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Capitale d’un royaume qui a étendu sa domination à toute la Basse Mésopotamie, Babylone connaît son apogée au VIe siècle avant J.-C., durant le règne de Nabuchodonosor II.La cité occupe une place à part en raison du mythe qu’elle...

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00:00L'Euphrate et le tigre Nous sommes dans le pays des deux fleurs,
00:09dans l'Irak actuel, autrefois le berceau de la civilisation.
00:12Il y a plus de 2500 ans se dressait dans ce paysage une puissante cité, Babylone.
00:21Un homme a su lui conférer grandeur et renommée à travers le monde.
00:26C'est à lui que l'on doit l'une des sept merveilles du monde.
00:29Il s'appelait Nabuchodonosor.
00:33Les monuments érigés par ce roi de l'Euphrate devinrent des mythes,
00:37à l'instar de la gigantesque tour de Babel qui enflamma l'imagination de la postérité.
00:43De cette splendeur ne subsistent que décombres et gravats.
00:46Aujourd'hui les archéologues tentent d'extraire de cette poussière d'argile
00:50le savoir d'un monde englouti.
00:54On fait appel aux techniques les plus modernes pour garder intacte
00:57le savoir de milliers de tablettes couvertes de caractères cunéiformes.
01:02Les spécialistes s'emploient à déchiffrer cette écriture archaïque.
01:06Babylone ressurgit et avec elle le souvenir de Nabuchodonosor
01:10et la science des astres qui était celle des babyloniens.
01:28La redécouverte du monde de Nabuchodonosor débute il y a 100 ans au Liban.
01:34Le consul de France Henri Poignon parcourt alors la région d'El Irmel à la recherche d'antiquité.
01:40Les fonctionnaires coloniaux sont plus que rompus à cet exercice.
01:44Le XIXe siècle est en effet l'époque des grandes découvertes.
01:48Les fouilles ont permis de mettre au jour la ville de Troie.
01:51On a déchiffré les hiéroglyphes d'Egypte.
01:54Et Henri Poignon va faire par cette chaude journée d'octobre une découverte archéologique de taille.
02:08Le Liban. Il fut un beau jour envahi par les troupes de Nabuchodonosor.
02:13Leur butin, un précieux bois de construction, le cèdre du Liban
02:18qui couvrait alors la région comme une forêt primitive.
02:25Henri Poignon soupçonne que le gigantesque empire babylonien s'étendait jusqu'aux rivages de la Méditerranée.
02:32Et il en découvre la preuve.
02:40Sur une paroi rocheuse, un relief sculpté représente un souverain qui maîtrise un lion d'un seul bras.
02:47Il porte l'inscription Nabuchodonosor, roi de Babylone.
02:52A la lumière du crépuscule, Poignon réussit à prendre une photographie sensationnelle.
03:01C'est le seul portrait qui nous soit parvenu de Nabuchodonosor.
03:04Un simple bas-relief usé par le temps.
03:07Une indication floue à laquelle sont venus se mêler mythes et légendes.
03:22L'empire dirigé par Nabuchodonosor, ce fertile pays des deux fleuves, était un don de l'euphrate et du tigre.
03:302500 ans avant Nabuchodonosor, cette région voit naître des œuvres d'art reflétant un haut niveau de culture
03:37et qui nous offre une image étrange des hommes de ce monde.
03:52C'est le peuple des Sumériens, créateur d'une culture nouvelle.
03:56Cet essor s'appuie sur une invention révolutionnaire.
03:59L'invention de l'écriture cunéiforme, environ 3000 ans avant notre ère.
04:08L'élan culturel fondé sur cette écriture parviendra à son apogée avec Nabuchodonosor et le grand empire babylonien.
04:22Partant de la ville ancienne d'Uruk, le nouveau savoir se répand sur tout le pays des deux fleuves, jusqu'au nord.
04:29Il s'étend aussi vers l'ouest, vers la Méditerranée et sur le domaine culturel palestinien.
04:35L'empire de Nabuchodonosor s'étend jusqu'à Jérusalem et jusqu'à l'Égypte, à l'époque presque le monde entier.
04:42Dans la Bible, ce puissant souverain est appelé par son nom, mais le livre du prophète Daniel mêle vérité et propagande.
04:57Dieu, exaspéré par l'arrogance de Babylone, aurait métamorphosé Nabuchodonosor en bête sauvage.
05:04Ses cheveux poussèrent comme des plumes d'aigle et ses ongles comme des griffes d'oiseau.
05:09Ces mots expriment la colère de l'Ancien Testament, laquelle remonte à un événement dramatique.
05:28Jérusalem, la ville sainte de David et de tous les Juifs.
05:32Elle n'est pas encore la vaste métropole que l'on connaît.
05:36Protégée par sa muraille, elle ne rassemble autour du temple que quelques milliers de judéens.
05:42Nabuchodonosor détruit ses remparts et fait raser la ville sainte.
05:56Un vieux relief montre comment les choses ont dû se passer.
06:00Les babyloniens franchissent les murs en se servant de tours mobiles.
06:04Leurs techniques militaires écrasent les défenseurs.
06:07Ils ont des cuirasses métalliques, des frondes, une tactique offensive raisonnée.
06:12Leur stratégie est aussi efficace et précise que les flèches décochées par leurs milliers d'archers.
06:25Impitoyable, Nabuchodonosor fait régner la terreur.
