• il y a 2 mois
Cinquante-sept jours après le second tour des élections législatives, Emmanuel Macron est toujours à la recherche d'un Premier ministre. Si la nomination se fait attendre, plusieurs noms de candidats potentiels émergent au fil des consultations.

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00:05On continue d'en parler en attendant la fumée blanche
00:08avec Nella Latrousse, chef du service politique de BFM TV.
00:11Bonjour Nella, merci d'être là.
00:12Mathieu Croissando continue de nous accompagner
00:14et on accueille Jean-Pascal Labille.
00:15Bonjour.
00:16Vous êtes secrétaire général de l'Union Nationale des Mutualités Socialistes et Solidaires
00:21et vous êtes un ami, on peut le dire très proche, de Thierry Baudet.
00:25D'abord, est-ce que vous lui avez parlé ces dernières heures ?
00:28Oui, on s'est entendus hier.
00:30Pour vous dire quoi ?
00:32Pour me dire qu'il avait été contacté, qu'il réfléchissait,
00:37que c'était quelque chose évidemment d'une expérience de vie absolument magnifique
00:42et qu'il se posait des questions quant à savoir s'il était dans les bonnes conditions
00:47pour pouvoir accomplir cette mission ô combien importante.
00:50En Belgique, on suit beaucoup la politique française
00:54donc je crois qu'il présente un certain nombre de caractéristiques intéressantes.
00:57Alors on va y revenir mais ce que vous nous confirmez,
01:00c'est qu'il a été sollicité par l'Elysée, on est bien d'accord ?
01:04En tout cas, il m'a dit qu'il réfléchissait,
01:08il ne m'a pas donné tous les détails des contacts qu'il a eus
01:11mais qu'il réfléchissait à cette question, oui.
01:14Et ça l'intéresse ?
01:16Et je pense qu'il est intéressé.
01:19Et vous qui êtes un ami, vous lui avez conseillé quoi ?
01:21Ce sont des postes qui ne se refusent pas.
01:22Moi-même étais dans ces conditions il y a quelques années.
01:24Ce sont des postes qui, en tout cas, vous incitent à y réfléchir.
01:28Est-ce que vous avez le sentiment qu'il réfléchissait pour fixer des conditions ?
01:36Thierry Baudet est un homme de conviction, c'est un homme de valeur,
01:40c'est un très grand travailleur,
01:43c'est quelqu'un qui a une très grande sensibilité et notamment sociale.
01:48La société civile, les causes intermédiaires, l'entreprise, c'est important pour lui
01:52et le mandat qu'il occupe au Césai est dans ce cadre-là d'ailleurs
01:55puisqu'il y côtoie l'ensemble des parties prenantes d'une société civile.
02:01Et donc je pense qu'effectivement, il sait que le contexte est particulièrement compliqué aujourd'hui en France,
02:07non seulement sur le plan politique mais même sur le plan macroéconomique.
02:11Et donc certainement qu'il aura à cœur de remplir la tâche si elle lui est confiée, mais avec des balises.
02:17Mais conviction de gauche ou de droite ?
02:20Je pense qu'il est très sensible à l'aspect social,
02:24mais qu'il sait se mettre, et son mandat au Césai l'a démontré, au-dessus de la mêlée.
02:28Lorsque vous discutez avec lui, vous avez le sentiment qu'on lui a fait une proposition
02:33et qu'il doit désormais y répondre ?
02:35C'est dans ce sens-là que ça se passe ?
02:38Ou est-ce qu'on a testé, l'Elysée a testé sa candidature ?
02:42Je pense que vous connaissez mieux que moi encore la manière dont le président Macron fonctionne.
02:47Dans des postes comme cela, il y a toute une phase où on teste un certain nombre de candidatures.
02:52Il y a eu d'autres noms qui ont été cités.
02:55Donc je crois qu'on est aujourd'hui dans cette phase-là,
02:58de laquelle on va vraisemblablement sortir rapidement maintenant.
03:02Neyla Latrousse, il y a quand même un agacement sérieux qui commence à poindre désormais,
03:07parce qu'on a l'impression qu'on se fait balader depuis plusieurs jours.
03:10L'hypothèse Cazeneuve évoquée hier, ce nom de Thierry Baudet,
03:14d'ailleurs qui est sorti d'où ? Qui l'a fait émerger ce nom ?
