Un portrait d'Eva et Jan Svankmajer, où l'on découvre au travers d'une exposition et d'un tournage l'étendue de leurs oeuvres.
Jan Svankmajer, cinéaste tchèque, est un des maîtres actuels du cinéma d'animation. Ses œuvres ont influencé ouvertement des cinéastes comme Tim Burton, Terry Gilliam ou encore Peter Greeneway. Sa femme, Eva, avec qui il travaille depuis le début, participe aux tournages en tant que directrice artistique.
Réalisé par Michel Leclerc, Bertrand Schmitt pour France 2
Jan Svankmajer, cinéaste tchèque, est un des maîtres actuels du cinéma d'animation. Ses œuvres ont influencé ouvertement des cinéastes comme Tim Burton, Terry Gilliam ou encore Peter Greeneway. Sa femme, Eva, avec qui il travaille depuis le début, participe aux tournages en tant que directrice artistique.
Réalisé par Michel Leclerc, Bertrand Schmitt pour France 2
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00:00:00C'est ce que j'ai pris, c'est ce que j'ai pris.
00:00:30C'est ce que j'ai pris, c'est ce que j'ai pris.
00:01:00C'est ce que j'ai pris, c'est ce que j'ai pris.
00:01:30C'est ce que j'ai pris, c'est ce que j'ai pris.
00:02:00C'est ce que j'ai pris.
00:02:30C'est ce que j'ai pris, c'est ce que j'ai pris.
00:02:32C'est ce que j'ai pris, c'est ce que j'ai pris.
00:02:34C'est ce que j'ai pris, c'est ce que j'ai pris.
00:02:36C'est ce que j'ai pris, c'est ce que j'ai pris.
00:02:38C'est ce que j'ai pris, c'est ce que j'ai pris.
00:02:40C'est ce que j'ai pris, c'est ce que j'ai pris.
00:02:42C'est ce que j'ai pris, c'est ce que j'ai pris.
00:02:44C'est ce que j'ai pris, c'est ce que j'ai pris.
00:02:46C'est ce que j'ai pris, c'est ce que j'ai pris.
00:02:48C'est ce que j'ai pris, c'est ce que j'ai pris.
00:02:50C'est ce que j'ai pris, c'est ce que j'ai pris.
00:03:20Et là-bas, ce sont des collages ?
00:03:22Oui, ce sont des collages.
00:03:24J'ai fait ça à partir de planches anatomiques.
00:03:30Ce sont des choses nouvelles ?
00:03:32Oui.
00:03:34J'ai trouvé un atlas anatomique d'occasion,
00:03:36pour pas cher,
00:03:38et je n'ai pas pu y résister.
00:03:44C'est ce que j'ai pris, c'est ce que j'ai pris.
00:03:46C'est ce que j'ai pris, c'est ce que j'ai pris.
00:03:48C'est ce que j'ai pris, c'est ce que j'ai pris.
00:04:18Le sous-lieutenant Mercier était fier d'avoir un ami comme Georges.
00:04:24C'est alors qu'Henri entra dans la pièce et lui déclara sa flamme.
00:04:48C'est ce que j'ai pris, c'est ce que j'ai pris.
00:05:18Je pense qu'il n'y a qu'une seule poésie,
00:05:20et que les moyens d'expression utilisés pour exprimer cette poésie importent peu,
00:05:25que ce soit le cinéma, la peinture, la gravure, le collage ou la céramique.
00:05:30C'est par paresse professionnelle qu'on n'utilise qu'une seule technique.
00:05:34Dans ce domaine, je me considère comme un militant surréaliste.
00:05:40Le Phelaceus oedipus, ou faux oedipe,
00:05:43est une espèce très rare qu'on trouve aux confins du bouche australien.
00:05:47Son cou sort d'une géante poche utérine élastique,
00:05:50d'où s'élève, dans la partie antérieure, un thorax osseux.
00:05:54Les aborigènes australiens l'appellent Makassamambo,
00:05:57ce qui signifie « le donneur de fils »,
00:05:59parce qu'ils croient que si une femme enceinte mange un de ses œufs,
00:06:02elle donnera naissance à un fils.
00:06:05Les bébés du Phelaceus oedipus ne sont que de sexe masculin,
00:06:09et naissent le pénis en avant.
00:06:18Là, c'est quelqu'un qui tire la lampe.
00:06:20C'est décomposé en plusieurs phases.
00:06:25Il y a trois ou quatre phases.
00:06:27Ce sont des mimiques.
00:06:29J'ai fait comme ça quelques objets animés,
00:06:31et là, c'est tout un mouvement en animation.
00:06:47Sous-titrage Société Radio-Canada
00:07:17Il était une fois un homme et une femme qui n'avaient pas d'enfants,
00:07:20ce qui les rendait très malheureux.
00:07:26Un jour, l'homme partit dans la forêt,
00:07:28et là, il trouva une racine en forme de petit bonhomme.
00:07:32Il la ramena à sa femme, et ils l'appelèrent Otesanek.
00:07:48Les bébés du Phelaceus oedipus
00:07:51sont des animaux qui vivent dans la forêt,
00:07:54et ils sont en train d'évoluer.
00:07:57Ils sont en train d'évoluer dans la forêt,
00:08:00et ils sont en train d'évoluer dans la forêt,
00:08:03et ils sont en train d'évoluer dans la forêt,
00:08:06et ils sont en train d'évoluer dans la forêt,
00:08:09et ils sont en train d'évoluer dans la forêt,
00:08:12et ils sont en train d'évoluer dans la forêt,
00:08:16et ils sont en train d'évoluer dans la forêt.
00:08:38Nous sommes venus ici couper des corps d'Otesanek
00:08:41afin de faire différentes phases d'animation.
00:08:45Il faut que les jambes aient différentes positions pour pouvoir les faire bouger.
00:09:01Ça c'est pour animer les expressions du visage. Nous choisissons différentes formes,
00:09:14différents orifices parce qu'après nous allons y mettre les yeux ou les dents. Nous
00:09:20voulons fabriquer les expressions de Tessanek à partir de véritables morceaux de bois.
00:09:25Et pourquoi vous ne fabriquez pas ça en latex ? Le latex vous pouvez l'utiliser pour les plans
00:09:33généraux mais pour les gros plans ou les très gros plans ce n'est pas possible. Il est important
00:09:42que les spectateurs croient que l'enfant est véritablement en bois. S'ils se disent j'ai
00:09:46lu latex alors c'est raté.