06:29Les assiégés sont massacrés par milliers, les survivants emmenés en captivité à Babylone.
06:34C'est ce que les Juifs appellent la terrible catastrophe, la colère de Dieu.
06:39Et l'exil des prisonniers déportés par les babyloniens
06:42est le grand traumatisme biblique qui fait de Babylone, Babel, la pécheresse.
07:00Aujourd'hui encore, on peut visiter en Irak les vestiges de Babylone.
07:04Mais au début du XXe siècle, on ne peut guère voir que des fondations et des décombres de briques.
07:16Les bâtiments actuels sont des reconstitutions, édifiées il y a 20 ans seulement.
07:30Ils n'en donnent pas moins une idée de la splendeur et de la taille imposante de cette immense cité antique,
07:36lieu mythique, lieu de légendes et de superlatives.
07:50Ces remparts massifs en briques estampées sont l'un des plus beaux témoignages du règne de Nabuchodonosor.
07:57Il mesurait 12 mètres de haut et avait, paraît-il, la largeur des plus grandes routes de l'époque.
08:03Mais Babylone abritait également une autre merveille.
08:10Les jardins suspendus de la princesse Semiramis, personnage légendaire aimé de Nabuchodonosor,
08:16dont la trace historique se perd dans le tissu de légende attaché à cette ville.
08:22La réalité de Babylone se dissimule derrière des histoires des mille et une nuits.
08:35Même un grec comme Hérodote, qui aurait visité Babylone 100 ans seulement après la mort de Nabuchodonosor,
08:42est incapable de faire la différence entre fiction et vérité.
08:46Il écrit que la capitale des Babyloniens est à elle seule une véritable merveille.
08:51Hérodote est ébahie par les dimensions légendaires de la tour de Babel,
08:56mais ignore tout de la fonction qu'elle pouvait avoir.
08:59Il ne peut que l'imaginer.
09:01Quant à la cité elle-même, il lui attribue les proportions que lui inspire son imagination.
09:06Rue de 16 mètres de large, muraille de 25 mètres d'épaisseur et un périmètre de 96 kilomètres.
09:14Ainsi, dès l'Antiquité, la métropole de l'Euphrate devient une légende fantastique.
09:29L'allemand Robert Coldevay est le premier, au début du XXe siècle, à se mettre en quête de la vérité.
09:37Lorsque Coldevay arrive sur l'emplacement qu'il suppose être celui de l'ancienne Babylone,
09:42il ne distingue que des monticules de gravats de briques balayés par les vents de sable.
09:48Mais Coldevay est certain que la Babel légendaire est bel et bien enfouie en cet endroit.
10:04Les premières fouilles dégagent les vestiges des murailles de la cité et confirment la supposition de Coldevay.
10:10Seule la capitale des Babyloniens pouvait être aussi puissamment fortifiée.
10:16Ses vestiges de remparts lui font toucher du doigt ce qu'Hérodote rapportait avec étonnement.
10:21Les Babyloniens utilisaient le naft pour isoler leur construction en briques de l'humidité.
10:26Une prouesse technologique.
10:29Dès lors, Coldevay n'a plus qu'une idée, exhumer entièrement la Babylone légendaire.
10:34Il fouille pendant 18 ans presque sans interruption, même pendant la Première Guerre mondiale.
10:43Les briques dégagées du sable du désert ne tardent pas à prouver que Coldevay était aussi réaliste que visionnaire.
10:50Sur une des briques, une estampade de l'église de l'Eglise,
10:53ce que n'avait fait aucun roi avant moi, je l'ai fait. Nabucodonosor.
11:02Babylone ressuscitée, c'est le titre que Coldevay donnera à son grand ouvrage.
11:23Aujourd'hui encore, les héritiers de Col de Vey sont à l'œuvre,
11:27pelles et pioches à la main, et continuent d'explorer les mystères de l'Empire babylonien.
11:32Cela fait près d'un siècle que l'aventure a commencé.
11:38Ici à Sipar, à une bonne cinquantaine de kilomètres des fouilles de Col de Vey,
11:42nous nous trouvons face à une autre découverte archéologique sensationnelle.
11:46Une bibliothèque datant de l'époque de Nabucodonosor.
11:51Les spécialistes ne cherchent pas ici des œuvres d'art ou des métaux précieux.
11:56C'est un trésor encore plus grand dont il s'agit.
12:07Des tablettes d'écriture cunéiformes,
12:10des textes millénaires qui nous révèlent ce qu'on savait à l'époque de Nabucodonosor.
12:17Près de 300 tablettes ont ainsi été inventoriées par les archéologues.
12:23Autant de textes précieux parlant de rites et de coutumes, de mythes et de politiques.
12:29La bibliothèque de Sipar est littéralement un puits de science.
12:39Mais c'est une science qui demande d'abord à être déchiffrée.
12:43Or la traduction des textes est une course contre la montre.
12:46Au musée de Bagdad, les spécialistes de l'écriture cunéiforme comme le professeur Sommerfeld
12:51disposent de très peu de temps pour agir avant la dégradation de ces documents.
12:58Les tablettes ont beau être plus résistantes que du papier,
13:01les variations de température et d'humidité délitent souvent l'argile dans des délais assez brefs.
13:06Le savoir babylonien tombe alors en poussière.
13:14Un savoir qui nous donne, jusque dans les plus petits détails, une image de la vie dans l'empire babylonien.
