La présidente de France Télévisions Delphine Ernotte se dit heureuse de la couverture des Jeux paralympiques par ses équipes lors des dix jours de compétition. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-mardi-10-septembre-2024-9721958
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00:007h48, Sonia Devillers, votre invitée ce matin est la présidente du groupe France Télévisions.
00:05Bonjour Delphine Ernotte.
00:06Bonjour Sonia Devillers.
00:08Depuis sa privatisation en 1987, TF1 s'accroche le qualificatif de première chaîne de France
00:13avec les Jeux Olympiques et les Jeux Paralympiques.
00:16Les audiences de France 2 ont connu des niveaux stratosphériques en juillet et en août.
00:20Voici la chaîne publique qui monte sur la première marche du podium, c'est votre médaille d'or, à vous.
00:26Ce que je voudrais dire, parce qu'on est encore au lendemain de la clôture des JO,
00:32c'est à quel point moi je suis fière.
00:35Fière d'abord du travail des équipes de France Télévisions,
00:38qui n'ont pas aménagé leur peine pour faire partager cette fête à tous les Français.
00:43La direction des sports bien sûr, mais tous ceux qui tous les jours ont pris les bonnes décisions.
00:47Fière aussi parce que les JO, on se doutait bien que ça allait être une immense fête,
00:52mais là où je pense que nous, service public, on a vraiment fait la différence, c'est sur les paras.
00:57Exactement, sur les paras, parce que c'est la première fois que dans un pays hôte,
01:01on expose à ce point, avec cette égalité de traitement, les athlètes paralympiques.
01:07300 heures de direct.
01:08Et surtout, ma fierté, ce n'est pas les 300 heures de direct, c'est que les Français ont accroché.
01:14Ils sont passionnés pour les paras, pour les athlètes, pour leur vie, c'est souvent assez extraordinaire.
01:19Et donc, ça a marché, je suis vraiment hyper fière de ce moment absolument enchanté que nous avons vécu.
01:29C'est rentable, une telle opération télévisuelle.
01:34Nous, notre préoccupation, c'est d'équilibrer en fait, tous les ans, d'équilibrer les comptes.
01:39Et là, d'équilibrer le surcoût que représente, c'est vrai, d'accueillir les jeux en production, en droit.
01:45Il se trouve que notre régime publicitaire, la publicité a permis d'équilibrer.
01:49Et donc, on a dépensé au plus juste l'argent public.
01:54Écoute de l'héritage de cette séquence sportive historique.
02:00Il y a évidemment la question du sport gratuit, accessible à tous.
02:02Mais là, plus précisément, puisque vous en parlez Delphine Ernotte, du handisport.
02:06C'est-à-dire, en dehors des Olympiades, chaque fois que l'ARCOM mesure la présence des sportifs handicapés sur les antennes françaises,
02:13elle est terriblement faible.
02:15Je ne vous donne même pas les chiffres, quand on mesure la présence des femmes sportives handicapées sur les antennes françaises,
02:21on tombe à 1,7% du temps d'antenne de la télévision française.
02:25Vous savez, à France Télévisions, on a souvent été précurseur de ces sujets-là.
02:31Je reprends, vous parlez des femmes sur le sport féminin.
02:35On a été les premiers à mettre du foot féminin en première partie de soirée, du rugby féminin en première partie de soirée.
02:41Et maintenant, on pose moins la question, parce que le sport féminin a trouvé sa place.
02:46C'est ce qu'on cherche à faire, exactement de la même manière avec le paras.
02:49Le foot féminin, à la veille de la Coupe du Monde, ça a été un bras de fer, un suspense, on ne trouvait pas de diffuseur.
02:56Disons qu'aujourd'hui, sur les antennes en France, on se bat pour avoir les droits des sports féminins, ce qui n'était pas le cas il y a quelques années.
03:04Et je pense que le sujet des paras est un peu le même.
03:07Et à mon avis, le fait qu'on ait relevé de cette façon les standards sur les paralympiques,
03:14d'abord, ça va avoir des impacts sur la suite des paralympiques.
03:18Los Angeles et toutes les autres villes hautes vont devoir être encore meilleures que ce standard-là.
03:25Et je pense que c'est une façon d'amorcer aussi le parasport à la télévision.
03:31Absolument magistrale, parce que quand même, 24 heures pendant 10 jours, on ne peut pas faire tellement plus.
03:37Donc je pense qu'on a amorcé cette espèce d'élan positif sur le parasport.
03:43Alors, les audiences des JO ne doivent pas faire oublier les difficultés.
03:46Et il y en a eu ces derniers mois à France Télévisions, notamment au niveau de l'info.
03:52Les 20h, semaine et week-end, ont connu des difficultés d'audience durant toute la saison,
03:58accusant parfois de très lourds écarts face à la concurrence de TF1.
04:01Et surprise, vous annoncez à la rentrée que vous rallongez ces JT et qu'ils vont durer une heure.
04:08Alors, avant de nous expliquer pourquoi Delphine Ernotte, comment vous expliquez d'abord cette baisse d'audience ?
04:13Ce que je veux dire d'abord, c'est que l'information de service public, l'information tout court,
04:18c'est central à France Télévisions.
04:21Sur France 2, c'est du matin au soir, en fait, la part la plus importante.
04:27Et on est dans un moment quand même un peu particulier, ça ne vous échappe pas.
04:30Les gens nous le disent, ils sont percutés par beaucoup, beaucoup d'informations,
04:35des chaînes d'informations en continu, des réseaux sociaux.
04:37Et je pense que dans ce contexte, nous, service public, on a un rôle particulier à jouer.