00:10:12Vous voyez ici il y a encore plein de Tessanek possibles. Par exemple là il y en a un qui a
00:10:22un joli pénis. Maintenant nous devons décider comment nous allons les fabriquer et les unifier
00:10:28avec les autres. Nous avons choisi différentes phases pour faire le mouvement. Il y en a avec
00:10:44les jambes écartées, d'autres avec les jambes rapprochées ou avec une jambe en avant. Et tout
00:10:49cela nous allons filmer deux images par deux images pour recréer le mouvement.
00:10:54Maintenant nous faisons essentiellement un travail manuel. Il faut enlever l'écorce du bois etc.
00:11:12Et ça n'a rien de vraiment créatif. Celui là on l'a fait assis pour que la mère puisse le tenir
00:11:25dans ses bras quand elle lui montre le livre. Celui ci est fait pour pouvoir être longé. Pour
00:11:41l'animation il y en aura d'autres qui seront habillés. Le corps sera en fil de fer et il y aura
00:11:46juste des petites branches pour faire les doigts. Et on pourra les animer ainsi que la tête.
00:11:51Ça fonctionnera ou ça ne fonctionnera pas mais nous devons faire des essais. Par exemple dans
00:12:10beaucoup de travail et c'est seulement quand nous allons filmer que nous verrons si cela
00:12:14servit à quelque chose. Il faut sans cesse se contrôler pour ne pas se répéter, pour ne pas
00:12:38remettre les mêmes éléments, pour ne pas refaire tout le temps les mêmes combinaisons, pour changer.
00:12:42Je pense que le nombre de phases devrait suffire. Si nous ajoutons encore les deux
00:12:49otessanés complets que nous avons à côté, je pense que ça devrait être bon.
00:13:08C'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'
00:13:38est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme ça, c'est un peu comme
00:14:09ça recommence à 60°.
00:14:18Acclimé à 60.
00:14:22Stop.
00:14:38il nous expliquait que nous allions avoir besoin d'une paire de gants qui ressemblerait
00:15:03aux petites mains d'Otessanek, que quelqu'un allait les manipuler, que c'était simplement
00:15:13un costume. J'ai ramené quelques racines à la maison, ce sont mes gants qui sont en
00:15:19dessous. J'ai pris mon pistolet à colle et j'ai commencé à les fabriquer. J'en
00:15:24ai fait deux. J'ai travaillé en secret, je voulais que personne ne sache ce que j'étais
00:15:29en train de faire, parce que je voulais que personne ne me dise comment je devais faire.
00:15:46Pour animer Otessanek, nous utilisons des techniques classiques.
00:15:59Aujourd'hui, pour cette séquence, nous allons combiner de l'animation, des prises en gros
00:16:04plans et des techniques de marionnettes avec des fils de nylon.
00:16:10Et nous allons combiner ça avec d'autres plans dans lesquels quelqu'un va enfiler
00:16:16les gants d'Otessanek et va les bouger. Il bougera les doigts comme ça, normalement,
00:16:24non pas comme une marionnette, mais comme un acteur à l'intérieur d'un costume.
00:16:28Nous utilisons donc des techniques classiques que nous combinons entre elles, c'est ce
00:16:33qui est le mieux. Ainsi, le spectateur met du temps avant de comprendre comment chaque
00:16:39image est réalisée, puisque la technique change. Comme ça, il est un peu trompé et
00:16:44il ne trouve pas la méthode utilisée.
00:16:45Que pensez-vous de l'animation par ordinateur ?
00:17:06J'ai trouvé tout ce que j'ai vu pour l'instant très technique, très froid, très distant.
00:17:12Tout ce que j'ai eu besoin de faire jusqu'à présent, je l'ai fait au moyen de l'animation
00:17:18classique, manuelle, y compris dans le film Nourriture, lorsque les personnages avalent
00:17:25les tables et les chaises et convoient leurs têtes. Tout ça a été fait au moyen de
00:17:32pattes à modeler. Ce n'est pas que je sois conservateur ou traditionnaliste, mais je
00:17:50n'aime pas ces techniques, parce que quelque chose y manque. C'est trop parfait, la technique
00:17:57est trop voyante, alors que dans l'animation manuelle, c'est moins précis. Il y a beaucoup
00:18:02de petites imperfections, de petites erreurs. Et pour moi, ces erreurs sont très importantes,
00:18:10parce qu'elles rendent le film subjectif.
00:18:27Comme les anciens hermétistes, je crois que les objets ont une vie propre. Et parce qu'ils ont
00:18:34été témoins de certains faits, ou bien parce qu'ils ont été manipulés par des personnes qui
00:18:41se trouvaient dans un certain état d'esprit, dans une tension, ou dans une anxiété particulière,
00:18:47ces objets ont été chargés de tout cela. Et ils peuvent, dans certaines situations,
00:18:54retransmettre ce dont ils ont été chargés. Je recueille donc ce que je crois qu'ils renferment,
00:19:01et je l'insère ensuite dans mes films. Il y a une belle atmosphère dans cette cave.
00:19:13Bien sûr, nous avons rajouté quelques cloisons ici. Mais vous voyez, il y a ces murs un peu sales,
00:19:23le sol qui est resté brut. Nous laissons exprès la patine qui s'est accumulée ici.
00:19:32C'est quelque chose d'inimitable.
00:19:53Il y a des lieux obsédants, tout comme il y a des thèmes obsédants. Et parmi ces thèmes,
00:20:21le plus important pour moi est celui de la cave. Parce que c'était vraiment une souffrance lorsque
00:20:27petit je devais y descendre. La cave qui est dans Alice, et qui sera bien sûr aussi dans
00:20:32Hôtessanec, c'est la cave de ma jeunesse. Il y avait une cave comme celle-là à Vojchovice,
00:20:38dans notre immeuble. Ma mère m'envoyait dans la cave pour aller chercher du charbon quand j'étais
00:21:04un peu plus grand. Et avant pour y chercher des pommes de terre. Bien sûr, c'était terriblement
00:21:13traumatisant. Parce que dans un tel endroit, l'enfant a peur. Et cette peur est irrationnelle.
00:21:21On ne sait pas ce qu'il y a. Les choses sont cachées. Il y a cette obscurité. On ne voit
00:21:29pas ce qui est entreposé derrière les lattes. C'est terrible. Aussi, quand ma mère me demandait
00:21:38de descendre à la cave pour aller chercher des pommes de terre, ça me donnait presque
00:21:44envie de m'enfuir de la maison.