13:20Y compris d'un événement qui, voilà plus de 2500 ans, plongea les hommes dans l'angoisse et la terreur.
13:26Une éclipse de lune.
13:35Au moment où la lune a disparu, les prêtres ont allumé des feux partout dans la ville.
13:40Les gens ont afflué dans les rues et se sont couverts le visage avec leurs vêtements.
13:45De la ville se sont élevées des prières et des chants.
13:58Les soldats du roi ont plongé leurs mains dans l'argile sombre et s'en sont enduits entièrement le visage.
14:04C'était le seul moyen d'apaiser la lune dans laquelle les babyloniens voyaient une divinité nommée Sine.
14:10Le seul moyen de l'inciter à se montrer de nouveau aux hommes.
14:22Un simple bureau dans un musée irakien.
14:24Pour les scientifiques, c'est le lieu de découvertes passionnantes.
14:28Ces signes à moitié effacés dans l'argile sont les véritables trésors de la recherche archéologique.
14:33Ce sont eux qui nous transmettent le savoir de Babylone.
14:42Les peuples sumériens, babyloniens, assyriens avaient la passion de l'écriture.
14:47Ils ont ainsi conservé tout ce qu'il était possible de noter par écrit.
14:51Les lettres, les documents de la vie quotidienne mais aussi tout le savoir de l'époque.
14:56La littérature, les mythes, l'astrologie, tout ce que nous savons nous est transmis par ces tablettes d'argile.
15:03Et nous en avons trouvé jusqu'ici environ un million.
15:06Au Proche-Orient, nous estimons que le solde de l'Irak en recèle encore quelques 100 millions.
15:10Et nous avons déchiffré à peine 25% des textes que nous possédons déjà.
15:17Des millions de tablettes, des millions de textes.
15:20Une aubaine pour la recherche.
15:22Il ne faut pas s'étonner que les savants appliquent à l'héritage de Nabucodonosor les technologies de pointe les plus modernes.
15:33Voir de l'Orient ancien peut être mis en mémoire sur ces plaques de verre de façon indestructible.
15:39Il s'agit de photo holographique.
15:41Une méthode consistant à explorer la surface des tablettes avec un rayon laser.
15:46Un système de miroir permet alors d'exposer la plaque photographique.
15:50L'image étant ensuite fixée dans un appareil à développement spécial.
16:03Ce miracle de la technique de physique de l'Université de Münster.
16:07Sur la plaque, la tablette d'argile apparaît en trois dimensions.
16:11Ce qui permet aux savants d'en appréhender tout le relief.
16:14La traduction s'en trouve facilitée.
16:21La technique de physique de l'Université de Münster.
16:25Sur la plaque, la tablette d'argile apparaît en trois dimensions.
16:29La technique de physique de l'Université de Münster.
16:40La résolution de l'holographie est telle que certains signes peuvent être étudiés au microscope.
16:45Et ce, sans risquer d'endommager l'original.
16:48Et un rêve de plus devient réalité.
16:51L'image holographique pouvant être envoyée par Internet,
16:54les équipes de déchiffrage peuvent travailler à l'échelle mondiale.
16:59La technique de physique de l'Université de Münster.
17:05Ces tablettes couvertes de caractères cunéiformes racontent de très anciennes histoires.
17:10La sagesse babylonienne se retrouve aujourd'hui sur des écrans d'ordinateur.
17:20Tout comme ce rite sacrificiel archaïque,
17:23qui montre à quel point le quotidien était pénétré à Babylone par la rigueur de la religion.
17:28Cette information prouve que l'impiété et l'arrogance reprochées à Babel,
17:32et dont la Bible se scandalise, sont le fait d'une propagande hostile.
17:36Dans le rite du sacrifice, tout est réglé dans le moindre détail.
17:40La variété d'huile qui sert au prêtre à se laver les mains,
17:44les gestes exas avec lesquels il examine d'abord les sabots de la victime, puis ses dents.
17:59Le grand prêtre doit passer à son coup, au lever de la lune,
18:04un collier fait d'un fil de laine rouge et de perles multicolores.
18:21Alors seulement, le ventre de l'animal est incisé, et le foie prélevé.
18:26Selon son aspect, on saura si l'Empire et le Roi se portent bien ou mal.
18:31L'avenir entier dépend de cet examen du foie, qui est un signe divin.
18:36Le baptême
18:55Quelle connaissance les Babyloniens puisaient-ils dans leur religion,
18:59c'est ce que tente de découvrir Martha Hausberger, médecin à Munich.
19:03Elle fait partie des rares spécialistes capables de déchiffrer ces documents cunéiformes.
19:08Ce qui est stupéfiant, c'est le nombre de passages qui manifestent aux yeux de la spécialiste
19:13un réel savoir médical.
19:16Mais également des règles pratiques pour les cas d'urgence,
19:19comme par exemple, en cas de défaillance circulatoire.
19:26Quand quelqu'un a un malaise, place sa tête en bas et ses pieds en haut,
19:30tape-lui sur les joues et répète sans cesse « ça va aller mieux ».
19:38Dans beaucoup de textes, c'est l'assistance psychologique au malade qui est au premier plan.
19:43Elle est fréquemment concrétisée dans les invocations qui servent aux prêtres à agir sur le patient.
19:50Mais les médecins babyloniens semblent également avoir disposé d'un savoir-faire
19:54et d'une médecine naturelle de haut niveau.
