience à toute épreuve.
00:18:35Car la demande constante des consommateurs rend le trafic quasi inarrêtable.
00:18:41Aujourd'hui, la police est venue à trois reprises.
00:18:44Mais la vente n'a été interrompue qu'une heure trente au total.
00:18:50Il est 19h. La relève est arrivée.
00:18:55C'est comment les gars ? C'est comment les gars ?
00:19:00C'est la fin de la journée pour l'équipe de jour et l'heure de la paye.
00:19:08Le garçon semble habitué à manier les billets.
00:19:21Le point fermera ses portes à minuit.
00:19:24Au total, plus d'une centaine de consommateurs est venu se fournir sur cette seule journée.
00:19:30Les points de deal, véritables supermarchés de la drogue,
00:19:35n'ont pas seulement repris les codes de la grande distribution dans la rue.
00:19:39Plus discrètement, non loin du lieu de vente, se trouvent des appartements nourris.
00:19:45Des habitants, contre leur gré ou pour une forte somme d'argent,
00:19:50acceptent de cacher d'autres membres du trafic,
00:19:53chargés, eux, du conditionnement du produit.
00:19:59C'est l'équivalent de l'arrière-boutique, toujours surveillée par un haut gradé du réseau.
00:20:05C'est l'endroit où il faut découper, emballer, étirter.
00:20:10Et une fois que ça sera fini, ça sera distribué à la personne qui s'occupe de la vente.
00:20:16Dans cette cuisine, on conditionne en moyenne chaque jour 4 kg de résine de cannabis.
00:20:22A la revente, cela représente près de 32 000 euros.
00:20:26Le produit, il est très, très, très frais. Il vient tout droit, tout droit d'en bas.
00:20:31C'est où, en bas ?
00:20:33En bas, c'est au pays des merveilles.
00:20:36Par kilo, j'ai un nombre précis de combien je dois faire de capsules.
00:20:40Et si je m'amuse à faire 4 grammes 1, 4 grammes 2,
00:20:43s'il y a plus, nous, ça va nous perdre dans les comptes, ça veut dire qu'on va perdre de l'argent.
00:20:47Et s'il y a moins, on va perdre un client.
00:20:49Dans les 2 cas, il faut être précis. C'est mieux de faire pile-pile.
00:20:53Au moins, tout le monde, il est content.
00:20:55Une fois terminées, les capsules sont conditionnées et étiquetées.
00:20:59Chaque réseau y appose sa signature.
00:21:02Une manière de se démarquer de la concurrence
00:21:05et d'être toujours identifiable par les consommateurs.
00:21:08Des techniques venues tout droit du marketing.
00:21:12Dernière étape, ce scotch, gage de transparence.
00:21:16On va mettre ici.
00:21:17Nouvelle invention, c'est une sécurité.
00:21:19C'est-à-dire que c'est comme un produit, une fois que tu l'ouvres,
00:21:21on voit que tu l'as ouvert, ça veut dire que le produit a été touché.
00:21:24Si on essaie d'ouvrir la capsule, regardez.
00:21:26Directement, le client s'aperçoit que c'est plus le même scotch rouge
00:21:29et qu'il a été ouvert.
00:21:31Ce qui fait qu'il rend la capsule, il sera remboursé,
00:21:34il aura une capsule en plus.
00:21:36Il y a 10 ans, la découpe se faisait au lieu même du stock.
00:21:40Désormais, tout est séparé, cloisonné.
00:21:43Une question de sécurité.
00:21:45Car le principal ennemi d'un trafiquant, c'est son concurrent,
00:21:49qui n'hésitera pas à l'attaquer pour voler la marchandise.
00:21:53Si quelqu'un a les couilles de venir,
00:21:59il repartira sûrement mort, c'est sûr et certain.
00:22:03Des fours, des nourrices et des stocks.
00:22:07Tout cela est ultra protégé par des hommes armés
00:22:11et dirigé depuis l'étranger.
00:22:14Désormais, les patrons ont quitté les quartiers
00:22:17pour s'installer plus au sud.
00:22:19Espagne, Maroc, Algérie ou Dubaï
00:22:23sont les destinations préférées des narcotrafiquants.
00:22:26Un éloignement qui ressemble plus à un exil forcé,
00:22:30une manière de vivre en sécurité.
00:22:33Sur les bords de la Méditerranée,
00:22:36nous avons rendez-vous avec l'un de ces trafiquants.
00:22:39Depuis une dizaine d'années, il gère sa propre structure
00:22:42dans une grande métropole française.
00:22:45Le rencontrer nous a demandé des mois de négociations.
00:22:49C'est le chef du réseau, celui que l'on appelle la tête.
00:22:56Vous êtes recherché par les forces de police françaises ?
00:23:00Oui.
00:23:02Et vous risquez quoi ?
00:23:04Quelques années, je pense.
00:23:07Aujourd'hui, vous êtes à quel niveau des échelons ?
00:23:11Il n'y a personne au-dessus de moi.
00:23:13Une centaine de personnes vit directement de l'argent de son réseau.
00:23:17Lui a personnellement amassé une fortune.
00:23:20Vous avez réussi à rambranger combien ?
00:23:23Vous avez commencé à...
00:23:25Des millions, des millions.
00:23:27Plus précisément ?
00:23:29Impossible de vous donner un chiffre précis.
00:23:31Franchement, je ne l'ai jamais calculé.
00:23:33Mais ce n'est pas pour le soleil
00:23:35que ces gros patrons sont partis à l'étranger.
00:23:37C'est un moyen de se protéger de la police,
00:23:39mais également des autres trafiquants.
00:23:41Si tu t'exiles, ce sera beaucoup plus compliqué
00:23:43de te mettre en prison.
00:23:45Les personnes qui aimeraient t'attendre,
00:23:47c'est aussi beaucoup plus difficile pour elles.
00:23:49Et en plus de ça, quand tu dois gérer une guerre,
00:23:52tu es limite intouchable.
00:23:54Donc pour les autres, tu es un fantôme.
00:23:56Et toi, tu peux toucher leur poing.
00:23:58Vous avez été jusqu'où pour garder le business ?
00:24:00Enlèvement, séquestration, assassinat ?
00:24:02Tout ce qu'il fallait faire.
00:24:04Je ne peux pas te donner de détails sur tout.
00:24:06Mais séquestration, tu seras déjà obligé d'y passer.
00:24:08Il y aura forcément des gens qui ne vont pas payer,
00:24:10qui vont essayer, qui vont tester.
00:24:12Donc tu vas les prendre.
00:24:14Et ils serviront d'exemple au reste.
00:24:16Vous avez déjà torturé ou fait torturer ?
00:24:19Ouais, mais c'était des fils de pute.
00:24:21Contrairement à ce qu'on pourrait penser,
00:24:23cet éloignement géographique
00:24:25n'affaiblit pas les chefs ni leur autorité.
00:24:29Ce n'est pas la distance qui fait la dangerosité de la personne.
00:24:31La France, c'est un pays dangereux.
00:24:33Mais ce n'est pas Macron qui va au front.
00:24:35Le chef du réseau, c'est la même chose.
00:24:37On sait qu'il a tant de soldats,
00:24:39qu'il a une grosse puissance de feu
00:24:41et qu'il peut donc déclencher ces choses-là.
00:24:43Dans le trafic de stupéfiants depuis près de 20 ans,
00:24:45il a vu le monde de la rue évoluer.
00:24:47Et le principal bouleversement
00:24:49est arrivé au moment de la crise du Covid,
00:24:51qui, dans la rue aussi,
00:24:53a redistribué les cartes.
00:24:55Il y en a qui ont pu être opportunistes
00:24:57parce que le prix du hashish,
00:24:59il a considérablement augmenté.
00:25:01Il y en avait peu.
00:25:03Donc ce qu'on avait,
00:25:05c'était comme s'ils avaient de l'or.