00:21:45Mais je
00:22:13voudrais également dire que cela a nourri mon imagination. Cette cave a eu énormément
00:22:19d'importance. Parce que l'angoisse est une des sources de l'imagination. Et dans cette pénombre,
00:22:29ce noir, j'imaginais des choses. Des démons qui pouvaient m'attaquer. Ce n'étaient pas des
00:22:37images concrètes, mais les démons étaient bien là. Et pourquoi avoir choisi une petite
00:22:46fille si le personnage incarne vos peurs ? Eh bien, j'étais assez gêné de mettre un petit garçon.
00:22:53Parce que je dirais que c'était une angoisse liée à la part féminine qui est en l'homme. J'ai donc
00:23:03décidé d'envoyer à ma place une sorte d'incarnation enfantine de mon esprit.
00:23:33Ce sont des couloirs souterrains. Ils sont murés, mais ils continuent plus loin.
00:23:53Ça, ce sont des objets du film Alice. Là, vous avez des croissants avec des clous. Et ça,
00:24:18ce sont des œufs avec des crânes. Les œufs se sont probablement ouverts et si on débouchait
00:24:24la bouteille, ça purait terriblement. Regardez, là, il y a de la pourriture.
00:24:48Ça, ça vient du film Alice. C'est une putréfaction classique. Ce sont les vraies
00:25:06chaussures du caméraman et d'Alice. Elles sont là depuis 1986. C'est fermé hermétiquement et
00:25:14elles pourrissent lentement à l'intérieur.
00:25:44Là,
00:26:14c'est le roi et la reine. Eva s'est représentée elle-même sous les traits de la méchante reine.
00:26:18Lui, c'est le lièvre de Mars. Et lui, c'est le chapelier fou. Ce sont des personnages d'Alice.
00:26:41C'est Eva qui a fait le lièvre et moi j'ai fait celui-là.
00:27:41Pendant toute la préparation du film, je participe. Je suis présente. J'ai donc une
00:27:54idée du film. J'ai également une idée de comment je peux intervenir, de ce que je dois faire. J'essaie
00:28:00au maximum de comprendre ce que veut Yann. Moi, je ne sais pas recopier les choses. J'ai mon
00:28:06expression personnelle. Je laisse bien entendu les mains totalement libres à Eva. Ce que je veux,
00:28:14c'est qu'elle fasse ce que je lui demande, mais dans le cadre de sa pensée, de sa création. Elle
00:28:21n'a pas besoin de se forcer à faire quelque chose. On ne peut pas lui dire là je voudrais que ce soit
00:28:25plus rouge ou plus grand. Dans le puits, le pendule et l'espoir, Eva a beaucoup travaillé en
00:28:41tant que peintre. C'est elle qui a réalisé le mur qui avance, les panneaux qui représentent l'enfer
00:28:52et qui pousse le condamné dans le puits. Puis, dans les films de longs métrages, à partir du
00:29:09Alice, sa collaboration plastique est devenue beaucoup plus importante et régulière. Pour
00:29:21résumer en gros notre collaboration, Eva a son propre programme créatif. Elle est peintre,
00:29:26elle écrit de la poésie, de la prose et dans la création, nous sommes indépendants l'un de
00:29:31l'autre. Le surréalisme est quelque chose qui nous lie, mais ça c'est autre chose. Une fois,
00:29:39j'en ai même cassé un parce que les gens me regardaient et il a fallu qu'ils partent et qu'ils
00:29:45ne me regardent plus. Tu n'es pas très douée pour la sexualité de groupe. Une fois, quelqu'un
00:30:06que je connaissais m'a invité à une partouze et j'ai eu un tel choc qu'il ne me l'a plus jamais
00:30:12proposé. Mais qu'est-ce que tu fais, ce n'est pas possible. Mais si tu les as numérotées, tu
00:30:29devrais savoir comment ils se mettent. Attends, je pose celui-là là. Ce n'est pas comme ça. Ça
00:30:36c'est le numéro 5, il ne peut pas aller ici. Viens s'il te plaît, je vais le faire toute seule.
00:30:39Il faut suivre les numéros. Bon, ça c'est le numéro 2, ça doit aller là. Ah mais je fais une
00:30:48bêtise. Bien. Attends. Si ça c'est le numéro 3, il doit aller ici comme ça. Non, il doit aller
00:31:05ici. Mais bon Dieu, comment tu les as numérotées? Où est le début? Tu le fais exprès. Mais comment
00:31:11les as-tu numérotées? Alors voilà, ces trois là vont ensemble et celui-là va avec celui-là. Et
00:31:22celui-là, pourquoi est-il là? Il ne peut pas rester tout seul. On ne peut pas avoir pitié de tout le
00:31:25monde. Ça ne va pas. Il faut tout enlever. Il faut tout refaire. Allez, j'enlève tout. Ça c'est le 1.
00:31:39Mais ça, ça devrait être devant. Eva, est-ce que ça ne devrait pas être tourné de 180 degrés?
00:31:53Quoi? Ça devrait être devant. Ça derrière. Ça, c'est forcément devant. Moi, je préfère qu'on ne le
00:32:03voie pas. Bon alors, mets un chiffon dessus. Et si on tournait le tout? Bon, d'accord. Tu es vraiment
00:32:17un exhibitionniste. Tu fais des bêtises. Encore un peu. Comme ça. Il y a des voisins qui vont venir.
00:32:31Tu vas faire un scandale. Nous avons toujours l'intention de nous dire quelque chose. Nous
00:32:39sommes toujours furieux de l'attitude, de la réaction de l'autre. C'est un élargissement.
00:32:44C'est un élargissement de la vue. Voilà, enfin. Ian m'a dit, nous allons faire un tableau ensemble.
00:32:57Nous allons travailler de la façon suivante. Tu vas faire quelque chose, puis je vais ajouter
00:33:03autre chose. Nous avons donc fait comme ça et je lui ai même enlevé un élément. Et j'ai peint par
00:33:09dessus. Et ça, ce sont les chaussures de votre fils? On lui demande souvent si ce sont ses chaussures.
00:33:16Et il n'aime pas ça. Pourquoi signez-vous ces céramiques E, J? Ces initiales E et J, c'est pour dire que ces choses ont été faites par Ian et par moi.
