• il y a 2 mois

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00:007h45, c'est le moment de retrouver l'invité du 6-9 France Bleu Isère, Théo Etch.
00:04On reparle de ce drame survenu à Grenoble dimanche, cet agent municipal tué par balle.
00:08Quelle mesure faut-il prendre ?
00:10On va poser la question à notre invité, Elisa Balestrieri.
00:13Bonjour.
00:13Bonjour.
00:14Merci d'être avec nous ce matin.
00:15Vous êtes membre du secrétariat départemental de la CGT de l'Isère.
00:19Lilian Dejean, l'agent tué avant-hier, était très impliqué dans la CGT.
00:23Vous l'avez croisé notamment dans des manifs.
00:25Oui, mais je suis entre autres en charge des manifs, de tout ce qui est congrès, séminaire.
00:28C'est un syndicat.
00:29Les territoires de Grenoble étaient un gros syndicat.
00:32Du coup, Lilian, on le voyait très régulièrement dans toutes les initiatives CGT.
00:36Quel souvenir vous avez de lui ?
00:37Quel est votre sentiment ce matin ?
00:39Je dirais plutôt solaire, toujours le sourire, à l'image de la manière dont ses anciens voisins
00:47ou collègues de travail le décrivent, souriant et toujours la patate.
00:51Oui, on a eu beaucoup de témoignages effectivement de collègues qui vont dans ce sens-là.
00:57On est 48 heures après ce drame.
00:59Quel est votre sentiment ce matin ?
01:00Qu'est-ce qui domine ?
01:01La tristesse sans doute, peut-être un peu de colère ?
01:05Tout ça mélangé.
01:07La tristesse parce que, bien évidemment, quelqu'un est mort.
01:12La colère puisque c'est dans le cadre de son travail.
01:15C'était un camarade.
01:18Donc forcément, ça renvoie à tout ce qu'il a pu apporter dans son syndicat et aux agents de la PU.
01:23Et des questionnements, comment ça se fait quand toujours actuellement on puisse se faire assassiner
01:29et puis en plus dans un acte de bravoure.
01:33Rien ne justifie, même si ça n'avait pas été le cas d'ailleurs, rien ne justifie ça.
01:37Mais les questionnements, la colère et la tristesse, tout ça un peu mélangé.
01:40Plus les heures passent et plus il semblerait, j'ai entendu le témoignage du précédent invité,
01:46il semblerait qu'il y ait des réponses mais ça ne suffit pas.
01:49On est représentant d'un syndicat de police qui était avec nous à 7h30.
01:52Un mélange effectivement de tristesse et de colère.
01:54On l'entend aussi chez les auditeurs, chez les habitants.
01:57Comme Christian, écoutez, il a été rencontré hier par Julien Balidas
02:02dans le rassemblement en hommage à Ligand de Jean.
02:05On vit dans une ville avec la Port-Ventre.
02:08Moi-même, j'étais agressé à côté de chez moi il y a deux mois.
02:12On m'a mis une pousse sur la gorge pour me prendre le téléphone et ma carte bleue.
02:17J'étais à côté de Saint-Boulon, on n'osait même plus y aller.
02:21Ça tire de partout. Il y a de quoi être en colère.
02:24Il y a de quoi être en colère, dit Christian, qui attend des réponses.
02:28C'est un peu ce qu'on lit aussi sur les commentaires de notre page Facebook.
02:32Oui, tout à fait. Et des mesures aussi, puisque c'était la question qu'on vous posait ce matin sur la page Facebook.
02:38Comment éviter ce genre de drame ?
02:42On a des solutions listées par nos auditeurs.
02:45Jean-Louis qui nous dit renforcer la police municipale.
02:48L'armée peut-être aussi cette police municipale.
02:51Et puis installer des caméras de vidéosurveillance.
02:55C'est la même pour Bernadette qui nous dit ça.
02:58Augmenter le nombre de caméras, notamment à Grenoble.
03:01Ça, Éric Piolle a répondu à cette question, effectivement, hier à ce micro.
03:05Il expliquait que l'installation des caméras de vidéosurveillance
03:08était décidée au cas par cas, en accord avec la police municipale.
03:12On a aussi des réactions standard de France Bleu.
03:15Des réactions, toujours dans le même sujet, bien sûr.
03:18André nous appelle de Saint-Martin d'Erre. Bonjour André.
03:20Oui, bonjour.
03:21André, c'était plus une réaction sur le système global, peut-être, qui amène à ce genre de choses.