00:25:07Ça a redistribué les cartes.
00:25:09Et c'est ce qui fait que des personnes plus jeunes,
00:25:11moins expérimentées,
00:25:13qui n'ont pas gravi tous ces échelons,
00:25:15se retrouvent avec les sommes,
00:25:17permettant d'être ambitieux.
00:25:19Un petit con peut se mettre en tête
00:25:21avec 2-3 potes aussi cons que lui
00:25:23qui vont récupérer le point.
00:25:25Il faut essayer.
00:25:27Ça va être une guerre.
00:25:29Dans la plupart des cas,
00:25:31ces petits cons finissent par ramasser
00:25:33et par regretter,
00:25:35mais ils ont quand même fait des dégâts autour d'eux.
00:25:37Ces jeunes patrons sont devenus
00:25:39la bête noire des anciens,
00:25:41pourtant habitués à la violence
00:25:43et au choc des générations,
00:25:45un peu comme dans la société traditionnelle.
00:25:47Pourquoi vous avez accepté
00:25:49de faire cette interview aujourd'hui ?
00:25:51Les proportions que ça a pris,
00:25:53elles sont énormes.
00:25:55C'est au sein des neutres
00:25:57qu'il y a beaucoup de drame
00:25:59et les morts amènent les morts
00:26:01et que la violence amène la violence.
00:26:03Donc les gens, ils vont se venger.
00:26:05Impatients, revanchards
00:26:07et ultra-violents,
00:26:09ces nouveaux trafiquants ont bouleversé
00:26:11la culture des réseaux.
00:26:13C'est précisément l'histoire de ce jeune homme
00:26:15que nous rencontrons.
00:26:17Il dirige plusieurs points de deal
00:26:19dans la région parisienne
00:26:21et va être pris devant nos caméras
00:26:23dans une guerre de territoire.
00:26:25Celui que nous appellerons Azim
00:26:27n'a connu que la rue.
00:26:29A 14 ans, il commence en bas de l'échelle du trafic
00:26:31et travaille pour plusieurs patrons.
00:26:33D'abord il guette,
00:26:35puis vend,
00:26:37avant de devenir gérant.
00:26:39Aujourd'hui, c'est le patron.
00:26:41Dans ce monde où l'argent est roi,
00:26:43il est étrangement très compliqué
00:26:45d'en parler.
00:27:10Il a grandi dans le milieu
00:27:12et en connaît tous les rouages.
00:27:14Il fait partie de cette nouvelle génération
00:27:16de trafiquants.
00:27:35En 2017, il est arrêté
00:27:37alors qu'il est vendeur
00:27:39sur un point de deal.
00:27:41En détention, son réseau
00:27:43ne le soutient pas financièrement,
00:27:45ce qui est pourtant une règle tacite
00:27:47dans le trafic de drogue.
00:27:49En prison, il retrouve un autre jeune
00:27:51qui travaillait pour le même patron.
00:28:07Leur prise de guerre,
00:28:09la voici.
00:28:11Cet immeuble d'une quinzaine d'étages.
00:28:13Son équipe
00:28:15est composée de jeunes gens
00:28:17comme lui, impatient
00:28:19et prêt à tout pour redistribuer
00:28:21les cartes du trafic.
00:28:23Le point de vendre,
00:28:25c'est le point de départ du pays.
00:28:27Il est midi,
00:28:29le point de vente ouvre ses portes
00:28:31à 14 heures.
00:28:33Et on y va.
00:28:35On va passer à l'interieur
00:28:37des quartiers.
00:28:39On va passer au milieu
00:28:41des quartiers
00:28:43où il y a plus de monde.
00:28:45On va passer au milieu
00:28:47des quartiers
00:28:49où il y a plus de monde.
00:28:51Le point de vente ouvre ses portes à 14 heures.
00:29:08Azim est très fier de gérer son propre réseau.
00:29:18Le point de deal, il l'a repris avec les armes.
00:29:22Une opération qui lui a coûté aux alentours de 40.000 euros.
00:29:28On a fait un petit groupe de soldats, on a acheté ce qu'on avait acheté et on est parti faire ce qu'on avait à faire.
00:29:35Et en traduction, de manière concrète, ça veut dire quoi?
00:29:37On est parti, on a pris les armes, on est parti, on a tiré.
00:29:40Il y a eu des victimes?
00:29:42Des morts, je vous le jure.
00:29:43Même des blessés?
00:29:44Vous laissez les blessés, sinon pourquoi sortir le fer s'il n'y a pas de blessés?
00:29:53Donc, la reprise de ce point, ça vous a coûté une victime?
00:30:04Et ça ne vous dérange pas plus que ça?
00:30:07Non, je préfère que ce soit lui, que ce soit ça, moi.
00:30:11Dans son équipe armée, certains étaient mineurs.
00:30:17C'est vous, personnellement, qui avez blessé la personne?
00:30:19Non. C'est un petit jeune homme, si vous voulez savoir, de 16 ans et demi.
00:30:26Pourquoi il a fait ça?
00:30:27Monsieur voulait aller en Thaïlande.
00:30:32Il a pris combien?
00:30:34Assez pour aller en Thaïlande et rester plus de 25 jours.
00:30:37Donc combien?
00:30:39Assez pour rester 25 jours en Thaïlande.
00:30:41L'argent, peu importe les risques et les conséquences.
00:30:45Cette violence leur semble même presque normale.
00:30:49Est ce qu'on peut dire que votre génération, c'est le nouveau visage du banditisme?
00:30:52Non, on n'est pas des banditismes, mais on n'est vraiment pas des bandits.
00:30:57Le mot bandit veut dire beaucoup de choses, ne veut pas dire ce qu'on est nous déjà pour commencer.
00:31:00Alors vous dire je suis un bandit, non, je suis un bébé bandit, oui.
00:31:04Mais un bébé bandit qui prend les armes, qui tire sur des gens, c'est plus un bébé bandit à ce niveau là.
00:31:09C'est un bébé bandit à l'air imbécile.
00:31:12Depuis sept mois, date de conquête du point de deal, le jeune patron est néanmoins très tendu.
00:31:20En prenant ce lieu par la force, il s'expose à d'éventuels représailles.
00:31:24La violence appelle la violence et le monde du stupéfiant à la rancœur tenace.
00:31:30Vous pensez que le camp d'en face pourrait faire quoi?
00:31:32Ah, on va s'entrejouer de la musique entre nous, jouer de la musique entre vous, vous faites référence au Kalachnikov qu'on surnomme les guitares, c'est ça, la fameuse Kalachnikov.
00:31:47Ces appréhensions sont justifiées.
00:31:49Quelques heures plus tard, pendant notre tournage, son point de vente est attaqué.
00:31:55Comment Azim va t il réagir?
00:32:02Mais qui sont ces jeunes prêts à blesser ou tuer pour quelques billets?
00:32:07Nous avons réussi à rencontrer l'un d'entre eux.
00:32:10Obtenir ce genre de témoignage est extrêmement rare, car le jeune homme risque la prison à perpétuité.
00:32:18Dans la rue, on les appelle les charcleurs, le nom actuel pour dire tueur à gage.
00:32:26Il a tout juste 20 ans.
00:32:28Votre métier, ce que vous avez pu faire, comment on pourrait le définir?
00:32:34Je suis un guerrier, ça peut être de l'enlèvement, de la séquestration ou atteindre la lumière de la personne.
00:32:40Éteindre la lumière, cela veut dire l'exécuter.
00:32:44Le plus cher que vous ayez pris, c'était combien?
00:32:4825 et le moins cher, 10 pour 10 000 euros, vous avez tué.
00:32:53Vraiment pas.
00:32:56Mais pourquoi vous l'avez fait?
00:32:59Parce que je devais aller en vacances.
00:33:02Et vous y avez pensé pendant ces vacances?