19:57Pour certains maux d'estomac, on recommande des clisters à base de plantes.
20:01On trouve même des analyses détaillées d'opérations chirurgicales à ventre ouvert.
20:06Avons-nous encore à apprendre aujourd'hui de ces médecins de Babylone ?
20:11Les médecins de Babylone, c'est-à-dire les médecins de l'hôpital,
20:16Je crois qu'à l'époque, le patient était mieux considéré.
20:21Comme les babyloniens ne disposaient que de très peu de traitements,
20:26ils compensaient en écoutant le malade,
20:30en lui donnant le sentiment que quelqu'un était là pour l'aider.
20:35C'est-à-dire qu'il y avait des médecins qui étaient là pour l'aider.
20:40Dès l'instant où le malade ressent qu'il peut compter sur quelqu'un,
20:45cela déclenche toutes les fonctions qui permettent au corps de surmonter la maladie.
20:50Et ce sont des choses qu'on a tendance à oublier aujourd'hui.
20:55On néglige cette nécessité d'impliquer aussi le psychisme.
21:10C'est le savoir d'une grande civilisation.
21:15Voilà cent ans, il gisait encore, intact, sous ce que Col de Vey appelait
21:20le linceul des sables apporté par le vent.
21:25Aujourd'hui encore, les savants soupçonnent que le sol de Babylone
21:30recèle des milliers de textes, des trésors qui attendent d'être découverts.
21:35La métropole de Nabucodonosor demeure le mystère qu'elle était pour Col de Vey.
21:44« Sans qu'on le veuille, écrit Col de Vey, ces champs de ruines rappellent
21:48la malédiction du prophète de la Bible, et Babel ne sera jamais plus habité,
21:53et personne n'y demeurera plus.
21:56La malédiction biblique s'est-elle réellement accomplie ?
21:59Babylone restera-t-elle une éternelle énigme ?
22:03Col de Vey pouvait-il soupçonner qu'il faudrait à peine un siècle
22:06pour développer des méthodes entièrement nouvelles,
22:08capables d'élucider le mystère de Babylone ?
22:16Des navettes spatiales par exemple.
22:18Ce soyouz russe emporte dans l'espace un satellite de reconnaissance.
22:23A l'époque de la guerre froide, cette technique servait à observer
22:27et à photographier le territoire ennemi.
22:33Ce corps incandescent qui retombe vers la Terre contient 150 photos prises d'un satellite,
22:52dont une du territoire irakien, par 32 degrés de latitude et 44 de longitude.
23:03Nous sommes au 47, avenue de Leningrad, à Moscou,
23:06l'ancienne centrale d'espionnage militaire de l'URSS.
23:26Ces photos ont aujourd'hui une valeur inégalable pour la prospection archéologique.
23:30Les vues aériennes fournissent souvent aux spécialistes de précieuses indications.
23:35Les contours d'anciens bâtiments sont révélés par les variations de couleurs et de végétation
23:39sur les photos aériennes.
23:41C'est aussi le cas de cette petite tâche qui apparaît nettement sur cette photo
23:45prise à 270 km du sol.
23:48C'est l'ancienne Babylone, visible pour la première fois sur une photosatellite.
24:01L'ordinateur agrandit l'image progressivement.
24:04Voici l'ensemble de l'ancienne cité.
24:07En haut à gauche, le palais moderne de Saddam Hussein,
24:10tout de suite à droite, les fouilles de Col de Paix.
24:13La photo aérienne montre bien que l'archéologie n'a étudié jusqu'ici
24:16qu'une petite fraction de l'ancienne superficie de la ville.
24:31Pourtant, vue du sol, la reconstitution est impressionnante.
24:35Les puissantes murailles, les vastes places mais aussi les ruelles latérales tortueuses
24:40laissent deviner la grandeur de la métropole d'autrefois.
25:01Des centaines de ruelles sinueuses.
25:06Des dizaines de grandes places.
25:08Et ce n'est pourtant qu'une petite partie de la Babylone antique.
25:12En réalité, à l'époque de Nabucodonosor,
25:15elle avait les dimensions qui apparaissent sur cette photo aérienne.
25:19Elle était 60 fois plus grande que la reconstitution actuelle.
25:24Et l'on distingue encore nettement, vue d'en haut,
25:27un édifice qui devait devenir à lui seul une légende,
25:30la tour de Babel, dont il ne reste aujourd'hui qu'une mare.
25:35La photo aérienne montre que les fondations de l'édifice
25:38étaient manifestement carrées.
25:40Les reconstitutions des peintres du Moyen Âge sont donc fantaisistes.
25:44La photo aérienne montre que les fondations de l'édifice
25:47étaient manifestement carrées.
25:49Les reconstitutions des peintres du Moyen Âge sont donc fantaisistes.
25:53La tour de Babel n'était pas ronde, elle était carrée,
25:56et s'élevait par degrés, sans doute, jusqu'à près de 100 mètres.
26:07La construction massive qui se dressait là
26:10a stimulé les imaginations à toutes les époques.
26:13Plus encore que la ville de Babylone,
26:15la tour de Babel devient le symbole d'un orgueil effréné
26:18qui court à sa perte.
26:34Hérodote, le père de l'historiographie,
26:37a sans doute vu la tour lorsqu'elle était à moitié détruite,
26:40même si la décadence de la métropole avait commencé
26:43dès le règne du fils de Nabucodonosor.
