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La Grande_RUSSIE ☝ _ LA PUISSANCE D_UN EMPIRE - DOCUMENTAIRE

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00:17Moscou, 4 novembre 2011, jour de l'unité nationale.
00:21Une fête instaurée par Vladimir Poutine pour célébrer la grandeur de la Russie.
00:27« Slava Russie ! Slava Russie ! Slava Russie ! Slava Russie ! Slava Russie ! »
00:33Ces cortèges évoquent autant les heures soviétiques que le vieil empire des Tsars.
00:42« Bonjour camarades ! Je vous souhaite une bonne fête de l'unité nationale ! »
00:52Ce jour-là, Russie Unie, le parti de Vladimir Poutine, organise un grand rassemblement.
00:59Pour Alena, présidente de la Jeune Garde poutinienne et candidate à la Duma, le passé est plus actuel que jamais.
01:09« Bonjour tout le monde ! »
01:11« Vous savez, prononcer ce chiffre à haute voix me donne des frissons. Il y a 400 ans, les armées de Minine et de Pojarski ont libéré Moscou des envahisseurs polonais.
01:31Ils ont aussi chassé leurs laquais et tous ceux qui nous ont trahis. On peut les applaudir ! »
01:42« N'oubliez pas qu'il existe encore aujourd'hui des groupes qui veulent faire éclater la Russie.
01:49Et ils ne se gênent pas de profiter de l'aide venant de l'étranger, tout comme les traîtres il y a 400 ans.
01:57Il est de notre devoir de résister à ces groupes. »
02:02« Russie ! Russie ! Russie ! »
02:08« Aujourd'hui, il faut que le pays soit fort. Il n'y a de la place que pour les forts dans ce monde. »
02:15La quête de la puissance pour la Russie. C'est avec ce credo que Vladimir Poutine, au sommet du pouvoir depuis 12 ans,
02:22mène sa campagne présidentielle en tandem avec Dmitri Medvedev pour diriger la Russie 6 années encore.
02:30Une durée digne d'un tsar.
02:33Que veut Poutine ? Faire de la Russie à nouveau un empire ? En a-t-il les moyens ?
02:39Ses voisins vont-ils payer le prix fort des rêves impériaux russes ?
02:46« Ce n'est pas ça le respect. C'est de l'appréhension. C'est la peur qu'on fasse quelque chose de grave, d'imprévisible. »
02:57« L'élite politique russe est malade de quêtes impériales. »
03:02Au nord du pays, 10 000 militaires russes contrôlent deux enclaves, les provinces d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud.
03:10La Géorgie se trouve ainsi amputée de 20% de ces territoires.
03:15Certaines de ces bases militaires russes se trouvent à seulement 40 kilomètres de Tbilissi, la capitale.
03:22David est un jeune Géorgien de 27 ans.
03:25Il travaille pour le gouvernement géorgien et accompagne des journalistes qui souhaitent visiter ces frontières provisoires.
03:35« Là-bas, c'est déjà la Russie. »
03:52« Ce qu'on voit là-bas, c'est la future base militaire des gardes-frontières russes. »
03:59« Elle est protégée par un mur épais d'un mètre. »
04:07« On voit qu'ils sont en train de construire leur quartier général, avec des bureaux, des maisons pour les officiers et leurs familles. »
04:15« Il y a une ligne d'occupation en plein milieu de mon pays. Bien sûr que ça m'énerve. »
04:24« C'est dangereux d'avoir une grande base militaire russe ici. »
04:31« Ils peuvent s'en servir pour envahir le reste de la Géorgie, si jamais ils décident de le faire. »
04:38« C'est une situation d'impasse. »
04:41« La Russie ne reconnaît pas nos frontières. »
04:48« Elle ne reconnaît pas notre gouvernement. »
04:51« Elle refuse de faire des rapports avec notre gouvernement de n'importe quelle forme. »
04:55« Elle rejette la Côte-des-Seize-Feux que la Russie a signée. »
05:05« Juridiquement, c'est la situation de la guerre. »
05:14L'armée russe est installée en Géorgie pour longtemps encore.
05:18Une occupation militaire russe hors de Russie.
05:22Une première depuis la chute de l'URSS et même depuis la guerre en Afghanistan.
05:27Pourquoi ce tout petit pays préoccupe-t-il autant Vladimir Poutine ?
05:35Que s'est-il passé pour en arriver là ?
05:42Tout trouve sa source dans la situation de la Russie dont Poutine hérite lorsqu'il arrive au pouvoir en 2000.
05:48« Nous sommes responsables de nos propres malheurs. »
05:52« Nous sommes faibles, nous manquons de fermeté, de rigueur. »
05:56« Regardez notre économie. »
05:59« C'est la misère, le chaos partout. »
06:03« Regardez nos relations internationales, surtout avec les pays de l'étranger proches. »
06:08« C'est l'éclatement généralisé. »
06:12Cet éclatement, Poutine le qualifie de « plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle ».
06:18Pendant 70 ans, l'URSS fut une superpuissance mondiale dont l'influence s'étendait jusqu'aux portes de l'Europe.
06:25Du jour au lendemain, elle perd un quart de son territoire et la moitié de ses habitants.
06:301991. Boris Yeltsin annonce la fin de l'Union soviétique.
