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00:00On va plus loin avec notre invité Asni Abidi. Bonjour et merci de répondre à ces quelques questions sur France 24.
00:05Vous êtes directeur du Centre d'études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen.
00:09Anthony Blinken, on l'a compris, dit que c'est peut-être la dernière chance pour une trêve à Gaza.
00:14Est-ce que le timing est, selon vous, propice à un accord ?
00:18Le timing est propice. Il y a des efforts qui ont été faits à Doha.
00:23Il y a même un progrès. La constitution de quatre commissions chargées d'étudier les questions qui sont clivantes,
00:29ce qui manque, c'est une question importante de la part des États-Unis sur Benyamin Netanyahou.
00:35Il est clair que les conditions renouvelées de Benyamin Netanyahou,
00:39notamment la question de contrôle, de déplacer du sud vers le nord,
00:43mais aussi la frontière où ce qu'on appelle l'axe fait la défi,
00:47posent des problèmes énormes pour les négociateurs.
00:50Vous savez que la question du Hamas, le Hamas n'a jamais négocié d'une manière directe.
00:54Les Égyptiens et les Qataristes sont engagés à consulter le Hamas.
00:58Aujourd'hui, on voit bien que les Américains ciblent plutôt leur allié Israël.
01:03Mais Blinken demande à Israël et au Hamas de ne pas faire dérailler les efforts pour une trêve à Gaza.
01:08Est-ce que vous diriez que le ton a changé, que les Américains mettent finalement la pression autant sur l'un que sur l'autre ?
01:15D'abord, sur la partie du Hamas, je pense que les efforts et les pressions exercées par les États-Unis
01:21sur l'Égypte et sur le Qatar ont payé.
01:25On voit bien aujourd'hui que les maires du Qatar en personne,
01:28le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères prennent les choses au sérieux.
01:31En revanche, la pression américaine sur Israël, là où elle pose problème,
01:37parce qu'on le sait très bien, sans utilisation de moyens d'oppression,
01:40de leviers dont disposent les États-Unis, il est très difficile de faire changer Benjamin Netanyahou
01:47sur cette position dans la mesure où, pour lui, il faut gagner plus de temps,
01:52il faut des performances militaires, il faut sauver ou assurer la survie politique de son gouvernement,
01:59ce qui contraire vraiment au principe des négociations.
02:02On parie sur les efforts de ces quatre commissions qui sont toujours en Réunion
02:06et qui doivent se déplacer au Caire pour proposer une nouvelle mouture.
02:10C'est rare que les Américains, en 24 heures, proposent une nouvelle formulation
02:15qui essaye de combler les lacunes constatées lors des deux jours à Doha.
02:21Il y a, en quelque sorte, un emballement américain, un effort pour que,
02:27pour Joe Biden peut-être, de signer une dernière victoire diplomatique ?
02:32Jamais vu dans la région un tel emballement.
02:35Et vous avez remarqué que l'emballement est du côté américain,
02:38avec cette présence importante inédite dans la région.
02:42Il faut souligner qu'elle a réussi, de manière importante, à éviter la guerre,
02:49à exercer une pression sur les Iraniens pour dire
02:52« vous ne pouvez pas faire la guerre » ou faire une réposte,
02:55alors qu'il y a des négociations qui sont en cours.
02:57Et aussi, en cas de guerre, la réponse sera immédiate de la part des Américains.
03:02Ça, c'est le premier point.
03:03Le deuxième point, sur les négociateurs, d'abord sur les parrains des négociations,
03:06les émissaires qataris et égyptiens, il y a une pression constante.
03:09Le président américain appelle lui-même le président égyptien, l'émir du Qatar.
03:14Les États-Unis veulent à la fois une percée diplomatique pour finir le mandat de Biden,
03:19mais ils savent aussi qu'il y a une aile radicale au sein du cabinet de Netanyahou,
03:25et Netanyahou lui-même, qui veulent gagner ce temps.
03:28Ils misent sur plutôt l'après-élection, une victoire de Trump,
03:33et ne pas céder sur cette question de la continuation des négociations.
03:38Hassan Abidi, un mot des Iraniens.
03:40Ils n'ont pas encore répliqué à l'assassinat d'Ismail Hanieh.
03:42Ça dit quoi selon vous ?