00:33:04Non, j'ai pensé une fois que j'avais plus de sous à refaire la même chose.
00:33:11Comment peut on être capable de tuer juste pour partir en vacances?
00:33:16Son itinéraire criminel n'a malheureusement rien d'original.
00:33:19Issu d'une famille modeste, il commence à être guetteur et débute alors une lente glissade vers la violence.
00:33:26J'étais jeune et je fumais beaucoup.
00:33:29Pour acheter un peu de fumette, il fallait un peu de sous.
00:33:32Donc automatiquement guette, on vend, on est gérant.
00:33:37Après, derrière, tu peux faire tout ce que tu veux.
00:33:39Du moment que tu rentres dans le monde, tu es pépé, tu as 1000 emplois.
00:33:42Un jour, il bascule et accepte d'honorer un contrat pour un réseau.
00:33:47Le jeune homme est alors à peine majeur.
00:33:49Qu'est ce qui se passe dans votre tête quand on vous appelle?
00:33:54Tout s'arrête.
00:33:56Je rentre dans une autre chambre, c'est la chambre de l'angoisse, du stress, de l'adrénaline.
00:34:03Et à ce moment là, vous vous sentez comme si vous n'étiez pas là.
00:34:06C'est la chambre de l'angoisse, du stress, de l'adrénaline.
00:34:11Et à ce moment là, vous tirez.
00:34:14Et il se passe quoi dans votre tête quand vous réalisez que la personne est morte?
00:34:18Je n'ai pas réalisé sur le tas.
00:34:19C'est après, par confirmation d'une autre personne qui a eu un mort à tel endroit.
00:34:25Et c'est là où on se dit on l'a fait quoi.
00:34:30Le jeune tueur repassera ensuite à l'acte.
00:34:33Désormais dans la rue, Charcler et sa nouvelle fonction pour les réseaux.
00:34:37Vous repensez au visage des gens que vous avez tué?
00:34:40Moi, personnellement, désormais, j'arrive plus à.
00:34:43C'est comme si j'avais l'image, mais sans le visage.
00:34:48C'est spécial, quoi.
00:34:50Croisez parfois la famille de cette personne?
00:34:53Souvent, si je ne les connais pas, j'essaie de ne pas aller vers eux.
00:34:58Mais si je les connais, c'est automatique.
00:35:01Je fais le gentil, je fais la double face.
00:35:05Bonjour, tata, ça va, tata, ça se passe, t'as besoin de quelque chose, tata.
00:35:11Vous avez tué des gens que vous connaissiez très bien dans la famille.
00:35:15Le jeune homme a pleinement conscience de la gravité de ses actes.
00:35:19Aujourd'hui, il aimerait arrêter.
00:35:22Pour autant, si un réseau l'appelle, il tuera sans doute de nouveau.
00:35:26On n'arrête pas comme ça.
00:35:28Vous êtes drogué à l'argent ou vous êtes drogué à l'adrénaline?
00:35:31Un peu des deux. On n'est plus drogué au regard des gens.
00:35:38Pourquoi vous avez été? Parce que dans la crainte, il y a le respect,
00:35:42mais le respect pur et dur.
00:35:45Et dans le respect, il y a de la peur aussi.
00:35:50Son témoignage est glaçant et pourtant, il est assez banal chez ces jeunes tueurs.
00:35:56C'est ce que nous confirme aussi la tête de réseau que nous avons rencontré.
00:36:01Ils préfèrent dix fois prendre 15.000 ou 20.000 euros pour passer,
00:36:06mettre trois balles à un mec, le laisser sur le carreau.
00:36:10Ça va lui prendre cinq minutes.
00:36:12Il sauve, il jette l'arme, c'est oublié.
00:36:14Plutôt que de tenir un point pour 3.000 euros par mois parce qu'il va devoir
00:36:17tous les jours être là, travailler, veiller sur les choses.
00:36:20Donc, ils choisissent la facilité.
00:36:21Argent rapide, facile, principe de zéro.
00:36:25Un rapport presque obsessionnel à l'argent, mais aussi une volonté
00:36:28de se faire respecter par les autres.
00:36:31Ils se ressentent tous.
00:36:32C'est un peu le même profil perdu pour la plupart jeune, pas très fort
00:36:38physiquement et qui ont justement ce besoin de se dire que moi aussi,
00:36:42je fais peur. Peut être que parce que eux aussi, ils ont peur.
00:36:45Va savoir. En tout cas, eux, ils avaient un complexe dans ce que j'ai vu.
00:36:49Ces nouveaux profils, une ville en a été la principale témoin.
00:36:55Marseille. En 2023, 49 personnes ont été tuées dans des narcomycides.
00:37:04C'est l'année la plus sanglante dans la cité phocéenne.
00:37:08Plus d'une trentaine de ces morts l'ont été dans une guerre entre
00:37:11deux clans, la DZ Mafia d'un côté et Yoda de l'autre.
00:37:17Deux clans et deux visages.
00:37:20Mehdi Laribi, surnommé Tik, considéré comme l'un des chefs de la
00:37:24DZ et Félix Bengui de l'autre, à la tête du clan Yoda.
00:37:29Les deux réseaux contrôlent fin 2022 plusieurs dizaines de points
00:37:32de deal très rentables pour un différent personnel entre ces deux
00:37:36chefs. Début 2023, une guerre sanglante éclate.
00:37:43En quelques mois, elle a fait des dizaines de victimes.
00:37:49Quelque part dans Marseille, nous rencontrons cet homme.
00:37:53Il prend d'énormes risques en nous parlant.
00:37:55S'il était reconnu, sa vie serait menacée.
00:37:58Nous ne pouvons donner aucun détail qui pourrait le confondre.
00:38:01Simplement lui poser les questions que nous voulons.
00:38:04Est ce que vous êtes affilié à la DZ Mafia?
00:38:07Si je suis là pour vous répondre, c'est que je sais des choses.
00:38:11C'est que peut être j'en faisais partie.
00:38:14Peut être que j'en fais encore partie.
00:38:16En tout cas, je ne suis pas là pour rien.
00:38:18Aujourd'hui, la guerre, elle en est où à Marseille entre la DZ et Yoda?
00:38:22Elle est finie parce que Yoda a perdu.
00:38:26La DZ, on l'estime à combien de personnes?
00:38:27On ne peut plus le compter.
00:38:30Ils sont trop Marseille, Belgique, la France.
00:38:36Selon lui, la DZ Mafia serait aujourd'hui l'un des groupes
00:38:39criminels les plus puissants de France.
00:38:42Félix Bengui, le chef présumé du clan Yoda, a lui depuis été arrêté.
00:38:49Durant cette guerre sanglante l'an dernier, parmi les
00:38:51personnes arrêtées pour homicide ou tentative d'homicide à Marseille,
00:38:55plus de la moitié avait entre 15 et 20 ans.
00:38:59Parmi ces jeunes aujourd'hui en prison et en attente de leur
00:39:02jugement, il y en a un qui a fait beaucoup parler de lui dans la
00:39:05presse et sur les réseaux, car il a un nom et un visage.
00:39:09Matteo.
00:39:12Matteo, est ce que ça vous dit quelque chose?
00:39:14Oui, dans les médias, Matteo était affilié à la DZ.
00:39:20On ne peut pas dire ça comme ça.
00:39:21Quand on est affilié à quelqu'un, c'est quand on travaille avec lui.
00:39:25Là, il était payé pour ce qu'il faisait.
00:39:27Ce serait lui, ici, avec son arme, en train d'abattre un homme en pleine rue.
00:39:34La particularité de Matteo, c'est qu'il se mettait en scène sur
00:39:37les réseaux sociaux en se vantant de ses actes.
00:39:41Je vais enchaîner les contrats, je vais redescendre, je vais remonter à Paname.
00:39:47Ça va tout baiser sur la vie de ma mère.
00:39:50Lui, ça a été beaucoup médiatisé.