03:27Moi, je dirais plutôt une question de tarif.
03:30Vous pouvez nous redire, on n'a pas entendu André, ça a coupé.
03:33Une question de tarif.
03:35Quand on connaît le tarif, on connaît le prix et les conséquences, on se tient à carreau.
03:40Vous voulez dire des peines de la justice.
03:42Moi, je viens d'un pays, j'ai vécu 18 ans et demi au Maroc.
03:46Je suis 100% français, mais j'ai vécu là-bas à Fès.
03:49Et là-bas, vous rentrez, si vous avez une connerie, vous rentrez en commissariat.
03:52Des fois, vous sortez en chaise roulante.
03:55On ne va pas encourager à blesser les gens.
03:57Mais en tout cas, ce que vous dites, André, c'est que vous trouvez que la justice n'est pas assez ferme.
04:01Je schématise, voilà, bien sûr.
04:03Tout le monde le sait très bien.
04:04De toute façon, vous voyez, les trois quarts des gens qui gouvernent,
04:07à part des études, ils n'ont jamais rien fait.
04:09Ils ne connaissent pas, comme on dit chez moi, la caïda.
04:13Donc, une justice pas assez ferme, c'est ce que nous dit André ce matin, Théo.
04:17Effectivement, on entend le sentiment d'André.
04:21J'attends aussi votre réaction, Elisa Balestrieri, membre du syndicat CGT.
04:26Quelle doit être la réponse aussi sociale ?
04:28Qu'est-ce que vous, syndicat, vous attendez comme mesure, peut-être,
04:31pour protéger les agents publics qui sont souvent en première ligne ?
04:35Vous l'avez dit, je pense que les premières mesures sont sociales.
04:39Tout ça, c'est la conséquence de beaucoup de politiques ultra-libérales et capitalistes
04:45qui fait que les personnes sont en forte précarité.
04:47Alors, qu'on soit bien clair, je ne justifie absolument pas les actes tels qui se sont passés.
04:53Mais je pense que la réponse ne peut pas être que municipale.
04:56Comme le dit André, ça ne suffit pas.
04:59Ça doit être des politiques globales, générales, de l'État,
05:04avec réellement des politiques qui aillent dans le sens de la population.
05:09Et je pense qu'il y a effectivement beaucoup de choses à changer.
05:12Vous allez rencontrer les agents du service dans lequel travaillait Lilian,
05:17en tout cas les représentants syndicaux.
05:20Le syndicat des territoires de Grenoble, en fin de matinée, va à leur rencontre.
05:24Pourquoi ?
05:25L'idée, c'est qu'organisations syndicales, peu importe laquelle d'ailleurs,
05:30c'est bien collectivement qu'il faut trouver des décisions
05:33et qu'on porte ce qu'on appelle chez nous des cahiers revendicatifs.
05:37Puisque rien de mieux qu'un agent de la PU pour faire remonter ses besoins.
05:42Moi, je travaille à la sécurité sociale, je serais très mal placé
05:45pour dire à leur place ce dont ils ont besoin.
05:48Et dans tous les métiers des services publics, ça devrait être le cas.
05:51On attend aussi vos appels, on le rappelle sur France Bleu Isère.
05:54Vous pouvez intervenir à n'importe quel moment, 0476 46 45 45, 7h51.
05:59Il vous reste quelques minutes pour nous appeler.
06:01Donc allez-y, appelez-nous tout de suite pour avoir le temps d'intervenir,
06:03de nous donner votre point de vue sur cette situation.
06:05Et vous parliez tout à l'heure des agents publics de manière générale,
06:10qui sont en première ligne.
06:11Éric Piolle, justement, en a parlé aussi à ce micro hier.
06:14Il a eu une pensée pour tous les agents des services publics.
06:18Une peur qui nous abîme aussi.
06:21Je suis employeur et nos agents, dans leur mission,
06:25ils sont souvent exposés aussi à des confrontations très conflictuelles.
06:31On a une pensée pour tout cet engagement pour le service public.
06:34Au-delà du cas de Lilian, effectivement,
06:37il y a un vrai danger de plus en plus important
06:41qui touche les agents des services publics.
06:43Vous voyez une dégradation ?
06:45Il y a des décennies que les agents le dénoncent.
06:48Et si on devait voir au sens large,
06:50c'est vraiment les services publics au sens large,
06:52parce qu'il y a les agents des collectivités,
06:54mais tous les salariés du privé qui travaillent en services publics,
06:57comme les CAF, les URSAF et les CEPAM.