06:35La plupart des anciennes républiques soviétiques sont regroupées au sein de la CEI, la Communauté des États indépendants.
06:42Vaine tentative pour maintenir les liens fixés pendant des décennies, l'Empire n'existe plus.
06:48A cette époque, Vladimir Poutine, agent du KGB, revient d'Allemagne de l'Est pour prendre ses fonctions à Saint-Pétersbourg.
06:55Pour lui, comme pour les élites dirigeantes, le réveil est brutal.
06:59En réalité, Moscou n'a aucun moyen d'arrêter cet éclatement. La nouvelle Russie a d'autres préoccupations.
07:05Son économie est aux abois. Les chaînes de télévision internationales montrent en boucle d'humiliantes images de pauvreté et de pénurie.
07:13Pour survivre, la Russie doit demander de l'aide au FMI.
07:17Sur le plan international, l'influence russe est également considérablement réduite.
07:22Lorsque l'OTAN décide en 1999 de bombarder Belgrade, la vie de Moscou ne compte pas.
07:28Le 31 décembre 1999, le président Yeltsin, devenu symbole d'une période de chaos et d'humiliation, tire sa révérence.
07:36Mais Yeltsin a prévu son successeur, Vladimir Poutine, son premier ministre.
07:59Le nouveau président n'a pas le choix. Il doit redresser la situation. La Russie est au bord du gouffre.
08:07C'était absolument nécessaire à l'époque.
08:14Quand Vladimir Poutine est arrivé au pouvoir, l'état russe était insolvable.
08:22Les citoyens russes avaient perdu toutes leurs économies.
08:28La crise financière était catastrophique.
08:31La guerre en Tchétchénie, dans le Caucase, était une menace pour l'intégrité du pays.
08:39Toutes ces choses nous donnaient l'impression qu'on était au bord d'une catastrophe.
08:45Poutine commence par rétablir l'ordre à l'intérieur du pays.
08:49Il instaure un état fort, nationalise le secteur des matières premières, combat les indépendantistes tchétchènes et fait rentrer les impôts.
08:57Résultat, deux ans plus tard, l'économie repart avec 10% de croissance grâce à la hausse des cours du pétrole.
09:05Vladimir Poutine annonce aussi un tournant sur la scène internationale.
09:09Contrairement à son prédécesseur Yeltsin, il ne sera pas l'ami de l'Occident.
09:14Et il le dit haut et fort, dans des discours musclés.
09:17Il suffisait que la Russie faiblisse.
09:22Qu'on montre le moindre signe de notre faiblesse.
09:27Pour que nos ennemis s'engouffrent dans la brèche et essaient de nous mettre à genoux.
09:33Ils n'ont jamais réussi.
09:36Et ils ne réussiront jamais parce que le peuple russe va les en empêcher.
09:47C'est à ces frontières que Poutine juge la situation préoccupante.
09:52Attirés par les promesses de l'Occident, les anciennes républiques soviétiques commencent dangereusement à s'éloigner de Moscou.
09:59En 2003 et 2004, les révolutions de couleur en Géorgie et en Ukraine mettent en place des gouvernements démocratiques, soutenus par l'Europe et les Etats-Unis.
10:13Au Kremlin, c'est la panique.
10:17On va jusqu'à évoquer un 11 septembre russe et une conspiration de l'Occident contre la Russie.
10:23La majeure partie de l'élite politique russe n'a jamais considéré que cette indépendance était définitive de ces pays.
10:33On peut accepter que la Géorgie, l'Ukraine, d'autres pays soient formellement indépendants membres de l'ONU.
10:39Ça, on est passé, je pense que c'est accepté.
10:42Mais ce qui est inacceptable, c'est leur émancipation définitive.
10:48Ils ne nous considèrent pas comme des voisins normaux.
10:52Ils veulent nous dicter notre politique.
10:54Ils le font depuis toujours.
10:56Ils nous disent, demandez-nous ce que vous devez faire, on vous le dira.
11:01D'autant que ces révolutions coïncident avec l'avancée de l'OTAN, l'alliance militaire euro-américaine.
11:07Déjà en 1999, la Russie a vu la Hongrie, la République tchèque et la Pologne, anciens membres du pacte de Varsovie, grossir les rangs de l'OTAN.
11:16En 2004, c'est au tour de sept autres pays, parmi eux les pays baltes, aux frontières de la Russie et ancienne république de l'URSS.
11:25L'expansion de l'OTAN vers l'Est est le symbole de la victoire de l'Occident dans la guerre froide.
11:31Mais nous n'acceptons pas cette version des faits.
11:34Et en plus, elle ne correspond pas à la réalité.
11:38Personne n'a gagné la guerre froide.
11:40C'est grâce à l'Union soviétique et à l'Alliance militaire euro-américaine.
11:44Au début des années 90, l'élite russe voulait rejoindre l'Europe, et même en acceptant ses conditions.
11:52C'était une opportunité utile pour la Russie.
11:55Mais elle n'a pas réussi.
11:57Elle n'a pas réussi.
11:59Elle n'a pas réussi.
12:01Elle n'a pas réussi.
12:03Elle n'a pas réussi.
12:05Elle n'a pas réussi.
12:07Elle n'a pas réussi.
12:09Et même en acceptant ses conditions.
12:13C'était une opportunité unique.
