Chaque jour, Roselyne Dubois et ses équipes répondent à vos questions sur BFMTV.
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00:00Question ce matin également sur la récolte de miel.
00:02Oui, c'est Grégoire qui m'écrit, j'entends que la récolte s'annonce très mauvaise,
00:05est-ce que ça veut dire que les prix vont augmenter ?
00:07On en parle avec vous, Franck Alétru, bonjour, merci d'être avec nous,
00:10vous êtes le président du Syndicat National d'Apiculture,
00:13vous êtes vous-même apiculteur en Vendée,
00:15et vous me disiez quand on préparait qu'en plus de 40 ans, vous n'aviez jamais vu ça.
00:19Oui, effectivement, quand on regarde les annales au niveau des relevés de récolte
00:24et même des relevés de pluviométrie,
00:26on n'a jamais vu depuis presque 50 ans, pas loin,
00:30une telle situation catastrophique sur les trois quarts nord du territoire français,
00:37avec des pluviométries extrêmement fortes
00:40qui empêchent totalement les abeilles de sortir pour aller butiner, récolter,
00:44donc toute la période jusqu'à début juin a été effectivement très mauvaise au niveau de la récolte,
00:50obligeant même les apiculteurs à porter de la nourriture à leurs ruches
00:54pour éviter les mortalités par famine.
00:56Du coup, vous disiez, il y a des disparités géographiques,
00:58mais ça va être quoi ?
00:59Ça va être une récolte moitié moins importante, encore pire par endroit ?
01:03On n'aura certainement pas plus d'un tiers d'une récolte normale
01:07dans les endroits où il y aura des récoltes,
01:09et il y aura des secteurs où il n'y aura quasiment qu'une récolte infime,
01:13proche de zéro, voilà.
01:16Une situation très, très grave.
01:17Mais oui, comment vous allez faire ?
01:20Alors, pour ces apiculteurs, effectivement, la situation est extrêmement compliquée.
01:23Nous allons alerter le ministère de l'Agriculture
01:26pour que des mesures spéciales de soutien soient mises en place,
01:29car il est extrêmement important pour l'environnement et l'agriculture
01:32que les abeilles aussi survivent.
01:34Donc il y a des exploitations apicoles en tant que telles qu'il faut sauver,
01:38et il y a besoin de ces abeilles pour polliniser les cultures.
01:40On parle de souveraineté alimentaire,
01:42il faut absolument la pollinisation, donc tout est lié.
01:45Donc effectivement, le ministère de l'Agriculture,
01:47nous allons l'interpeller pour qu'il y ait un soutien dans ce sens-là.
01:50Et pour répondre à Grégoire, ça veut dire qu'il y aura moins de miel,
01:54et les prix, mathématiquement, vont augmenter dans la foulée ?
01:58Oui, nécessairement, il y aura une petite majoration des prix,
02:02mais vous le savez, il y a une concurrence extrêmement importante
02:06sur le marché du miel, avec des miels d'importation extrêmement à bas prix,
02:09même si on n'est pas toujours dans le même environnement au niveau origine florale,
02:15on ne peut pas comparer tous les miels entre eux.
02:17Mais il y aura l'obligation, effectivement, d'augmenter un peu le tarif
02:21pour que les exploitations perdurent.
02:24Justement, c'est l'occasion d'un petit cours sur le miel,
02:26parce que c'est vrai que quand on va notamment en grande surface,
02:28on trouve de tout dans les rayons, beaucoup de miel,
02:31si on ne cherche pas l'origine, on ne peut pas savoir qu'il ne vienne pas de France,
02:34et on trouve du 8-10 euros le kilo, le prix normal, j'allais dire,
02:38d'un miel de qualité, qu'est-ce que c'est ?
02:41Alors, vous savez, pour faire du miel, c'est énormément de temps de travail,
02:46de la main d'oeuvre, en quelque sorte, bien sûr.
02:48Oui, et c'est très lourd, on ne se rend pas forcément compte,
02:50c'est très lourd à porter, les rayons, oui, oui.
02:52Voilà, il y a énormément de travail de main d'oeuvre.
02:55Alors, on a un temps, un coût main d'oeuvre qui est élevé.
02:58Ce qui fait que nous, en France, où on a un coût main d'oeuvre qui est assez élevé,
03:01par rapport à du miel qui peut arriver de pays qui ont des coûts de main d'oeuvre,
03:05où le SMIC, c'est à 400-500 euros,
03:08on se trouve déjà compétitivement, pas compétitif, c'est clair, au niveau des tarifs.
03:14Donc, la première explication de la différence des prix, c'est ça.
03:18La deuxième explication, c'est qu'on peut se trouver avec des miels premier prix
03:23qui ne sont pas du miel.
03:24Logiquement, ils ont été contrôlés.
03:26Normalement, ils ont été analysés.
03:29Mais on le sait, il peut y avoir une partie minime de fraude.
03:33Elle est relativement limitée aujourd'hui, car on a accentué les contrôles.
03:39Mais la différence des prix vient effectivement de cette qualité.
03:43Mais donnez-moi une fourchette.
03:44En tant que consommatrice, si je paye moins, c'est que ce n'est pas du vrai miel
03:48et que vous n'êtes pas rémunéré au juste prix ?
03:50C'est ça. Il y a les deux cas de figure.
03:53Il y a un cas de figure où ce n'est pas du vrai miel.
03:55Alors là, ce sont des miels qu'on peut trouver parfois à 4-5 euros le kilo.
03:59Ça paraît, oui, on est encore très très loin des prix que vous annoncez.
04:02Et très bas, des prix vraiment inacceptables.
04:06Et là, on peut se poser des grandes questions.
04:08Le prix du miel, il ne peut pas être inférieur à, pour un vrai miel de qualité,
04:13entre du 12-14 euros le kilo jusqu'à 17-18 euros le kilo.
04:19Voilà pour ce qui est des prix de miel de France.
04:21Vous voyez, c'est là qu'on a effectivement des miels avec des coûts rémunérateurs
04:27et juste prix pour le producteur.
04:28Merci beaucoup. Comme ça, on consommera plus à viser grâce à vous.
04:31Merci, Franck Alesi.
04:32Je vous en prie avec plaisir. Merci.