David Jeuland, Directeur de l'Ehpad Les jardins du Castel à Châteaugiron

  • il y a 3 jours

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00:00Les assises nationales des EHPAD se tiennent jusqu'à ce soir à Paris.
00:03Les responsables du secteur tirent la sonnette d'alarme, les deux tiers des établissements sont en déficit en France.
00:09Un appel est lancé à l'État pour les sauver.
00:12Si vous êtes en EHPAD ou que l'un de vos proches s'y trouve, comment ça se passe ?
00:16Est-ce que vous voyez, vous, les difficultés financières des établissements ?
00:19Est-ce qu'il faut plus de moyens pour les EHPAD ?
00:22On vous attend maintenant au 02 99 67 35 35.
00:27Et on en parle aussi avec notre invité, le directeur de l'EHPAD, les Jardins du Castel à Château-Giron en Ile-et-Vilaine.
00:32Bonjour, David Geland.
00:34Bonjour.
00:34Alors, la situation est exceptionnelle, on l'a entendu dans les EHPAD.
00:38Expliquez-nous concrètement dans votre établissement, qu'est-ce qui se passe ?
00:42Qu'est-ce qui se passe ?
00:43Nous avons connu un premier tournant avec la crise du Covid en 2020 et 2021,
00:48qui a abouti à une crise des vocations, notamment en termes de ressources humaines,
00:53ce qui a complexifié un petit peu la donne en termes de recrutement.
00:56Ce qui a poussé certains établissements à se tourner vers de l'intérim, notamment, qui est excessivement cher.
01:02Et vous rajoutez à cela des mesures salariales décidées au niveau national qui n'ont pas été intégralement compensées.
01:09Ça a commencé à faire plonger les établissements financièrement dans un premier temps.
01:14Et une deuxième crise est arrivée par la suite en 2022 avec le début de la guerre en Ukraine et l'inflation galopante que nous avons connue.
01:23Et vous rajoutez ces crises les unes après les autres et vous arrivez dans des situations où des établissements sont clairement en très grande difficulté,
01:31voire pour certains, même en cessation de paiement.
01:34Vous me disiez en micro, votre établissement accueille 121 résidents, 6 également de jour.
01:39Pour combien de personnel, par exemple, pour se rendre compte ? Et combien il vous en manquerait idéalement aujourd'hui ?
01:45On n'a jamais assez de personnel, j'ai envie de vous dire, à mettre au chevet du résident pour avoir un accompagnement de qualité.
01:52Dans l'établissement que je dirige, il y a à peu près 100 personnes physiques pour s'occuper des 122 résidents.
01:59Alors ça ne veut pas dire qu'ils sont tous à temps plein.
02:01À temps plein, on doit être à environ 90 équivalents temps plein.
02:04Et effectivement, vous-même avez du mal à recruter ces derniers mois ?
02:08Alors c'est plus difficile que par le passé.
02:10Je pense qu'on arrive toujours à compenser le turnover que nous pouvons connaître.
02:15Par contre, on se rend compte que sur des profils diplômés, notamment d'aides-soignantes ou d'infirmières, on met plus de temps à recruter.
02:23On est parfois obligé d'entre guillemets de bricoler les plannings pour faire la jonction entre deux recrutements.
02:28C'est quelque chose qu'on ne connaissait pas avant et qui met forcément les équipes et les résidents en difficulté.
02:34Puisque un turnover supplémentaire, c'est nécessairement une perte de qualité au chevet du résident.
02:39Et un mal-être pour ces résidents, mais aussi pour vos salariés ?
02:43Ce n'est pas agréable finalement de ne pas consacrer de temps, assez de temps à ceux qu'on aide ?
02:49Il y a toujours une frustration chez les soignants de ne pas consacrer suffisamment de temps aux résidents,
02:54de ne pas pouvoir parler avec eux, de ne pas pouvoir se poser avec eux.
02:58Et il y a une deuxième frustration qui est celle de devoir former et reformer de nouvelles collègues mois après mois.
03:05Ça demande du temps, ça demande de l'investissement, ça demande des compétences.
03:09Et ça épuise quand une soignante doit former en l'espace de quelques mois trois ou quatre nouvelles collègues.
03:16Là aussi c'est quelque chose qu'on ne connaissait pas, en tout cas dans cette mesure-là, auparavant.
03:21David Jelen, vous êtes le directeur de l'EHPAD Les Jardins du Castel à Château-Giron en Ille-et-Vilaine.
03:26On va expliquer aussi que l'ARS Bretagne a baissé son financement qui est passé de 42 millions d'euros en 2023 à 23 millions cette année.
03:34Quelles conséquences l'a aussi la baisse de ce financement public ?
03:38Alors ces financements, ce sont ce qu'on appelle des crédits non reconductibles.
03:42Donc ce sont des crédits que les établissements sollicitent en plus de la dotation auxquels ils ont droit.
03:48Nécessairement, les années passées, du fait de la crise inflationniste,
03:51il y avait eu un rajout qui avait été obtenu par l'ARS pour aider les établissements.
03:57Forcément, cette année, avec 20 millions à peu près en moins,
04:01on ne va pas pouvoir demander les crédits personnels supplémentaires qu'on avait l'habitude de demander les années passées.
04:08Donc, en fin d'année, on risque d'avoir, pour certains établissements, un trou plus ou moins grand dans le budget au niveau des dépenses de personnel.
04:16Oui, parce que les services ne vont pas changer, évidemment, pour le confort des résidents.
04:20Mais ça veut dire que, par contre, à la fin, vos comptes vont être vraiment dans le rouge, c'est ça ?
04:25On ne va changer ni les services, ni le besoin en soins et en accompagnement des résidents.
04:29Pour la majorité des cas, les établissements refusent de renier sur la qualité d'accompagnement et donc de réduire leur personnel.
04:36Donc, forcément, si en face, nous n'avons pas les financements pour payer ces salariés,
04:42on aura un trou, on aura un déficit à la fin de l'année.
04:45Et ces déficits, depuis 2021, se cumulent et deviennent aujourd'hui très difficiles à absorber pour les établissements.
04:51Vous n'êtes pas quand même à avoir peur de fermer l'établissement, l'EHPAD ?
04:55Alors, en ce qui concerne mon établissement, non, puisque nous sommes un établissement de statut public hospitalier.
05:01Donc là, cette crainte-là n'existe pas.
05:03Pour d'autres établissements, d'autres statuts, cette crainte peut être une réalité.
05:08Encore une fois, c'est le cumul.
05:10Le cumul des années difficiles, des déficits plus ou moins importants.
05:15Dans un premier temps, les établissements ont compensé car ils avaient certaines réserves financières.
05:20Aujourd'hui, ils n'en ont plus.
05:22Donc forcément, la question de la pérennité et de l'existence même de certains établissements risque de se poser dans l'avenir.
05:28La solution vient peut-être du futur nouveau gouvernement qu'on attend ?
05:32Alors, on l'attend. Le secteur attend une loi grand âge depuis des années et des années.
05:37Elle n'a jamais été jusqu'au Parlement.
05:40Des choses étaient en cours sous la dernière mandature.
05:44Aujourd'hui, tout s'est arrêté depuis le mois de juillet.
05:46On est sur un flou artistique complet concernant les perspectives du secteur dans les mois et années à venir.
05:52Donc oui, on attend beaucoup des pouvoirs publics aujourd'hui dans le secteur médico-social.
05:57Merci beaucoup David Jeulan d'avoir été l'invité de France Blanc-Armoré.
05:59Vous êtes le directeur de l'EPAD Les Jardins du Castel situé à Château-Giron en Ile-et-Vilaine.

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