26:46Hérodote put se représenter, au moins dans son imagination,
26:49la somptuosité d'une procession royale vers le temple bleu
26:53couronnant l'édifice et dédiée au dieu Marduk, patron de la cité.
27:17Ce cheminement vers le dieu était une montée vers le ciel,
27:21vers les astres.
27:23Et tout au sommet de ces gradins massifs
27:25habite le dieu Marduk, nous dit Hérodote.
27:33Le dieu Marduk, le diable,
27:35est un des plus grands diables du monde.
27:38Il est un des plus grands diables du monde.
27:41Il est un des plus grands diables du monde.
27:45Sur un lit d'or, dit-il encore, repose une vierge de Babylone,
27:49l'épouse du dieu.
27:51Et de temps à autre paraît aussi le dieu lui-même, Marduk,
27:55le souverain divin, le grand dieu de Babylone,
27:58le dieu qui sait tout et voit tout.
28:15Le récit fantastique d'Hérodote mêle rêve et réalité.
28:19Il ne peut raconter lui aussi que ce qu'on murmure à son époque
28:23dans les rues délabrées de Babylone.
28:33Notre époque actuelle ne dispose plus que d'amoncellements de briques
28:37pour élucider le mystère des igourates,
28:39ces temples babyloniens à étage.
28:41On aperçoit une autre de ces tours depuis Babylone.
28:44Elle s'élève dans le ciel de Borsipa.
28:50Les spécialistes supposent aujourd'hui que ces tours n'étaient pas seulement
28:54des sanctuaires comme le dit Hérodote,
28:56mais que les astronomes babyloniens y étudiaient aussi le cours des astres.
29:12Mais ce que Nabuchodonosor et ses astronomes recherchaient dans les étoiles,
29:16ce n'était pas des faits scientifiques.
29:18Pour eux, les corps célestes étaient des dieux
29:21et le déroulement de l'ensemble des phénomènes cosmiques
29:25devait se refléter dans toute réalité terrestre.
29:36En observant ces tours,
29:39en observant les étoiles, le soleil, la lune
29:43et les cinq planètes connues,
29:45c'est l'avenir de la vie sur Terre qu'on apercevait.
29:58Le Deutsches Museum à Munich.
30:01Dans le planétarium, nous pouvons approcher de plus près
30:04les connaissances astronomiques des babyloniens.
30:07Ce projecteur rotatif programmable nous montre le ciel nocturne
30:11tel qu'il apparaissait au-dessus de Babylone il y a 2500 ans.
30:22Le voyage dans le temps commence
30:25et au firmament artificiel du planétarium s'allument des milliers d'étoiles
30:29telles que les a vues jadis Nabuchodonosor.
30:37Des siècles durant, soir après soir,
30:40les babyloniens ont cherché dans le ciel des signes,
30:43des aspects remarquables, des corrélations.
30:46Certaines étoiles constituaient des familles,
30:49comme ces gémeaux qui gardent la porte du ciel.
30:56Le Verseau, déterminé du haut des cieux,
30:59le cours de toutes les sources sur Terre.
31:02Ni cheval ni homme, le Sagittaire était un puissant recours
31:05dans la détresse et la guerre.
31:08Et le taureau mythique passait pour une force redoutable,
31:11capable d'écraser des villes entières.
31:14Les babyloniens sont les inventeurs des constellations
31:17telles que nous les connaissons aujourd'hui.
31:20Ce sont eux qui découpèrent le ciel selon les douze signes du Zodiac
31:23et enregistrèrent le cours des astres.
31:26Peut-être même possédait-il une technique de grossissement optique,
31:29comme le suggère cet instrument,
31:32une lentille de quartz taillée.
31:41Ce qui est certain, c'est que les babyloniens développèrent
31:44de vastes connaissances en mathématiques.
31:47Des tablettes de géométrie prouvent que l'on connaissait déjà
31:50du temps de Damucodonosor ce que nous appelons
31:53le théorème de Pythagore.
31:57Les astronomes de Babylone ont abondamment enrichi
32:00le savoir du monde antique, écrivait Coldevay avec enthousiasme.
32:03Et il est évident que le toit du Grand Temple
32:06était pour eux un observatoire idéal.
32:13Cette évidence n'est toujours pas prouvée.
32:16Beaucoup de choses restent à l'état de spéculation.
32:19Le mythe de Babylone se nourrit de nombreux mystères.
32:22Comme cet étrange lion de basalte qui se dresse
32:25depuis des millénaires dans le désert près de Babylone.
32:29Coldevay rapporte que les habitants de la région qualifient
32:32cette statue de Djinn, de mauvais esprit.
32:35Qui est l'auteur de cette œuvre singulière ?
32:38De quand date-t-elle ? Dans quel but l'a-t-on érigée ?
32:41Autant d'énigmes qui restent sans réponse.
32:48Une autre œuvre célèbre pose également des questions insolubles.
32:51La porte bleue consacrée à la déesse Ishtar.
32:55Dans les télégrammes qu'il envoie à Berlin,
32:58Coldevay vante la beauté unique de ces briques.
33:01Dans la lointaine Allemagne, on s'enthousiasme
33:04pour cet exotisme oriental.
33:07Les briques bleues sont expédiées à Berlin par caisses entières,
33:10puis nettoyées et triées.
33:13La reconstitution de la porte d'Ishtar commence au musée de Berlin.
