Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Notre pays consacre moins de 2,8 % de ses dépenses de santé à la prévention. Situé à la 20e place des 26 pays européens de l’OCDE en matière de prévention, il se situe loin, très loin, derrière le Danemark, l’Italie, le Royaume-Uni, mais aussi de pays à plus faibles revenus comme l’Estonie ou la République tchèque.
Pourquoi un tel retard ? La prévention pourrait-elle être la clé des maux qui touchent le monde de l’hôpital en France depuis plusieurs années ? Pourrait-elle être la réponse aux défis sanitaires qui se multiplient ?
Avec Charles Guépratte, président de la FEHAP
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00:00Je propose d'aborder une question qui est aussi un enjeu majeur pour l'hôpital, qui
00:07est est-ce que le mur démographique va renverser l'hôpital français ? C'est une question
00:13que nous allons poser à Charles Guepratt. Bienvenue à vous, vous êtes directeur général
00:16de la FEAP. Vous représentez le secteur privé non lucratif, près de 2000 établissements
00:23la fois dans le sanitaire et le médico-social. Je vous en prie, prenez place. Alors, est-ce
00:32que vous pourriez nous décrire l'évolution justement de la démographie médicale et paramédicale
00:38parce qu'on entend vraiment des informations qui sont très anxiogènes. Très clairement
00:43est-ce qu'on court le risque de ne plus être soigné demain ? Alors, tout de suite maintenant
00:48non, on est toujours en sécurité en France et il y a toujours des soignants et des médecins
00:54et des paramédicaux dans nos hôpitaux. Mais à l'image de la France, le personnel soignant
01:00et médical des hôpitaux de la FEAP, comme des autres d'ailleurs, vieillit. On observe
01:05que la moyenne d'âge c'est à peu près 45 ans aujourd'hui alors qu'on a des personnels
01:09qui sont très jeunes qui sortent de l'école, que la moyenne d'âge des personnels médicaux.
01:14Alors là, pour le coup, à la FEAP c'est plutôt autour de 50-55 ans et qu'on a un
01:20grand nombre de professionnels qui vont partir dans les 10 prochaines années à la retraite
01:24ce qui n'est pas sans poser de questions pour la pérennité de notre système sachant
01:29qu'en plus, nous avons des turnovers qui sont de plus en plus importants puisque des
01:34jeunes professionnels, notamment des jeunes infirmières, des jeunes aide-soignants qui
01:38restaient 3, 4, 5 ans dans un établissement vont rester plutôt 2 à 3 ans voire 18 mois
01:43dans les services les plus durs.
01:45Comment vous l'expliquez ? J'imagine qu'il y a tout un tas de facteurs.
01:50Il y a énormément de facteurs. Il y a d'abord des conditions de travail qui ne sont pas
01:56faciles dans les établissements de santé qui nécessitent un engagement qui est très
02:01fort. Il y a des demandes de la société, notamment des jeunes générations, de changer
02:07de mode de fonctionnement en termes de relations et d'équilibre entre la vie privée et la
02:14vie professionnelle. C'est quelque chose qu'on ressent beaucoup. Les ministres évoquaient
02:18à l'instant les multi-activités, les temps médicaux qui ne sont pas des temps cliniques
02:24qui sont consacrés à faire autre chose. Il y a beaucoup d'aspiration sur ces sujets
02:28et donc quand on avait des médecins assez classiques qui étaient engagés sur des temps
02:33de travail qui n'étaient même pas comptés puisqu'on a du mal à évaluer le temps de
02:38travail cible d'un médecin sauf sur des postes qui sont spécifiques comme la réanimation
02:44ou les urgences. On a aujourd'hui des médecins qui aspirent à être sur des temps de travail
02:49de 4 jours avec un jour dédié à la recherche, un jour dédié à d'autres activités. Il
02:54faut savoir en tenir compte et un taux de conversion. Quand on embauche un médecin
02:59après avoir un médecin qui est parti à la retraite, il faut tenir compte de cette conversion
03:03qui n'est pas 1 pour 1 mais plutôt 1 pour 1,2 ou 1,3 de nouveau temps médical quand
03:09on est sur ces dynamiques.
03:11Et donc qu'est-ce que vous préconisez La FIAP ? J'entends bien que vous encouragez
03:16peut-être un des exercices plus variés mais j'imagine que vous avez aussi des demandes
03:20par rapport au pouvoir public. C'est le moment où on se prête à la question et si vous
03:26étiez ministre de la Santé demain.
03:28On va rester à la fédération, ce sera déjà très bien.
03:32Ce sera très très bien mais quelles mesures d'urgence ? Qu'est-ce que vous demandez très
03:36concrètement ?
03:37Il y a beaucoup de mesures qui peuvent être prises pour accompagner ce vieillissement
03:44et ce renouvellement des générations étant entendu, comme ça vient d'être rappelé
03:48maintenant, qu'on a une demande de soins qui va être exponentielle, s'accroître très
03:52fortement jusqu'en 2030 et rester exponentielle jusqu'en 2050. Donc le besoin va augmenter
03:58et le stock disponible de gens pour répondre à ce besoin, au mieux il va être stable
04:04et au pire il va même diminuer. Donc il y a des enjeux de formation, il y a un parcours
04:10du combattant de se former pour la médecine bien sûr mais aussi pour les études paramédicales.
