Punchline - Israël / Gaza : l'accord de trêve peut-il aboutir ?

  • il y a 2 semaines

Aujourd'hui dans "Punchline", Mickael Dos Santos et ses invités débattent des discussions entre Israël, les États-Unis, le Qatar et l'Égypte concernant une possible trêve.
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Transcript
00:00Pour démarrer cette émission et cette première heure avec les téléspectateurs et les auditeurs d'Europe 1,
00:05c'est le jour J, un jour qui peut être un tournant dans la guerre au Proche-Orient.
00:10Les discussions reprennent à doigt entre Israël, les États-Unis, le Qatar et l'Égypte
00:14pour tenter de trouver une solution à ce conflit, apaiser aussi les tensions régionales,
00:19obtenir un cessez-le-feu et la libération des otages.
00:22Sauf surprise, bien sûr, aucun représentant du Hamas n'a été présent lors de cette réunion.
00:27Le groupe terroriste souhaite tout simplement l'application du plan Joe Biden.
00:31Alors, qu'est-ce exactement que ce plan Joe Biden ?
00:34Regardez et écoutez les détails avec notre correspondante sur place à New York, Elisabeth Guédel.
00:40C'est le plan en trois phases, présenté fin mai par Joe Biden,
00:43qui doit servir de base à ces nouvelles négociations.
00:46Un plan qui prévoit de passer progressivement d'une trêve de six semaines à un cessez-le-feu permanent,
00:51qui prévoit le retrait par étape des forces israéliennes de Gaza
00:56et puis la libération des otages encore retenus par le Hamas,
00:59en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
01:04Selon la Maison-Blanche, le Hamas a accepté ce plan, Israël l'a soutenu,
01:08mais après dix semaines et plusieurs séries de négociations, on est bien loin d'un accord.
01:13Le New York Times rapportait cette semaine que Benyamin Netanyahou avait ajouté de nouvelles conditions,
01:18ce qu'a démenti le Premier ministre israélien.
01:22Joe Biden et sa vice-présidente Kamala Harris ont été briefés hier
01:26par leur conseiller à la Sécurité nationale sur le niveau de tension qui règne au Moyen-Orient,
01:30sur le dispositif militaire américain dans la région qui a été renforcé.
01:35Les États-Unis, qui sont avec le Qatar et l'Égypte les médiateurs de ces négociations,
01:41pèsent tout leur poids avec l'envoi du chef de la CIA William Burns à Doha
01:45pour tenter de décrocher un accord.
01:48Il n'y a plus de temps à perdre, répète l'administration Biden,
01:51pour en persuader que seule la conclusion d'un cessez-le-feu
01:55permettrait d'éloigner les risques d'escalade au Moyen-Orient.
01:59Et dans le cadre de ces négociations, les premiers éléments semblent assez positifs
02:05puisqu'un porte-parole de la Maison-Blanche a évoqué un début prometteur des discussions.
02:10De son côté, John Kirby, porte-parole du Conseil de Sécurité nationale,
02:15nous a déclaré que nous sommes à un point où le cadre de l'accord est généralement accepté
02:21et où les lacunes à combler concernent désormais sa mise en œuvre.
02:25Messieurs, on est sur la bonne voie ou il faut néanmoins se montrer encore un peu prudent ?
02:31Il faut se montrer prudent puisque cette guerre dure maintenant depuis plusieurs mois.
02:37D'un côté comme de l'autre, on n'a pas envie de céder facilement et on le comprend.
02:42Les otages doivent être libérés
02:44et les conditions pour la sécurité des populations civiles de Gaza réunies.
02:50Il y a quand même quelque chose qui me surprend toujours et qui m'attriste, je dois dire,
02:55c'est l'absence de la France dans ces négociations de paix.