33:25Babylon à Berlin.
33:28La porte monumentale de Nabuchodonosor,
33:31âgée de deux millénaires et demi,
33:34a parcouru 5000 kilomètres.
33:37Et avec elle, les animaux si typiques du style babylonien.
33:40Les animaux révérés comme compagnons des dieux,
33:43et dont l'image, sur les murs de la voie suivie par la procession,
33:46escortait jadis tout visiteur allant vers le centre de la ville.
33:50Quel effet devait produire la fraîcheur de ce bleu
33:53sur le voyageur pénétrant dans la cité des merveilles,
33:56au sortir du désert brûlant ?
34:03De l'émail bleu,
34:06de l'émail rouge,
34:09de l'émail rouge,
34:12de l'émail rouge,
34:15de l'émail rouge,
34:18de l'émail bleu sur de la brique.
34:21Comment maîtrisait-on une technique aussi pointue,
34:24il y a 2500 ans ?
34:30Le chimiste Stéphane Fitts a soumis des fragments
34:33de briques babyloniennes à l'analyse spectrale,
34:36et il en connaît le secret.
34:39En collaboration avec Andreas Fritsche, spécialiste en céramique,
34:42il peut faire la démonstration de ce procédé technique complexe.
34:46Ce qui compte surtout, c'est la stricte application de la recette
34:49lors de la première phase, où l'on fait fondre ensemble
34:52du sable et de la soude issue de cendres végétales
34:55pour obtenir la frite, base de l'émail.
34:59Le four est aujourd'hui piloté par ordinateur.
35:02Comment faisaient les babyloniens pour obtenir précisément
35:05950 degrés ? Cela reste un mystère.
35:08Voici de la frite, sorte de verre brut
35:11qui sera ensuite broyée en poudre fine.
35:23On y ajoute des quantités infimes d'oxyde de cuivre
35:26et de cobalt.
35:29C'est ce mélange chimique qui donne ce bleu lumineux.
35:32Comment les babyloniens parvenaient-ils à doser
35:36ces oxydes de façon si régulière ?
35:39Encore une énigme non résolue.
35:42Nous disposons d'une balance de pharmacie
35:45précise au milligramme près.
35:51Avec de l'eau distillée, ce mélange pulvérulant
35:54donne enfin une bouillie crémeuse.
35:57L'émail, prêt à l'emploi.
36:00Les réalisations des babyloniens
36:03tant en architecture qu'en décoration
36:06sont des prouesses technologiques.
36:09Tout comme leurs émeaux, ne serait-ce que du point de vue des procédés.
36:12De plus, il ne faut pas oublier qu'à l'époque
36:15de nombreuses matières premières n'étaient pas disponibles
36:18sur place.
36:21Il fallait donc les faire venir de pays lointains.
36:24Il y a quelque chose qu'il faut apprécier à sa juste valeur.
36:28Application de l'émail.
36:42La pièce est ensuite remise au four pendant 12 heures
36:45à une température constante de plus de 1000 degrés.
36:51Les babyloniens appliquaient cette technique
36:54d'émaillage de la brique à des travaux plus importants.
36:57La porte d'Ishtar est habillée
37:00de plus de 20 000 écailles de ce genre
37:03qui lui font une robe d'un bleu lumineux,
37:06image du ciel.
37:09L'artère passant par cette porte d'Ishtar
37:12était celle des dieux, la route des processions
37:15où se célébrait la grande fête de la nouvelle année
37:18comme le disent les estampilles de ces briques.
37:21Pour les dieux Marduk et Nabu,
37:24j'ai conforté l'intérieur de la ville
37:27avec de l'asphalte et des bâtiments
37:30pour que l'on puisse s'occuper d'eux.
37:33Pour les dieux Marduk et Nabu,
37:36j'ai conforté l'intérieur de la ville
37:39avec de l'asphalte et des briques cuites
37:42que j'ai recouvertes d'une forte couche de poussière brillante.
37:45Puissiez-vous, ô dieux, parcourir allègrement ces rues.
37:48Voilà ce que Nabucodonosor fait imprimer sur ces briques
37:51à des milliers d'exemplaires.
37:54Tour de Babel,
37:57Porte d'Ishtar et route des processions.
38:00Des œuvres de dévotion religieuse,
38:03des prières transmuées en pierre.
38:06Un rituel magique accompagne la pose des fondations
38:09de chaque édifice.
38:12Les aliments comme l'huile, le lait, la bière, les dates
38:15prennent une dimension culturelle
38:18quand le roi et les prêtres préparent le sol
38:21sous le regard des dieux.
38:35Les vieilles tablettes d'argile racontent ce rituel magique
38:38et en donnent tous les détails.
38:45De la crème, du miel et de la bière
38:49sont versées sur la première brique des fondations
38:52en guise d'offrandes aux dieux.
38:58Les statuettes en terre cuite, messagères des dieux,
39:01sont posées sur ce socle sacré.
39:04Chacune d'elles tient à la main un bâton de fer,
39:07symbole de la puissance divine.
39:19On rince la bouche d'une brebis sacrifiée
39:22avec du genièvre dorant
39:25afin que les dieux consentent à recevoir
39:28cette offrande avec bienveillance.
39:34De la farine blanche tamisée, produit sacré du sol,
39:37est répandue sur les messagers des dieux
39:40pour conférer au futur édifice croissance et prospérité.
