Guy Carlier : "Non, il n'y a pas de plus belle chanson au monde que Tata Yoyo"

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Transcript

00:00Guy Carlier. Comment ça va Guy Carlier ?

00:02Mais ça va très bien,

00:04je suis encore sous le choc de votre voix qui raconte

00:09cette jeune fille étouffée par ses culottes dans sa bouche, enfin c'est vraiment

00:13surréaliste et très beau. Et que voulez-vous qu'il vous dise ? Et troublant. Tous les matins à la même heure je vous retrouve prostré en état de choc

00:19comme ça, en position fétale dans votre salle de bain parce que vous êtes en train de trembler, que vous avez entendu cette histoire.

00:24Mais on sent que vous y prenez du plaisir.

00:27C'est pas comme les miennes que vous faites péniblement. Allez-y, faites le lancement pour voir.

00:32Allons-y justement Guy Carlier, vous êtes là pour changer l'ambiance parce que vous allez réhabiliter pour nous sur Sud Radio

00:38la chanson des noces et des banquets.

00:41Oui c'est vrai. Bonjour Jean-Marie, bonjour à tous. J'ai longtemps détesté les mariages

00:46et je les évitais le plus possible jusqu'au jour où j'ai dû me rendre à celui d'un ami d'enfance. Évidemment mon absence

00:52leur a fait de la peine.

00:54Alors dès mon arrivée tout était conforme à mes pires craintes puisque le pot de l'amitié, comme le spécifiait mon carton

01:02d'invitation gaufré, avait lieu dans une salle polyvalente en zone pavillonnaire où rien ne manquait, ni les agrès de gymnastique

01:10bâchés rangés dans un coin, ni l'odeur de sueur que la salle semblait avoir gardée en otage depuis le dernier match de l'équipe locale

01:18de handball, ni les grandes tables sur les tréteaux recouvertes de nappes en papier crépon,

01:24ni la sono poussée à fond dans laquelle madame Gloria Glennor

01:30trenitruait qu'elle will survive ce dont on doutait à l'écoute de cette bouillie sonore à l'écho

01:37amplifiée par l'architecture bétonnée.

01:40Quelques charcutiers rousses assez vulgaires dansaient le passodoblet en

01:45décomposant les pas, comme elle l'avait appris au cours de danse de salon de monsieur Carlos Capell, elle réinventait le

01:52romantisme avec leur poitrine lunaire

01:55tremblant sous la mousseline qui faisait intinabuler leurs joncailles, tandis que leurs pieds

02:01bleuissaient dans des talons trop étroits.

02:03Ce jour-là, la belle-mère avait la larme facile, elle criait « Vive les mariés ! » dès que tombait l'ambiance, mais comme ça lui faisait si mal

02:12devoir partir son fils, elle s'éclipsait régulièrement pour aller picoler dans la cuisine du rosé en cubis.

02:19Au bout d'une table, il y avait comme dans tous les mariages, une fillette endormie sur la nappe tâchée de vin d'étamplier.

02:25Rien que le nom, le vin d'étamplier, tu devines la fraude du traiteur. Et cette fillette endormie

02:31était probablement la seule ce jour-là à parler d'amour

02:36ou à rêver d'amour. Puis arrivait l'instant où l'on réclama une chanson, un papy en train de

02:42s'assoupir, la bouche ouverte et le pantalon sous les épaules.

02:45Et alors il sursauta en s'écriant « Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui se passe ? Pompidou est mort ! » Puis avec aux yeux des larmes

02:51qui font rire les enfants, il se leva enfin pour bredouiller une chanson dont lui seul se souvenait,

02:57et tandis que sous les cris de joie, il se rassaillait en tremblant, le DJ lança « Tata Yo-Yo ».

03:04« Tata Yo-Yo » à fond avec l'écho de la salle Marcel Serdans, c'était trop, je m'apprêtais à partir

03:11quand je l'ai vue.

03:13Je ne la connaissais pas mais mon dieu qu'elle était belle !

03:15C'était sûrement une amie de la mariée à la façon qu'elle avait d'échanger des regards complices qui cachaient des secrets du passé

03:22inavouables. Et la voilà qui se met à danser, la voilà qui devient la reine de la soirée, elle rit à gorge déployée, elle attrape d'une

03:29main une coupe de champagne au vol et démarre une chenille en chantant à tue-tête « Tata Yo-Yo ». Et c'était comme si Taylor Swift

03:37débarquait au mariage de Jennifer et Kevin en zone pavillonnaire.

03:41Moi, abasourdie, je la regardais assise à côté d'un type que je ne connaissais pas et qui me racontait des choses sans

03:49intérêt. Je lui répondais de temps en temps des « Ah ouais d'accord » en pilotage automatique.

03:53Je ne pouvais détacher mes yeux de cette fille qui dansait, tandis que l'autre con à côté continuait « Non mais bon,

03:59en écoute, ils ont foutu neuf ronds-points sur la départementale entre Romorantin et Cheverny.

04:04Neuf ronds-points, douze kilomètres, juste pour exponger l'excédent budgétaire. C'est dingue !

04:11« Ah ouais d'accord. Ah ouais d'accord, mais tu m'écoutes ? Ah, tu regardes ma femme. Oh, excuse-la. Il faut toujours qu'elle se fasse remarquer.

04:19En plus, elle adore chanter sur des chansons à la con « Tata Yo-Yo ». Quelle daube ! » Alors je lui ai murmuré

04:25« Non, il n'y a pas de plus belle chanson au monde. »

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