12:17On voulait faire partie de l'OTAN et devenir un membre associé de l'Union européenne.
12:24Mais l'Occident n'a pas saisi cette chance.
12:27L'OTAN a commencé son élargissement et cette option a été perdue à jamais.
12:34Et depuis ce temps, la Russie a décidé de changer les règles du jeu.
12:41En 2007, la Russie se sent une fois encore agressée.
12:45L'administration américaine Bush veut installer un bouclier antimissile en Europe orientale aux portes de la Russie.
12:53Poutine estime alors que l'Occident et surtout les États-Unis ont assez piétiné les intérêts russes.
12:59Et il l'exprime haut et fort lors du conseil de sécurité à Munich devant une assemblée internationale.
13:07Nous sommes témoins d'un mépris grandissant des principes fondamentaux du droit international.
13:12Pire encore, on peut dire que le système de droit d'un seul État, je parle ici bien sûr des États-Unis,
13:21a débordé de ses frontières internationales dans tous les domaines.
13:25Les États-Unis imposent leurs règles économiques, politiques, humanitaires au monde entier.
13:31À qui cela peut-il convenir ?
13:35Un an plus tard, Poutine décide d'agir. Il avance ses pions en Géorgie.
13:40En 2004, cette ancienne république soviétique a commencé à entreprendre des réformes démocratiques.
13:46Pire, son gouvernement a noué alliance avec l'Europe et l'Amérique et demande à entrer dans l'OTAN.
13:53En août 2008, sous prétexte de défendre deux minorités pro-russes, les Abkhazes et les Ossètes,
13:59Poutine envahit la Géorgie dans un déploiement de forces spectaculaires.
14:09Il est vrai que la Russie a utilisé des tensions ethniques en Géorgie pour garder le pays dans sa zone d'influence.
14:16Mais en même temps, le gouvernement géorgien est coupable de pratiquer une forme de discrimination ethnique
14:24contre une partie de la population de son pays.
14:31Et puisque la Géorgie est coupable d'avoir laissé cette situation s'installer,
14:36la Russie s'en sert pour ses propres intérêts.
14:39Au bout de cinq jours, la Géorgie est à genoux.
14:42Seule une intervention diplomatique européenne évite que les troupes russes ne s'emparent de la capitale.
14:52La Géorgie n'est pas une cible anodine.
14:55Terre natale de Staline, choyée par l'URSS,
14:58elle se serait montrée coupable d'un grand péché aux yeux du Kremlin, en plus de vouloir adhérer à l'OTAN.
15:03Le gouvernement russe considère que le gouvernement géorgien actuel est une anomalie.
15:08D'après eux, ce sont des paroles de monsieur Lavrov, ministre des Affaires étrangères russe, sur l'espace post-soviétique.
15:16Pourquoi c'est une anomalie ?
15:18Parce que finalement, c'était l'objectif et la raison principale de la guerre de 2008,
15:23une démocratie libérale de type occidentale.
15:26C'est impossible sur le territoire de l'ex-Empire soviétique,
15:30parce que c'est culturellement incompatible avec l'homo soviéticus ou post-soviéticus.
15:36C'est également culturellement une expansion occidentale,
15:41et la démocratie de type occidentale est seulement valable dans le cadre géographique,
15:48historique du monde occidental.
15:50Donc nous avons démontré l'inverse de cela.
15:53On a dit qu'un pays qui a connu 70 ans de communisme
15:57pouvait se transformer en un pays démocratique.
16:00On devait être puni pour cela.
16:02Résultat, en occupant militairement une partie de la Géorgie encore aujourd'hui,
16:07la Russie parvient à bloquer son processus d'adhésion.
16:12L'Union européenne, elle, impuissante,
16:15en est réduite à surveiller les nouvelles frontières.
16:18Depuis la fin du conflit, les voitures patrouillent régulièrement le long de cette zone sensible.
16:42Malgré leur mandat international,
16:44les observateurs européens ne sont même pas autorisés par les Russes à se rendre du côté occupé.
16:49Alors ils se contentent d'observer la situation du côté géorgien,
16:53dans ces villages reculés où la vie a radicalement changé depuis la guerre.
16:57Est-ce qu'il y a toujours les drapeaux russes et haussettes sur le sommet de la montagne ?
17:03Ils disent qu'ils ne peuvent pas s'en approcher parce qu'ils savent qu'il y a une frontière.
17:08Alors ils évitent d'y aller.
17:12Ce n'est pas une frontière pour nous.
17:14C'est une ligne de démarcation, mais pas une frontière.
17:20La Géorgie, elle, n'est pas la seule.
17:22Il y a plusieurs pays de l'Union européenne,
17:24d'autres pays de l'Union européenne,
17:26d'autres pays de l'Union européenne,
17:28c'est une ligne de démarcation, mais pas une frontière.
17:32Avant, quand on avait des relations normales avec les Russes,
17:36on allait librement où on voulait avec nos chèvres.
17:39Mais maintenant, nous sommes des ennemis de sang.
17:42Ils nous arrêtent et ils ne nous laissent pas partir sans l'aide des autorités.
17:48Si la Russie se montre intransigeante en Géorgie,
17:51ce n'est pas seulement pour maintenir dans son giron un pays pauvre et minuscule
17:55comparé à son propre territoire.