39:43Puis les figures magiques sont enfouies dans la terre
39:46qui supportera le nouvel édifice.
39:49Les bâtiments sont en ruine depuis longtemps
39:52mais les figurines, elles, sont restées intactes.
40:10Hérodote aussi fait état de rituel
40:13mais il est un touriste grec et il ne les comprend sans doute plus.
40:17A son époque, la civilisation magique de Babylone
40:20est depuis longtemps déjà tombée en décadence.
40:30Reste la fascination qu'exercent les réalisations architecturales
40:33comme le rempart de la ville.
40:36Hérodote y succombe totalement.
40:39Les mesures qu'il donne sont en effet tout à fait exagérées,
40:42estiment aujourd'hui les scientifiques.
40:56La recherche archéologique emprunte des voies nouvelles.
41:04Ce qui se construit là est la septième merveille du monde,
41:07le rempart de Babylone,
41:10mais à l'échelle d'un centième.
41:15Le laser permet de découper ces milliers de créneaux
41:18mais aussi de profiler minutieusement les murailles de briques jointives.
41:22Jamais Babylone n'a profité de techniques aussi modernes pour ressusciter.
41:26Mais le travail de pionniers qu'accomplissent là,
41:29savants et spécialistes, n'est pas un simple jeu décoratif,
41:32c'est de l'archéologie expérimentale.
41:35Car cette maquette met en évidence les erreurs d'Hérodote.
41:38Par exemple, si on reporte sur la maquette
41:41les dimensions indiquées,
41:44la maquette de l'archéologie expérimentale
41:47ne peut pas s'appliquer à l'archéologie expérimentale.
41:50La maquette de l'archéologie expérimentale
41:53ne peut pas s'appliquer à l'archéologie expérimentale.
41:56Par exemple, si on reporte sur la maquette
41:59les dimensions indiquées,
42:02le nombre de créneaux ne peut pas coller avec la longueur du mur.
42:05Au lieu des 96 km utopiques indiqués par Hérodote,
42:08la muraille n'en mesurait sans doute que 19.
42:11Et les maisons de briques de la métropole
42:14comportaient seulement un ou deux étages,
42:17hormis les grands édifices publics.
42:23L'exploitation de la maquette
42:26L'exploitation de la maquette
42:29montre que dans le plan de base de la ville,
42:32les rues avaient un découpage assez rectiligne,
42:35comme c'est le cas aujourd'hui dans les métropoles américaines.
42:38Un plan moderne qui semble sortir tout droit
42:41d'une planche à dessin,
42:44avec cette différence notable par rapport à nos cités.
42:47Babylone est bâtie comme une gigantesque forteresse.
42:50Le double rempart de 12 mètres de haut
42:53met le district urbain complètement à l'abri.
42:56Le professeur Promer et le maquettiste Berndt Camormaier
42:59en sont convaincus.
43:02Avec les techniques militaires de l'époque,
43:05la ville était imprenable.
43:08Dans leurs immeubles bas, les babyloniens éprouvaient
43:11sans doute un grand sentiment de sécurité.
43:14Et une fierté non moins grande.
43:17Il ne peut guère rendre l'impression de grandeur
43:20qui marquait tout le quotidien de ces citadins.
43:36Il n'existait rien de comparable à l'époque.
43:39Rome n'était encore qu'un village de terre battue.
43:42Constantinople n'existait pas.
43:45Le premier immeuble ne serait construit que 2000 ans plus tard.
43:56Ce que j'ai fait, nul ne l'a fait avant moi.
44:00C'est en ces termes que Nabucodonosor évoque sa propre gloire.
44:05Hérodote a visité une ville en plein déclin.
44:08Il a foulé avec étonnement la grande artère des processions,
44:11revêtues d'asphaltes et de dalles de pierre.
44:14Mais sur la vie des gens, sur leurs pratiques religieuses,
44:17même lui n'a pu se livrer qu'à des spéculations.
44:23Pour se représenter ce genre de fêtes,
44:26il faut imaginer les très impressionnantes statues des dieux,
44:29grandes, somptueusement parées, colorées.
44:32Le roi est présent avec les grands prêtres,
44:35on chante, on fait des feux.
44:38Ce genre de religiosité se retrouve encore en Inde.
44:41Nous n'avons plus accès aux religions de l'Orient ancien,
44:44nous ne pouvons plus participer à leurs cérémonies,
44:47mais pour ressentir l'atmosphère dans laquelle
44:50le Babylonien vivait sa religion,
44:53comment il l'éprouvait directement lors des fêtes,
44:56alors c'est en Inde qu'il faut se rendre.
44:59On y trouve de ce point de vue beaucoup de similitudes avec Babylone.
45:05Voilà à quoi devait ressembler la grande procession du Nouvel An à Babylone.
45:08La fête religieuse célébrée chaque année à Puri,
45:11dans l'Est de l'Inde, présente des parallèles frappants
45:14avec la grande fête annuelle de Dabukodonosor.
45:17Une antique tradition religieuse
45:20qui est peut-être venue de Babylone en Inde ou l'inverse,
45:23personne ne le sait.
45:26La comparaison avec les récits inscrits sur les tablettes d'argile est édifiante.
45:29Comme lors de la fête du Nouvel An babylonien,
45:32à Puri, on sort du temple les statues archaïques des dieux,
45:36somptueusement vêtues et installées sur des chars.