00:39:54Il s'est filmé. Après, ils disent que dans les médias, ils se
00:39:58filmaient pour les patrons des réseaux.
00:40:01Pour qu'ils puissent le faire chanter ou le renvoyer, mais ce n'est pas vrai.
00:40:05Il n'y a personne qui lui a demandé de faire ça.
00:40:07Pourquoi? Pourquoi nous montrer?
00:40:11Si nous, on t'a donné la voiture et les armes, pourquoi tu veux nous
00:40:13remontrer les armes et la même voiture?
00:40:16Le jeune tueur est soupçonné d'être impliqué dans neuf assassinats.
00:40:22Matteo, il aurait déclaré en audition, en policier des types comme moi à Marseille.
00:40:27Il y en a plein. Il y en a plein.
00:40:29Il n'a pas tort. Il y en a beaucoup et des plus fous que lui même.
00:40:35Lui, il a été gentil, enfin gentil.
00:40:39Il a fait des conneries, des grosses conneries, mais il y a des plus
00:40:43petits qui sont plus, plus déterminés, plus intelligents que lui.
00:40:49Ils sont dehors, ces petits là, à l'heure actuelle.
00:40:51Ils sont là. Ils sont là.
00:40:56Malgré son expérience du milieu, l'homme se méfie de cette nouvelle génération.
00:41:01Si tu leur cries dessus et ils sont fous.
00:41:05Ils peuvent faire des choses de con.
00:41:07Ils font des choses de con, ils peuvent faire des choses de con avec nous aussi.
00:41:10Vous finissez par en avoir peur?
00:41:14Non, pas en avoir peur.
00:41:15Non, pas de peur. On n'a peur de personne.
00:41:18Mais si après, il veut se retourner contre toi, ça ne fait pas rire.
00:41:24Parce qu'après, il va falloir le tuer après.
00:41:27Mais vous vous en méfiez quand même?
00:41:29Il faut s'en méfier. Il faut.
00:41:34Ces jeunes, dont le Marseillais se méfie lui aussi, sont d'autant plus dangereux
00:41:39et incontrôlables qu'ils sont parfois recrutés directement sur Internet en quelques clics.
00:41:46Les nouvelles applications préférées des narcotrafiquants, les messages récryptés.
00:41:51C'est ici, sur des boucles de discussion que circulent les petites annonces.
00:41:57Nous avons infiltré certaines d'entre elles.
00:42:00Sur ce message, une proposition pour un travail de vendeur à Aubagne.
00:42:04Sur celui ci, une proposition pour Strasbourg ou encore Lyon.
00:42:09Désormais, les petites mains du trafic se recrutent dans toute la France et se déplacent au gré des opportunités.
00:42:16Horaire, tarif, lieu et durée du contrat.
00:42:19Tout est indiqué de manière très professionnelle.
00:42:23Même le titre de cette discussion reprend le nom d'un célèbre site d'offre d'emploi.
00:42:29C'est aussi ici que l'on passe certaines annonces de recrutement pour tueurs à gage.
00:42:34Sur celle ci, on propose 20 000 euros pour tuer quelqu'un.
00:42:38Sur celle là, 20 000 euros pour deux morts.
00:42:42Mais ces canaux sont aussi faits pour montrer sa force.
00:42:48Comme dans le sud de la France, où les attaques de points de deal sont diffusées et revendiquées.
00:43:04Montrer sa force, mais aussi faire régner la terreur.
00:43:17Scène d'humiliation.
00:43:24De tabassage.
00:43:25Certains des assassinats sont même filmés.
00:43:37Nous avons décidé de ne pas les diffuser.
00:43:40Sur ces canaux, circulent aussi des images de torture et d'actes de barbarie en provenance des cartels d'Amérique centrale.
00:43:48Ce genre de vidéos immergent les jeunes dans cet univers d'ultra violence, des images auxquelles ils s'habituent et qui peuvent avoir des conséquences profondes sur leur état d'esprit.
00:44:00C'est ce que nous confirme le jeune tueur.
00:44:02J'ai une vidéo où je me rappelle qu'elle m'avait donné des frissons, de la transpiration.
00:44:08J'en avais une boulevante même tellement c'était un papa qui était mis à quatre pattes devant ses deux enfants.
00:44:14Et pour faire souffrir le papa, ils ont fait tuer les petits enfants.
00:44:23Devant ses yeux, il se passe quoi dans votre tête à ce moment là?
00:44:26Je me dis, je suis une brebis, moi, c'est tellement fort que nous, ce qu'on fait, c'est caca, ça veut dire on s'ouvre automatiquement une deuxième porte.
00:44:33On se dit tiens, je ne vais pas aller à peu près à ce qu'ils font, mais les rejoindre.
00:44:41Alors que si on se pose cinq minutes, c'est choquant, c'est grave, c'est pas humain, quoi.
00:44:48Ces vidéos qui fascinent le jeune garçon finissent par le faire définitivement basculer.
00:44:54Je voulais comprendre la chose, c'est à dire comprendre la chose, comprendre quoi?
00:44:58Ce que c'était de le faire, de tuer.
00:45:01Je ne sais pas comment vous l'expliquer.
00:45:04L'engrenage dans lequel il est tombé, il parvient seulement aujourd'hui à s'en rendre compte.
00:45:10Vous avez conscience que vous êtes juste un fusible pour les réseaux, pour faire le sale boulot?
00:45:16Oui, je suis même un pion, je suis qu'un pion, moi, je le sais et je le prends en compte.
00:45:22Et ça vous fait quoi?
00:45:24C'est comme ça, c'est la vie, ne pas forcer la chose, c'est mon destin.
00:45:30Sur ces réseaux, on retrouve aussi l'une des principales composantes des assassinats, les armes à feu.
00:45:37Car chez les narcotrafiquants, au delà de la guerre, afficher la puissance du groupe criminel est fondamental.
00:45:43L'armement est aussi devenu une question de standing et de dissuasion.
00:45:51En région parisienne, nous avons pu rencontrer ceux qui sont au coeur de ce business.
00:45:57Les conditions pour les approcher sont très strictes.
00:46:01Nous avons dû laisser nos téléphones à plusieurs kilomètres et nous y faire conduire par l'un de leurs contacts.
00:46:07Tout est brouillé dans un arène d'environ 150 mètres, donc là, on ne peut pas être localisé ni écouté.
00:46:13Ils sont l'un des premiers maillons de cette chaîne meurtrière.
00:46:20Les trafiquants d'armes.
00:46:25Et ça, qu'est ce que c'est?
00:46:27Alors ça, c'est un six over, c'est du gros calibre, arme suisse, arme des guerres.
00:46:31Tu piques. C'est ça, c'est un 12, c'est du calibre 12.
00:46:38Ces armes proviennent le plus souvent de braquages d'armerie ou de pays en guerre.
00:46:43En moyenne, en France, plus de 9000 seraient volées chaque année.
00:46:47Elles se revendent ensuite à prix d'or sur le marché noir.
00:46:52Ça montre 3000 et 5000 euros.
00:46:55C'est des armes de table à 1500 euros.
00:46:57Encore un cash environ 4000, 4500.
00:47:02Ça, ça vaut environ 5000 euros.
00:47:04C'est un fusil jetable.
00:47:07Les armes jetables, autrement dit, celles vouées à n'être utilisées qu'une seule fois, puis détruites pour effacer toute preuve.
00:47:15On a à peu près ce qui se vend bien.
00:47:19Ce que les gens recherchent.
00:47:21Il y a une dizaine d'années, le fusil à pompe était l'arme typique des criminels.
00:47:26Aujourd'hui, les armes semi-automatiques sont légion.
00:47:45Actuellement, 5 à 6 millions d'armes circuleraient illégalement en France.
00:47:56Il n'y avait pas de personnes armées dans un four, mais il n'y avait pas de règlements concordants aujourd'hui.