17:57Cette intervention militaire va bien au-delà de la simple question géorgienne.
18:04C'était une victoire envoyée des dieux,
18:07une petite victoire, bon marché, mais très efficace.
18:14Nous avons arrêté l'expansion de l'OTAN,
18:17nous avons montré que nous devions être respectés.
18:23Depuis ce temps, nous avons établi une ligne rouge
18:26que personne n'a osé franchir depuis.
18:32Est-ce que ça veut dire que la Russie est prête à aller en guerre
18:35pour défendre ses intérêts ?
18:37Oui, c'est exactement ce message-là que nous voulions envoyer au monde entier.
18:41Et c'est comme ça qu'il a été reçu.
18:46La ligne rouge à ne pas franchir.
18:49La Russie ne tolérera pas que l'OTAN prenne pied
18:52dans ce que Poutine estime être sa zone d'influence,
18:55la république soviétique, la Géorgie, mais aussi l'Ukraine.
19:09Un message entendu par le nouveau président ukrainien,
19:12Viktor Yanukovych, qui succède à un gouvernement pro-occidental.
19:15A la suite de la guerre en Géorgie, sa première décision politique
19:18consiste à annoncer au chef du Kremlin
19:21qu'il renonce à adhérer à l'Alliance Atlantique.
19:24L'Ukraine se proclame désormais état neutre.
19:28Un message également entendu par les occidentaux,
19:31et en particulier à Washington.
19:34En 2009, Barack Obama décide d'assouplir
19:37la politique américaine vis-à-vis de Moscou.
19:40Pour saisir la main tendue de Washington,
19:43Poutine dépêche alors le président Dmitri Medvedev aux Etats-Unis.
19:47C'est une politique basée sur une analyse froide
19:50et sobre de la situation actuelle.
19:56Les Américains ont compris qu'il était légitime
19:59pour les Russes d'avoir leurs intérêts
20:02dans leurs pays voisins.
20:10En gage de bonne volonté, Washington signe un nouveau traité
20:13avec Moscou sur la réduction des armes nucléaires.
20:16De plus, Washington reconnaît le rôle stratégique
20:19de la Russie dans un dossier brûlant, l'Afghanistan.
20:22L'Amérique réclame l'aide de Moscou
20:25pour évacuer ses troupes à travers le territoire russe.
20:28Mais Barack Obama compte sur la Russie
20:31dans un dossier plus sensible encore.
20:43Tout le monde sait que le retrait d'Afghanistan
20:46des troupes de l'OTAN en 2014
20:49va précipiter l'avancée des talibans en Asie centrale.
20:55Et la Russie est le seul pays dans la région
20:58à pouvoir contenir cette menace,
21:01à disposer de l'équipement militaire nécessaire.
21:09Nous ne pensions pas que les Etats-Unis
21:12pourront prendre une décision aussi importante
21:15sans demander l'avis des Russes.
21:18Je peux vous garantir qu'il y aura un système
21:21de défense anti-missiles mis en place par l'OTAN.
21:24Nous voulons coopérer avec la Russie sur cette question,
21:27mais nos négociations n'avancent pas aussi vite qu'on le voudrait.
21:30Cependant, nous ne pouvons pas jouer avec la sécurité
21:33des pays membres de l'OTAN en attendant que ce dossier avance.
21:36Ce n'est pas notre travail.
21:40Vers l'année 2020,
21:43quand le système anti-missiles de l'OTAN
21:46sera en place sur le sol européen
21:49et sur ses bateaux autour,
21:52la Russie va considérer cela
21:55comme une menace pour elle-même
21:58et elle va entreprendre toutes sortes de mesures.
22:01Elle va augmenter ses forces militaires
22:04et construire sa propre défense anti-missiles.
22:08Mais celle-ci ne sera sûrement pas dirigée contre l'Iran,
22:11mais contre les États-Unis et l'OTAN.
22:16En novembre 2011,
22:19le Kremlin annonce l'intention de la Russie
22:22d'installer son propre système de défense anti-missiles
22:25à Kaliningrad, aux portes de l'Union européenne.
22:28La réaction du pouvoir russe n'est pas sans rappeler
22:31la période de la guerre froide.
22:34Vladimir Poutine cherche-t-il à régler ses comptes avec l'Occident ?
23:05Du côté géorgien, la réponse ne fait pas de doute.
23:08Autre son de cloche du côté d'un des chefs de l'opposition russe,
23:11Boris Nemtsov.
23:14N'importe quel dictateur a besoin d'un ennemi,
23:17intérieur ou extérieur.
23:20Mais s'il a les deux, c'est encore mieux.
23:23Ça sert à expliquer ses échecs.
23:28Par exemple, la montée de la corruption,
23:31les 25 millions de pauvres dans le pays,
23:34pourquoi le niveau de vie à Moscou est 6 fois supérieur
23:37à celui des régions,
23:40pourquoi il n'y a pas de routes,
23:43pourquoi les avions s'écrasent,
23:46pourquoi les bateaux coulent.
23:49Tout cela, le régime ne peut pas l'expliquer.
23:52Alors il a besoin d'un ennemi.
23:55Et pour Poutine, l'ennemi principal,
23:58c'est l'OTAN et leur lacet,
24:01la Géorgie, les Pays-Baltes
24:04et dans une certaine mesure aussi l'Ukraine.