06:59Et il y a déjà eu des meurtres.
07:01Donc ça fait des années que c'est dénoncé.
07:03Les politiques budgétaires de restriction,
07:08dans le cadre du PLFSS par exemple,
07:11et donc personne n'y parle, on ne remplace pas.
07:16Moins il y a d'agents, peu importe la casquette,
07:19moins on peut répondre aux besoins de l'usager.
07:23Et on peut se mettre en difficulté.
07:25Dans tous les services d'accueil, des services publics,
07:27il y a des moments tragiques et des insultes quotidiennes.
07:31Dans ce cas-là, on fait quoi ?
07:33Je prends l'exemple du maire de Vienne, Thierry Kovacs,
07:35qui récemment a décidé de sécuriser davantage les marchés dans sa ville
07:40après un accident.
07:41Il a décidé de rendre étanche,
07:43c'est le mot qu'utilise le centre-ville par exemple,
07:45lorsqu'il y a un marché.
07:46Est-ce que ça c'est un exemple à suivre ?
07:48Est-ce qu'il faut davantage sécuriser les agents
07:50quand ils sont sur la voie publique,
07:52comme c'était le cas de Lille ?
07:53Je ne connais pas cet exemple-là,
07:55donc je ne sais pas ce que vous entendez par rendre étanche le marché.
07:59C'est notamment fermer l'accès des rues piétonnes
08:03pour éviter qu'une voiture,
08:04en l'occurrence c'était ce qui s'était passé sur un marché un samedi matin à Vienne,
08:07une voiture qui avait emprunté une voie piétonne,
08:09qui avait renversé une personne âgée.
08:12Donc il y a des mesures sans doute à prendre dans l'espace public
08:15pour protéger les agents.
08:16Il y a des mesures comme ça, on va dire ponctuelles,
08:19souvent malheureusement c'est suite à un drame
08:22qu'il va y avoir des choses mises en place.
08:24Mais comme je le disais,
08:25c'est vraiment des politiques globales qu'il faut,
08:27parce que si en amont il n'y a pas une politique de sécurité routière
08:32au sens large,
08:34des personnes vont prendre des autoroutes
08:36à un sens inverse ou autre.
08:38Donc c'est bien quelque chose de général,
08:40si on fait juste du one-shot par rapport à un drame,
08:43la collectivité d'à côté ne va pas forcément s'en saisir
08:46et il va peut-être avoir un autre drame.
08:48Donc c'est bien des décisions de l'État qu'il faut
08:51pour protéger et l'usager et le salarié.
08:54Et nous sommes persuadés que c'est collectivement qu'on peut le faire.
08:57D'où l'importance de la rencontre des usagers et des travailleurs
09:01pour connaître les besoins.
09:03Et encore une fois, rien de tel que les travailleurs
09:05pour dire combien de personnes il faut dans un service,
09:07comment on peut aller au contact de l'usager
09:10et répondre réellement aux besoins.
09:12A 11h, vous l'avez dit, il y a une réunion
09:15avec les collègues de Lilian.
09:17C'est quoi la suite ?
09:19Reprendre le travail ou pas ?
09:20Démobilisation ou pas ?
09:22Quelles sont les différentes pistes ?
09:24Encore une fois, ça va être les agents concernés
09:28qui, comme vous le disiez, à 48 heures après,
09:32se sentent ou pas d'aller au travail,
09:34se sentent ou pas de faire remonter telle ou telle problématique
09:37dans le cadre de leur travail.
09:39C'est eux qui décideront ce dont ils ont besoin
09:43à court, moyen et long terme.
09:45Et on suivra effectivement ça.
09:47Evidemment, il y a aussi une cagnotte qui a été mise en place
09:49que vous avez relayée, je crois, à la CGT
09:51pour venir en aide à la famille de Lilian.
09:53Elle a été créée hier matin par la CGT des territoires de Grenoble
09:57et c'est pour aider la famille, entre autres sur les obsèques
10:00et tout ce qui s'en suit, parce que ça allait très vite.
10:02Et du coup, c'est pour les aider.
10:04Et on vous a mis le lien sur francebleu.fr à notre application.
10:07Ici, vous avez un article complet avec le lien vers cette cagnotte.
10:10Merci beaucoup Elisa Balestrieri d'avoir été avec nous ce matin,
10:14membre du secrétariat départemental de la CGT.
10:16Et merci pour Lilian.

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