«L’usure d’un monde, une traversée de l’Iran» de François-Henri Désérable et l'exposition «Le surréalisme, l'exposition du centenaire» au Centre Pompidou
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00:00Le livre du jour, Nicolas Caro, c'est un format poche et c'est un formidable petit livre.
00:05Le voyage en Iran de l'écrivain François-Henri Désirable.
00:07Ça s'appelle « L'usure d'un monde » sous-titré « Une traversée de l'Iran ».
00:11Ça commence par un coup de fil, la plupart des gens ne répondent pas quand c'est un numéro inconnu,
00:16un numéro masqué, hein Anissa ? François-Henri Désirable, lui, il adore ça au contraire,
00:20un peu d'imprévu, un peu de surprise, que diable ! Il répond « C'est le ministère des affaires étrangères ».
00:25L'écrivain avait déclaré qu'il partait pour l'Iran et le fonctionnaire, au bout du fil,
00:28l'appelle pour l'en dissuader. Surtout en ce moment, les risques sont énormes,
00:31il pourrait être arrêté arbitrairement pour servir de monnaie d'échange un an, deux ans, dix ans peut-être.
00:36Mais voilà qu'il n'a pas tenu compte des conseils, manifestement.
00:39C'est-à-dire qu'il est obligé de mettre fin à la conversation.
00:42Il est justement dans l'avion qui commence à décoller, alors il ne fait pas trop trop le malin, il sait les risques.
00:48Mais je cite « Le programme était vague, mais dans de pareilles affaires, l'essentiel est de partir.
00:52Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons et on en trouve qui ne valent rien.
00:58La vérité, c'est qu'on ne sait comment nommer ce qui vous pousse, quelque chose en vous grandit et détache les amarres.
01:02Jusqu'au jour où, pas trop sûr de soi, on s'en va pour de bon. »
01:05Ce n'est pas Désirable qui parle, c'est une citation de Nicolas Bouvier, l'écrivain voyageur, l'auteur de « L'usage du monde »,
01:11parti sur les routes avec un ami en passant par les Balkans, l'Anatolie, l'Iran, donc puis le Pakistan et l'Afghanistan.
01:17Et Désirable a décidé de suivre ses pas et il nous raconte.
01:19C'est un reportage en fait, ce livre ?
01:21Oui, mais d'écrivain. Désirable est un romancier, mais là, c'est un récit raconté avec les techniques romanesques.
01:26Et par exemple, quand il arrive dans l'auberge le premier soir, il tombe sur un type très chouette.
01:30Il est minuit, il a faim et le type dans l'hôtel est en train d'engloutir des spaghettis bolognaises.
01:35Il voit que l'écrivain a faim, justement, alors il lui en offre la moitié et ils commencent à discuter.
01:39C'est beau les voyages, les rencontres.
01:41Et puis, il y a la réceptionniste aussi qui le fixe.
01:43Elle a l'air sous le charme du petit français et à un moment même, elle lui glisse un petit mot dans la main.
01:48Quand l'autre type s'absente brièvement, il a juste le temps de lire en anglais.
01:51« Attention, c'est sans doute un agent du gouvernement. »
01:54« Attention, effectivement, et il nous raconte l'Iran d'aujourd'hui, les manifestations contre le régime,
01:59l'histoire du régime, mais aussi la vie quotidienne normale en Iran avec ce qu'elle a de charme aussi.
02:03Rien n'est manichéen chez lui, le récit est drôle souvent et on suit des érables dans son voyage guidé par son écriture qui sonne juste. »
02:10Il aura très très chaud à un moment dans son périple, « L'usure d'un monde », signé François-Henri Deséraves.
02:16Formidable petit livre, j'insiste vraiment, c'est chez Folio.
02:18Merci Nicolas Carreau.
02:20Marie Gickel, la sortie européenne de la semaine, celle que vous nous avez choisie,
02:23c'est l'expo de la rentrée au Centre Pompidou à Paris Surréalisme,
02:28qui célèbre évidemment le centenaire de la publication du fameux Manifeste d'André Breton.
02:32Oui, fondé par l'écrivain André Breton, et justement ce manifeste, ce manifeste du surréalisme est exposé,
02:38c'est un livret orange où ces jeunes poètes, écrivains, artistes décident après l'horreur de la guerre
02:43de rompre avec la raison et de ne poser aucune limite à leur art.
02:46En fond sonore, pour nous lire ce manifeste préservé par une vitrine,
02:50la voix d'André Breton recréée par l'intelligence artificielle écoutée.
02:55Surréalisme, non masculin, automatisme psychique pur,
03:00par lequel on se propose d'exprimer, soit vernalement, soit pas écrit,
03:04soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée.
03:09On rentre dans ce parcours en passant par une porte un peu spéciale,
03:12c'est la porte d'un cabaret qui a l'allure d'une énorme gueule de monstre.
03:16C'est en fait une transition pour pénétrer dans les rêves, les cauchemars et les fantaisies
03:21de ces artistes réunis il y a cent ans.
03:23Un parcours, vous l'avez dit, biscornu, en spirale et riche, en prés exceptionnel.
03:27Il y a par exemple l'Empire des Lumières, tableau de Magritte avec pour sujet un lampadaire.
03:32Le rêve causé par le vol d'une abeille autour d'une pomme-grenade,
03:36c'est le titre de ce chef-d'oeuvre de Dali.
03:38Vous savez, c'est ce tableau où deux tigres surgissent d'un poisson au-dessus d'une femme entormie.
03:44On y trouve aussi les cadavres exquis, des dessins communs entre ce groupe de surréalistes.
03:48Et puis l'un des clichés emblématiques du mouvement, l'une des photos les plus chères de l'histoire,
03:53le violon d'Ingres par Man Ray.
03:55On y voit cette femme, en l'occurrence Kiki de Montparnasse,
03:58les ouïes d'un violon presque tatoué sur le dos.
04:01Un courant qui laisse aussi la place aux artistes femmes comme Dora Maar et ses clichés poétiques.
04:07Surréalisme, les cent ans de ce courant, célébré au Centre Pompidou à Paris, c'est jusqu'au 13 janvier.
04:12Merci beaucoup Marie-Jekyll, merci Nicolas.