24:10Récupérer l'Empire perdu,
24:13peut-être est-ce pour Poutine d'abord le moyen
24:16de se maintenir au pouvoir dans un pays
24:19où le nationalisme est un thème fédérateur.
24:22Mais la puissance russe retrouvée à l'échelle internationale
24:25est devenue une industrie dans un état pire
24:28qu'à l'époque de l'URSS.
24:31Un réseau routier inexistant
24:34et une population qui diminue.
24:37Bref, l'Empire rêvé par Poutine
24:40est un colosse aux pieds d'argile.
24:43Notre économie devient de plus en plus dépendante
24:46des exportations des matières premières.
24:49Elle est excessivement sensible
24:52à la pollution de l'acier et du gaz.
24:55Ça signifie que le pays n'a pas su diversifier son économie
24:58pendant le règne de Poutine.
25:01Les investissements quittent la Russie.
25:04Cette année, la perte s'élève à 100 milliards de dollars.
25:07100 milliards de dollars !
25:10Vous vous rendez compte ?
25:13Il y a la corruption,
25:16il n'y a pas de protection de la propriété privée.
25:20Retour à Moscou,
25:23où se trouve le quartier général de Gazprom.
25:26Ce tableau de pipeline
25:29représente l'atout maître,
25:32la pierre angulaire de la politique de puissance de Poutine.
25:35Gazprom, l'entreprise qui dispose
25:38des premières réserves gazières du monde.
25:41Son chiffre d'affaires équivaut à 30% du budget de l'État russe,
25:44au point que Vladimir Poutine a même songé à en prendre la tête.
25:47Gazprom, mais pas seulement.
25:50Les immenses ressources naturelles russes,
25:53pétrole, minerais, représentent 80% du PIB de la Russie.
25:56Sans ces ressources, la puissance russe serait nue.
25:59Les salaires des fonctionnaires pas payés,
26:02l'armée sans moyens.
26:05C'est cet empire économique
26:08que Poutine s'efforce de protéger à tout prix.
26:12La Russie essaie de reconstruire
26:15son devenir économique
26:18sur la base de l'énergie.
26:21Une énergie qui apporte une très forte contribution
26:24au PIB du pays.
26:27Comme c'est une question vitale
26:30de pouvoir exporter son énergie,
26:33la Russie regarde l'énergie
26:36au travers d'un prisme
26:40de la sécurité nationale et de la politique.
26:43Poutine sait bien que ses revenus immenses
26:46dépendent des exportations vers un client en particulier, l'Europe.
26:4960% des exportations de pétrole
26:52et 70% des exportations de gaz russes
26:55sont destinées au vieux continent.
26:58Pour approvisionner l'Europe, les Russes ont un besoin vital
27:01de ce réseau de pipelines hérité de l'Union soviétique.
27:04Sauf qu'entre l'Europe et la Russie, il y a l'Ukraine,
27:07qui nécessite 80% du gaz et 40% du pétrole russe.
27:10Or l'Ukraine, indépendante,
27:13se montre rétive à la tutelle de Moscou.
27:16Le rapprochement avec l'Europe notamment
27:19fragilise les relations avec l'ancien grand frère.
27:22Mais pour conserver l'Ukraine dans son giron,
27:25Poutine dispose d'une pièce maîtresse en Ukraine même,
27:28Sébastopol, dans le sud de la Crimée.
27:31Le cœur de la ville, son port,
27:34qui abrite la flotte russe.
27:37Sébastopol est le seul port militaire russe
27:40dans la mer Noire,
27:43une présence en Ukraine qui marque le terrain.
27:49Il y a des drapeaux russes un peu partout dans la ville.
27:52Les autorités russes bloquent régulièrement les rues
27:55pour des manœuvres militaires.
27:58Tout récemment,
28:02ils ont organisé un défilé armé à travers la ville
28:05qui est tout de même sur territoire ukrainien.
28:13Pour s'implanter durablement,
28:16ils investissent de l'argent pour construire des maisons
28:19pour leurs officiers et leurs familles.
28:25Donc la présence militaire russe
28:28va rester un problème pendant encore des années.
28:32En 2010, Poutine a obtenu du gouvernement ukrainien
28:35de conserver l'usage du port jusqu'en 2042.
28:43La flotte russe à Sébastopol
28:46permet au Kremlin de contrôler le trafic de ses pétroliers
28:49sur la mer Noire.
28:52A cette présence militaire s'ajoute un autre moyen
28:55de pression sur l'Ukraine,
28:58la population russe de la ville,
29:01fortement attachée à Moscou.
29:04La région de la Crimée est majoritairement russe
29:07et Moscou sait entretenir cet attachement.
29:10Sébastopol ressemble à une véritable colonie russe.
29:13Les institutions culturelles comme les musées ou les écoles
29:16sont financées par le maire de la capitale russe.
29:19Et pour montrer que la Russie n'est pas prête
29:22des militants pro-russes arpentent les rues
29:25pour rappeler à tout le monde qu'on est ici, en Russie.
29:53Merci à tout le monde d'avoir participé
29:56au rituel patriotique de Sébastopol.
29:59Gloire à la Russie forte et indivisible !
30:05Ça, c'est tout simplement le drapeau de la fédération russe.