02:59On a été un pays trait d'union au niveau international,
03:02on avait le premier réseau diplomatique au monde
03:05et aujourd'hui, on est aux abonnés absents
03:08parce qu'Emmanuel Macron a changé 100 fois de position sur ce conflit comme sur d'autres,
03:13parce que la diplomatie française n'est plus indépendante.
03:16Stéphane Séjourné est au Liban, à Beyrouth, pour rencontrer des dirigeants libanais.
03:20Oui, mais alors, Stéphane Séjourné, c'est, me semble-t-il,
03:23un peu l'incarnation du problème de la diplomatie française aujourd'hui
03:28avec quelqu'un qui est particulièrement peu légitime, qui a multiplié...
03:33Il reste néanmoins le ministre des Affaires étrangères.
03:35Oui, mais il a multiplié les erreurs, il est très peu sûr de lui-même,
03:42il jouissait d'une expérience préalable qui était quand même quasiment nulle
03:46et donc forcément, les interlocuteurs, dans des négociations de ce niveau-là,
03:50ne prennent pas la France au sérieux et ça, c'est quand même un drame.
03:54Au pays de Tocqueville, au pays de tous ces grands ambassadeurs de la France,
03:59moi, ça me désespère un peu, je dois dire.
04:01Un accord de trêve qui peut aboutir, Eliott Mamann ?
04:04Oui, simplement préciser que la France n'a pas véritablement de place
04:10en tant qu'interlocutrice, alas, puisqu'elle est tout de même contestée
04:12par l'intégralité des parties prenantes de l'axe chiite,
04:15qu'il estime comme étant l'un des pays les plus islamophobes au monde.
04:17Il faut aussi se rendre compte de la prégnance de ce qu'il se passe au Proche-Orient
04:21par rapport aux attaques dont nous sommes directement victimes en France.
04:24Naturellement, ces pays-là n'estiment pas que les États-Unis sont un pays
04:28avec lequel ils sont en sympathie morale beaucoup plus prononcée que la France,
04:31simplement ils reconnaissent qu'ils ont une supériorité matérielle
04:34qui d'ailleurs a une traduction assez directe dans la région.
04:38Donc c'est peut-être aussi pour cette raison,
04:40avant de blâmer excessivement l'exécutif français,
04:42même si je comprends naturellement vos regrets,
04:46est-ce que cet accord de paix pourrait avoir lieu ?
04:50C'est une possibilité étant entendu qu'au Proche-Orient,
04:53un accord de paix définitif a une durée d'expiration d'environ un an,
04:57puisque quoi qu'il arrive, la folie meurtrière des parties constituantes
05:00de ce fameux axe chiite se réveille.
05:04Il s'agit toujours de contester la légitimité de l'existence de l'État israélien,
05:08de l'ennemi sioniste, comme ils l'appellent, et par ailleurs...
05:11Mais Eliott, permettez-moi, il y a quelques temps à peine,
05:14au moment de la mort d'Ismaïl Hanié,
05:17de Fouad Choker aussi également du côté du Liban,
05:21on imaginait que ces négociations ne pourraient jamais aboutir,
05:24qu'elles n'auraient même plus lieu, qu'on était au point mort.
05:26Et aujourd'hui, on a la sensation tout de même qu'on avance.
05:29Oui, vous avez raison, mais dans le même temps, par exemple,
05:31le chef des Outils a déclaré il y a environ une heure
05:34que la riposte iranienne, en réalité, prenait du temps,
05:37puisqu'elle allait être encore plus massive
05:39que tout ce que les scénarios pouvaient prédire.
05:41Donc, on voit que tous les acteurs ne sont pas non plus
05:43dans cette volonté de paix et de calme des tensions.
05:49Et surtout, une fois encore,
05:51peut-être qu'en effet l'accord sera trouvé et ce serait tout à fait salutaire,
05:55d'autant que vraisemblablement, le président américain
05:58a tout de même une position plutôt d'équilibre
06:00qui ne viserait pas à condamner excessivement les Israéliens,
06:04contrairement à ce que l'on peut parfois entendre
06:06chez certaines voix de la diplomatie occidentale,
06:08ce que je regrette.
