• il y a 2 mois
Olivier Saint-Cricq
président du directoire de la Nouvelle République

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00:00D'ici matin, 7h41, toute cette semaine, nous sommes revenus sur certains épisodes, certaines histoires de la Libération.
00:05Antoine, il y a 80 ans, ce matin, on vous propose de parler d'un homme, un personnage majeur de l'histoire de la ville de Tours,
00:12un homme qui a œuvré pour la reconstruction et pour faire revivre la ville.
00:15Cet homme, c'est Jean Meunier, et votre invité Romain Dizec le connaît bien.
00:19Et pour cause, bonjour Olivier Saint-Cricq.
00:21Bonjour à vous, bonjour à tous.
00:22Président du directoire de la Nouvelle République, mais surtout petit-fils de Jean Meunier,
00:27qui fut le premier maire d'après-guerre de la ville de Tours.
00:30On va se replonger avec vous immédiatement le 1er septembre 1944, jour de la Libération de Tours.
00:36Le lendemain, votre grand-père est nommé maire. Pourquoi lui, et comment ça s'est déroulé ?
00:42Alors, il a été nommé maire par le CNR, à travers le Comité Départemental de Libération.
00:50Le CNR, le Conseil National de la Résistance.
00:53Et le CDL, le Comité Départemental de la Libération, qui avait dans toutes les villes de France,
00:59et par département comme son nom l'indique, le devoir de remettre en place le programme du CNR,
01:07qui peut se résumer en quelques points, restaurer la liberté d'expression,
01:12évidemment faire cesser immédiatement la Révolution Nationale,
01:17il faut autrement dire le régime de Vichy, remettre le pays en marche, c'est ça qu'on va certainement l'aborder,
01:24remettre le pays en marche et redonner un esprit aussi de participation aux habitants, aux travailleurs, j'allais dire entre guillemets.
01:36Donc c'est dans ce cadre-là qu'il a été introduit.
01:39Et il faut dire qu'il était lui-même résistant, pour ceux qui ne le savent pas.
01:42Alors lui il était résistant, il était surtout et aussi député SFIO du Front Populaire,
01:48depuis 1936, c'est-à-dire qu'il avait un socle idéologique, philosophique assez marqué aujourd'hui,
01:59on dirait peut-être social-démocrate comme je vous l'ai dit au téléphone l'autre jour.
02:02La SFIO ancêtre du Parti Socialiste.
02:04La tâche pour Jean Meunier est colossale, en premier lieu il faut déjà pacifier les relations entre les Tourangeaux,
02:11il met fin notamment dans les toutes premières heures lorsqu'il arrive au pouvoir aux tontes des femmes.
02:17Alors ça c'est un événement épouvantable auquel il a réussi à faire face et surtout qu'il a réussi à arrêter.
02:27Le 1er septembre on faisait un discours sur le balcon de l'hôtel de ville,
02:31d'ailleurs il a réchappé de peu à un attentat puisqu'on lui a tiré dessus,
02:35et quand il a vu l'horreur qui se déroulait sur la place du palais avec les femmes tendues,
02:40je crois qu'il y en a eu une trentaine en Touraine, pas que place du palais,
02:43mais donc des manifestations comme seule une foule peut le faire,
02:49une meute en colère, à juste titre en colère, mais bon, quand même on doit rester humains.
02:56Il a raconté qu'il y avait une menace de bombardement allemand
03:01alors que les allemands avaient quitté la ville dans la nuit du 31 au 1er.
03:09Donc ça a fait peur aux gens, la foule s'est débarrassée, la place de Jean Jaurès très rapidement,
03:16et il a donc réussi à récupérer ces pauvres femmes tout en procédant par ailleurs,
03:25parce qu'il n'avait pas de complaisance avec les collabos, à faire une vague d'arrestations,
03:35700 si mes souvenirs sont bons, qui se sont retrouvées à l'actuel lycée Albert Bayer,
03:42en détention en attendant d'être jugées.
03:44Il faut éviter les vengeances aussi, parce qu'il y a beaucoup d'armes qui circulent,
03:47des vengeances entre peut-être des familles qui sont accusées de collaborationnisme, des résistants,
03:53c'est un peu le bazar, il faut garantir quelque part le retour à la paix sociale.
03:57C'est ça qui est le plus difficile, et puis il y a quatre ans, on sort de quatre ans d'obscurité totale
04:03avec des comportements différents selon les gens,
04:08des gens qui se sont engagés tout de suite, d'autres un peu plus tard, d'autres au dernier moment.
04:15Je ne vais pas faire de plaisanteries d'humour là-dessus,
04:19mais c'est vrai que les résistants de la dernière heure, il y en a eu quand même pas mal,
04:23si d'ailleurs pour ceux qui ne sont pas intéressés à cette période-là,
04:28il y a de très très bons sujets audiovisuels,
04:33on est au service public, il y a le village français, je ne sais pas si vous l'avez vu,
04:40qui était remarquable, qui était fait avec des historiens, qui n'était pas du tout caricatural,
04:45qui expliquait très très bien toute la guerre de 1939 à la Libération, enfin à 1945, plus une saison ultérieure.
