Jean est rentré de colonie de vacances couvert de bleus. Si, au début, il raconte à sa mère être tombé, il finit par se livrer petit à petit. La maman de Jean a décidé de porter plainte pour "violences aggravées" contre les enfants.
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00:00Oui, bonjour, vous êtes en direct avec nous ce matin, j'ai d'abord une première question, comment va Jean ?
00:07Écoutez, il est là, il va bien ce matin, on a rendez-vous, donc là on est dans la voiture, on attend le rendez-vous chez le médecin légiste,
00:18et puis pour aujourd'hui ça va, mais il a des excès de colère pour un peu tout et n'importe quoi en fait, c'est compliqué.
00:29Bon, c'est compliqué, je vais vous demander simplement de pouvoir, si vous pouvez tourner votre téléphone portable pour qu'on vous voit bien,
00:35voilà, c'est mieux, merci, merci Cécile. Juste une chose, à la seconde où Jean est descendu du bus en rentrant de cette colo,
00:42vous avez compris qu'il y avait quelque chose qui clochait ?
00:45En fait, oui, puisqu'il descend du bus et je vois le cocard, enfin l'hématome sur sa joue, donc oui, il y a quelque chose qui cloche,
00:57effectivement, parce que je n'ai pas été prévenue du tout dans quel état j'allais récupérer mon fils, ensuite je le déshabille,
01:08je me rends compte qu'il a des bleus de partout, donc oui, dès le début, j'ai bien vu qu'il y avait un truc qui s'était passé.
01:16Qui lui a fait quoi ?
01:18Alors, trois enfants qui faisaient partie de la colonie, trois enfants qui se relayaient à tour de rôle,
01:30enfin à tour de rôle et ensemble d'ailleurs, les animateurs n'ont procuré aucune violence, ça je tiens à préciser,
01:39bien qu'aucun n'ait réagi, aucun ne l'a écouté, les violences ne viennent pas des animateurs.
01:48C'était pour un oui ou pour un non, une claque, une baffe, un coup, par exemple, si j'ai bien compris, on te donne deux minutes pour te laver,
01:59si dans deux minutes tu n'es pas lavé, on te frappe, c'était ça l'ambiance dans cette colo ?
02:04C'est ça, en fait, tu as deux minutes pour te laver, on le frappe quoi qu'il arrive, mais disons que s'il dépasse ces deux minutes-là,
02:12on le frappe encore plus fort.
02:14Qu'est-ce que ça vous fait à vous, Cécile, j'allais dire dans votre chair, de voir votre enfant revenir comme ça,
02:22de voir ces marques que l'on voit sur ces images ?
02:28Je vous ai perdu, c'est bon. Dans un premier temps, je suis dans l'incompréhension totale, parce qu'il ne veut pas me parler,
02:36parce que je suis interpellée par une petite fille de la colo qui me dit « non, non, madame, surtout, ne le criez pas, ce n'est pas de sa faute ».
02:42Donc là, je comprends encore plus ce qui s'est passé des choses, évidemment, et l'animateur qui n'est pas capable de me répondre
02:48sur l'état physique de mon fils. Donc, dans un premier temps, je suis dans l'incompréhension totale, je relativise,
02:57parce que je n'ai pas plus d'informations, et c'est vrai qu'au cours de la soirée, quand j'entends Jean se confier à ses cousins,
03:04là, j'hallucine complètement et je suis très énervée. Une fois de plus, je ne comprends pas, en fait, comment ça a pu passer inaperçu
03:13auprès des animateurs, sachant qu'en plus, Jean a prévenu les animateurs que d'autres enfants sont allés prévenir les animateurs également
03:22par rapport à l'état de santé de Jean, et que rien n'a été fait, que je n'ai même pas été contactée durant le séjour.
03:28« Voilà, madame le maire, on vous prévient qu'il s'est passé quelque chose et que vous allez récupérer votre fils avec des bleus,
03:35vous inquiétez pas, machin ». Non, rien, rien du tout, rien du tout. Donc, je suis à la fois dans l'incompréhension et dans la colère, oui.