06:10Néanmoins, la paix au Moyen-Orient a souvent été souhaitée,
06:14des accords ont souvent été signés,
06:16et on a vu que sur le long terme, ces accords...
06:18Tensions reviennent.
06:19Exactement, notamment puisqu'on se retrouve avec des acteurs
06:23comme Hassan Nasrallah au Liban, le chef du Hezbollah,
06:27comme les Outils, comme les gardiens de la Révolution,
06:29qui en réalité ne souhaitent que ces accords pour pouvoir se réarmer.
06:34Et du moment que le calme qui aura été permis grâce à ces accords
06:37leur aura permis de reconstituer des forces
06:40qui leur semblera intéressantes,
06:41ils pourront reprendre leur vénérité à l'égard de l'État israélien.
06:45Naïm Bestandi, est-ce que la pression internationale
06:48est en train finalement de payer à pression des États-Unis
06:52et d'autres pays européens aussi ?
06:54Alors, pour ce que j'en sais,
06:57M. Netanyahou est assez imperméable à ce type de pression-là,
07:01puisqu'il est très contesté déjà, ne serait-ce qu'au sein d'Israël,
07:05par une bonne partie de la population,
07:07surtout par les familles des otages.
07:09Eh bien, si vous me le permettez,
07:10on peut écouter effectivement certains Israéliens,
07:13puisque vous parlez de pression du peuple israélien.
07:17Ils sont de plus en plus nombreux à réclamer la fin de cette guerre,
07:20la libération des otages.
07:22C'est le cas de ces manifestants interrogés aujourd'hui à Tel Aviv.
07:26Nous avons besoin d'un cessez-le-feu pour récupérer tous les otages.
07:31Nous ne pouvons plus faire confiance au gouvernement israélien.
07:33Ça fait dix mois qu'il torpille tous les efforts déployés pour parvenir à un accord.
07:40Nous savons qu'il y a un sommet aujourd'hui.
07:42Nous n'avons que très peu d'espoir quant au sérieux de la délégation israélienne
07:46pour signer l'accord.
07:47Nous appelons les nations du monde à nous aider à remédier à cette situation,
07:54à faire pression sur les deux parties,
07:55et en particulier sur le gouvernement israélien,
07:57qui ne fait que traîner les pieds et éviter de signer un accord sur les otages.
08:07À l'équipe de négociation,
08:09si un accord n'est pas signé aujourd'hui ou dans les prochains jours lors de ce sommet,
08:12ne retournez pas en Israël.
08:14Vous n'avez aucune raison de retourner en Israël sans accord.
08:17Il vaut mieux que vous restiez là-bas,
08:18que vous disiez que Netanyahou fait échouer l'accord,
08:21que vous n'avez pas de mandat,
08:22que vous n'avez aucune raison de retourner en Israël les mains vides.
08:27Quand on écoute ces proches d'otages,
08:30on a la sensation aujourd'hui qu'il n'y a pas de retour en arrière.
08:33Le gouvernement israélien doit trouver une solution,
08:36doit signer un accord de paix.
08:38C'est en tout cas le souhait de ces proches d'otages,
08:41c'est aussi le souhait de plus en plus d'Israéliens.
08:44C'est le souhait de plus en plus d'Israéliens et notamment des familles d'otages,
08:47mais le gouvernement israélien, lui, son objectif, c'est d'éradiquer le Hamas.
08:51Les familles des otages, pour eux, d'après ce qu'on peut constater,
08:54c'est secondaire.
08:55Moi, je considère qu'ils n'éradiqueront jamais le Hamas
08:59parce que s'ils arrivent à éliminer les gens,
09:01ce n'est pas comme ça qu'ils élimineront l'idéologie.
