Europe 1
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Chaque matin, Vincent Hervouet nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce mercredi, il s'intéresse à la situation dramatique en Libye suite à de terribles inondations.

Retrouvez "L'édito international" sur : http://www.europe1.fr/emissions/vincent-hervouet-vous-parle-international
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News
Transcription
00:00 d'abord l'édito internationale sur Europe 1. Bonjour Vincent Herrouette.
00:03 - Oui d'abord, bonjour Dimitri.
00:04 - Je peux dire ce matin, vous allez faire office de service public ce matin
00:09 parce que vous allez nous parler d'un drame qui passe complètement inaperçu,
00:12 les inondations qui ont frappé la Libye, l'OMS, l'Organisation mondiale de la santé
00:16 parle d'une calamité aux dimensions épiques.
00:19 - Oui, il n'y a pas de compétition dans le malheur, du moins pas pour les malheureux qui ont tout perdu,
00:23 mais le séisme qui a frappé l'Atlas marocain le week-end dernier
00:27 a éclipsé la tempête Daniel qui a ravagé l'Est libyen
00:31 provoquant l'effondrement de barrages et noyant la ville de Darnas sous la boue.
00:36 D'un côté des heures de reportage, le monde entier qui se presse au chevet du royaume
00:41 et même une polémique sur le silence du souverain qui n'appelle pas au secours
00:44 et de l'autre, pas d'image, peu d'info, il faut que la Croix-Rouge internationale sonne, enfin le toxin.
00:50 Ici Breaking News et là quelques brèves ou rien du tout pendant deux jours.
00:55 C'est la loi de l'info continue qui ne peut traiter qu'une émotion à la fois,
01:00 c'est la preuve que le Maroc est plus proche de l'Europe et de la France
01:03 par la géographie, par l'histoire, par la langue, par le brassage des peuples
01:07 dû au tourisme et aux migrations.
01:09 C'est sans surprise, mais la nature en colère a fait 3000 morts au Maroc et le monde est en deuil.
01:15 Les éléments déchaînés en ont fait au moins autant en Libye, mais on regarde ailleurs.
01:20 Et la vraie raison à ce traitement si déséquilibré,
01:23 c'est que la Libye elle-même a disparu.
01:26 Qu'une tempête là-bas est comme une tempête sur Mars, hors de vue, hors de portée,
01:30 la Libye s'est évanouie depuis que Kadhafi a quitté la Seine.
01:34 - Et sa mort c'était il y a 13 ans, en octobre 2011, on a perdu le fil.
01:38 - La démocratie n'a pas fleuri sur les ruines, le chaos est imposé,
01:42 comme en Irak, comme en Somalie, comme en Haïti, etc.
01:44 On est passé sans transition de la dictature à l'anarchie,
01:48 c'est-à-dire corruption à tous les étages, des réfugiés qui s'embarquent pour l'exil,
01:52 la tension aux frontières, la violence partout,
01:55 bon courage aux secouristes qui affluent de l'étranger,
01:58 tout le monde là-bas est armé, résultat, en tout cas, les caméras sont parties.
02:02 Les obscurs règlements de comptes entre milices et tribus
02:06 ont fini de décourager les bonnes âmes qui croyaient qu'en se débarrassant du vieux tyran,
02:11 on verrait s'élever à un état de droit.
02:13 Qui se souvient encore des palabres entre Libyens
02:17 qui se tenaient dans le château de la Seine-Saint-Cloud à côté de Paris
02:20 et qu'animait Emmanuel Macron, ce songe diplomatique
02:23 n'avait pas plus de réalité qu'un dessin sur le sable.
02:27 - Il n'y a plus d'État en Libye aujourd'hui, Vincent ?
02:29 - Non, c'est pour ça qu'il y a deux gouvernements,
02:31 l'un investi par l'ONU au détour d'une conférence ce lendemain,
02:34 il est retranché à Tripoli, à l'Ouest,
02:36 et puis l'autre à l'Est, élu par un parlement douteux
02:39 et qui tient par la force du maréchal Haftar.
02:41 Entre les deux, le cessez-le-feu est provisoire,
02:44 c'est une des lignes de front entre les islamistes et le reste du monde arabo-musulman,
02:49 les russes et les américains jouent leur propre jeu,
02:51 la partie peut durer aussi longtemps qu'il y a du pétrole.
02:55 Les puits et les stations de pompage sont à peu près entretenues,
02:59 pas les barrages qui ne rapportent pas un pétrodollar.
03:02 On peut toujours incriminer le réchauffement climatique,
03:06 mais vraiment, si la coulée de boue a emporté les ponts, les immeubles des quartiers entiers,
03:11 c'est parce que les vannes ne sont pas ouvertes
03:13 et que les barrages ont cédé l'un après l'autre.
03:16 En Libye, contrairement au Maroc, il n'y avait aucune fatalité au malheur.
03:21 L'édito à Europe 1 nécessaire ce matin, signé Vincent Hervoët.
03:25 Merci beaucoup Vincent.