00:48:00Les points de deal se sont multipliés et avec eux, les guerres de territoire.
00:48:07Là, on passe dans le dur, ça tire en full auto.
00:48:10C'est quoi l'intérêt du full auto?
00:48:13C'est de tirer pour tuer, c'est de vider son chargeur le plus vite possible et partir.
00:48:18Avec une portée d'un kilomètre et des munitions capables de traverser les carrosseries de voitures et les gilets pare-balles,
00:48:25la Kalachnikov est devenue l'arme de guerre la plus prisée sur le marché.
00:48:48Pourquoi la Kalachnikov, elle est aussi utilisée dans les règlements de comptes?
00:49:11Ces trafiquants qui risquent jusqu'à 10 ans d'emprisonnement et 500 000 euros d'amende pour vente d'armes illégales.
00:49:17Craignent que ces tueurs inexpérimentés permettent aux forces de l'ordre de remonter plus facilement jusqu'à eux.
00:49:24Ils nous disent ne plus vendre d'armes aux jeunes.
00:49:26C'est bien sûr impossible à vérifier.
00:49:29Une fois, je refusais un gamin qui est venu, il avait tout juste 18, 19 ans et je dis non, je ne te vends pas d'armes.
00:49:38Je lui expliquais, je lui expliquais que lui vendre une arme, il allait bousiller sa vie.
00:49:44Ils n'arrivent plus à faire la distinction entre le bien et le mal, c'est ça la vraie question.
00:49:48Pour eux, il n'y a plus de bien, il n'y a plus de mal.
00:49:50Le bien et le mal en région parisienne.
00:49:55Le jeune Azim y est directement confronté.
00:49:59Le point de deal sur lequel il a mis la main de force il y a quelques mois vient tout juste d'être attaqué.
00:50:06Déjà, ils sont venus tirer sur le point de vente.
00:50:09Cinq minutes à peine sont passées, Azim est le premier à arriver sur place.
00:50:19Il cherche son équipe, mais personne ne répond.
00:50:26Le guetteur et le vendeur se sont enfuis.
00:50:29Sur la porte d'entrée du hall, deux impacts de balles.
00:50:40Félicitations, il y a deux detonations, comme ça, là, elle est passée, la balle n'est pas passée.
00:50:50Les tirs n'ont pas fait de victime.
00:50:54L'impact a fini où?
00:50:56Les douilles sont encore au sol.
00:50:58Là, il n'y a pas de douilles, il y a des douilles avec.
00:51:08Ça prend l'oeil, il faut les disparaître.
00:51:11Pourquoi faire disparaître les douilles?
00:51:15Pour la ballistique, parce qu'il y a la ballistique à chaque fois que ça tire, ils viennent, ils restent très longtemps.
00:51:20S'ils restent longtemps, ça serait nous faire perdre de l'argent, vu que le petit ne pourra pas se placer tranquillement.
00:51:24Donc, on enlève tout ce qui est empreintes.
00:51:26Malheureusement, on enlève les empreintes des gens qui nous mettent du mal.
00:51:28On n'a pas le choix, ça fait partie des règles pour le bon fonctionnement de la chose.
00:51:37C'est un peu compliqué.
00:51:39C'est la première fois qu'il se fait attaquer depuis qu'il a repris le point de deal il y a quelques mois.
00:51:48Je tremble, parce que j'ai peur, c'est juste l'adrénaline.
00:51:55Pas trop vestiment.
00:51:59C'est un peu risqué pour moi.
00:52:00Pourquoi?
00:52:04Si le matin, il a gagné, c'est pas le but.
00:52:07Dans le monde du stupéfiant, si la tête tombe, la structure est totalement désorientée et le réseau peut s'effondrer rapidement.
00:52:16Azim ne peut pas se permettre de rester plus longtemps sur place.
00:52:21J'ai plus de quoi dire, je suis un peu, je n'ai pas prévu mon coup là, c'est pas vrai.
00:52:25On va juste faire une petite vérif, que j'aime pas laisser des merdeux.
00:52:30Ils cherchent le ou les auteurs des tirs.
00:52:33Nouvellement, c'est des petits jeunes en trottinette qui a goulé, ils aiment bien arriver, apparaître et disparaître.
00:52:38On appelle ça les petits Batman en trottinette.
00:52:41Chaque silhouette, chaque voiture est suspecte.
00:52:46Azim veut s'assurer que les tireurs ne sont pas cachés dans le quartier, prêts à attaquer de nouveau.
00:52:51Va pas au quartier, ça va tirer.
00:52:54Ça va chef ? Qu'est-ce qui se passe ?
00:52:55T'as pas vu des petits jeunes courir ?
00:53:00Ils t'appelaient comment ?
00:53:03Les mecs à goule ?
00:53:05Allez avec moi, t'inquiète.
00:53:12Les gens sont suspicieux là un peu.
00:53:14Ils sont plus peurs qu'autre chose.
00:53:17Peurs de quoi ?
00:53:18De toute la merde qu'on ramène ici à cause de nous.
00:53:21C'est malheureux, mais il faut le dire.
00:53:26C'est-à-dire que les voisins, ceux qui habitent là, ils ont un peu peur.
00:53:30Ils ont des enfants.
00:53:34Nous-mêmes, on a peur, faut pas se mentir, on reste des êtres humains.
00:53:40Je suis allé marcher, je suis fatigué, j'étais en train de faire un brot.
00:53:44Regarde, à la fin, je l'ai vomi, pas par peur, mais par angoisse, stress.
00:53:49Devenue concrète, la guerre secoue le jeune patron.
00:53:53En plus de risquer de se faire tirer dessus à chaque coin de rue,
00:53:56la police, elle aussi, peut arriver.
00:53:59La situation est très tendue.
00:54:01Ils sont tous en train de me casser les couilles.
00:54:03Tous en train de me faire les tapettes, les doper.
00:54:10Ça vous marque quand même ?
00:54:11Ça casse les couilles.
00:54:17C'est une vie qu'un temps.
00:54:18C'est-à-dire ?
00:54:19C'est-à-dire, c'est un roulement, tu te racontes en un an, deux ans,
00:54:22après, toutes les merdes du monde tombent sur toi.
00:54:29Les gens, ils croient que c'est un jeu, c'est facile.
00:54:31On perd beaucoup de choses, mais vraiment beaucoup, beaucoup.
00:54:34Vraiment, vraiment.
00:54:35Déjà, la moitié de notre entourage, nous voyons en tant que mauvais,
00:54:39que sale, c'est pas propre, quelqu'un qui fait de la merde toute l'année.
00:54:45Pendant quelques minutes, le jeune dealer semble rêver d'une autre vie.
00:54:50Mais rapidement, le business reprend ses droits.
00:54:54Les clients, ça les a fait boucher sur le terrain.
00:54:56C'est bon ?
00:54:57Son équipe a rapidement trouvé un autre lieu pour pouvoir reprendre les ventes.
00:55:01Le plus important, maintenant, c'est pas qu'on perde les clients,
00:55:04pas qu'on perde notre base, parce qu'il leur a gagné.
00:55:07Ils nous ont coupé les ponts, on les vive.
00:55:09Sur son téléphone, le jeune homme vient de recevoir une vidéo.
00:55:13Je suis dégoûté de vous montrer ça.
00:55:15L'attaque a été filmée par l'un des guetteurs, caché dans un buisson.
00:55:19On voit qu'il s'approche, mais il était déjà sorti du véhicule.
00:55:22Là, il se retourne pour voir s'il y a quelqu'un derrière lui.
00:55:26Là, on voit, de coup à coup, il part.
00:55:29Dans le monde de la rue, ce genre d'attaque est un simple avertissement.
00:55:33Le responsable pourrait être l'ancien propriétaire ou une autre bande
00:55:38qui convoite son point de vente.