09:03Plutôt, ils vont attiser les braises
09:07et même, là, ils sont en train de fabriquer de futurs terroristes pour Israël, c'est certain.
09:11Mais au-delà de ça, Netanyahou est donc assez imperméable aux pressions.
09:17Aux États-Unis aussi, il y a une montée en puissance
09:20des pro-palestiniens au sein du Parti démocrate.
09:24Donc, ça peut jouer aussi à terme sur les négociations.
09:27Et puis, il faut savoir aussi que j'étais en Israël
09:29il y a un peu plus d'un an, bientôt deux ans.
09:32J'étais surpris de constater que les Israéliens, en tout cas ceux avec qui j'ai discuté,
09:36sont obsédés par leur sécurité légitime.
09:38Ils sont obsédés par ça.
09:40Ils ne cherchent pas trop à savoir ce qui se passe en Cisjordanie et à Gaza.
09:42Tout ce qu'ils veulent, c'est que ce soit calme.
09:44Donc, ils n'avaient pas conscience.
09:46La population n'avait pas forcément conscience de ce qui pouvait se passer.
09:49Par contre, ils se sentent cernés.
09:51Ils se sentent cernés par le Liban, par l'Iran, par le Hamas à Gaza.
09:56Ils savent qu'ils doivent gérer plusieurs fronts.
09:59Et ça, ça pèse aussi sur les négociations.
10:01C'est pas seulement Hamas, Liban, Iran.
10:04C'est tout cet ensemble-là qui pèse sur la population.
10:07Et Benyamin Netanyahou, lui, il est un peu aussi pris en étau
10:11avec la partie radicale de l'extrême droite,
10:14de son gouvernement, qui, elle, ne veut absolument rien savoir.
10:17Il y a un autre fait majeur aujourd'hui, au-delà de ces négociations,
10:21c'est qu'après 17 ans d'absence, Mahmoud Abbas veut se rendre à Gaza.
10:25Écoutez, sa prise de parole, c'était il y a quelques heures
10:27devant le Parlement turc à Ankara.
10:30J'annonce devant vous, devant le monde entier
10:35et devant notre peuple palestinien,
10:38puisque nous n'avons pas d'autre solution,
10:42que j'ai décidé de me rendre à Gaza
10:47avec d'autres dirigeants frères palestiniens.
10:56Voilà Mahmoud Abbas qui, donc, 17 ans après,
10:58souhaite se rendre dans la bande de Gaza.
11:01Ce possible voyage, ces avancées prometteuses,
11:06des discussions pour un accord de trêve et la libération des otages.
11:11Jean-Marie Godard, on ne peut qu'y voir des signaux positifs,
11:16même si, encore une fois, comme je le disais tout à l'heure,
11:17il faut toujours se montrer prudent.
11:19On le sait, la situation régionale est plutôt explosive.
11:21Oui, on peut y voir tout à fait des signaux positifs.
11:24Moi, il y a une question que je me posais,
11:26c'est est-ce que Benyamin Netanyahou veut un accord ?
11:31Parce qu'il a une situation personnelle, quand même, qui est très compliquée.
11:36Il y a eu, avant le 7 octobre,
11:38une crise politique très importante en Israël,
11:41avec des manifestations monstres contre sa politique.
11:47Il a plusieurs affaires en justice qui sont, quand même, bien embarrassantes.
11:52Et tout ça est en stand-by tant que le conflit dure.
11:55Oui, et sa responsabilité dans les attaques du 7 octobre aussi.
11:58Une vraie question, oui.
11:59Ça aussi, il va y avoir une commission d'enquête.
12:01Et cette question a déjà été soulevée par plusieurs spécialistes,
12:08et même en interne aux forces de sécurité israéliennes.
12:13Il y a une vraie question autour de
12:14est-ce qu'il y a une vraie volonté de Benyamin Netanyahou que le conflit cesse ?
12:19Parce que l'arrêt du conflit signifie, pour lui, des ennuis internes.

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