00:33:38Nous travaillons avec les mêmes matériaux, nous partageons la même vie, mais nous nous exprimons d'une façon assez différente.
00:33:46Non pas au niveau des idées, ni au niveau du sens de l'existence, mais l'expression plastique elle-même est assez différente.
00:33:54Et il n'est pas du tout vrai que l'un serait capable de faire ce que fait l'autre.
00:34:00Certains objets proviennent des films, comme par exemple les têtes de Don Juan. Nous avons fait des moules à partir d'elles et maintenant nous les utilisons tous les deux dans nos céramiques.
00:34:12Pas seulement moi, mais également Eva. Nous les utilisons chacun d'une manière différente. Donc, les choses se pénètrent les unes les autres et il est difficile de les séparer.
00:34:25Jacques, sur Otesanek, comment s'est passée votre collaboration?
00:34:29Eva a beaucoup aimé ce conte. Elle voulait en faire un film d'animation et elle a écrit un scénario.
00:34:38J'ai voulu l'en dissuader, mais comme Eva travaillait dessus et à cause de la transmission de pensée qui s'opère quand deux personnes vivent ensemble,
00:34:52moi qui étais très sceptique au départ à l'idée de faire un film à partir de ce conte, je me suis soudain surpris à penser énormément à ce sujet.
00:35:04Peu à peu, tout a pris forme dans ma tête et je me suis dit, mon Dieu, je ne peux pas voler l'idée d'Eva, ce n'est pas possible.
00:35:21Mais j'étais allé si loin dans le sujet que je ne pouvais plus m'arrêter et je continuais sans cesse à y penser.
00:35:30J'étais devant un dilemme et je ne savais plus quoi faire. Je lui ai alors avoué que moi aussi je travaillais sur Otesanek.
00:35:40Elle s'est un peu fâchée. Puis nous nous sommes dit que ce n'était pas contradictoire et que nous pouvions intégrer son film dans le mien.
00:35:51C'est les éléments de départ pour la séquence d'animation à papier.
00:35:58Là, c'est Otesanek dans la maison et là, c'est la concierge qui lui fend le ventre.
00:36:04Et là, c'est la concierge qui lui fend le ventre.
00:36:07Et là, c'est la concierge qui lui fend le ventre.
00:36:10Et là, c'est la concierge qui lui fend le ventre.
00:36:13Et là, c'est la concierge qui lui fend le ventre.
00:36:16Et là, c'est la concierge qui lui fend le ventre.
00:36:19Et là, c'est la concierge qui lui fend le ventre.
00:36:22Et là, c'est la concierge qui lui fend le ventre.
00:36:25Et là, c'est la concierge qui lui fend le ventre.
00:36:38Et ça, ce sont les différentes phases du père quand il voit la mère se faire dévorer.
00:36:45Voilà à quoi ça ressemble.
00:36:49Après, je mets ça sur une table lumineuse.
00:36:53Et j'allume pour pouvoir copier l'image dans des phases différentes.
00:37:00En accord avec le réalisateur.
00:37:03Mais le réalisateur est en ce moment hors service parce qu'il s'occupe des acteurs.
00:37:11Oui, ce sont les affaires de nos enfants.
00:37:14Le petit bonnet, la petite chemise.
00:37:23Et le petit chemin.
00:37:38Regardez, celui-là, il a des petites fesses.
00:37:42Il a tout ce qu'il faut.
00:37:46Pour les grands hôtessanèques, il faudra tout fabriquer, y compris le linge de corps.
00:37:51Et tricoter au crochet les bonnets et les pyjamas pour bébés.
00:37:56C'est Eva qui les dessine et ensuite la costumière les réalise.
00:38:00Demain, elle va peut-être ramener des choses qu'elle a faites, des grands pyjamas.
00:38:07Bon, il faut savoir ce que tu veux.
00:38:10Faut pas que ça ressemble à une bouse de boucher.
00:38:16Ce que je veux, tu sais ce que je veux.
00:38:19Je veux que ça soit comme un vêtement de bébé, mais en plus grand.
00:38:22Oui, mais si tu le veux en 160, ça fait ça.
00:38:27Mais ça, c'est pas un problème de le faire en plus petit.
00:38:32Si tu le fais plus petit, ça va faire quelque chose pour un adulte de plus petite taille.
00:38:36Mais ça ne va pas faire quelque chose pour un enfant.
00:38:38Il faut le faire comme si c'était pour un gros bébé.
00:38:43Moi, ce que je te propose, si tu veux, c'est de faire cette chemise plus petite.
00:38:48Et là, je peux encore ajouter des dentelles.
00:38:51Oui, mais ça va encore ressembler à une bouse de boucher.
00:38:53Très bien. Alors, je vais mettre un motif là.
00:38:57Un dessin de Mickey Mouse ou quelque chose dans le genre.
00:39:01Oui, c'est pour ça que je te dis ça.
00:39:03Sur les grands, il faudra aussi un motif.
00:39:07Ça pose pas de problème.
00:39:09C'est terrible, quand l'homme est là, il faut qu'il se mêle de tout.
00:39:13Bon, ici, on a 13.
00:39:15Et toi, tu veux le faire en 30.
00:39:27Nous sommes venus ici pour chercher l'héroïne du film.
00:39:31Je sais quel type de fillette je dois chercher.
00:39:36Je cherche un enfant pas trop créatif, mais qui a des caractéristiques physiques précises.
00:39:45Quelqu'un de type tchèque.
00:39:51J'ai eu une photographie d'Eva quand elle avait cet âge-là.
00:39:54Nous allons chercher une fillette comme elle pour le film.
00:39:57Je ne sais pas si nous allons la trouver.
00:40:00Ça, c'est Yann qui cherche ça. C'est Yann.
00:40:04Je ne sais pas comment il sait à quoi je ressemblais quand j'étais petite.
00:40:07Parce que maintenant, je suis différente.
00:40:10Peut-être a-t-il vu des photos.
00:40:12Mais c'est lui qui cherche ça.
00:40:16Quand les photos seront prêtes, Yann va les prendre,
00:40:19puis il va s'asseoir sur une chaise et il va se plaindre.
00:40:45C'est un papier. Tu peux en trouver un meilleur.
00:40:49Elle n'a pas l'air d'être plus vieille.
00:40:51Non.
00:40:52Mais elle est grande.
00:40:54C'est pas grave.
00:40:55C'est ce qu'il faut toujours faire.
00:40:57C'est ce qu'on fait avec les endurés.