00:55:40Vous inspirez quoi, les tirs, ce soir ?
00:55:42Pour moi, c'est un zéro.
00:55:44Un zéro, c'est...
00:55:46S'il a déclaré quelque chose, il est obligé de la terminer.
00:55:49C'est comme ça, et d'un côté, c'est pas plus mal, parce qu'on l'attendait.
00:55:53Et au moins, il a déclenché la chose, et c'est pas nous, on a cherché la merde.
00:55:58Quand on va commencer, on va pas s'arrêter, je tiens à vous le dire, madame.
00:56:01La seule chose qui puisse faire que tu peux détacher ça,
00:56:08c'est soit de voir un membre de ta famille mourir
00:56:11à cause de tes problèmes à répétition,
00:56:16soit toi-même te ramasser des coups à coups, des coups à coups, c'est des meubles.
00:56:21La violence ou la mort, cela fait partie de leur quotidien.
00:56:26C'est presque devenu une fatalité pour ces jeunes trafiquants.
00:56:30Durant ces mois de tournage et d'enquête,
00:56:43nous avons rencontré toute l'estrade des trafiquants.
00:56:46Des petites mains, aux grands patrons.
00:56:51Et une chose nous a marqués, le sentiment d'un grand gâchis.
00:56:56A quoi ça ressemble, la vie d'un mec comme vous ?
00:56:59Ça ressemble à rien.
00:57:01C'est-à-dire ?
00:57:03On a les sous pour, mais on vit pas avec.
00:57:07C'est bizarre un peu.
00:57:09J'ai une baguette magique, là.
00:57:11J'ai un super pouvoir, je peux réaliser tous vos rêves.
00:57:15Un seul.
00:57:16C'est quoi votre rêve ?
00:57:18Recommencer à zéro.
00:57:19Ça veut dire repartir à l'école primaire.
00:57:22Pourquoi ?
00:57:25Parce que ma meilleure vie, je l'ai eue quand j'étais à l'école primaire.
00:57:29Quand j'étais petit, c'est là où je vivais.
00:57:33Et dans votre cœur de petit garçon, d'enfant ?
00:57:36J'ai plus ce cœur-là.
00:57:38Ils l'ont pris, ça y est.
00:57:39Il est parti.
00:57:41J'aimerais bien l'avoir.
00:57:42Ce serait ma dossière.
00:57:45C'est un cercle qui se brisera jamais.
00:57:47La seule chose qui se brise, c'est votre vie ou vous-même.
00:57:51Un sentiment partagé par la tête, pourtant tout en haut du réseau.
00:57:58Le milieu, là, il fait rêver parce que t'as de l'argent, parce que t'as des jolis décors,
00:58:04parce que tu peux aider plein de monde autour de toi.
00:58:07Mais en même temps, il peut tout le temps y avoir des ennemis,
00:58:12y a des trahisons, y a des gros problèmes.
00:58:16Les flics, ils peuvent venir tout péter.
00:58:18Et il n'y a pas vraiment de règles dans ce milieu.
00:58:20Tournant, leur mère, elles ont été prises, leurs enfants ont été pris, leur sœur a été prise.
00:58:26Si je pouvais retourner en arrière, j'aurais préféré une simplicité.
00:58:29La simplicité d'un travail, de faire les choses doucement,
00:58:33mais de pouvoir me réveiller tranquille et me dire,
00:58:36je vais au boulot, je paie mon loyer, je vis normalement.
00:58:40La tranquillité, elle n'a pas de prix, en fait.
00:58:43Bien triste.
00:58:45Ce qu'on fait, c'est pas...
00:58:48C'est pas beau.
00:58:50T'as même pas besoin de le mettre.
00:58:51C'est juste que j'ai réfléchi, tu vois, que...
00:58:54T'as question, je pense, là, parce que tu me la poses.
00:58:57En vrai, c'est triste de ouf.
00:59:00Nous poursuivons notre enquête à Grenoble, où la guerre des gangs fait rage.
00:59:04Depuis le début de l'année, 17 épisodes de violences par arme à feu
00:59:08ont été recensés dans la cité alpine.
00:59:11La préfecture reçoit des témoignages,
00:59:13dont un homme a été tué par une arme à feu,
00:59:16et un autre homme a été tué par une arme à feu.
00:59:19Il y a deux cas de violences.
00:59:21Un homme a été tué par une arme à feu,
00:59:24et un autre homme a été tué par une arme à feu.
00:59:28La préfecture reconnaît même une accélération des faits criminels,
00:59:31ces derniers jours.
00:59:33Fusillades, règlements de comptes,
00:59:35Grenoble a été tristement sous le feu de l'actualité
00:59:37en matière de délinquance et de trafic de drogue cet été.
00:59:40Un agent municipal a été tué, ici, il y a quelques jours,
00:59:42dans des circonstances tragiques.
00:59:44Nous allons interroger le procureur de la République du Grenoble,
00:59:47qui n'hommage pas ses mots en matière de lutte contre le trafic.
00:59:51Éric Vaillant, procureur ici depuis cinq ans,
00:59:54dresse un constat.
00:59:56Le trafic de drogue grenoblois a changé de main.
00:59:59Comment s'organise le business de la drogue à Grenoble ?
01:00:02Grenoble a toujours connu une grosse activité délinquante.
01:00:05On parlait à une époque des délinquants italo-grenoblois.
01:00:10Aujourd'hui, ces italo-grenoblois ont quasiment disparu,
01:00:13sont à la retraite, ou quasiment.
01:00:15Les cités, les trafics sont gérés par des agents municipaux.
01:00:18Les cités, les trafics sont gérés par des délinquants,
01:00:21le plus souvent français.
01:00:23D'origine maghrébine, mais français.
01:00:25Et, grosso modo, dans l'agglomération grenobloise,
01:00:28la grosse agglomération grenobloise, c'est environ 500 000 personnes,
01:00:31on dénombre une trentaine de points de deal.
01:00:34On a l'impression que ce nombre de points de deal est en diminution,
01:00:37ce qui pourrait être rassurant,
01:00:39mais je pense que s'il y a des points de deal qui ferment,
01:00:42c'est sans doute grâce à l'action des policiers et des gendarmes,
01:00:45à la justice, mais sans doute aussi parce que, de plus en plus,
01:00:48on va assister à une ubérisation du trafic de stupéfiants
01:00:51avec des livraisons à domicile.
01:00:54Parce qu'en fait, derrière les trafics, il y a des individus,
01:00:57des hommes, essentiellement des hommes, quelques femmes,
01:01:00je parle essentiellement des français,
01:01:03mais de plus en plus, ces français, chefs de gang,
01:01:06emploient des étrangers en situation irrégulière,
01:01:09ils emploient des mineurs, ils n'hésitent pas à les tabasser
01:01:12parce qu'ils se font arrêter par la police
01:01:15et qu'ils ont perdu une quantité de stupéfiants.
01:01:18C'est vraiment un milieu de crime.
01:01:21C'est une société extrêmement hiérarchisée et complètement inégalitaire
01:01:24parce que le gros malais gagne beaucoup d'argent,
01:01:27mais les dealers, les chauffeurs gagnent quelques dizaines d'euros.
01:01:30Je ne suis pas d'accord. Ils gagnent quand même de l'argent.
01:01:33C'est d'ailleurs pour ça qu'ils arrivent encore à les attirer.
01:01:36C'est-à-dire qu'un jeune sans formation, mineur éventuellement,
01:01:39ça reste une grosse somme.
01:01:42Ce n'est pas tout le monde en France qui gagne 3000 euros par mois.
01:01:45Donc même le chouffe gagne bien sa vie.
01:01:48C'est d'ailleurs pour ça qu'ils n'ont aucun mal à trouver des personnes
01:01:51qui vont venir travailler avec eux.
01:01:54En 5 ans, le procureur de la République a réussi à créer de nouvelles méthodes
01:01:57pour faciliter le travail des forces de police sur le terrain.
