"J'étais absolument certain qu'on allait (...) m'exécuter. Mais (...) ils m'ont conduit à l'aéroport" : l'opposant russe Vladimir Kara-Mourza a raconté à l'AFP sa libération surprise d'un camp sibérien début août.
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00:00Je suis allé tuer quelqu'un quand les gens m'attendaient.
00:03Donc mon premier message à le président Macron,
00:06le symbole de la protestation de 2020,
00:09est maintenant question de la vie ou de la mort.
00:11Je pense que beaucoup dépendront de ce qui se passe aux Etats-Unis.
00:22J'étais assis dans ma salle, seul, comme toujours,
00:25quand soudain, deux prisonniers en uniforme sont arrivés dans ma salle
00:30et m'ont escorté.
00:34Ils m'ont emmené dans cette salle.
00:36Il y avait une table, un siège,
00:38une grande portrait de Vladimir Poutine sur le mur.
00:41Et sur la table, il y avait une feuille de papier,
00:44un crayon,
00:45et un modèle pré-imprimé.
00:49Ils m'ont dit de m'asseoir et de me dire
00:51ce qui était écrit en ma main.
00:53Je me suis assis, j'ai regardé le modèle,
00:55et c'est une demande de pardon
00:57adressée à Vladimir Poutine,
01:00dans laquelle j'étais censé admettre mon culpabilité
01:03de tous les « crimes » que j'ai été convaincu.
01:07D'abord, j'ai pensé que c'était une blague.
01:09Quand j'ai lu le papier, j'ai juste rigolé.
01:11Je me suis dit, « Qu'est-ce que c'est ? »
01:13Ils n'étaient pas en mode de rire.
01:15En général, la plupart des prisonniers russes n'ont pas de bon sens de l'humour.
01:18J'ai donc pensé que ce n'était pas une blague.
01:20J'ai dit, « Tu m'attends vraiment à l'écrire ? »
01:22Il m'a dit, « Je ne vais jamais écrire quelque chose comme ça. »
01:31Ils m'ont dit que j'avais 10 minutes
01:33pour me préparer.
01:35À ce moment-là, j'étais certain
01:37que j'allais être laissé sortir et être exécuté.
01:40Mais au lieu des forêts proches,
01:43ils m'ont emmené à l'aéroport.
01:46Et juste pour stresser
01:48à quel point tout était surprenant,
01:51ce soir-là,
01:53j'allais rencontrer le chancelier allemand Olaf Scholz
01:56dans le même t-shirt, les mêmes longs-jeans
01:58et les mêmes flottes de ruban de la douche de prison.
02:01Chaque minute de chaque jour que j'ai passé en prison,
02:03je savais que j'avais raison.
02:05Je savais que les vrais criminels
02:07sont ceux qui se battent pour cette guerre en Ukraine,
02:09pas ceux qui parlent contre elle.
02:11Et je sais que,
02:13à la fin du jour, le temps met tout en ordre.
02:16Et c'est une connaissance très importante.
02:18Quand tu sais que tu as raison,
02:20les peurs et les doutes disparaissent.