04:54— B.Saint-Cricq, parmi les priorités de votre grand-père aussi, il faut nourrir la population,
04:57or le maire le 1er septembre 1944 n'a pas beaucoup de pouvoir.
05:01— Non, il n'a pas beaucoup de pouvoir, et puis il y a aussi une collusion entre l'État,
05:07les injonctions de l'État et la capacité sur le terrain.
05:12Déjà, quand je vous disais que c'était le 1er septembre, c'était un sentiment mitigé, très contradictoire,
05:17il y a eu les bonnes nouvelles, que tout le monde sait,
05:20enfin le 1er septembre, il y a eu le débarquement, il y a eu la Libération de Paris le 25 août,
05:27mais il y a eu aussi des choses terribles.
05:31Il y a eu le bombardement de Tours au printemps, pour éviter aux Allemands de remonter vers la Normandie,
05:37il y a eu le massacre de Maillé le même jour que la Libération de Paris,
05:42des fusillés à parcer mêlés, jetés dans des fosses communes,
05:45donc il y a eu beaucoup de choses terribles.
05:48Et puis il y a surtout une ville qui est complètement détruite.
05:51Pour ceux qui connaissent bien la ville, quand on regarde,
05:55quand on s'intéresse à l'architecture de la rue nationale,
06:00on se rend compte qu'il n'y a pas du tout les immeubles en pierre de Tufaux,
06:04que c'est de l'architecture des années...
06:06D'ailleurs il faut reloger certaines personnes ?
06:08Oui, il faut reloger, je crois qu'il y a 200 000 personnes sans abri,
06:14beaucoup d'immeubles, je crois, 2 000 immeubles détruits,
06:197 000 complètement sinistrés, il n'y a plus d'eau potable,
06:22il n'y a plus de gaz, il n'y a plus d'électricité,
06:24les égouts sont éventrés, les canalisations d'eau détruites...
06:28Et Jean Meunier décide d'ailleurs de réquisitionner certains logements,
06:31il fait le travail de l'État à la place de l'État.
06:33Ça ne lui a pas valu que des amis, ça.
06:35Pour reloger, il a dû effectivement obtenir une dérogation via le préfet Vivier de l'époque
06:42pour pouvoir petit à petit reloger avec toutes les tensions.
06:46Mais il avait été réélu, ça je tiens à le dire,
06:49il a été légitimé par les urnes en 1945.
06:54Il a fait grosso modo que 5-6 mois en tant que leader du comité départemental de libération.
07:01Et d'ailleurs en 1947, 2 ans plus tard, après sa défaite au municipal,
07:05il disait aussi « nous n'avons pas fait de miracles,
07:07nous avons travaillé avec conscience sans nous laisser distraire par des polémiques stériles ».
07:10Ça résume le personnage ?
07:12Oui, il était comme ça.
07:13Alors moi je l'ai connu, je ne l'ai pas connu très longtemps,
07:15j'ai surtout connu son épouse qui était elle aussi résistante
07:19et qui a formé avec lui un couple très soudé pendant cette période-là et par la suite.
07:24Oui, il était comme ça.
07:27Et il a surtout, compte tenu de son histoire politique,
07:30il n'était pas catholique, il était député SFIO, ouvrier,
07:38il n'avait pas fait beaucoup d'études puisqu'il est franc-maçon aussi.
07:42Il l'a formé à cette époque-là un peu grâce à tout ça.
07:47Et il y a eu des querelles au sein du parti socialiste, de la SFIO,
07:53de toute façon depuis le congrès de Tours c'était un peu sportif on va dire,
07:57entre le PC de l'époque et la SFIO.
08:02Donc il y a eu des dissensions et se sont ajoutées toutes les tensions épouvantables.
08:09Il a réussi à faire fi de tout ça pour oeuvrer, ça lui a coûté son poste,
08:14mais il a réussi à reconstruire en tout cas les Tours.
08:18Et au sein de Tours ça aussi avec un maire jusqu'en 1942, Ferdinand Morin,
08:23qui était lui aussi SFIO, mais qui a carrément appelé,
08:27enfin qui a voté plein pouvoir à Pétain
08:30et qui a accueilli les Allemands bras ouverts
08:33en appelant à la dénonciation dans les colonnes de la Dépêche.
08:36– On va devoir s'arrêter là Olivier Saint-Cricq,
08:38on aurait beaucoup de choses à dire sur l'histoire de Jean Meunier.
08:40Pour celles et ceux qui sont un peu frustrés,
08:42qui veulent en savoir davantage sur la vie du maire de Tours,
08:45je les invite à lire la biographie écrite par votre maire Mireille Meunier Saint-Cricq,
08:49Jean Meunier, une vie de combat dans laquelle elle raconte justement
08:51le travail colossal mené par votre grand-père.
08:53Merci beaucoup Olivier Saint-Cricq d'avoir accepté l'invitation de France Bleu Tourette.
08:56– Et demain, dans la Nouvelle République, un suppléant de 12 pages
09:00pour fêter les 80 ans de la libération et de la création de l'ANR puisque…
09:05– Et bien on ira à ça avec plaisir.
09:06– Voilà. – Merci beaucoup.
09:07– Merci de votre invitation.
09:08– Merci.

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