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00:00L'invité du 6-9.
00:02Il est 7h47 sur France Bleu Roussillon.
00:04Avec notre invité, on parle des vendanges
00:06historiquement faibles cette année dans le département
00:08Simon Kolbock. Votre invité doit justement
00:10en parler avec le préfet aujourd'hui.
00:12Bonjour David Drie. Vous êtes le président
00:14du syndicat des vignerons dans les Pyrénées-Orientales
00:16et vous allez effectivement rencontrer le préfet cet après-midi
00:18à Tautavelle. D'abord pour qu'on comprenne
00:20bien un état des lieux.
00:22Ces vendanges 2024, à quel point
00:24sont-elles mauvaises dans notre département ?
00:26Alors c'est historiquement
00:28mauvais, mais malheureusement dans le département
00:30cela fait 4 ans qu'on bat
00:32historiquement la plus petite récolte.
00:34Donc on était l'année dernière sur
00:36430, on était avant
00:38à 435 000 hectolitres
00:40pour la production du département.
00:42Et cette année,
00:44les chiffres officiels arriveront
00:46entre décembre et janvier,
00:48mais étant producteur et en ayant
00:50toutes les caves coopératives autour de moi
00:52et les caves particulières, on avoisinerait
00:54des 380 000 hecto,
00:56350 000 au pire
00:58des cas. Et ça c'est du jamais vu.
01:00C'est vraiment du jamais vu
01:02et la peur que nous avons c'est qu'aujourd'hui
01:04vu la petite récolte
01:06qui s'affiche,
01:08on va arriver en fait
01:10sur un système où plus
01:12personne ne sera rentable sur son exploitation
01:14parce qu'il faut une économie d'échelle
01:16pour pouvoir arriver à rentrer
01:18dans les frais. Ce n'est plus rentable
01:20aujourd'hui vous nous dites, de faire du vin dans les Pyrénées-Orientales.
01:22Exactement. Alors la
01:24difficulté c'est que la production
01:26et le volume permet
01:28d'écraser les coûts et les charges
01:30fixes d'exploitation. Aujourd'hui
01:32n'ayant pas d'irrigation,
01:34on était déjà toujours sur
01:36un fil un peu tendu.
01:38Aujourd'hui avec les sécheresses
01:40qui durent déjà depuis 2 ans
01:42puisque c'est quand même une sécheresse
01:44qui est là depuis l'année dernière,
01:46on se retrouve aujourd'hui à avoir
01:48rompu ce fil et maintenant
01:50des exploitations qui avaient déjà eu des aides
01:52pour leur permettre de survivre.
01:54Les aides aujourd'hui ne seront pas suffisantes.
01:56Ça veut dire qu'aujourd'hui dans le département il y a des vignerons
01:58qui sont tout simplement en danger et qui
02:00pourraient carrément mettre la clé sous la porte.
02:02C'est ça. Aujourd'hui quand vous allez dans la nature
02:04et quand vous parlez avec les agriculteurs
02:06qui aujourd'hui se rassemblent
02:08durant les vendanges à un même point, c'est-à-dire
02:10à la cave coopérative ou à la cave
02:12particulière, quand on les croise
02:14aucune personne n'est heureuse
02:16tout le monde est morose. Et alors ce qui est
02:18terrible c'est que la production, les rendements
02:20sont très faibles mais parfois les vignes meurent
02:22aussi. C'est l'outil de production qui est
02:24directement attaqué par la chaleur
02:26et la sécheresse. C'est ça. Alors en fait
02:28la vigne est résiliente
02:30la vigne peut survivre
02:32et avoir cette capacité
02:34de régénération. Mais aujourd'hui
02:36comme je vous l'ai dit, ça fait 4 ans que nous
02:38avons pratiquement consécutivement des aléas
02:40climatiques. Une fois de déchaudage
02:42une fois du milieu
02:44deux fois, donc deux années consécutives
02:46de sécheresse. Aujourd'hui
02:48la vigne elle perd en végétal
02:50et c'est toute une décapitalisation
02:52qui a lieu sur nos exploitations. Vous avez des chiffres
02:54sur le taux de mortalité justement dans nos vignes ?
02:56Le taux de mortalité il est entre 20 et 30%
02:58sur les parcelles.
03:0020 à 30% ça veut dire que quand on voit
03:02les vignes quand on est sur les routes
03:04c'est à dire qu'il y a une rangée sur 4 qui est morte
03:06aujourd'hui dans le département, c'est énorme ! C'est exactement
03:08ça. C'est à dire qu'aujourd'hui vous avez
03:10même des souches qui comme
03:12on le disait au départ, ont perdu
03:14en capacité végétale, donc
03:16elles ont des sarments qui ne sont pas suffisamment
03:18grands et un espace de foliaire
03:20pas suffisamment développé pour mettre des ressources
03:22et perdurer.
