Le drame du Venezuela est une farce

Europe 1

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Transcript

00:00A tout de suite, mais d'abord l'édito internationale d'Europe 1, bonjour Vincent Hervouet.

00:03Eh bien bonjour Dimitri, bonjour à tous.

00:05Vincent, vous nous parlez du Venezuela, pays qui s'enfonce dans la crise.

00:09Le candidat de l'opposition à l'élection présidentielle vient de s'exiler en Espagne

00:13depuis que Maduro s'est proclamé vainqueur.

00:15Il avait pris le maquis, s'est conseillé, sont réfugiés dans l'ambassade d'Argentine

00:19et assiégés par la police vénézuélienne.

00:21Oui, alors on peine à prendre au sérieux ce qui se passe à Caracas.

00:24On a tort, la répression des manifestations de l'opposition a fait 27 morts, des centaines de blessés.

00:29Les prisons débordent, le désespoir est là.

00:32C'est un drame, mais on dirait une farce.

00:35Depuis hier, le pays a deux présidents et c'est la deuxième fois.

00:39Un qui est en place, massif, inamovible, éruptif, qui bourre les urnes à intervalles réguliers

00:46et qui pond des mensonges aussi énormes que lui.

00:49Nicolas Maduro règne comme Ubus sur le Venezuela depuis 11 ans.

00:54Et un autre président, en exil celui-là, qui s'est présenté parce que la dirigeante de la coalition de l'opposition en avait été empêchée

01:03et cette doublure a subi mille intimidations pendant la campagne, a eu beau s'égosiller au soir des résultats,

01:10il n'a eu qu'un seul choix, s'enfuir ou moisir en prison, accusé de crime imaginaire d'être un suppôt des Etats-Unis, une incarnation du mal.

01:20Voilà, il s'appelle Edmundo González Urrutia et il s'est caché pendant un mois, puis a trouvé refuge à l'ambassade d'Espagne.

01:26Alors hier, le régime lui a délivré un sauf-conduit qu'il a eu se faire pendre ailleurs,

01:31González, homme d'état blanchi sous le harnais, a tout abandonné, un avion militaire est venu le chercher,

01:36c'est à Madrid qu'il va maintenant remâcher l'amertume de l'exil.

01:41Il y a cinq ans, l'exilé était deux fois plus jeune, Juan Guaido avait même été reconnu comme le vrai président

01:48par les Américains, les Européens, les Latinos, et pendant trois ans, il a entretenu toute une bureaucratie fantôme,

01:55avec l'argent du Venezuela confisqué à l'étranger, il a fini par se discréditer, loin des yeux, on est rarement vainqueur.

02:03Et maintenant Vincent, est-ce que ce dénouement met fin à la crise ?

02:06Et bien jamais de la vie, la crise c'est l'oxygène du régime,

02:10avant la présidentielle, Maduro a organisé un référendum pour annexer les deux tiers du Guyana voisin, le pays voisin,

02:18une façon d'électriser le nationalisme chatouilleux des Vénézuéliens,

02:22le stratagème a fait long feu, les bureaux de vote sont restés vides, mais tout est bon pour faire oublier le naufrage bien réel du pays,

02:31l'inflation la plus élevée au monde, l'exode de 7 millions d'habitants qui ont voté avec leurs pieds,

02:37la pire crise humanitaire de l'Amérique latine, la production pétrolière permet juste de subventionner les gros bras du régime,

02:45de payer les fonctionnaires, notamment les militaires, très choyés, et de rembourser la dette envers la Chine ou Cuba.

02:52Et la crise rebondit avec le Brésil et l'Argentine.

02:54Oui alors ça, ça date d'hier, 6 conseillers de Gonzales avaient trouvé refuge à l'ambassade d'Argentine au printemps pour échapper à leur arrestation.

03:02Un choix logique, le président Milehi et Nicolas Maduro s'insultent copieusement.

03:08Depuis hier, la police assiège la résidence, elle a coupé le courant, elle prétend qu'à l'intérieur on planifie des actions terroristes et l'assassinat de Maduro,

03:19le Brésil qui représente l'Argentine a mis en garde, une ambassade est inviolable.

03:24Mais les Brésiliens n'ont plus rien à dire à vrai dire, parce que Caracas vient de révoquer leur autorisation de représenter les Argentins,

03:32et donc toc contre Lula qui jouait les médiateurs et proposait un nouveau scrutin présidentiel.

03:40Quelle incroyable naïveté, Maduro s'est bien voulu chanter, danser la salsa et jouer au basket pour la campagne,

03:47mais basta il ne va pas recommencer, les chavistes n'ont qu'un président, ils n'ont qu'une loi, la force.

03:52Je vous le disais, on dirait une farce, mais c'est un drame.

03:56Ainsi va le monde, à signature Europe 1 Vincent Hervouet, merci beaucoup Vincent, 8h moins le quart.

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