04:43Plus ça accélère, plus nous, on doit se dire qu'on doit prendre le temps.
04:48Voilà, prendre le temps d'aller au-delà de l'information, de donner du contexte, de mener des enquêtes,
04:56de prendre le temps d'expliquer ce qui se passe beaucoup plus en profondeur.
04:59On a lancé notre premier numéro hier soir, évidemment, j'étais avec Anne-Sophie Lapix et Alexandre Carrat.
05:06Regardez ce qu'on a pu montrer.
05:12On a pris dix minutes pour expliquer ce qui se passe dans une ville qui est sous les bombardements des Russes,
05:19ce qui se passe dans l'hôpital.
05:21Et là, on a pu ressentir ce que les gens vivaient.
05:23On a pris ce temps, c'était fort, c'était intense.
05:28On n'aurait jamais pu prendre ce temps autrement.
05:30Est-ce que l'astuce consiste justement à prendre du temps, là où le journal télévisé de TF1 dure 42-43 minutes,
05:36donc au moment où il se termine, il y a un long carrefour de publicité en face à la concurrence,
05:42et vous vous en profitez à ce moment-là pour faire du temps long, pour avoir des invités, pour avoir des experts ?
05:47Je crois que le sujet, c'est pas de se mettre en face d'un carrefour de publicité quand même.
05:51Oui, j'entends ces mécaniques-là, évidemment, mais on a cette liberté dans le service public de ne pas être sujet à ces mécaniques.
05:59Et de réfléchir à comment on continue à creuser notre différence.
06:03Comment on continue à se différencier de plus en plus.
06:06Et ces dernières années, vous avez vu la différenciation s'accentuer.
06:10On est différent dans la création, on est différent dans beaucoup de choses.
06:14Dans l'engagement qui est le nôtre, on est aussi différent dans l'influence.
06:17Et alors quand Le Figaro vous pose la question de ce que vous pensez de Cyril Hanouna,
06:20dont la chaîne C8 se voit bientôt privée de canal sur la TNT, vous répondez que ce garçon a du talent ?
06:26Moi, c'était assez clair, non mais, moi je comprends la décision de l'ARCOM.
06:33Franchement, quand vous passez votre temps à griller un feu rouge, à la fin on vous vire votre permis.
06:36Bon ben voilà, et donc j'ai pas de débat là-dessus.
06:41Néanmoins, et je partage pas ce qui se dit sur l'antenne de Cyril Hanouna, je l'ai dit aussi.
06:46Après, l'homme a du talent, c'est vrai aussi.
06:48Et il a sa place dans le service public ?
06:50Je vous repose la question.
06:51Alors vraiment, la question se pose pas.
06:53Delfine Ernotte, votre deuxième mandat à la tête de France Télévisions s'achève l'été prochain.
06:59Est-ce que vous êtes candidate à votre succession ?
07:02Alors là, pour l'instant, moi je suis encore dans les JO.
07:04D'abord parce qu'on a un événement très important samedi, c'est la grande parade des athlètes,
07:10organisée par Thierry Reboul, ça va être magnifique, ça va durer toute la journée.
07:15Jusqu'à minuit et au-delà, et on a vraiment envie, après ce moment extrêmement intense,
07:23de clore cette séquence.
07:25Alors, troisième mandat ou pas troisième mandat ?
07:27En fait, qu'est-ce que ça va être ma priorité après ?
07:31Ma priorité, ça va être non pas de me poser une question de manière anticipée,
07:35mais plutôt de me dire, comment on fait maintenant pour sécuriser le mode de financement de l'audiovisuel public ?
07:42Parce que quand même, on sort d'une période qui est compliquée.
07:45On a tous entendu parler de privatisation.
07:48Or, on sait que pour créer, vous et nous, ces moments exceptionnels comme ceux qu'on a vécu,
07:53on a besoin de savoir quel va être notre financement l'année prochaine.
07:57On va avoir besoin d'être sécurisés sur notre indépendance.
07:59Alors, pour que tout le monde comprenne, on était financés, vous et nous, radio et télévision publique,
08:03par la redevance, jusqu'à ce qu'elle soit supprimée.
08:06Aujourd'hui, c'est une fraction de la TVA, et en fait, ce mode de financement est donc
08:10complètement dépendant du bon vouloir politique.
08:12Or, le mode de financement est, au dire même de l'Europe et de la Commission européenne,
08:17un gage d'indépendance.
08:18Et vous savez, moi, je le vois ailleurs en Europe.
08:20Quand on touche au mode de financement, quand on a sa vie d'audiovisuel public,
08:24c'est toujours un très très mauvais signe pour la démocratie.
08:27Mais ça signifie que pendant la campagne des européennes, pendant la campagne des législatives,
08:31ou des représentants du Rassemblement national,
08:35ont martelé matin, midi et soir, sur vos antennes comme sur les nôtres,
08:39qu'ils voulaient privatiser l'audiovisuel public, à commencer par France 2.
08:42Vous avez eu peur ?
08:43Bien sûr.
08:44Vous vous rendez compte que l'audiovisuel public, c'est la propriété de tous les Français.
08:49Et on leur doit de continuer à travailler pour eux, dans la confiance qu'ils nous témoignent,
08:57dans l'indépendance qui est la nôtre.
09:00C'est le cœur de nos missions.
09:01C'est ça qui nous fait vibrer tous les matins ici, qui nous fait vibrer tous les jours à France Télévisions.
09:07Et c'est ça qui me semble être mon prochain sujet sur la table qui va m'occuper.
09:13Merci Delphine Ernest.