• il y a 3 mois
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Notre pays consacre moins de 2,8 % de ses dépenses de santé à la prévention. Situé à la 20e place des 26 pays européens de l’OCDE en matière de prévention, il se situe loin, très loin, derrière le Danemark, l’Italie, le Royaume-Uni, mais aussi de pays à plus faibles revenus comme l’Estonie ou la République tchèque.

Pourquoi un tel retard ? La prévention pourrait-elle être la clé des maux qui touchent le monde de l’hôpital en France depuis plusieurs années ? Pourrait-elle être la réponse aux défis sanitaires qui se multiplient ?

Avec Marc Bourquin, conseille stratégie pour la FHF

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Transcription
00:00Alors nous allons poursuivre toujours sur le sujet de la prévention et nous avons donc
00:07le plaisir d'accueillir Marc Bourquin, vous êtes donc conseiller stratégie à la Fédération
00:12hospitalière de France. Nous allons bien sûr continuer à parler de prévention et
00:16de prévention Marc aussi et de crise des urgences parce qu'on l'a évoqué également
00:23ce soir les urgences sont clairement en très très grande difficulté. Est-ce qu'on peut
00:29faire un lien ? Est-ce que manque de prévention égale recours massif aux urgences ou c'est
00:35vraiment quelque chose de beaucoup plus complexe la crise des urgences ? Oui c'est quand même
00:39plus complexe parce qu'évidemment il faut partir de quelques éléments incontournables
00:44et incontestables. En 20 ans le nombre de patients aux urgences a doublé alors que
00:50la population française vous le savez a augmenté à peu près de 10%. Après si on recherche
00:56les facteurs explicatifs, alors peut-être que je vais dire des choses un peu moins consensuelles
01:02et je m'en excuse à l'avance. Alors il y a quelque chose je pense qui sera consensuel
01:05c'est que le fait générateur premier c'est évidemment le vieillissement de la population,
01:11c'est évidemment la progression pour le moment inexorable des pathologies chroniques, alors
01:19évidemment ça ne veut pas dire que parce qu'on est âgé on a forcément des pathologies
01:24chroniques mais il faut constater que c'est un facteur. Mais il faut aussi mettre sur
01:30la table un certain nombre d'autres choses et dire tout de suite que les difficultés
01:34que rencontrent les services d'urgence ne trouvent pas leur source essentiellement dans
01:40un dysfonctionnement, ça ne veut pas dire que tout va bien, que tout est parfaitement
01:44organisé mais les causes des difficultés des urgences, même si les urgences font du
01:51bon travail, les urgences ne s'effondrent pas, c'est important de le dire parce qu'il
01:56y a parfois des personnes qui disent en défendant l'hôpital public tout en disant à la phrase
02:02d'après que tout s'effondre, tout ne s'effondre pas, c'est très difficile mais il y a aussi
02:07des facteurs d'amélioration, on l'a dit dans une conférence de presse il y a une quinzaine
02:12de jours, l'absentisme baisse dans les établissements publics, le taux de vacances de poste même
02:20si tout le monde n'atteint pas les résultats du CHU d'Angers qui est effectivement à la
02:25pointe, le nombre de postes vacants tend à se réduire donc il y a des facteurs favorables
02:31mais c'est vrai que structurellement on a ces difficultés et puis il faut le dire,
02:36parfois ça ne fait pas plaisir mais c'est vrai qu'on a une défaillance aujourd'hui
02:40de la permanence des soins, du premier recours, il y a beaucoup de territoires où passer
02:46une certaine heure ou le week-end, il n'y a pas d'autre solution que d'aller aux urgences,
02:51ça c'est un vrai sujet et puis il y a un dernier facteur qui lui aussi interagit entre
02:57des difficultés de l'organisation du système de soins et le vieillissement, c'est que 40%
03:04des personnes qui sont hospitalisées après un passage aux urgences ont plus de 75 ans
03:08alors que ça représente 10% de la population et c'est vrai que là les solutions après
03:15l'hospitalisation ou après le passage aux urgences, ce qu'on appelle l'aval, j'aime
03:18pas ce terme mais ça permet de comprendre, c'est vrai qu'on a une difficulté sur le
03:23retour à domicile et aussi sur le niveau de prise en charge qu'on peut apporter dans
03:29les EHPAD et là il y a vraiment des difficultés incontestables.
03:33Vous avez évoqué vraiment la progression des pathologies chroniques, est-ce que là
03:39aussi on doit accentuer les efforts en matière de prévention ?
03:42Alors sûrement, beaucoup de choses ont été dites donc je ne vais pas redire tout ce qui a été excellemment dit.
03:48Peut-être que quand même, évidemment on a entendu la question de la levée, on a entendu
03:53la question de la confiance, c'est vrai, mais il y a peut-être des actions plus spécifiques