00:40:59C'est ce qu'on fait.
00:41:01C'est ce qu'on fait.
00:41:02C'est ce qu'on fait.
00:41:03C'est ce qu'on fait.
00:41:04C'est ce qu'on fait.
00:41:05C'est ce qu'on fait.
00:41:06C'est ce qu'on fait.
00:41:07C'est ce qu'on fait.
00:41:08C'est ce qu'on fait.
00:41:09C'est ce qu'on fait.
00:41:10C'est ce qu'on fait.
00:41:11C'est ce qu'on fait.
00:41:13Encore. Jusqu'au cou.
00:41:27Il veut que je fasse une action,
00:41:29il veut que je sois un mouvement.
00:41:31Il n'y a pas une sorte de préparation psychologique
00:41:33du genre tu es un monstre,
00:41:35tu vas faire ceci, tu vas manger cette personne.
00:41:38Ses indications se résument à bouge.
00:41:41Bouge ou saute.
00:41:43Il veut juste une action.
00:41:50Un jour, Schwankmayer est arrivé.
00:41:52Il nous a dit qu'il y allait avoir un costume de Tessanek
00:41:55et que quelqu'un allait devoir jouer à l'intérieur.
00:41:57À ce moment-là, nous nous sommes tous regardés
00:42:00et nous avons demandé mais qui ?
00:42:02Il m'a alors regardé et comme j'étais le plus grand,
00:42:04il m'a dit toi.
00:42:12Parce que je suis celui à la fois qui a construit le costume
00:42:15et qui joue à l'intérieur,
00:42:17cela rend l'expérience beaucoup plus signifiante pour moi.
00:42:23Regarder à travers sa propre création
00:42:25le visage du réalisateur
00:42:27qui vous dit dans une autre langue ce que vous devez faire dans son film,
00:42:31ça c'est une expérience surréaliste.
00:42:42Lorsque j'étais allongé sur ce lit qu'ils ont filmé,
00:42:45j'imaginais à quoi la scène devait ressembler
00:42:48vu par quelqu'un d'autre.
00:42:50Et ça m'a rappelé que lorsque j'étais un petit garçon,
00:42:53j'allais tout le temps à la bibliothèque avec ma mère
00:42:56et que là, je prenais des livres qui parlaient de l'histoire de l'Histoire.
00:43:00J'étais un petit garçon,
00:43:02j'allais à la bibliothèque avec ma mère
00:43:04et j'allais à la bibliothèque avec ma mère
00:43:07et j'allais à la bibliothèque avec ma mère
00:43:10et je prenais des livres qui parlaient de célèbres films de monstres.
00:43:13J'ai toujours été fasciné par les photos de tournage
00:43:16avec des gens comme Boris Karloff ou Bella Lugosi
00:43:19qui jouaient des vampires ou Frankenstein
00:43:24et je me suis senti comme dans une de ces photographies.
00:43:27J'ai essayé d'expliquer ça à Schwankmeier
00:43:29parce que je pense que pour lui,
00:43:31la limite entre l'art et la vie est très floue.
00:43:40Mardi 17 juillet, mon chef opérateur et sa femme Anna sont venus chez nous à Steinkhoff.
00:44:06Après avoir fait le tour du château, Anna a fait le commentaire suivant vous êtes en
00:44:15train de transformer Steinkhoff en théâtre de marionnettes. Il y a un peu de cela. Je pense
00:44:22que ce que nous avons fait de Steinkhoff est un tour de force dans son genre. J'espère que nous
00:44:28aurons assez de force pour en voir le bout. Nous devons construire quelque chose entre le château
00:44:33de Cux et le palais idéal du facteur cheval, une sorte de résidence surréaliste pour sages. Cela
00:44:40va demander encore plus de concentration et un travail encore plus intensif. Nous devrions faire
00:44:46un plan pour le projet dans son ensemble. Même au point où cela en est, je pense que cela peut
00:44:52être un projet à vous couper le souffle, mais je ne sais pas comment faire.
00:45:03Comment vous arrangez-vous pour la répartition de vos statues respectives ? Chacun fait comme
00:45:28il veut et quand l'un a fait quelque chose, l'autre est content parce qu'il n'a pas à le faire.
00:45:33Non, il est content parce que c'est l'un. C'est terriblement mal entretenu.
00:45:45Mais pourquoi vous entourez-vous de statues ? C'est une question idiote.
00:45:50Comment peut-on vivre sans statues, sans arbres, sans eau ? Peut-être que sans sculptures,
00:46:03ça n'a pas de sens. Peut-être que les sculptures, comme les arbres, comme les choses qui durent sont
00:46:09des choses essentielles. Moi, je ne peux pas dire pourquoi je mets des statues quelque part. Je ne
00:46:18peux pas. C'est peut-être la seule chose qui a un sens. Mettre des statues quelque part...
00:46:24D'où vient la fascination de Yann pour Archimboldo ? Je ne peux pas vous répondre. Il faut lui demander.
00:46:32Aujourd'hui, j'ai passé toute la journée dans l'atelier à faire un nouvel Archimboldo.
00:46:40C'est terrible, mais cette activité m'excite toujours autant et je n'arriverai probablement
00:46:48jamais à savoir pourquoi. Nous allons mettre les statues qui viennent des films du côté de la rue.
00:47:00Oui, mais là, ce seront des personnages des films. Il y aura les personnages de nourriture,
00:47:09tous ceux pour lesquels nous avons fait des moules, comme par exemple quand il mange une
00:47:15assiette. Je suis curieux de voir comment les gens d'ici vont réagir. Nous allons aussi en
00:47:20mettre là-haut, sur les cheminées, les grandes.
00:47:45A la fin des années 60, et surtout avec l'arrivée du printemps de Prague, nous avons pu organiser une ou deux expositions et faire quelques publications.
00:48:00Puis, avec l'occupation soviétique, le groupe a dû retourner dans la clandestinité.
00:48:06Ici, il y avait une grande table et nous nous retrouvions ici avec le groupe.
00:48:12Toute la maison servait pour nos activités surréalistes, toute la maison. C'était presque en permanence.
00:48:20Il y avait toujours quelqu'un qui venait dormir là. Chaque semaine, nous faisions des réunions.
00:48:28Et ce, pendant des années, jusqu'à la Révolution.
