Margot Boulet, du GIGN aux Jeux paralympiques

  • 2 weeks ago
« Au travers de mon handicap, aujourd’hui, j’ai la vie dont je rêvais quand j’avais 15 ans. » Pendant sa formation pour intégrer le GIGN, Margot Boulet a été victime d’un accident en parachute. Depuis elle se consacre au para aviron et représentera la France lors des Jeux paralympiques de Paris 2024. ✨

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00:00J'ai juste eu le temps de me dire, ça sert à rien d'ouvrir le parachute ventral,
00:02il n'aura pas le temps de s'ouvrir, je suis trop près du sol,
00:04et donc je me sens accélérée, et je sens tout de suite que ça tape très très fort.
00:08Je me dis, j'ai 26 ans, je suis paraplégique,
00:11et est-ce que j'ai vraiment envie de vivre dans ces conditions ?
00:13Il y a 7 ans, je réalisais mon rêve, rentrer au GIGN,
00:16mais un accident de parachutisme m'a tout bouleversée.
00:17Même si ça ne se voit pas, je suis en situation de handicap,
00:20mais j'ai retrouvé le sourire grâce au para-avion.
00:21Je serais vraiment très très fière de représenter la France au Jeu de Paris 2024.
00:24Pour rentrer au GIGN, il y a des tests à passer.
00:26Tous les jours, on vous demande votre capacité maximale,
00:28mais la deuxième partie, c'est vraiment la partie la plus difficile, la plus complexe,
00:32parce qu'en fait, on ne vous demande pas d'être excellent sur certains points,
00:34on vous demande juste d'être bon, de réussir, mais sur la durée,
00:37parce que ça dure 8 semaines.
00:38Sur le prestage, on a l'impression qu'une journée, c'est 3 jours.
00:40Il y a vraiment la matinée, l'après-midi et la nuit.
00:42C'est pour ça qu'8 semaines, ça peut se transformer facilement
00:44en une sensation de 12, 16, 20 semaines.
00:46C'est vraiment de la résistance psychologique,
00:48puisque très peu de candidats sont éliminés,
00:50mais la grande majorité abandonnent.
00:52À l'issue des élections, ce qu'on appelle le prestage,
00:54effectivement, on débute la formation.
00:55La formation, elle dure environ un an.
00:57C'est des stages qui s'enchaînent.
00:58En mars 2017, au cours du stage de parachutisme,
01:01j'ai eu mon accident de parachute.
01:02Il fallait qu'on atterrisse tous dans une petite zone
01:04qui était matérialisée au sol.
01:05C'était tout à fait faisable, pas de soucis,
01:07mais ça nécessitait d'être un petit peu serré en vol.
01:09Et au moment d'arriver au sol, il y avait quand même un petit peu de vent.
01:11Il y a la voile d'un de mes collègues qui reste un petit peu gonflée,
01:13qui se déporte, ça passe en dessous de moi.
01:15En fait, moi, je suis prête à atterrir.
01:16Je sais que l'impact au sol va se faire d'ici quelques secondes.
01:19Je suis vraiment en position.
01:19Et là, je vois une voile passer sous mes pieds.
01:22J'ai juste eu le temps de me dire,
01:23ça ne sert à rien d'ouvrir le parachute ventral.
01:24Il n'y aura pas le temps de s'ouvrir, je suis trop près du sol.
01:26Et donc, je me sens accélérée.
01:28Et je sens tout de suite que ça tape très, très fort à l'impact.
01:31Donc, je ne perds pas connaissance.
01:33J'ai la joie de sentir que j'ai le dos qui est très certainement cassé
01:37parce qu'en fait, je ne sens pas mes jambes.
01:38Alors, quand je ne sens plus mes jambes, vraiment, la première question,
01:42pas avec ces mots pas aussi bien formulés, mais que je vais me poser,
01:45c'est, je me dis, j'ai 26 ans, je suis paraplégique.
01:48Et est-ce que j'ai vraiment envie de vivre dans ces conditions ?
01:50Et au bout de quelques minutes,
01:52je sens une douleur intense qui vient de ma jambe gauche, de ma cheville gauche.
01:55Et en fait, cette douleur, même si elle est atroce, elle me rassure.
01:58Ça veut dire, waouh, je sens quelque chose au niveau de mes jambes.
02:00Et en fait, l'espoir revient avec la douleur.
02:03C'est assez paradoxal, mais c'est vraiment ce que j'ai ressenti à ce moment-là.
02:05Entrer au GIGN, c'était vraiment un rêve, un objectif.
02:08Je me suis préparée pendant longtemps.
02:10Et que tout s'arrête comme ça,
02:13ça a été vraiment très, très, très difficile à accepter.
02:16J'avais perdu beaucoup d'autonomie dans les gestes du quotidien
02:18et je suis revenue au domicile de mes parents.
02:20Mes parents sont bénévoles dans un club d'aviron.
02:21Une rencontre s'est faite avec la fédération, avec un cadre de la fédération
02:24et qui a discuté avec mes parents.
02:26Je n'étais pas là, moi, ce jour-là.
02:27Comme le font tous les parents entre eux, ils discutent de leurs enfants, je pense.
02:31Et en fait, ce cadre a dit, mais ça ne m'intéresserait pas d'essayer le para-aviron,
02:34éventuellement rentrer en équipe de France,
02:36sachant qu'en plus, il y avait un bateau qui s'était qualifié
02:38pour les Jeux Paralympiques de Tokyo,
02:39mais qu'une des féminines de ce bateau souhaitait mettre un terme à sa carrière
02:42en sportive, de rameuse.
02:44Et donc, entre guillemets, il y avait une place à prendre.
02:46Et ça, tout de suite, ça a fait appel à la sportive, la compétitrice en moi.
02:49Ça a donné beaucoup de sens à mes journées
02:51et ça m'a beaucoup, beaucoup aidée à me reconstruire,
02:54notamment au niveau psychologique.
02:55Alors aujourd'hui, j'ai la chance d'avoir un contrat de sportive de haut niveau de la défense.
02:59Donc, je n'ai pas non plus complètement quitté le monde militaire et la gendarmerie
03:03puisque je représente la gendarmerie en tant que sportive de haut niveau
03:05via le dispositif qui s'appelle l'armée de champions.
03:07Il n'y a pas de regret.
03:08Je ne regrette pas du tout d'avoir tenté les tests d'entrée du GI,
03:11d'avoir débuté la formation, d'avoir eu cet accident.
03:14Et finalement, au travers de mon handicap aujourd'hui,
03:16j'ai la vie que je rêvais quand j'avais 15-16 ans.

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