• il y a 2 mois

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#

Category

🗞
News
Transcription
00:00Et pour aller plus loin on retrouve depuis Dakar Mehdi Ba, journaliste correspondant de Jeune Afrique à Dakar justement.
00:06Mehdi, merci de nous retrouver sur France 24, dans le Journal de l'Afrique. On vient de le voir, le bilan politique
00:13économique du président Jomahie Fay, cinq mois après son accession au pouvoir, même si on ne peut pas vraiment parler de bilan, mais peut-être que
00:20pour commencer on peut parler du style de gouvernance. Que pouvez-vous nous dire justement sur le style de gouvernance
00:26de Bassirou Jomahie Fay jusqu'à maintenant ?
00:28Oui, bonjour Fatimata. Le style, il est punchy, il est parfois agressif.
00:36C'est vrai qu'il rappelle un petit peu la posture que pouvait avoir Ousmane Sonko,
00:41qui était un peu la figure emblématique de Pastef à l'époque où il était dans l'opposition,
00:45et où le régime de Macky Sall n'a pas ménagé
00:48son énergie et ses efforts pour essayer de museler ce parti politique qui était en pleine ascension.
00:54Là on a un peu l'impression pour l'instant de
00:57gens qui arrivent au pouvoir, qui ont bataillé dur, qui ont payé de la prison,
01:01et il y a eu également des morts dans le contexte de toutes les affaires judiciaires qui ont visé aussi bien
01:06Bassirou Jomahie Fay qu'Ousmane Sonko, et donc là on a un peu l'impression de gens qui tapent du poing sur la table,
01:12qui veulent une reddition des comptes,
01:15et donc on est dans la phase en fait où on tourne la page des années Macky, et c'est sans doute au moment de ces
01:21législatives qui sont maintenant
01:24prévues pour le 17 novembre,
01:25qu'on va sortir de cette première phase,
01:28qui est encore une phase on va dire intermédiaire.
01:30Alors cette dissolution, vous l'avez dit, c'était une décision politique attendue, quasiment inéluctable,
01:37justement parce qu'il lui fallait récupérer une majorité pour gouverner, mais que pouvez-vous nous dire notamment
01:43sur la méthode tout simplement de cette dissolution qui était attendue, notamment sur les parrainages, qu'est-ce qui selon vous pose problème politiquement ?
01:52À vrai dire cette dissolution, elle survient dans les règles, elle est conforme au texte, c'est-à-dire qu'ils ont attendu le 12,
02:04c'est-à-dire le jour à partir duquel il pouvait y avoir une dissolution, et donc elle a été prononcée le jour même, on savait bien qu'ils ne perdraient pas de temps pour prononcer la dissolution, le Président Bassilou Jomahie Fay.
02:14La deuxième chose, c'est que préalablement le Conseil constitutionnel avait été saisi pour avis,
02:19pour demander deux choses, en gros, la chose principale c'est à partir de quand est-ce qu'on pouvait dissoudre.
02:26Il se trouve que le Conseil constitutionnel, dans son avis qui est une décision, s'est rendu compte que les règles qui sont prévues par le Code électoral,
02:34qui prévoient des délais très longs en matière de parrainage pour les élections législatives, étaient contraires aux règles de la Constitution qui prévoyaient un délai de 30 à 60 jours,
02:44et donc c'est le Conseil constitutionnel qui a décidé que les parrainages ne seraient pas applicables aux législatives en cours,
02:51donc on va aller aux législatives dans un délai de 60 et quelques jours et sans les parrainages,
02:57et ça, ça vient du Conseil constitutionnel, l'exécutif de son côté a, à ma connaissance, respecté les dispositions et il a dissous dans les formes.
03:06Mais quelle est la conséquence justement, notamment pour l'opposition ?
03:11L'opposition, je pense que, bien sûr, c'est un délai très court, mais par contre, ce délai, je veux dire, tout le monde pouvait l'anticiper.
03:19Il était bien évident que PASTEF, après avoir obtenu un score aussi écrasant à la présidentielle,
03:26et après avoir, en tant que challenger, Bassirou Dioumaïfai, a gagné dès le premier tour avec autour de 54%,
03:32le faire dès le premier tour est une première, c'est la troisième alternance, mais c'est la première fois qu'on voit ce scénario,
03:37donc je pense que chacun pouvait se douter qu'il y aurait des solutions.
03:41Ils ne vont pas rester pendant trois ans avec une majorité hostile et avec eux-mêmes un groupe, si on ne compte PASTEF seul,
03:48qui est très minoritaire à l'Assemblée alors qu'ils viennent d'écraser la présidentielle.
03:52Donc voilà, maintenant, ce qu'a révélé l'élection présidentielle, c'est un écrasement total,
04:00enfin la scène politique sénégalaise aujourd'hui, vous trouvez donc PASTEF avec une majorité écrasante,
04:05en tout cas à la présidentielle, il reste quand même le groupe Benoît Bokyakar qui était la coalition de Makissal,
04:12mais par contre derrière vous avez un gouffre, un gouffre qui fait que pour atteindre le troisième candidat à la présidentielle,
04:18vous descendez en dessous de 3%, et ça, ça va être un des grands enjeux des législatives.
04:22Et vous n'hésitez pas à parler de crise de leadership politique au Sénégal, c'est à ça qu'on assiste aujourd'hui ?
04:29Oui, incontestablement, je dirais qu'en tout cas parmi les partis qui comptent,
04:33le seul parti où il n'y a pas de crise de leadership, ce n'est pas PASTEF,
04:37puisque Fabacirou Djamalfa et Ousmane Sonko, l'un est président, l'autre est Premier ministre.
04:42Ce n'était pas le scénario initial, mais ils ont fait avec l'adversité.
04:47Mais maintenant, quand vous regardez ailleurs, prenons un seul exemple,
04:51Benoît Bokyakar, la coalition qui a accompagné Makissal pendant ses 12 années de mandat.
04:55Aujourd'hui, vous avez le candidat qui a eu maille à partir avec une sorte de front d'interne,
05:01Ahmad Ouba vient de créer son propre parti.
05:04Makissal a quitté le pouvoir, il n'a pas désigné de dauphin en matière de gouvernance de ce parti-là.
05:11Il a récemment rédigé un courrier à ses camarades pour dire qu'il parlait de cette coalition au passé simple,
05:17ce qui laisse à penser qu'elle l'aurait vécue.
05:20Et donc, on peut regarder d'autres partis, j'en termine très vite,
05:23c'est-à-dire qu'effectivement, il y a un problème de leadership au PDS,
05:27le parti d'Abdoulaïoua Descarimoise,
05:30et il y en a dans une moindre mesure, vu les scores de la présidentielle,
05:34il peut y en avoir aussi chez Taraou Sénégal, le parti de Rallye Fassale,
05:37et Réumi, le parti d'Idriss Assek.
05:39Absolument, merci infiniment Mehdi Ba, depuis Dakar,
05:44pour ce décryptage justement sur la politique sénégalaise.

Recommandations