01:02:00On a eu l'initiative à Grenoble d'un procès-verbal simplifié
01:02:03contre les guetteurs.
01:02:06À mon arrivée, avec les équipes de la police BST ou BAC.
01:02:09Ils me disaient qu'on ne pouvait pas arrêter tous les guetteurs qu'on voit.
01:02:12On les relâche parce que quand on appelle notre poste centrale,
01:02:15ils nous disent qu'on a déjà suffisamment de garde à vue.
01:02:18Juste pour un guetteur, ça ne sert à rien.
01:02:21Donc je leur ai dit, est-ce qu'on pourrait mettre en place
01:02:24un procès-verbal simplifié, une sorte de QCM avec des cases à cocher
01:02:27qui vous permettrait à la fin de saisir le talkie-walkie,
01:02:30de saisir le téléphone et de saisir l'argent du guetteur ?
01:02:33Est-ce que ça vous serait utile ?
01:02:36Ils m'ont dit oui, ce serait formidable si vous arriviez à monter ça.
01:02:39Donc on l'a monté et ça a été mis en place seulement au mois de mars dernier.
01:02:42Mais depuis le mois de mars, on a récupéré plus de 15 000 euros
01:02:45sur des guetteurs comme ça.
01:02:48Étonnamment, malgré cette répression accrue,
01:02:51le gramme de cocaïne baisse.
01:02:54Le prix du gramme de cocaïne baisse.
01:02:57Il baisse en prix et il augmente en qualité.
01:03:00Il augmente en qualité, c'est-à-dire ?
01:03:03Il est de moins en moins trafiqué en fait ?
01:03:06Tout à fait. On est sur des taux de pureté minimum 65%, je crois à peu près.
01:03:09Et souvent plus maintenant.
01:03:12Oui, vous avez raison, il faut qu'aux frontières il y ait une action
01:03:15et notamment sur les zones portuaires.
01:03:18C'est incroyable ce qui arrive en France.
01:03:21On parle toujours d'Anvers, des ports belges, des ports néerlandais.
01:03:24Mais un port qui est moins connu, on se dit, c'est quand même la campagne française,
01:03:27c'est un port à problème.
01:03:30Il faut surveiller ces entrées, c'est une évidence.
01:03:33Mais ma conviction forte,
01:03:36c'est que la lutte contre les trafiquants,
01:03:39c'est une lutte tous azimuts.
01:03:42Il faut s'occuper de tout.
01:03:45Y compris déstabiliser les consommateurs ?
01:03:48Y compris lutter contre les consommateurs et sans aucun souci, oui.
01:03:51Mais vous le faites comment par exemple ici, dans une ville comme Grenoble ?
01:03:54On a mis en place des amendes forfaitaires délictuelles
01:03:57contre les consommateurs de stupéfiants.
01:04:00Ça s'est mis en place depuis 3-4 ans.
01:04:03Ils sont réglés ?
01:04:06Le taux de recouvrement est grosso modo le taux de recouvrement de toutes les amendes en France.
01:04:09C'est-à-dire de l'ordre de 40%.
01:04:12C'est évidemment insatisfaisant, on préférerait que ce soit 100%.
01:04:15Néanmoins, 40%, qui va les payer ces 40% ?
01:04:18Ceux qui se disent, je me vois mal ne pas payer une amende.
01:04:21Une partie des consommateurs les plus bobos, les plus insérés,
01:04:24les étudiants, les jeunes travailleurs...
01:04:27Ils sont interpellés où alors ?
01:04:30Sur le point de deal, très régulièrement.
01:04:33Ce qu'on va développer dans les prochaines semaines, c'est notre action sur les drives.
01:04:36Le consommateur passe en voiture, quelques billets...
01:04:39On l'arrête, on voit surtout qu'il a consommé
01:04:42et qu'il conduit alors qu'il a consommé.
01:04:45On lui supprime le permis et on va essayer de faire ça en temps réel.
01:04:48Il faut cibler les délinquants.
01:04:51On sait qu'il y a environ 200.000 délinquants en France.
01:04:54200.000 personnes qui vivent directement du trafic de drogue.
01:04:57Tout à fait. Et on sait qu'en haut, il y a 8.000 semi-grossistes
01:05:00et seulement 1.000 chefs de réseau.
01:05:03C'est quand même pas énorme, 1.000.
01:05:06C'est pour ça qu'il est intéressant de travailler sur eux.
01:05:09Ils sont ailleurs ?
01:05:12Oui, souvent, mais pas toujours.
01:05:15On peut les faire sanctionner, évidemment pour trafic de stupéfiants,
01:05:18mais aussi pour toute autre action.
01:05:21L'idée, c'est que si on les arrête pour une conduite en état alcoolique,
01:05:24on va se dire que c'est un de nos trafiquants ciblés.
01:05:27On va lui faire une réponse pénale majorée parce que c'est un trafiquant ciblé.
01:05:30Le procureur et ses tuniques en France
01:05:33collaborent également avec les services d'allocations familiales
01:05:36pour lutter contre les trafiquants.
01:05:39L'idée, c'est que nos jugements de condamnation de trafiquants de stupéfiants...
01:05:42Ça compagne d'un arrêt du versement des allocations familiales ?
01:05:45Oui, parce qu'on a envoyé ce jugement à la Caisse des allocations familiales
01:05:48qui dit « Monsieur, vous avez touché pendant X mois
01:05:51tant d'argent illégalement, vous auriez dû nous le déclarer
01:05:54parce que c'est des ressources que vous avez eues dans la poche
01:05:57et donc nous, on vous verse des allocations
01:06:00alors qu'on n'a pas tenu compte de ces ressources, certes illégales,
01:06:03donc du coup, on doit vous supprimer un certain nombre d'allocations. »
01:06:06On demande un remboursement aussi ou pas ?
01:06:09On peut percevoir, en réalité, dans les dossiers qui ont déjà été traités,
01:06:12il s'avère qu'une fois qu'on a réintégré cet argent illégalement perçu,
01:06:15il y a toujours un reliquat d'argent à verser
01:06:18par la Caisse des allocations familiales parce que c'est le calcul.
01:06:21Par contre, la CAF peut, sur ce reliquat à verser,
01:06:24récupérer ce qu'elle n'aurait pas dû verser
01:06:27plus une pénalité de 3000 euros.
01:06:30Donc ça, c'est quelque chose d'intéressant.
01:06:33Depuis la mise en place de ce partenariat en 2020,
01:06:36les remboursements définitifs de dealers ont été transmis
01:06:39à la Caisse d'allocations familiales et sont en cours de traitement.
01:06:42« Il faut rester humble parce qu'on sait très bien qu'on n'arrivera pas
01:06:45à éradiquer le trafic, mais on ne peut pas faire que ça s'étende plus que ça ne l'est.
01:06:48C'est déjà donc à un niveau trop important et il faut qu'on continue
01:06:51à agir tous ensemble pour en limiter les effets.
01:06:54Je n'ai aucune envie que la ville de Grenoble soit un jour dirigée,
01:06:57pas seulement sur le stupéfiant, mais sur d'autres aspects
01:07:00par des trafiquants qui ont réussi à mettre de l'argent de côté
01:07:03et à le blanchir. »
01:07:10C'est à Lyon que nous poursuivons notre enquête avec un spécialiste
01:07:13des questions de sécurité, Sébastien Rocher,
01:07:16politiste et chercheur au CNRS.
01:07:19« Vous parlez de l'échec de la politique répressive
01:07:22menée par l'État français depuis une trentaine d'années
01:07:25en matière de lutte contre le trafic de drogue parce que ce trafic
01:07:28n'a cessé de s'amplifier. Par ailleurs, on le voit, un des indicateurs
01:07:31pour vous, c'est le fait que le prix de la cocaïne a beaucoup baissé. »
01:07:34« Divisé par cinq, c'est ça, oui, tout à fait.
