Les racines élémentaires de Pierre Lescure

Le Soir

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00:00Est-ce que vous seriez devenu ce que vous êtes aujourd'hui ?

00:05Je pense que je ne serais pas devenu ce que je suis ou ce que j'ai été

00:10ou je n'aurais pas fait tout ce que j'ai fait

00:12si je n'étais pas tombé, par un hasard plus que re,

00:17dans une famille qui sur deux ou trois générations,

00:20au-delà de ses métiers, était dingue de culture

00:24au sens de la nourriture quotidienne qui vous réjouit,

00:29qui vous donne de l'optimisme, de l'ouverture d'esprit et l'envie de partager.

00:34Et ils étaient tous comme ça.

00:36C'était beaucoup de musique.

00:38La télé est venue tard.

00:40Je suis né en 1945 et mon grand-père,

00:43parce qu'avec ma mère, mes parents se sont toujours bien entendus,

00:47mais ils se sont séparés en fin 1945 quand j'avais six mois.

00:51Donc ils se sont toujours très bien entendus,

00:53heureusement pour moi et grâce à eux.

00:55Mais bref, je ne les ai jamais vus ensemble

00:57et donc avec ma mère, on vivait chez mes grands-parents maternels.

01:00Ma grand-mère était directrice d'école laïque, très laïcarde,

01:06et mon grand-père était dans un poste assez intéressant au chemin de fer.

01:12Et tout le temps, quand il rentrait du boulot,

01:15qu'il prépare la cuisine, le dîner ou qu'il fasse quoi que ce soit,

01:19il y avait de la musique.

01:20Donc ma grand-mère écoutait tous les jeunes chanteurs de l'époque.

01:23Coup de bol, il s'appelait Brassens, Brel, Ferré, Montand.

01:27Donc ma grand-mère, mes souvenirs, puisque je suis gamin, je n'ai pas dix ans,

01:33et ma grand-mère m'emmène le mercredi soir,

01:37parce que c'était la veille du jeudi à l'époque.

01:39C'était le jeudi de congé.

01:41Elle m'emmenait voir Montand à l'Étoile, Brassens à Bobineau.

01:45Mon oncle écoutait beaucoup de jazz, le frère de ma mère.

01:48Jean.

01:49Jean.

01:50Merci de m'avoir lu.

01:53Et en même temps, il n'était pas sectaire,

01:55ce qui fait que quand le rock est apparu, il a ouvert les bras

01:59et il m'a emmené au premier concert de l'Olympia de Little Richard, de Bill Haley,

02:04mais aussi avec lui, j'étais allé voir Duke Ellington, Louis Armstrong,

02:08quand il passait à Paris.

02:10Ma mère écoutait surtout du classique,

02:13mais elle avait l'intelligence de me passer des tubes.

02:16C'est-à-dire qu'elle prenait le moment le plus rock, le plus pop

02:22du concert pour violon de Tchaïkovski.

02:28Très, très môme, vous vous dites que si vous êtes euphorique

02:32ou si vous êtes déprimé, j'ai la musique qu'il faut écouter.

02:35J'ai l'antidote, oui.

02:36J'ai l'antidote.

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