03:24Il est 7h50 sur France Bleue Russie, on a notre invité
03:26Simon Colvoque, David Drie
03:28président du syndicat des vignerons dans les
03:30Pyrénées-Orientales. Alors les raisons de cette crise
03:32et de ces vendanges absolument
03:34historiquement faibles, on les connaît, il y a la sécheresse
03:36évidemment, vous en avez parlé David Drie
03:38et puis dans le même temps, et ça c'est partout en France
03:40il y a cette crise du vin, les ventes de rouge
03:42notamment qui sont à la baisse
03:44quand vous voyez la courbe des températures
03:46qui ne cessent de monter, et c'est sans doute pas fini
03:48avec le réchauffement climatique, quand vous voyez
03:50la courbe des ventes de vin qui elle
03:52baisse année après année, vous vous dites quoi
03:54David Drie ? On se dit qu'aujourd'hui
03:56c'est comme pour tout, il faut être intelligent
03:58aujourd'hui on a un département
04:00qui fait
04:02à son beau fixe
04:04500 000 hecto, il faut
04:06qu'on arrive avec une production qui est peut-être
04:08une production de niche
04:10par rapport à la consommation mondiale, même si
04:12c'est vrai qu'il y a une déconsommation
04:14il faut qu'on arrive à avoir une identité forte
04:16pour sortir par le haut de cette crise
04:18on ne doit pas être dans
04:20une masse, et il faut arriver
04:22à avoir une identité qui nous permet
04:24de nous dégager de la masse, et qui permettra
04:26au final d'avoir une vente
04:28plus... Comment on fait ?
04:30Qu'est-ce que vous allez demander au préfet que vous rencontrez
04:32cet après-midi justement ? Aujourd'hui ce qu'on veut
04:34c'est ça, c'est qu'aujourd'hui on veut
04:36une structuration, aussi bien qu'elle soit
04:38pour pouvoir passer les problématiques
04:40actuelles, mais aussi une
04:42structuration pour pouvoir avoir
04:44un avenir dans cette filière-là
04:46on sait qu'on va perdre des personnes sur le bord
04:48de la route à la fin de ces vendanges-là
04:50mais on sait qu'il nous faut une structuration
04:52de nos outils
04:54particuliers et coopératifs pour survivre
04:56Est-ce qu'on peut irriguer toutes les vignes dans le département aujourd'hui ?
04:58C'est impossible, aujourd'hui
05:00que ce soit par la Vendicte Populaire
05:02qui dit que la vie ne s'irrigue pas
05:04et on a bien vu parfois des
05:06spots publicitaires du ministère de la Santé
05:08dire qu'il ne faut pas dire
05:10santé parce qu'on est en train de se faire
05:12du mal, quelque part on sait
05:14que l'état français ne va pas nous aider à le faire
05:16mais par contre
05:18arriver à mieux vendre et à valoriser
05:20notre production, ça on peut le faire
05:22Il y a aussi ce plan
05:24promis par le gouvernement, ce plan sur
05:26l'arrachage des vignes, il y a des indemnités
05:28qui doivent être mises en place
05:30où est-ce qu'on en est dans le département ?
05:32Est-ce que véritablement il y a déjà des hectares et des hectares
05:34de vignes qui ont été arrachées chez nous ? Ou est-ce que tout est en
05:36stand-by dans l'attente justement de la mise en place de ce plan ?
05:38Tout est en stand-by puisque
05:40on attend tous une fois que
05:42l'officialisation sera faite d'avoir
05:44aussi les formes présentes pour pouvoir arracher
05:46donc pour le moment personne n'a arraché
05:48mais on avait
05:50eu un sondage qui avait été
05:52fait sur le département qui n'était pas encore
05:54très explicite, aujourd'hui on sait
05:56qu'après cette énième sécheresse
05:58on va se retrouver à avoir
06:0017 000 hectares
06:02sur le département, entre 17 et 18 000
06:04on risque d'arriver à 12 000 hectares
06:06voire 10 000 hectares au bas-mont
06:08si la crise continue à avoir lieu.
06:10Combien touche un viticulteur
06:12pour arracher un hectare de vignes par exemple ?
06:14Ce qui était un crève-cœur évidemment pour le viticulteur.
06:16Bien sûr, pour arracher un hectare de vignes
06:18un viticulteur touche 4000 euros et il a
06:201600 euros de frais fixes d'arrachage
06:22voire 2000, tout dépend
06:24des secteurs, sachant
06:26que l'arrachage d'une vigne
06:28c'est la décapitalisation d'une exploitation
06:30aujourd'hui quand quelqu'un prend
06:32l'arrachage définitif, donc il part à la retraite
06:34avec 10 hectares qui valent
06:3610 000 euros, ce qui ferait 100 000 euros
06:38il ne peut pas vendre, donc il prend
06:40l'arrachage définitif, sur lequel au final
06:42il prendrait potentiellement 40 000
06:44moins les frais
06:46d'arrachage, ce qui fait qu'au final
06:48toute son exploitation qui valait 100 000
06:50vaudra 25 000 euros.
06:52Si vous n'êtes pas entendu par le préfet cet après-midi
06:54si les choses ne bougent pas d'ici la fin de l'année, qu'est-ce qui se passe ?
06:56Je pense qu'aujourd'hui
06:58les fêtes de Noël
07:00qui sont toujours des moments où on peut avoir
07:02des feux de joie, je promets
07:04que la viticulture fera en sorte
07:06qu'on la voit et qu'on l'entende
07:08parce qu'on ne mourra pas
07:10sans se faire entendre.
07:12Ça veut dire que vous êtes prêts à sortir les tracteurs ?
07:14Vous êtes prêts à les manifester ? Entièrement !
07:16Et le mois de janvier, on était plusieurs
07:18filières réunies, là je vous promets que ce sera
07:20nous qui le ferons et on n'aura pas besoin d'autres personnes.
07:22Merci beaucoup David Drey, vous êtes
07:24le président du syndicat des Vignerons
07:26dans notre département, vous êtes vous-même vigneron
07:28dans la vallée de la Glie
07:30et vous avez rendez-vous avec le préfet des Pyrénées-Orientales
07:32cet après-midi à Tautavelle.
07:34Bonne journée à vous !
07:58Je regarde l'heure, 7h55, ça va encore !
08:00Thomas Dutronc !

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