Sabrina Medjebeur, essayiste : «Le monopole de la violence légitime a été supplanté par la loi du caïdat»

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L'essayiste Sabrina Medjebeur était l’invitée de Midi News ETE ce jeudi 22 août sur CNEWS. Elle s’est exprimée au sujet de l'évolution du quartier Pissevin de Nîmes, un an après la fusillade qui avait coûté la vie à un enfant de dix ans : «Le monopole de la violence légitime a été supplanté par la loi du caïdat»
Transcript
00:00les habitants de ces quartiers populaires,
00:02qui font partie en tout cas des 1314 quartiers prioritaires de la ville,
00:08sont les premiers malheureusement à souffrir justement de cette décomposition,
00:14de ce délitement de la souveraineté de l'État français au sein même de ces quartiers.
00:19C'est-à-dire qu'il y a vraiment une extraction du monopole de la violence légitime,
00:24c'est-à-dire tenu par les forces de l'ordre,
00:27adoubée par les forces de l'ordre et même théorisée par Max Weber,
00:31dans ces quartiers qui a été supplantée par la loi du CAIDA.
00:34C'est ça qu'il faut comprendre, c'est-à-dire que ces quartiers,
00:36depuis le plan Gilbert-Bonnemaison suite aux émeutes des Minguettes jusqu'à aujourd'hui,
00:47comment dire, ces nouveaux labels qu'on appelle territoire perdu de la République,
00:50territoire de reconquête républicaine,
00:53eh bien en réalité on se rend compte qu'en 40 ans,
00:55la situation n'a fait que s'aggraver, s'empirer jusqu'à ce que ces jeunes CAIDA
01:01prennent littéralement le contrôle parce qu'ils sont enracinés sur leur territoire.
01:07Ils sont, comment dire, les commandants, les commandeurs des lois
01:11qui doivent s'imposer aux habitants et non pas les lois de l'État.
01:15C'est une organisation clanique dont le premier clan rival est bel et bien l'État.
01:20Nous l'avons vu avec les émeutes,
01:22tout ce qui ont été les symboles du lien collectif,
01:30c'est-à-dire de ce que la société est capable de produire,
01:32ont été brûlés par les émeutiers dont je rappelle qu'à 60% étaient des mineurs.
01:38Donc malheureusement, nous assistons là encore une fois à 40 ans de déliriction du pouvoir
01:45vis-à-vis de ces quartiers populaires et bien évidemment une supplantation
01:50de l'ordre, de l'économie et des sociabilités parallèles par ces CAIDA
01:56qui tiennent effectivement tout le quartier et qui refusent évidemment,
02:00inéluctablement en raison de la prospérité de leur trafic,
02:04l'immersion, l'insertion de la force publique dans leur quartier.

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