03:18Le nom de Thierry Baudet émerge dans la presse et de ce que l'on comprend,
03:22c'est l'Elysée, des figures de l'Elysée qui, en discutant avec des journalistes,
03:26laissent glisser ce nom.
03:28Pour tout vous dire, à BFMTV, au service politique, le nom nous parvient dès vendredi,
03:32mais ce n'est pas une hypothèse crédible.
03:34Vous évoquez les autres noms qui ont fuité.
03:36On dit Emmanuel Macron a une liste,
03:39où Xavier Bertrand et Bernard Cazeneuve figurent plutôt en haut de la liste.
03:44Thierry Baudet fait partie de ceux qui sont envisagés,
03:47mais tous ceux avec qui on échange à ce moment-là nous disent
03:49« ce n'est pas possible, c'est un technicien,
03:51Emmanuel Macron ne peut quand même pas tirer comme conclusion
03:54des législatives de juin, juillet dernier,
03:57qu'il faudrait mettre un apolitique, un non-politique à la tête de ce gouvernement. »
04:02Qu'est-ce que vous voulez dire ? Que l'hypothèse d'hier tient moins ce matin ?
04:06Que l'hypothèse, d'abord, s'est crédibilisée au fil du week-end,
04:08parce que tous les partis ont dit « Xavier Bertrand, Bernard Cazeneuve ».
04:11Ce n'est pas possible qu'Emmanuel Macron lui-même, en échangeant avec Bernard Cazeneuve,
04:14pressentait que l'ancien Premier ministre de François Hollande
04:16ne comptait pas être un Premier ministre fantoche,
04:19qu'il voulait pouvoir se saisir d'un certain nombre de textes,
04:21la réforme des retraites par exemple.
04:23Et ça, Emmanuel Macron ne pouvait se résoudre à ce que l'on détricote,
04:26ce que lui avait mis des années à faire passer.
04:28Et donc, l'hypothèse Thierry Baudet reprend un peu d'oxygène hier,
04:33et là, ce qui s'est passé au téléphone vendredi,
04:36c'est que les uns et les autres nous disaient « non, ce n'est pas possible »,
04:38ça s'est passé publiquement, c'est-à-dire que d'anciens ministres,
04:41des personnes de la majorité, des conseillers d'Emmanuel Macron,
04:44lui ont dit « tu ne peux pas faire ça ».
04:46Et il est en train de se passer exactement ce qui s'est passé
04:49il y a deux ans, souvenez-vous, avec Catherine Vautrin,
04:51ancien ministre sarkoziste,
04:53qu'Emmanuel Macron avait même présenté à son épouse, Brigitte Macron,
04:57en disant « voici la prochaine Première ministre ».
04:59Tir de barrage de l'ensemble de la Macronie,
05:01elle n'avait pas été nommée, ça avait été Elisabeth Borne finalement.
05:03Mathieu, qu'est-ce que ça dit, tout ça ?
05:05Ces hésitations, ces ballons d'essai, ces propositions, ces reculs ?
05:10Ça dit une grande impuissance.
05:12Ça dit une grande impuissance parce que ça va faire deux mois que ça dure,
05:15les Français se sont mobilisés comme rarement ils l'avaient fait dans les urnes,
05:18et aujourd'hui, le nom de Thierry Baudet, au-delà de ses qualités personnelles,
05:21parce qu'on ne juge pas l'homme, beaucoup ne le connaissent pas,
05:24quel est le profil politique de Thierry Baudet ?
05:26Quel est le message politique envoyé par la nomination de Thierry Baudet ?
05:29Quel est le projet politique ? Rien !
05:31Rien ? Donc c'est pour ça que ce n'est pas sérieux.
05:33On ne peut pas se dire, on met Tartampion parce qu'il a des qualités personnelles
05:37et des qualités professionnelles qui sont valables,
05:40pour porter un projet dans une crise politique majeure,
05:43parce que ce que nous vivons, c'est une crise politique majeure,
05:45il faut une réponse politique majeure.
05:47Ou alors, on dit juste, Gabriel Attal a démissionné,
05:50il nous faut un nouveau Premier ministre qui expédie les affaires courantes,
05:53et on redissout dans un an, et tout le monde est prévenu,
05:55et tout le monde se prépare.
05:56Mais on ne peut pas, comme ça, tenter de jouer des profils
05:59qui ne vous font pas d'ombre, pour essayer de garder le maximum de pouvoir.