04:17C'est très difficile de créer des passerelles entre infirmiers, infirmiers spécialisés,
04:22aides-soignants, infirmiers. C'est excessivement compliqué. Il y a des mesures aussi de changement
04:28de pratiques et d'organisation. Il faut, et ça c'est une croyance forte de notre fédération,
04:35qu'on essaie de porter, qu'on travaille à la fois, vous le disiez, sur l'hôpital mais
04:39aussi sur le secteur médico-social, soit dans le handicap, soit sur les personnes âgées,
04:43il faut accepter de sacraliser le temps médical. Aujourd'hui il est dépensé de manière sans
04:51doute un peu inconsidérée à des missions qui sont secondaires, qui n'ont pas besoin
04:57d'un médecin pour être réalisé. Je pense à un certain nombre d'actes administratifs
05:00qui relèvent d'une décision médicale et qu'il faut accepter de partager, on parlait
05:06de coopération, on disait délégation, en échutant un temps. C'est plus la tendance
05:13aujourd'hui, il faut faire monter en puissance des dispositifs tels que les IPA, il faut
05:18aller, infirmiers de pratiques avancées, il faut casser les verrous de la consultation
05:25infirmière qui marche dans beaucoup de pays en Europe et qui permettent de libérer du
05:29temps médical et tous les dispositifs de coopération, tout comme il faut qu'on ait une politique
05:35beaucoup plus volontariste d'accompagnement de la troisième partie de carrière. On sait
05:39que sur des aides-soignants, on sait que sur des infirmières, c'est excessivement, et
05:43des médecins d'ailleurs, c'est excessivement compliqué de gérer le 58-65, on peut avoir
05:50des restrictions de port de charge et quand on est aide-soignant c'est très compliqué
05:52de travailler avec des restrictions de port de charge, ça nous incite à travailler sur
05:56les questions de pénibilité, sur les questions de sinistralité, on a un taux de sinistralité
06:04à la FERP qui est le même ailleurs dans d'autres secteurs de la santé qui sont extrêmement
06:09élevés, il faut qu'on ait une vraie vision sur ces sujets pour essayer de traiter l'expertise
06:17telle qu'elle est acquise par des dizaines d'années de pratiques autrement que de laisser
06:21les gens dans un poste jusqu'à une retraite qui en plus est un peu plus éloignée aujourd'hui
06:27qu'elle ne l'était il y a quelques années. La question salariale aussi j'imagine que
06:31c'est un sujet, notamment pour les professions paramédicales. Alors ce n'est pas forcément
06:37de lien avec le vieillissement puisque nos dispositifs sont encore beaucoup fondés sur
06:42l'ancienneté, donc sur la question salariale oui, il faut quand même dire et être honnête
06:47qu'il y a beaucoup d'argent qui a été injecté dans le système sur les questions de salaire
06:51et pour autant on n'a pas une attractivité qui est accrue autant que ce qu'on a augmenté
06:57les salaires, c'est-à-dire qu'on a mis énormément d'argent en post-Covid et l'hôpital reste
07:01un repoussoir malgré le fait qu'on ait revalorisé un certain nombre de choses que ce soit pour
07:06les médecins, pour les infirmières ou les aides-soignants. Ça ne veut pas dire qu'on
07:10est encore à l'étiage ou au niveau mais on est redevenu un peu plus compétitif en
07:14Europe et je crois que vraiment la question du salaire n'est pas du tout accessoire.
07:20La question de l'organisation du travail, il y a des questions qui peuvent paraître
07:25surprenantes de se mettre en 4 jours dans l'hôpital ou dans un Ehpad, c'est des questions
07:31qui paraissaient, vous disiez ça à un directeur il y a 5 ans, c'était complètement iconoclaste
07:35de se dire on va travailler en 4 jours alors qu'on a besoin surtout toujours d'avoir du
07:40personnel 7 jours sur 7 et tous les jours de l'année. Et pourtant on a un hôpital
07:45nous qui a organisé ça, c'est un hôpital psychiatrique dans l'Ain et il a un taux,
07:51il a 0, alors Cécile a 0% d'absence de vacances dans ses postes au CHU d'Angers mais lui il
07:58est passé de 10% de taux de vacances à 0%, tous les hôpitaux du coin, les personnels
08:04partent des hôpitaux pour aller dans cet hôpital parce qu'il a mis en place un dispositif
08:08où les gens ont 3 jours off toutes les semaines et c'est ce qu'ils viennent rechercher.
08:12Un mot peut-être en conclusion sur la prévention qui est au coeur de nos échanges depuis le
08:18début de la soirée, vous avez entendu ce qu'a mis en place le CHU d'Angers, est-ce
08:23que pour vous les hôpitaux privés non lucratifs doivent aussi s'emparer de ce sujet ?
08:28Alors nous c'est dans notre ADN puisque autant quand on est hôpital on peut subir l'absence
08:34de prévention ou ne pas l'avoir, nous on est dans toute la chaîne de soins finalement
08:39et donc nous on a tous les effecteurs avant, pendant et après l'hospitalisation et donc
08:46on a un vrai intérêt et une vraie appétence à la détection de la fragilité, au fait
08:52de protéger le plus longtemps possible les personnes qui sont accompagnées, je pense
08:56notamment à ceux qui sont dans les EHPAD à domicile mais avec des aides, que ce soit
09:01des services d'aide à domicile ou des services infirmiers d'aide à domicile, pour justement
09:06introduire ces notions de détection de fragilité, de monitoring, de télé-assistante,
09:12de télé-soins sans aide de la médecine ou de l'hospitalisation à domicile, mais il
09:17faut, et les anciens ministres le disaient, il faut changer de braquet, il faut assumer
09:23que ça fait partie intégrante du modèle de financement et pas juste avoir quelques
09:28enveloppes en FIIR ou quelques appels à projets, c'est très bien et il faut continuer, mais
09:34il faut qu'on soit payé pour ça et c'était très bien dit tout à l'heure.
09:38Très bien, et bien écoutez, on vous remercie beaucoup. Merci beaucoup. Merci pour cet éclairage.