03:59qui demandent un peu de courage politique, est-ce qu'il ne faudrait pas que le Nutri-Score
04:05soit obligatoire ? Aujourd'hui il ne l'est pas. Est-ce qu'il ne faudrait pas envoyer
04:09un signal aussi, est-ce que c'est normal que les produits les plus sucrés, les sodas,
04:15etc. soient moins chers que des produits qui sont plus sains pour la santé ? Là il y
04:20a quand même des enjeux qui interpellent les pouvoirs publics.
04:23Un dernier point, quand on regarde la Scandinavie, la Suède par exemple, le taux de mortalité
04:35par cancer du poumon, des voies aérodigestives supérieures, est quatre fois inférieur à
04:41celui de la France. Non pas parce qu'ils soignent mieux, mais parce qu'il y a eu des campagnes
04:47massives de prévention et puis aussi parce que, je ne sais pas si vous avez essayé d'acheter
04:51un paquet de cigarettes à Stockholm, d'abord c'est difficile de trouver et ça coûte 25
04:57euros. C'est pour ça que c'est des sujets qui sont un peu moins consensuels, mais il
05:04faut quand même bien les poser. Mais effectivement, il y a aussi d'autres initiatives. Je pense
05:12que ce qui a été fait, ce que Cécile Jaglin a présenté tout à l'heure, il faudrait
05:18qu'on puisse le faire, et j'espère qu'on va y arriver, dans tous les établissements,
05:23cette idée de campus sans tabac, cette idée d'améliorer les conditions de vie des professionnels.
05:30Et puis, on pourrait citer d'autres initiatives, ce qui a été évoqué par M. Pont en lien
05:38avec le CHU de Toulouse. Les parlementaires ont pris une excellente décision, ils ont
05:44décidé qu'il fallait généraliser le dépistage des fragilités des personnes âgées, c'est-à-dire
05:48en gros faire ce qui est fait autour du CHU de Toulouse, partout. C'est-à-dire proposer
05:54à toutes les personnes au-delà d'un certain âge, à intervalles réguliers, un, de passer
06:02cinq, dix minutes, alors ça peut être un professionnel de santé, mais effectivement,
06:05ça peut être le facteur, de passer cinq minutes derrière un écran et de répondre
06:09à un certain nombre de questions. Et si on voit que la fragilité s'installe, mettre
06:14en charge de manière beaucoup plus précoce. Le problème, c'est que le décret, ça fait
06:19six mois qu'on l'attend. Donc, voyez, il y a des choses un peu spécifiques. Et puis,
06:24je ne sais pas si vous me laissez encore une minute. Oui, bien sûr, je vous en prie. On
06:28a initié à la Fédération hospitalière de France, dans cinq territoires, ce qu'on appelle
06:34la responsabilité populaire. J'allais vous poser la question. Alors, peut-être en deux
06:38mots. Ce que c'est. Voilà, de quoi s'agit-il. Au fond, il s'agit de construire une alliance
06:44des professionnels de l'hôpital et de la ville pour attaquer à la racine deux pathologies
06:51chroniques, à savoir l'insuffisance cardiaque et le diabète. Alors évidemment, de la prévention,
06:57de l'aller vers, des contacts avec l'école. Tout ça a été évoqué, mais en le faisant
07:03de manière systémique. Et puis, quand malgré tout, le diabète ou l'insuffisance cardiaque
07:08est là, mettre en place un chemin clinique, organisé par les professionnels eux-mêmes
07:15pour, c'est tout bête, envoyer le SMS au bon moment, n'oubliez pas votre visite de
07:21suivi par exemple à l'état de vos pieds et de vos chevilles, parce qu'on sait que c'est
07:29un risque majeur du diabète. Voilà, pour essayer d'éviter l'aggravation de la situation
07:36avec un système de pyramide entre le risque le plus élevé avec des compensations et
07:42la population, la base de la pyramide qui est le tiers de la population. On commence
07:47à avoir des résultats, je vous donne deux chiffres, une baisse forte de 30% du nombre
07:54de passages par les urgences pour diabète et une réduction de 25% des séjours longs
08:02qui sont, quand on a un séjour long en général c'est qu'il y a eu un coma diabétique.
08:07Donc ça, ça marche, il faut le déployer, on commence à avoir l'appui d'un certain
08:14nombre d'agences régionales de santé et on espère qu'il y aura un appui national pour
08:21le déployer plus largement.
08:22Effectivement, ce sont des résultats très significatifs, sur combien de temps ?
08:27Alors, l'expérimentation a commencé à se déployer effectivement juste après la
08:33crise Covid, donc là on a deux ans de recul et ce qu'on espère c'est que là on a des
08:40indicateurs d'amélioration du suivi mais qu'à plus long terme on attaquera la parition
08:46même de ces pathologies grâce à cette démarche de responsabilité populationnelle.
08:51Et donc objectif généralisation ?
08:52Absolument.
08:53Très bien, merci beaucoup Marc Bourquin, on vous applaudit.

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