06:02Est-ce qu'on n'a pas l'impression aussi, en sortant des noms
06:05comme Bernard Cazeneuve ou comme Xavier Bertrand,
06:08d'un recyclage aussi ? Est-ce qu'il n'y a pas aussi l'idée
06:11avec des noms de l'ancien monde un peu aussi ?
06:14On peut penser ce qu'on veut de Xavier Bertrand et de Bernard Cazeneuve,
06:17mais au moins les deux, quand ils ont été approchés,
06:19quand ils ont été contactés, ils y sont allés.
06:21Ils se sont dit, je suis capable d'aller peut-être,
06:23dans cette situation difficile, tenter quelque chose.
06:26Ce qui n'est pas le cas d'autres figures majeures de la classe populaire.
06:29Tu parles d'impuissance, mais parce qu'en réalité, le nom,
06:32il est vraiment testé pour voir comment les uns et les autres réagissent,
06:35ou est-ce que c'est un leurre ? Et le président Macron sait très bien
06:38qu'il ne compte pas du tout le nommer, mais qu'il essaie de nous balader
06:41en échafaudant un autre plan.
06:43De ce qu'on comprend, il n'y a pas de solution facile pour Emmanuel Macron.
06:47Ce qui est présenté aussi comme des choix tactiques,
06:50en réalité, ce ne sont pas des choix, c'est fait avec les contraintes du moment.
06:55Il n'y a pas de profil qui s'impose.
06:56Xavier Bertrand, par exemple, c'est un homme d'expérience,
06:58il est à la tête d'une région, d'une grande région,
07:00il gère des dossiers économiques, il connaît l'Assemblée,
07:03ça pourrait être un bon profil, mais la droite dit on n'en veut pas.
07:05Bernard Cazeneuve de la même façon, la gauche ne l'en veut pas.
07:07Et donc effectivement, ils tentent des noms pour voir
07:10est-ce qu'il y en aurait un par hasard.
07:12Avec des profils qui n'ont rien à voir.
07:14Un ancien Premier ministre et quelqu'un qui n'a jamais fait de politique.
07:16Au-delà de l'impuissance, ça dit surtout l'impasse dans laquelle il se trouve.
07:19Jean-Pascal Labille, lorsque vous avez eu votre ami Thierry Baudet,
07:21vous avez eu le sentiment que c'est lui qui avait la main ?
07:25Non, dans pareilles circonstances, ce n'est pas lui qui a la main.
07:29C'est clair que c'est le président Macron qui a la main.
07:32Ça, il le sait très bien, il est parfaitement conscient du contexte.
07:36Il y a un budget qui doit être voté, je pense, en grosso modo un mois.
07:40Il y a quand même eu tous ces mouvements sur la réforme des retraites.
07:44Donc il est parfaitement conscient du contexte dans lequel il est.
07:49Il le connaît d'ailleurs bien par la fonction qu'il occupe aujourd'hui
07:52comme président du CSE.
07:54Donc non, il sait très bien qu'il n'a pas la main.
07:56Et effectivement, est-ce que c'est un leurre de Macron ?
07:58Est-ce que c'est autre chose ?
08:00Il est parfaitement bien conscient de cela également.
08:02Mais justement, Jean-Pascal Labille, puisque c'est votre ami,
08:04quand on passe un coup de fil à un ami, c'est pour avoir des conseils.
08:06Vous l'avez mis en garde ?
08:09Écoutez, j'ai eu la même situation il y a dix ans
08:12quand moi je suis devenu ministre en Belgique
08:14et c'est lui qui m'a conseillé d'y aller.
08:16Ce que j'ai fait il y a une dizaine d'années.
08:18Donc vous savez, il y a des fonctions qui vous titillent.
08:22Il y a un gros challenge à faire ici.
08:25Vu de Belgique, vous avez besoin aujourd'hui d'apprivoiser la formule du compromis.
08:32Ce que nous, en Belgique, on fait depuis des années.
08:35Elle n'est pas parfaite cette formule.
08:37Il présente un certain nombre de caractéristiques sur ce plan-là.
08:40C'est un homme de nuance.
08:41C'est un homme de conviction.
08:43Mais c'est un homme qui sait aussi, qui est ouvert aux autres.
08:46C'est un rassembleur.
08:47Donc oui, cette fonction, pour lui, il se dit qu'il pourrait y apporter quelque chose.
08:52Tout dépendra du contexte dans lequel le président Macron le mettra.

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