30:08Malgré le fait qu'on se trouve en Crimée,
30:11qui dépend de l'Ukraine,
30:14Sébastopol est une ville qui n'oublie jamais ses racines.
30:17Nous savons que notre patrie est la Russie
30:20parce que l'Ukraine en réalité est aussi une partie de la Russie.
30:26Donc chaque semaine, le dimanche à midi,
30:29on rappelle aux habitants de Sébastopol et aux touristes
30:32quelle est la vraie identité de cette ville.
30:43Pour Moscou, qui finance certains de ces groupuscules,
30:46ces militants sont prêts à être mobilisés
30:48si l'Ukraine sort du rang.
30:52Pour preuve, les événements de l'année 2008.
30:55À cette époque, Victor Yushchenko,
30:58le président de la Révolution Orange,
31:01mène une politique d'ukrainisation dans tout le pays.
31:04À Sébastopol, la marine ukrainienne veut alors apposer une plaque
31:07qui commémore la création de sa flotte.
31:10Une décision qui suscite de violentes protestations
31:13au sein des Russes ukrainiens.
31:19...
31:25Sébastopol, un casse-tête pour l'Ukraine.
31:28Pour une partie de la population, la base militaire russe
31:31sur leur sol est un abandon de la souveraineté du pays.
31:34Mais l'Ukraine n'a guère le choix.
31:37En échange, Moscou propose des tarifs avantageux de gaz,
31:40une question de survie pour l'économie ukrainienne.
31:44...
31:47Le gaz, un moyen de pression utilisé par Moscou à plusieurs reprises,
31:50surtout quand l'Ukraine se montre trop indépendante aux yeux du Kremlin.
31:53Comme au lendemain de la Révolution Orange.
31:56En 2006 et 2009,
31:59des disputes au sujet des prix du gaz éclatent
32:02entre l'Ukraine et la Russie.
32:05Faute d'accord, Gazprom coupe tout simplement le robinet.
32:09...
32:12Pour la Russie, c'était une opportunité
32:15de montrer à l'Europe et à l'Ukraine qui commande.
32:22Ça n'avait rien à voir avec les Ukrainiens
32:25qui n'avaient pas payé leur facture de gaz.
32:30C'était un moyen pour les Russes
32:33de montrer qu'ils pouvaient utiliser l'énergie
32:37comme outil diplomatique.
32:42Le vendeur veut toujours vendre plus cher
32:45et l'acheteur veut toujours acheter moins cher.
32:48Nous comprenons que c'est beaucoup d'argent.
32:51Mais ce n'est pas nous qui avons créé les conditions
32:54qui ont provoqué l'augmentation des prix des carburants.
32:59Ce n'est pas nous qui avons envahi l'Irak.
33:02Ce n'est pas nous qui jouons à la bourse.
33:06Mais il faudra payer.
33:09Un bras de fer permanent avec Kiev
33:12qui pourrait coûter cher à Poutine.
33:15Car en bloquant le transit par l'Ukraine,
33:18c'est l'Europe qui se retrouve sans gaz.
33:21Faire pression sur l'Ukraine au risque de priver son principal client,
33:24un jeu dangereux, car l'Europe n'entend pas en rester là.
33:27Ce qui est en jeu ici, c'est la crédibilité
33:30de la Russie en tant que pays fournisseur
33:33en tant que pays de transit.
33:36Si ces 2 pays ont mené à bien leurs négociations
33:39comme ils le prétendent,
33:42il ne devrait pas y avoir de problème.
33:45Pour montrer à quel point l'Europe
33:48prend sa sécurité énergétique au sérieux,
33:51voici un petit clip pédagogique
33:54réalisé par la Commission européenne
33:57après la 2e crise gazière.
34:00Europe, janvier 2009.
34:03Les coupures d'approvisionnement de gaz venant de l'Est
34:06font trembler de froid la moitié du continent.
34:09Cette crise du gaz révèle la dépendance énergétique européenne
34:12de ses importations qui s'élève à 60%.
34:15La crise de gaz montre que cette dépendance
34:18peut être un risque majeur pour l'économie des pays
34:21qui sont frappés par ces coupures.
34:24L'Europe doit alors diversifier ses approvisionnements
34:27pour ne plus dépendre que d'un seul distributeur.
34:30Échaudée par les crises de gaz ukrainiennes,
34:33l'Europe entend construire ses propres gazoducs
34:36pour aller chercher son énergie ailleurs
34:39que dans cette Russie inquiétante.
34:42Alors, en 2009, à Ankara,
34:45les Européens lancent le projet du gazoduc Nabucco.
34:48Il est destiné à importer du gaz depuis une autre source,
34:51la mer Caspienne et l'Asie centrale
34:54dont l'Europe peut exploiter.
34:57Précédemment, en 2005, un autre pipeline
35:00avait été inauguré avec le soutien américain,
35:03le pipeline BTC qui, lui, transporte du pétrole
35:06depuis cette région si stratégique d'Asie centrale.
35:14Quand l'Europe invente et fait la promotion
35:17de projets qui ont pour unique but
35:20de contourner le territoire russe,
35:24alors que ces projets ne sont même pas viables économiquement,
35:32là, on peut véritablement dire
35:35que l'énergie est utilisée comme outil politique.