00:48:32Avant, lorsque nous nous rencontrions dans une brasserie, nous pouvions être certains qu'à la troisième réunion, pas à la deuxième, à la troisième, à la table d'à côté,
00:48:42il allait y avoir un homme avec un imperméable qui allait boire de la bière, lentement, sans nous regarder.
00:48:51Et nous nous disions, et si on ne peut rien se dire, on va faire ça chez nous.
00:49:21Nous étions dans l'opposition, mais nous étions aussi bien opposés au stalinisme qu'aux autres dissidents.
00:49:52Mais il y avait quand même des échanges, une communication.
00:49:55Par exemple, avec Václav Havel et avec des dissidents qui ont maintenant des fonctions politiques.
00:50:01Et durant vingt ans, nous avons créé, dans l'illégalité, la véritable culture tchèque.
00:50:08Quand le système totalitaire s'est arrêté, les dissidents se sont dispersés, le groupe underground a éclaté, mais le groupe surréaliste est resté.
00:50:24Dans les années cinquante, j'avais un manuel.
00:50:27Et sur la page de dos, il y avait un grand portrait de Gottwald, qui était alors président de la république tchécoslovaque, ainsi qu'un portrait de Staline.
00:50:38Et pour moi, ces deux individus étaient des ennemis personnels, parce qu'ils mettaient en danger ma famille et mon avenir.
00:50:48En tant qu'enfant de famille riche, je n'avais qu'un seul perspective que d'être mineure, ramoneur ou quelque chose dans le genre.
00:51:00Je suis quelqu'un de très travailleur, et ça ne me gênait pas d'aller dans les cheminées ou d'aller ramasser du charbon.
00:51:10Mais ce qui me gênait, c'était la terrible déculturation de la société.
00:51:15Et aussi le désespoir à l'idée qu'un jour, quelqu'un essaierait de m'arracher des mains le crayon ou le stylo.
00:51:24J'ai arrêté l'école à 14 ans, et je me disais que jamais personne ne m'arracherait le stylo.
00:51:31Ça a été dur, mais personne ne me l'a arraché.
00:51:54Le régime a maintenant changé, et depuis 10 ans, on dit aux gens qu'ils ne doivent être intéressés que par l'argent.
00:52:11Fais donc la même chose.
00:52:14Chaque fois que je dis quelque part que je suis surréaliste, je vois des regards de pitié.
00:52:21Les gens se disent qu'ils étaient sous le communisme, les pauvres.
00:52:25Ils ne savent pas que le surréalisme n'est plus à la mode.
00:52:28Ils tolèrent ma déclaration.
00:52:32Mais dès que nous nous mettons à en discuter, surtout avec les jeunes, ils commencent à être intéressés.
00:52:40Parce qu'ils comprennent qu'il s'agit d'autre chose que des tableaux de Salvador Dali.
00:52:52Les jeunes sont intéressés par mes films.
00:52:55Ils se rendent compte que le surréalisme, c'est autre chose que ce qu'ils ont appris et que ce qu'on leur a dit.
00:53:02Et ils se disent, si c'est ça le surréalisme, alors ce n'est pas quelque chose de mort, puisque ça m'intéresse.
00:53:14C'est un film qui a été réalisé par une équipe d'écrivains, qui a réalisé le même livre que le film.
00:53:23Mais vous avez compris ce que je voulais dire ?
00:53:26C'est-à-dire que les jeunes, ils ont appris qu'il s'agit d'autre chose que des tableaux de Salvador Dali.
00:54:04J'étais un enfant très maigre, qu'il fallait nourrir sans arrêt.
00:54:20On me forçait à manger, et on m'envoyait dans des camps où on me nourrissait.
00:54:27Le seul but de ces camps était de gaver les enfants, c'était terrible, lorsque l'enfant
00:54:39avait pris un kilo dans la semelle, il recevait un bonbon, et donc à chaque fois avant la
00:54:47pesée, nous buvions énormément d'eau afin de prendre ce kilo.
00:54:51C'était bien entendu en liaison avec le régime politique, qui était là pour venir
00:55:05en aide à tout le monde, y compris aux enfants trop maigres.
00:55:09J'ai été là-bas pendant deux mois, on suivait aussi des cours, c'était terrible.
00:55:17Nous étions des gamins séparés de notre famille, et nous étions mis là-bas pendant
00:55:23deux mois entre les mains de femmes qui nous forçaient sans cesse à manger, qui nous
00:55:27gavaient.
00:55:28On a été jusqu'à refuser de me mettre en première classe parce que j'étais trop
00:55:33maigre.
00:55:34Et à la fin, on m'a même transporté dans un fauteuil roulant parce que je n'étais
00:55:39plus capable de marcher.
00:55:40C'était un traumatisme, et bien entendu, je l'ai réutilisé dans mes films.
00:55:46Bien sûr, le repas est un symbole, ma nourriture, le fait de manger sont des symboles de l'agressivité
00:56:09humaine.
00:56:10C'est une raison pour laquelle il y a souvent chez moi le thème de la dévoration.
00:56:19Il y a ainsi un de mes films qui s'appelle Nourriture, dans lequel c'est bien montré,
00:56:26et ça va jusqu'à l'auto-cannibalisme.
00:56:28L'auto-cannibalisme, c'est ce qu'il y a là-dedans, n'est-ce pas ?
00:56:59Et aujourd'hui, quelles sont vos relations à la nourriture ?
00:57:01Maintenant, je suis plutôt gourmand.
00:57:03Ça s'est transformé dans le fait qu'à présent, j'aime bien manger des bonnes choses.
00:57:28Et de même, c'est seulement en relisant le scénario de Tessanek que je venais de
00:57:32terminer que je me suis dit, mon Dieu, mais c'est un film entier sur mon obsession de
00:57:36la nourriture.
00:57:37Mais les obsessions, je ne les domine pas rationnellement, elles se comportent de façon
00:57:52irrationnelle et elles font ce qu'elles veulent de vous.
00:58:22Nous avons utilisé ces racines pour la séquence finale du film, qui est aussi la dernière
00:58:43partie du conte.
00:58:44Dans cette scène, Otisanek sort ses énormes tentacules de la cave et attrape tous les
00:58:52choux du potager.
00:59:22Nous avons fait sortir les racines par le sous-piraille qui se trouve dans la cave.
00:59:25Deux d'entre nous étions placés en bas et nous tenions les racines pour les faire
00:59:35sortir à travers la fenêtre.