03:41« Mais depuis, vous avez eu des contacts avec la colonie, la direction de la colonie, vous leur avez expliqué, qu'est-ce qu'ils vous disent ? »
03:47Oui, alors, j'ai eu des contacts avec le responsable de la colonie de vacances de la Comdecom qui, lui, était dans l'incompréhension totale aussi
03:56parce qu'il n'avait eu aucune information, aucun retour, en fait, par rapport à tout ça. Donc, bon, l'enquête de son côté, elle, avance.
04:06Et donc, du coup, j'ai eu contact avec le directeur de l'EGN hier midi et j'ai rendez-vous avec lui ce soir.
04:16« Bon, pour l'instant, pour l'instant... » Avec lui et une animatrice, du coup, qui était présente sur le site.
04:21« Oui. Vous avez porté plainte, Cécile. Qu'est-ce que vous attendez maintenant ? »
04:26Alors, j'attends pas grand-chose de la plainte parce que c'est... En fait, de base, je voulais déposer plainte contre les animateurs,
04:35mais les gendarmes m'ont dit que c'était pas possible, dans le sens où si les animateurs nient les faits ou si les animateurs viennent nous voir
04:42en nous disant qu'ils n'ont pas été au courant, que tout ça... Bien que le gamin soit bleu de la tête aux pieds, donc ils ont forcément vu.
04:51Pardon, je bafouille. Donc, contre les animateurs, c'était compliqué de déposer plainte, donc les gendarmes n'ont pas laissé trop le choix
04:58de déposer plainte contre les enfants, à savoir que c'est des mineurs de moins de 15 ans et que, du coup, il y a de très très grandes chances
05:04que la plainte soit classée sans suite, due à leur âge. Maintenant, qu'est-ce que j'attends ? J'attends pas grand-chose de la plainte,
05:12justement, mais j'attends des sanctions au niveau de ces animateurs-là, une enquête faite avec rigueur et avoir, du coup, des explications
05:24des animateurs concernés. Parce que pour l'instant, j'ai les responsables, j'ai le directeur qui m'appelle, mais j'ai toujours aucune excuse
05:31ni aucune explication des animateurs à proprement dire.
05:35Vous êtes avec Jean, là, dans la voiture. Vous allez ce matin voir la médecine légale, c'est ça ?
05:40Oui, oui, j'ai rendez-vous là dans un quart d'heure. C'est la procédure. Quand on dépose plainte pour violence aggravée, il y a forcément
05:48un rendez-vous chez le médecin légiste qui suit. Ce rendez-vous-là mènera également sur un suivi psychologique qui sera pris en charge, du coup,
05:58par la médecine, par l'État, je ne sais même pas par qui d'ailleurs, mais qui sera pris en charge, tout du moins. Et ce rapport de légiste sera
06:11mis dans la plainte et on verra ce que ça donne pour la suite.
06:15On a vu tout à l'heure le témoignage de Jean. Il faut un sacré courage quand on a 11 ans pour pouvoir raconter, justement, ce qu'on a subi comme ça.
06:25Oui, mais en même temps, c'est un soulagement pour lui d'en parler parce qu'il me dit qu'en soi, ça lui est arrivé à lui. Le fait d'en parler, les parents sont
06:40plus surveillants, comme il dit avec ses mots à lui, mais sont plus vigilants et les enfants feront plus attention. Et si ça se repasse dans d'autres colonies,
06:49sûrement que les enfants auront le courage de parler eux aussi, qu'il ne faut pas rester enfermé là-dedans. C'est ça qui lui donne du courage, en fin de compte.
07:01Mais après, ce n'est pas si simple que ça pour lui d'en parler, il ne faut pas croire.
07:05C'est pour ça que je vous disais qu'il faut pas mal de courage du haut de ses 11 ans pour dire ça, mais il le fait pour les autres, c'est ce que vous nous dites
07:12ce matin. Il y a eu la rentrée des classes hier. Comment ça s'est passé pour lui ? Est-ce qu'il avait déjà été victime d'un genre de violence, d'un genre de harcèlement ?
07:21Oui, mais c'est une histoire vraiment complètement différente. Avant, on habitait sur Amiens et c'était un petit jeune qui n'était même pas dans l'école
07:33qui est venu, lui et trois de ses copains à lui, qui est venu les chamailler pour une histoire de chaussures violées. Il était volé du lapsus.
07:44Mais en soi, Jean l'avait mal vécu, bien sûr, mais il n'y avait pas eu de violence physique. C'était plus sur un autre copain, justement.