35:43Je ne crois pas du tout
35:46que Nabucco soit un projet sérieux.
35:49Je crois que l'Europe fait très attention
35:52à la manière dont elle gère ses projets
35:55parce qu'il s'agit surtout
35:58d'un outil de négociation supplémentaire avec la Russie.
36:03Vous pouvez préciser ?
36:06Ce projet est destiné à faire stresser les autorités russes,
36:09leur faire croire que l'Europe va développer
36:12des voies alternatives d'approvisionnement énergétique.
36:15Les nations de Kazakh sont dirigées d'une main de fer
36:18par le dictateur nous-sultan Nazarbayev.
36:21Cette ex-république soviétique fête ses 20 ans d'indépendance.
36:24Une indépendance encore conditionnelle
36:27car 90% des exportations de pétrole notamment
36:30sont assurées par Moscou.
36:33L'élite de notre pays se rend compte
36:36qu'elle n'est pas tout à fait indépendante encore.
36:39Pour exporter le pétrole et le gaz,
36:42nous sommes obligés de négocier avec la Russie
36:45et d'acheter ce droit dans tous les sens du terme.
36:49Il suffit de prendre exemple sur cet immeuble.
36:52Son plan, ses voies de communication se trouvent à Moscou
36:55parce que cette maison a été construite pendant l'époque soviétique.
36:58S'ils le veulent,
37:01les services de renseignement russes
37:04peuvent organiser une explosion,
37:07liquider quelque chose très facilement.
37:10C'est juste un exemple.
37:13Tout reste concentré à Moscou
37:17Nos militaires sont liés, les agents du KGB aussi.
37:20C'est la même caste.
37:23Si les Russes jouent sur les liens hérités du passé,
37:26cela n'empêche pas Européens et Américains
37:29de s'implanter au Kazakhstan de manière croissante
37:32pour faire des affaires.
37:35Mais un autre acteur menace lui aussi
37:38la mainmise russe dans ce pays.
37:51Je suis heureuse
37:54qu'en ce jour de fête,
37:57nous fêtons aussi nos 20 ans d'amitié
38:00et de relations diplomatiques
38:03entre la Chine et le Kazakhstan.
38:09A l'occasion du jour de l'indépendance,
38:12à l'hôtel intercontinental d'Almaty,
38:15la deuxième ville du pays,
38:18une réception est donnée pour le monde des affaires kazakh.
38:34C'est l'ambassade de Chine qui invite.
38:37Cette réception illustre bien la diplomatie chinoise.
38:40La Chine mise sur le partenariat commercial,
38:43une approche qui contraste avec le désir de domination russe.
38:54Non, s'il vous plaît.
38:57Non, là, il faut arrêter de filmer.
39:00On veut rester entre nous, on va parler affaires.
39:07La Chine tient compte de nos traditions et de nos intérêts.
39:10Elle tient surtout compte des intérêts économiques
39:13des pays de l'Asie centrale.
39:16Elle propose des projets financiers intéressants.
39:21La Chine voit que les pays d'Asie centrale
39:24s'éloignent de plus en plus de la Russie.
39:27Elle fera le maximum d'efforts pour gagner la confiance de ces pays.
39:33Elle n'essaie pas de dominer, au contraire.
39:36Elle essaie de construire des relations d'égal à égal.
39:42La Chine se développe malgré les ambitions impériales de la Russie.
39:45Elle se développe avec une telle vitesse
39:48qu'elle est en train de faire de la Russie un empire régional.
39:51Si un jour la Russie perd son influence en Asie centrale,
39:54elle deviendra un Etat comme les autres.
39:59Face à la Chine, ses 1,3 milliard d'habitants,
40:02sa croissance vertigineuse, sa puissance mondiale,
40:05la Russie doit réagir.
40:08Car l'exemple chinois met cruellement en lumière
40:11ce qui manque à la Russie.
40:14Une capacité d'attraction économique pour former des alliances
40:17autrement que par la force.
40:20Là est la limite du modèle impérial de Vladimir Poutine.
40:23Alors, pour concurrencer la stratégie chinoise,
40:26Vladimir Poutine vient de lancer un projet ambitieux,
40:29l'Union eurasienne.
40:32L'objectif, rassembler tous les anciens pays frères
40:35pour créer un ensemble économique et politique
40:38et peut-être à terme concurrencer l'Union européenne.
40:45L'Union eurasienne a commencé à fonctionner
40:48depuis le 1er janvier 2012.
40:51Nous allons créer un nouveau marché pour nos entreprises
40:54avec une régulation unifiée pour tous les pays adhérents.
41:00Je suis convaincu que le concept de l'Union eurasienne
41:03a un grand avenir.
41:06Nous avons le soutien politique et public nécessaire.
41:09Nous essayons de mettre en application ces idées
41:12de manière concrète.
41:15En 2010, les premiers jalons de l'Union eurasienne
41:18ont été proposés avec la création de l'Union douanière.
41:21Ses 2 premiers membres, le Kazakhstan et la Biélorussie.
41:24Si ces 2 pays adhèrent, c'est pour préserver
41:27de bonnes relations avec le puissant voisin.
41:30Mais l'Union douanière est encore loin du miracle économique
41:33promis par Moscou.