45:39Le roi de Puri, comme une réapparition de Dabukodonosor,
45:42fait son entrée triomphale.
45:45Il doit, lors de cette fête,
45:48respecter scrupuleusement des règles magiques,
45:51des règles divines.
45:54Comme le faisait jadis Dabukodonosor,
45:57il doit procéder à la purification rituelle du char des dieux.
46:00Ce rite légitime sa royauté,
46:03qui concentre le roi, la divinité et le peuple.
46:27Toute la population prend part à ce rituel extatique.
46:34Tout le monde tire sur les gros câbles
46:37qui font avancer le char des dieux à travers la ville.
46:40La religion, ici, n'a rien d'abstrait.
46:43Elle est vécue physiquement, dans l'effort, l'extase,
46:46la jubilation collective.
47:04Cette grande rue de Puri
47:07est comme une réminiscence de Babylone.
47:10Comme le reflet d'un monde englouti
47:13dont nous n'avons plus qu'une maquette vide.
47:27Coldevay lui-même, l'homme qui arracha Babylone à l'oubli,
47:31n'eut pendant 18 ans entre les mains que des débris de briques.
47:34Même pour lui, le monde vivant de l'Orient ancien
47:37demeura imaginaire.
47:40Mais son imagination, à partir de quelques ruines,
47:43construisait parfois de vastes palais.
47:46Coldevay télégraphie ainsi à Berlin.
47:49J'ai découvert les jardins suspendus de ces miramis.
47:52Il a simplement découvert ces importants vestiges de rempart
47:55dans le secteur sud du palais de Dabukodonosor.
47:59Mais son enthousiasme lui fait croire que des voûtes aussi puissantes
48:02doivent avoir supporté de lourdes superstructures.
48:05Peut-être un jardin suspendu,
48:08comme celui que lui montre un relief assyrien,
48:11vieux de 3000 ans.
48:14Ces légendaires jardins en terrasse de ces miramis ont-ils existé ?
48:17Ou bien s'agit-il d'une invention ultérieure
48:20à laquelle Coldevay s'est laissé prendre à son tour ?
48:23La maquette permet de vérifier ce que rapporte la tradition.
48:26Conclusion surprenante des scientifiques,
48:29on peut reconstituer le jardin de ces miramis.
48:44Les mesures parfaites et le plan cohérent
48:47montrent que cette construction a réellement existé.
48:50Nous n'avons pas les proportions étonnantes,
48:53ni naturellement les problèmes spécifiques
48:56que posait l'étanchéité dans l'Antiquité.
48:59C'était un problème énorme.
49:02Ils ont tout essayé,
49:05les plaques de plomb, des couches d'asphalte,
49:08des lits de briques,
49:11et puis en plus une voûte en dessous.
49:14Et nous n'avons bien sûr aucune idée
49:17de ce qu'était l'étanchéité réelle.
49:20On faisait monter l'eau par une conduite
49:23jusqu'à l'étage supérieur
49:26pour ensuite la laisser sointer d'une terrasse à l'autre.
49:29Cela signifie que tout l'édifice était sans cesse sous l'eau.
49:32Et on voit à ces murailles énormes
49:35et à leur renforcement qu'ils étaient conscients du problème.
49:38D'autant qu'ils croyaient que les racines des arbres
49:41descendraient jusqu'en bas, ce qui est évidemment absurde.
49:44Des racines de 25 mètres.
49:47Ce n'est pas ce qu'ils imaginaient.
49:50C'était sûrement rempli de terre.
49:53Cela veut dire que l'eau filtrait.
49:56Assurer la stabilité d'une telle construction
49:59est déjà un prodige en soi.
50:02Le jardin aux gradins de ces Miramis
50:05n'est donc pas, techniquement parlant, une légende.
50:08C'est vraisemblablement une réalité.
50:11Aujourd'hui encore, on trouve en Irak
50:14des jardins de ce genre.
50:32Ce parc a probablement été le joyau de Babylone.
50:35Un objet de prestige
50:38qui, dans la chaleur sèche de l'Orient,
50:41est plus étonnant que la tour haute de 100 mètres.
50:47Reste que la princesse ces Miramis,
50:50prétendument aimée de Nabucodonosor,
50:53n'a pas de réalité historique.
50:56C'est une légende, un beau mythe.
50:59Une belle histoire d'amour rajoutée par les poètes.
51:02Le vieux rêve du paradis sur terre.
51:06La princesse ces Miramis et ses jardins suspendus.
51:09L'ensemble constitue le symbole romantique
51:12de la merveilleuse métropole de l'Orient ancien.
51:15De la capitale mondiale rêvée.
51:18De Babylone, porte des lieux.
51:26Mais le rêve s'est brisé d'un coup.
51:29La plus terrible tragédie de cette ville
51:32était peut-être que ces prodigieuses murailles
51:35n'eurent à résister à aucun ennemi réel.
51:38Sa puissance fut minée de l'intérieur.
51:41Le successeur de Nabucodonosor, Nabonide,
51:44fut rejeté par ses propres prêtres.
51:47Et Babylone se trouva soudain reléguée
51:50au rang de note marginale dans une histoire du monde
51:53qui déjà s'écrivait en d'autres lieux.
51:56La Bible eut finalement le dernier mot
52:00Le lieu sera dévasté pour toujours
52:03afin que personne n'y habite, ni homme, ni bête
52:06et qu'il soit désert à jamais.
52:59Abonnez-vous !

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