00:59:38A l'extérieur, Martin et Beto Glaser, les deux animateurs, les ont fait sortir petit
00:59:45à petit dans le jardin et petit à petit, parce que bien sûr ça a pris quatre heures,
00:59:51ils ont ramené les choux à l'intérieur.
00:59:53Nani, est-ce que c'est pas plus difficile d'animer du vrai bois que du latex ou de la
01:00:20pâte à modeler ?
01:00:21D'un côté, c'est un peu plus compliqué, mais de l'autre, le matériau appelle de
01:00:26lui-même un certain mouvement.
01:00:27Et donc, d'une certaine manière, le matériau collabore.
01:00:31Ce n'est pas une stylisation de quelque chose.
01:00:36C'est donc plus difficile par certains aspects, mais je préfère, parce que c'est plus naturel.
01:00:44Animer au tésanek, c'est vraiment quelque chose de physique.
01:00:52J'ai fait tellement de choses avec Schankmaier, nous avons déjà expérimenté tellement de
01:01:02possibilités qu'il est difficile de trouver quelque chose de nouveau.
01:01:05A chaque fois, je regarde autour de moi et je me dis, ça, je l'ai déjà animé, ça
01:01:12aussi.
01:01:13Alors, il ne vous surprend plus ?
01:01:14Aussi quand même.
01:01:16Et après toutes ces années, nous sommes assez en harmonie, donc nous comptons chacun
01:01:41l'un sur l'autre.
01:01:42C'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est
01:01:49ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est
01:01:54ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est
01:02:00ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est
01:02:05ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est
01:02:09ça.
01:02:22Là nous recouvrons les fils de pêches avec de la peinture marron pour les camoufler.
01:02:39...
01:03:06Othes Sanech représente aussi notre inconscient.
01:03:09Nous savons que les contes sont au départ des sortes de mythes.
01:03:14Des mythes, soit cosmiques, soit sociaux.
01:03:21Mais ce sont des mythes.
01:03:24Othes Sanech est certainement un très vieux conte.
01:03:27Mais ce n'est pas un conte du 19e siècle, c'est sûrement un conte plus ancien.
01:03:32Il y a aussi le fait que le personnage soit à ce point immoral,
01:03:39puisqu'il va manger ses parents qui le nourrissent.
01:03:42Cela représente certainement un archétype.
01:03:48Et c'est ça qui m'intéresse.
01:03:50Trouver l'essence même de ce que Othes Sanech peut représenter pour les gens.
01:03:54Ce n'est pas seulement un monstre pour les petits-enfants.
01:03:58...
01:04:16C'est Eva qui a fabriqué les poupées.
01:04:19Ce sont les personnages principaux du film, les conspirateurs du plaisir.
01:04:24...
01:04:54Elle, c'est une dame de voyage.
01:04:59Tout comme il y a des poupées gonflables que les hommes se procurent dans les prisons.
01:05:04Monsieur Pivoine, le personnage du film, s'est fait faire une poupée à l'image de sa voisine.
01:05:14Et elle a fabriqué une poupée de lui.
01:05:17Et c'est au travers de ces figurines que se réalise leur relation sadomasochiste.
01:05:22...
01:05:51...
01:06:17Les images érotiques sont imaginaires.
01:06:21Et généralement, elles ne se déroulent pas au niveau de ce qu'on conçoit comme sexualité.
01:06:29Mais si malgré cela, le film est rempli d'érotisme,
01:06:35il ne s'agit pas d'une sexualité visible dans le sens habituel.
01:06:42Je ne pense pas que ce soit exceptionnel,
01:06:46parce que les motifs sexuels apparaissent dans leur forme symbolique dans plusieurs de mes autres films.
01:06:54...
01:07:04Ici, il s'agit purement de perversion imaginaire.
01:07:09C'est pour cela que j'ai fait une mise en scène très détaillée,
01:07:13qui montre toute la préparation.
01:07:16Comme une sorte de prélude amoureux.
01:07:20C'est quelque chose qui se déroule comme durant un acte sexuel.
01:07:25C'est aussi pourquoi la fabrication des objets, des accessoires, etc.,
01:07:30représente une sorte de prélude amoureux.
01:07:34C'est pour cette raison que j'ai pris des notes durant toute la préparation.
01:07:38Et ceci d'une façon quasi-documentaire.
01:07:41Pour qu'on puisse voir tout ce que les gens sont capables de faire,
01:07:45afin de satisfaire leur image érotique.
01:07:48Tout ce qu'ils sont prêts à subir et à faire subir.
01:07:53Descriptions de la machine et de ses fonctions.
01:07:56Petit 1, pénis artificiel fabriqué comme pour un vagin artificiel,
01:08:00dans un tissu spécial de muscles synthétiques, mais quelque peu renforcés.
01:08:04Petit 2, régulateur de taille.
01:08:07En tournant vers la gauche, on voit les muscles de la machine.
01:08:11Petit 3, régulateur de taille.
01:08:14En tournant vers la droite, on voit les muscles de la machine.
01:08:18Petit 2, régulateur de taille.
01:08:21En tournant vers la gauche, on élargit le pénis,
01:08:24tandis qu'on le réduit en tournant dans l'autre sens.
01:08:27Petit 3, fixateur d'érection,
01:08:30composé de spécimens de mucinae vulgaris ou mouches communes.
01:08:33Les spécimens sont vivants.
01:08:35Les mouches sont relâchées du réservoir une fois l'hipsation terminée.
01:08:38Elles se précipitent alors affamées sur le sperme artificiel répandu sur le gland.
01:08:43Les avantages sociaux de l'introduction des machines hipsatrices.
01:08:47Petit 1, une force de travail satisfaite
01:08:50qui ne pensera qu'à travailler durant les heures de travail.
01:08:53Petit 2, une famille harmonieuse, moins de divorces,
01:08:56donc moins d'enfants malheureux.
01:09:18Petit 1, une famille harmonieuse, moins de divorces,
01:09:21donc moins d'enfants malheureux.
01:09:48Petit 1, une famille harmonieuse, moins de divorces,
01:09:51donc moins d'enfants malheureux.
01:10:07Il est évident que pour beaucoup de personnes,
01:10:10la télévision est devenue le seul contact avec le monde,
01:10:13y compris avec l'érotisme.
01:10:17Je ne sais pas si c'est le cas en France,
01:10:20mais chez nous, chaque samedi soir, il y a des films érotiques à la télévision.
01:10:23Ils sont nuls.
