• il y a 3 mois

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Transcription
00:00A plusieurs reprises, je me suis demandé est-ce que ma fille va avoir un jour 18 ans.
00:03Elle a l'habitude de se lever à 9h, s'il y a 9h30,
00:05je n'osais même pas aller voir, de peur de la retrouver.
00:09Ma fille Eve, lorsqu'elle était en quatrième, a vécu une rupture amicale qui l'a beaucoup touchée.
00:15Et suite à ça, elle a fait une dépression.
00:17C'était une enfant qui était enjouée.
00:18C'était un clown, c'était le clown de la maison.
00:20Puis du jour au lendemain, elle s'est renfermée sur elle.
00:23Mais bon, le déni, oui, on l'a fait parce qu'on a dit bon, elle devient adolescente,
00:28elle fait sa crise d'adolescence, tout simplement.
00:31Et puis, on voyait qu'elle commençait à s'enfoncer de plus en plus,
00:34à faire une phobie scolaire.
00:36Donc, on a consulté.
00:37Au fond, à mesure de sa dépression, en fait, c'était ses seuls liens sociaux,
00:40c'était les écrans, effectivement.
00:42Après, tout ce qui est réseaux sociaux, elle les a utilisés, mais à mauvaise estion.
00:47Elle a fait une tentative de suicide où elle a été tchatée sur un réseau.
00:52Et elle est tombée sur un déséquilibré qui lui a dit de se pendre.
00:54On a essayé de limiter les écrans à une sortie d'hôpital,
00:58mais après, quelque part, ça a été très compliqué pour nous
01:01parce qu'en fait, les écrans, c'était aussi le seul lien qui lui restait.
01:04Il y a une période où elle n'avait rien d'autre,
01:08où elle avait encore un petit réseau d'amis
01:10avec lesquels elle communiquait à travers les réseaux, justement.
01:14En tant que parent, moi, j'ai ressenti beaucoup de culpabilité
01:16de justement ne pas avoir vu que ma fille s'enfonçait
01:19et que ça pouvait être aussi grave,
01:21d'autant plus que de par ma profession, je suis infirmière.
01:24Par rapport à la situation, on s'est sentis beaucoup seuls.
01:28On a eu beaucoup de difficultés à trouver des médecins qui nous écoutaient,
01:32qui justement prenaient en compte le mal-être de notre fille et le nôtre.
01:36En fait, les médecins, en général, prescrivaient un traitement et puis c'est tout.
01:42À chaque fois que ma fille a fait une tentative de suicide,
01:45c'était 48 heures d'hospitalisation et on nous renvoyait l'enfant.
01:49Et c'est débrouillatoire.
01:50Il y a eu une tentative de suicide qui a eu lieu
01:53alors qu'elle avait un traitement en place de février, on était en octobre.
01:56Donc, visiblement, la molécule n'était pas la bonne.
01:59On a supplié à un médecin psychiatre d'hospitaliser notre fille.
02:02Comme réponse que j'ai eue, c'est « Madame, vous êtes la maman,
02:05vous êtes infirmière, c'est vous qui lui donnez le traitement, arrêtez-le. »
02:07Je ne suis pas médecin et puis je n'arrête pas de traitements comme ça,
02:09antidépresseurs, du jour au lendemain.
02:10Un jour, j'ai une infirmière qui nous a donné les coordonnées du psychiatre,
02:14qui la suit toujours.
02:15Donc déjà, elle a trouvé la bonne molécule pour ma fille.
02:18Et puis nous, on a mis plein de petites choses autour d'elle,
02:21la sophrologie, l'équitation.
02:23La phobie sociale qui s'était installée, on l'a amenée tous les quinze jours au cinéma.
02:27Et puis, quand ça se passait bien, le cinéma, après, on rajoutait un restaurant.
02:31C'est un coût, oui, c'est un coût.
02:32C'est un coût pour le temps et puis pour, oui, la psychologue, c'est 55 euros la séance.
02:36Aujourd'hui, elle va très bien.
02:38Elle est toujours sous traitement, elle est toujours suivie.
02:40Elle a même commencé à travailler.
02:42Elle envisage de faire une préparation moniteur-éducateur.
02:46On a fondé l'association Relève-toi en février 2023
02:52parce que, en fait, je me suis aperçue que, nous, les parents,
02:56on nous demandait de prendre soin de notre enfant, ce qui est normal.
02:59Mais on était en souffrance et on n'avait pas d'écoute à côté.
03:02Aussi, on a besoin de voir un psychologue, mais moi, les 55 euros,
03:05il y a une période où je préfère les donner à ma fille que les donner pour moi.
03:08Le message que je veux faire passer avant tout, c'est de lever le tabou sur la dépression.
03:11Ça peut arriver à n'importe qui et ça peut arriver aux jeunes.
03:14Ne pas avoir peur ni honte d'aller voir un psychiatre ou un psychologue.
03:18Et puis, en tant que parent, c'est aussi de lâcher prise.
03:21Ce n'est pas des mois de bataille, ce n'est pas une grippe.
03:23On en a pour trois, quatre ans.
03:24Nous, on est à quatre ans.
03:25Il n'y a que maintenant qu'on voit la lumière et que la joie revient dans notre foyer.

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