41:36À vrai dire, actuellement, il y a un grand mécontentement
41:39et de sérieux problèmes au sein de la population.
41:42Les prix ont augmenté sur beaucoup de produits.
41:45Nous sommes obligés d'augmenter nos taxes
41:48pour correspondre aux taux russes.
41:51C'est pour cette raison que la population souffre.
41:54Dans l'avenir, quand cet espace commun économique va fonctionner,
41:57nous serons gagnants.
42:00Cependant, il est inévitable que la Russie domine
42:03au sein de l'Union eurasienne comme l'État le plus important.
42:06Toute la question est de savoir quelle marge d'autonomie
42:09Moscou va laisser aux autres républiques dans cette future Union
42:13Avec comme seul membre le président kazakh Nazarbayev
42:16et le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko,
42:19le club de Poutine ressemble à une alliance de régimes autoritaires.
42:22Des régimes qui comptent sur le soutien de Moscou
42:25pour se maintenir au pouvoir
42:28contre les pressions politiques occidentales.
42:38Mais quelle est justement l'idéologie
42:41derrière cette Union eurasienne ?
42:45Voici le père du principe d'eurasisme,
42:48Alexandre Dugin, philosophe ultra-nationaliste
42:51et proche du pouvoir.
42:54Ses thèses sont écoutées par les plus hautes sphères du Kremlin
42:57et aussi par Vladimir Poutine.
43:00Dugin défend l'idée de la Russie comme un continent à part entière,
43:03avec ses propres valeurs,
43:06destiné à dominer ses voisins.
43:10Nous refusons l'hégémonie américaine,
43:13le modèle occidental global
43:16et nous revendiquons la possibilité
43:19de construire une société
43:22sans la dictature du modèle occidental.
43:25Il faut un monde multipolaire.
43:28Mais pour établir ce monde multipolaire,
43:31la Russie seule ne suffit pas.
43:34Le rasisme demande l'intégration
43:38de la Russie dans le monde soviétique.
43:41Dans notre société eurasienne,
43:44la liberté ne représente pas une valeur suprême,
43:47ni d'ailleurs la vie humaine,
43:50l'individu et la société de consommation.
43:53Ce sont des valeurs, certes,
43:56mais pas suprêmes.
43:59Notre société exige le modèle paternaliste.
44:02En d'autres termes,
44:05pour nous, le culte de la personnalité
44:08et l'autoritarisme sont importants.
44:11A l'origine,
44:14Poutine n'est pas un personnage autoritaire.
44:17C'est la société qui l'a transformée en dictateur.
44:20Elle projette ses désirs d'autoritarisme sur lui.
44:23Poutine est une construction sociologique,
44:26non pas un usurpateur.
44:29Poutine reste au pouvoir parce que le peuple le veut.
44:33Le racisme est la seule et la meilleure idéologie
44:36qui préserve les intérêts nationaux russes.
44:39Des principes inquiétants
44:42qui servent le nouveau projet politique de Vladimir Poutine.
44:45Pragmatique, il a adopté le racisme
44:48parce que l'idée lui permet de façonner un nouvel empire
44:51sans que rien ne change.
44:54En 2012, Vladimir Poutine s'apprête à redevenir président.
44:57Je suis sûr que Russie unie va gagner.
45:01Avec le soutien du peuple,
45:04Dimitri Medvedev va créer une nouvelle équipe, jeune.
45:11Il sera à la tête d'un nouveau gouvernement
45:14pour continuer le travail de modernisation de notre pays.
45:21Je propose qu'il devienne Premier ministre.
45:25En septembre 2011,
45:28lors d'un grand meeting de Russie unie,
45:31Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev
45:34se nomment mutuellement Premier ministre et président.
45:37La mise en scène est parfaite.
45:55Et je considère qu'il serait juste
45:58de proposer comme président Vladimir Poutine.
46:25Autrefois symbole de stabilité,
46:28la politique de Vladimir Poutine est aujourd'hui
46:31devenue synonyme de stagnation,
46:34incapable d'offrir la modernisation tant attendue.
46:37Et même dans le cercle des proches du pouvoir,
46:40la contestation de la politique poutinienne
46:43commence à se sentir.
46:46Comme chez Igor Jurgens,
46:49conseiller économique du président Medvedev
46:53La modernisation doit se faire à tous les niveaux.
46:56Ça ne concerne pas uniquement les technologies,
46:59mais aussi nos institutions.
47:02Et les institutions ne peuvent pas être modernisées
47:05autrement que par la voie démocratique.
47:08Cela veut dire qu'il faut donner la parole
47:11à un maximum de gens,
47:14ce qui en Russie n'est pas le cas, surtout en ce moment.
47:18Les Russes supportent de moins en moins
47:21le jeu politique de leurs élites.
47:24Depuis les fraudes électorales au législatif de décembre 2011,
47:27le système Poutine se retrouve confronté
47:30à un mouvement de protestation sans précédent.
47:36Si au départ, les manifestants réclamaient simplement
47:39des élections libres,
47:42ils demandent aujourd'hui la démission de Vladimir Poutine.
47:48Et si le rêve de l'Empire, l'idéologie de la puissance,
47:51ne suffisait plus aux Russes ?
47:54Le nouveau président du pays saura-t-il proposer
47:57un nouveau projet politique pour regagner la confiance de son peuple ?

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