03:45Les Iraniens, à mon sens, étaient réceptifs à cette idée de ne pas tomber dans le piège de Netanyahou,
03:53c'est-à-dire une riposte, comme ils disent, forte et douloureuse,
03:58mais plutôt observer ou continuer cette retenue en donnant une chance supplémentaire aux négociations.
04:06Et d'ailleurs, même plusieurs émissaires turcs, mais aussi le premier ministre Qatari,
04:12le ministre d'Affaires étrangères, ont appelé ces homologues iraniens
04:15pour leur donner une chance à ces négociations.
04:18En quelque sorte, nous avons deux hommes qui sont influents,
04:21qui sont importants, les hommes clés, Yahya Sinwar à Gaza,
04:24et Benjamin Netanyahou, qui mène aujourd'hui ces négociations d'une manière indirecte,
04:29et les émissaires américains exercent une pression.
04:32Reste à savoir que seule la pression américaine sur Benjamin Netanyahou,
04:36mais une pression pas verbale, mais avec des moyens de pression,
04:39est en mesure vraiment d'exercer, d'avancer ou d'enregistrer une percée importante dans les négociations du CAIR.
04:48Pour être concret, une pression américaine sur les Israéliens,
04:51ce serait quoi de suspendre en quelque sorte l'aide militaire américaine aux Israéliens ?
04:58Beaucoup d'observateurs n'avaient pas compris pourquoi cette précipitation de la Maison-Blanche
05:02de l'annoncer cette vente de 20 milliards de dollars,
05:05certains espéraient en tout cas une attente ou un conditionnement de cette aide,
05:12ou aussi parler de cette présence américaine dans la région
05:17pour justement assurer la sécurité de l'État d'Israël.
05:21La contrepartie, c'est évidemment montrer une certaine flexibilité dans les négociations,
05:25dont l'objectif est d'abord le retour des otages,
05:28dont certains, pas mieux, sont donc d'une nationalité américaine,
05:32mais aussi l'allègement des conditions humanitaires.
05:35Donc ce qui est demandé n'est pas excessif,
05:38sauf que Benjamin Netanyahou, il faut le dire, jusqu'à maintenant,
05:42ne veut pas céder sur la question de contrôle,
05:45et la présence à Al-Sarim, au centre de la bande de Gaza,
05:52ainsi que le contrôle du point de passage de Rafa.
05:56Les Américains espèrent, avec la visite de Blinken,
05:59aboutir à un changement d'opposition de la part de Benjamin Netanyahou.
06:03Une dernière question, Abidi, vous voyez le dénouement ?
06:09Est-ce que cette fois, il peut y avoir une trêve,
06:12alors que, je le disais, Anthony Blinken a fait des allers-retours incessants au Proche-Orient ?
06:19Malgré les difficultés après l'assassinat d'Ismaïl Hanier,
06:22c'est une perte, parce que l'homme était capable lui-même
06:24de discuter avec toutes les parties palestiniennes,
06:27et donc on voit bien que les Égyptiens et les Qataris
06:30ont réussi tout de même à réactiver d'autres interlocuteurs
06:33pour reprendre l'angle avec l'homme fort à Gaza.
06:37Ça, c'est un point important.
06:39Le deuxième, c'est qu'encore une fois, cette négociation,
06:43l'objectif est libération des otages
06:47contre une trêve humanitaire.
06:49Il y a même certaines concessions, selon les informations venant de Douara,
06:53c'est-à-dire que le Hamas n'accepterait plus un ceci-le-feu permanent,
06:57mais la possibilité d'Israël de revenir, en quelque sorte,
07:01en cas de non-respect de la première phase,
07:04selon les phases justement dans le plan de Biden.
07:07Des concessions des deux parts sont exigées pour avancer,
07:11mais à mon avis, la question principale qui reste, c'est le contrôle.
07:15C'est-à-dire, pour les Palestiniens, il est très difficile de soumettre,
07:18encore une fois, les habitants qui sont au sud vers le nord,
07:22d'être encore une fois fouillés ou inspectés par la force israélienne.
07:26Et sa permanence aussi dans la bande de Gaza est difficilement acceptable.
07:30Merci beaucoup à Sina Bidi pour votre analyse sur cette dernière chance
07:34évoquée par Anthony Blinken au Proche-Orient.

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