01:10:26Et donc, pour beaucoup de personnes,
01:10:29la télévision est devenue le seul contact avec le réel
01:10:32et représente la seule réalité qu'ils connaissent.
01:10:35Il est donc bien évident que ceci est aussi dirigé contre la communication
01:10:38dans cette civilisation bizarre.
01:10:48Jeu tactile
01:10:51Nous achetons 4 rouleaux à pâtisserie en bois.
01:10:54Nous recouvrons une moitié d'un rouleau
01:10:57avec des grains de riz cru,
01:11:00la deuxième moitié avec les écailles d'une pomme de pain décomposée.
01:11:03Nous nous déshabillons
01:11:06et, afin d'éliminer les dégâts,
01:11:09nous faisons un rouleau à pâtisserie en bois.
01:11:12C'est ce qu'on appelle un rouleau à pâtisserie en bois.
01:11:15Nous nous déshabillons et, afin d'aiguiser la sensibilité
01:11:18de la peau du ventre et des cuisses,
01:11:21nous les fleurons avec du papier aimerie.
01:11:25Puis, nous prenons les rouleaux l'un après l'autre
01:11:28pour les passer sur le ventre.
01:11:31Nous en changeons l'ordre à notre guise.
01:11:45C'est assez dégoûtant.
01:11:49Ici, je me touche à un petit chat.
01:11:56Je me touche au chat et il me touche.
01:11:59Les sensations tactiles sont parmi les premières
01:12:02à se développer chez l'homme.
01:12:05Et ceci avant même de se développer.
01:12:08Les sensations tactiles sont parmi les premières
01:12:11à se développer chez l'homme.
01:12:14Et ceci avant même qu'il ne sache parler ou entendre, etc.
01:12:17Elles sont donc très importantes.
01:12:20Ce sont aussi des sensations qui ne sont jamais tombées
01:12:23dans l'esthétisme.
01:12:26Elles n'ont jamais connu une évolution identique
01:12:29à celle qu'a connue la vue ou Louis,
01:12:32pour lesquelles on a créé un art, une poésie, etc.
01:12:45La poésie tactile, en dépit de quelques exceptions,
01:12:48de quelques tentatives, n'existe pas.
01:12:51Le toucher est toujours prisonnier
01:12:54des fonctions utilitaires.
01:12:57Et je voulais instaurer une nouvelle recherche
01:13:00visant à développer de nouvelles possibilités du toucher.
01:13:04J'ai fait un poème que j'ai intitulé
01:13:07« Au bord de la mer tactile ».
01:13:10Parce que nous ne sommes qu'au bord
01:13:13de cet océan inexploré.
01:13:16Il doit se lire comme ça.
01:13:19C'est un poème qui a été écrit
01:13:22par un artiste de l'époque.
01:13:25C'est un poème qui a été écrit
01:13:28par un artiste de l'époque.
01:13:32Il y a un mot, puis un élément tactile,
01:13:35puis les mots continuent,
01:13:38puis un nouvel élément tactile, etc.
01:14:01Ce sont des objets tactiles.
01:14:04J'appelle ça le nouvel érotisme.
01:14:07Il s'agit d'auto-érotisme.
01:14:10C'est censé irriguer l'ensemble du corps.
01:14:13Il s'agit d'auto-érotisme.
01:14:16C'est censé irriguer l'ensemble du corps.
01:14:19Et c'est un élément tactile.
01:14:22Et c'est un élément tactile.
01:14:25Et c'est un élément tactile.
01:14:28Roulé sur le dos, sur la poitrine,
01:14:31sur les jambes.
01:14:34Roulé sur le dos, sur la poitrine,
01:14:37sur les jambes.
01:14:40On l'utilise comme ça, bien sûr.
01:14:43Et celui-là, comme ça.
01:14:50Nous savons que dans la fonction utilitaire,
01:14:53la vue est très liée au toucher.
01:14:56La vue est donc capable de servir
01:14:59d'intermédiaire au sentiment tactile,
01:15:02grâce à l'imaginaire, à travers l'image.
01:15:05Je pense que c'est une chance.
01:15:08C'est ce que j'ai utilisé dans les conspirateurs du plaisir,
01:15:11quand l'homme se sert des rouleaux tactiles.
01:15:26Roulé sur le dos, sur la poitrine,
01:15:29sur les jambes.
01:15:32Roulé sur le dos, sur la poitrine,
01:15:35sur les jambes.
01:15:41Et je pense que de nombreuses personnes
01:15:44ont eu, par l'intermédiaire de la vue,
01:15:47la sensation que c'était sur leur propre corps
01:15:50que ces rouleaux étaient utilisés.
01:15:53c'est plutôt cet avenir-là que je vois pour le film tactile,
01:15:56plutôt que de distribuer aux spectateurs des matières à toucher.
01:16:06Pour moi, le tactileisme est quelque chose de très sexuel,
01:16:10de très privé.
01:16:16Yann a ouvert là une chambre secrète que personne n'avait ouverte.
01:16:22Et à chaque fois,
01:16:29ça me choque encore.
01:16:32Pour le portrait d'Eva, j'ai d'abord écrit le texte avant de faire l'objet.
01:16:36J'ai donc d'abord exprimé mes sentiments par des mots,
01:16:41les impressions tactiles que j'aurais eues en mettant ma main à l'intérieur d'Eva.
01:16:47Dans le coin inférieur se trouveront des morceaux de verre brisés
01:16:51qui obligeront à quitter le portrait d'Eva avec la sensation d'avoir été blessée.
01:16:57Vous avez déjà touché votre portrait tactile ?
01:17:00Non, j'ai lu les notes, ça suffit.
01:17:06Vous imaginez s'il y avait une souris dedans ?
01:17:17Eva et Yann viennent juste de terminer au Tessanek.
01:17:22Déjà, ils ont en projet une exposition internationale
01:17:25avec les différents groupes surréalistes,
01:17:27un film sur la vie du marquis de Sade,
01:17:29plusieurs dessins animés inspirés de contes populaires tchèques,
01:17:32la confection d'un service de vaisselle aux formes fantastiques,
01:17:36la fabrication de bustes à l'effigie de leurs amis,
01:17:39une série de nouveaux collages tactiles,
01:17:41la publication d'une monographie sur la vie de Yann,
01:17:44la publication d'une monographie et d'un recueil de poèmes,
01:17:47une anthologie de la littérature subversive,
01:17:50la transformation et l'aménagement d'une vieille roche...