01:07:37D'abord, c'est un problème très important. C'est un problème
01:07:40que l'Europe ne connaissait pas. Dans les années 90, aux États-Unis,
01:07:43on a cette épidémie de commerce de cocaïne et de fusillade.
01:07:46En France, jusqu'aux années 2000, on ne connaît pas ça.
01:07:49Il n'y a que depuis 20 ans qu'on connaît ça avec le développement
01:07:52du commerce de cocaïne. Donc, c'est un vrai problème.
01:07:55C'est un problème pour la France, c'est un problème pour la Finlande,
01:07:58c'est un problème pour les Pays-Bas, c'est un vrai problème. »
01:08:01« Avec des millions de consommateurs. »
01:08:04« Voilà, avec des millions de consommateurs. La France est partie
01:08:07des cinq pays européens où il y a le plus de consommateurs de cocaïne.
01:08:10Donc, la réalité du problème est là. La discussion est sur ce qu'on fait
01:08:13par rapport à ça. Est-ce qu'on s'étouffe moralement en criant
01:08:16que c'est absolument insupportable et on dit qu'on va faire la lutte,
01:08:19la guerre à la drogue et qu'on va supprimer le trafic ?
01:08:22C'est un peu la position de Darmanin qui dit à Paris
01:08:25qu'on a supprimé en deux ans un tiers des points de deal,
01:08:2825% en France. Si c'était vrai, ça se verrait
01:08:31dans le prix du gramme. »
01:08:34« Oui, il y a une autre explication, c'est qu'il y a des pays comme la Colombie,
01:08:37comme le Pérou, qui étaient des petits producteurs,
01:08:40ont multiplié par quatre ou cinq leur capacité de production.
01:08:43Pour quelques années. Le but, c'est de savoir
01:08:46est-ce que c'est l'offre qui fait la demande ou c'est la demande
01:08:49qui fait l'offre ? » « Disons qu'en tout cas, en termes d'objectifs,
01:08:52la stratégie qu'on peut mener, elle se joue au niveau international
01:08:55avec la coopération judiciaire internationale,
01:08:58mais ensuite, sa matérialisation, c'est la résorption
01:09:01des points de distribution. Tant qu'on a des points
01:09:04de distribution et tant qu'on a de la demande,
01:09:07on a un trafic de drogue qui ne va pas s'interrompre. »
01:09:10Sébastien Rocher prône une méthode développée dans les années 90
01:09:13aux Etats-Unis. Tolérance zéro avec les têtes de réseau
01:09:16et plus originale, inciter les petites mains
01:09:19à quitter le trafic.
01:09:22« L'idée, c'est de défaire les marchés de la drogue à ciel ouvert.
01:09:25En France, on appelle ça les points de ville.
01:09:28C'est des marchés de la drogue à ciel ouvert.
01:09:31Donc, on va enlever les personnes les plus dangereuses.
01:09:34Et pour cela, on ne va pas chercher à les intimider.
01:09:37On cherche, comme on fait en France, à faire un dossier judiciaire
01:09:40pour avoir suffisamment de preuves pour pouvoir les faire incarcérer.
01:09:43Ensuite, on va s'intéresser à ceux qui sont toutes les petites mains
01:09:46qui vont commettre le trafic sans être eux-mêmes
01:09:49des personnes qui vont commettre des crimes.
01:09:52Et là, on va faire pression sur eux,
01:09:55on va les informer du fait qu'on dispose
01:09:58de preuves de leur implication dans le trafic
01:10:01et on va leur faire la proposition suivante
01:10:04à vous arrêter ou on va mettre en œuvre
01:10:07un système de punition.
01:10:10Mais ce qui est intéressant, c'est qu'on ne cherche pas à les punir tout de suite.
01:10:14Parce que la sanction, c'est très coûteux.
01:10:17L'appareil judiciaire, l'appareil policier, quand vous le mobilisez, ça coûte très cher.
01:10:20Et donc, moins vous le mobilisez pour un résultat égal,
01:10:23plus vous faites des économies.
01:10:26Et ce qu'ils cherchent à faire, c'est optimiser leurs ressources.
01:10:29C'est une logique économique.
01:10:32Cette négociation se fait avec les dealers plutôt qu'avec les gros bonnets ?
01:10:35Elle se fait avec tous ceux qui font le deal mais qui ne sont pas des personnes
01:10:38qui ont commis des crimes.
01:10:41La personne elle-même mais en présence de sa famille
01:10:44et des autorités locales et des travailleurs sociaux.
01:10:47Et on va faire une sorte de package en disant
01:10:50votre famille ne veut pas que vous soyez dans le trafic,
01:10:53nous on ne veut pas que vous soyez dans le trafic,
01:10:56vous risquez la prison et on va vous proposer une porte de sortie acceptable.
01:10:59Et c'est ça qui est la révolution.
01:11:02On va aider des personnes qui sont dans le trafic de drogue
01:11:05pour qu'elles s'arrêtent. On ne va pas juste chercher à les punir.
01:11:08Pourquoi ? Parce que le but c'est l'efficacité.
01:11:11Le but ce n'est pas de venir à la télé en disant on a fait 115 interpellations.
01:11:14Le but c'est de faire diminuer l'intensité de la violence
01:11:17et les troubles dans un lieu précis.
01:11:20Aux Etats-Unis, cette méthode baptisée cesser le feu
01:11:23a permis de faire baisser de 14% la criminalité violente
01:11:26liée au narcotrafic.
01:11:29C'est la fin de cette émission.
01:11:32Merci de l'avoir suivie.
01:11:35Et maintenant, le document d'enquête exclusive.
01:11:38Dimanche prochain, dans Enquête Exclusive,
01:11:41plonger dans une des dictatures les plus étonnantes de la planète,
01:11:44le Turkménistan.
01:11:47Pourquoi toutes les voitures sont blanches ici ?
01:11:50Nous sommes dans le Guinness Book des records
01:11:53car nous avons la ville la plus blanche du monde.
01:11:56Dans la capitale, Ashkabad, tous les bâtiments sont en marbre blanc
01:11:59et les statues du dictateur dorées à leur fin.
01:12:02Dans cette ancienne république soviétique,
01:12:05les dirigeants se transmettent le pouvoir de père en fils,
01:12:08régime autoritaire, culte de la personnalité.
01:12:11La famille Berdimoura Medov a même un musée à sa gloire.
01:12:14C'est sa voiture de golf.
01:12:17C'est son club de golf ?
01:12:20Oui, il est en or.
01:12:23C'est de l'or ?
01:12:26Sa puissance, le dictateur la doit à un trésor.
01:12:29Les quatrièmes réserves de gaz au monde devant les Etats-Unis.
01:12:32Le pays bat des records de pollution
01:12:35mais ça ne dérange pas le pouvoir, bien au contraire.
01:12:38Regardez, notre cher dirigeant conduit
01:12:41une puissante voiture de sport à toute vitesse.
01:12:44Pour découvrir les secrets de cette dictature
01:12:47interdite aux journalistes,
01:12:50nos reporteurs se sont fait passer pour des touristes.
01:12:53Notre président adore ce cheval.
01:12:56Allez-y, goûtez.
01:12:59C'est du vrai caviar de la mer Caspienne.
01:13:02Ne prenez pas de photos, s'il vous plaît.
01:13:05Il n'aime pas qu'on soit là.
01:13:08C'est peut-être un policier ou quelqu'un des services secrets.
01:13:11Malgré la surveillance permanente,
01:13:14nous avons découvert la face sombre du régime.
01:13:17Nous n'avons rien à manger.
01:13:20Et eux, pendant ce temps,
01:13:24enquête interdite au coeur d'une extravagante dictature.
01:13:27Rendez-vous dimanche prochain à 23h dans Enquête Exclusive.

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