80 ans du Débarquement de Provence : Emmanuel Macron continue-t-il de gagner du temps ?

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Dans Europe midi, Mickael Dorian et ses invités débattent de dernières informations.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3
Transcript
00:00Avec Mickaël Dorian, jusqu'à 14h sur Europe 1, c'est l'heure de débattre avec vos deux invités.
00:06Mickaël, aujourd'hui le chroniqueur politique Olivier D'Artigolle est face à l'écrivain et philosophe Nathan Devers.
00:12Bonjour à tous les deux.
00:13Bonjour.
00:14Ravid de vous accueillir cet après-midi.
00:16Les 80 ans du débarquement de Provence, Emmanuel Macron était là, comme à chaque fois d'ailleurs,
00:21dans un exercice qu'il affectionne particulièrement, celui de la commémoration.
00:24Malheureusement pour lui, les cérémonies ont dû être écourtées en raison des orages.
00:28D'abord, Olivier D'Artigolle, est-ce que vous avez suivi cette cérémonie ce matin ?
00:32Oui, je l'ai suivi dans l'essentiel de ce qui a pu être fait.
00:37D'abord, je trouve que c'est très important de célébrer le débarquement sur les plages du Var,
00:42parce que systématiquement, ce fait historique a beaucoup contribué à la libération du territoire,
00:50à créer un rapport de force pour y compris la libération de toute l'Europe,
00:53et peu présent dans l'imaginaire collectif.
00:58Totalement écrasé par le D-Day et par le débarquement en Normandie.
01:03Or, c'est une belle histoire.
01:04D'abord, la présence française est beaucoup plus importante, avec le général Delattre,
01:08et avec des Français d'Afrique du Nord, des Français des forces françaises libres,
01:14et ces soldats dits musulmans à l'époque, des colonies,
01:19qui ont beaucoup contribué à la libération du territoire.
01:23Et malgré les engagements, le travail de mémoire, le travail mémoriel autour de ces belles figures,
01:30héroïques, reste pour l'essentiel à faire.
01:33J'ai souvenir, il y a quelques années, d'Emmanuel Macron encourageant les élus locaux
01:38à donner le nom de rue, de place publique, à ces tirailleurs sénégalais,
01:43à ces soldats des anciennes colonies françaises,
01:46et on ne peut pas dire véritablement que cela a été suivi des faits.
01:50Donc, c'était bien sur l'aspect mémoriel.
01:52Après, il y a un bémol sur la dimension diplomatique,
01:56puisque contrairement à d'autres cérémonies sur des années passées,
02:01la présence des États africains était un peu faible pour ce 80e anniversaire,
02:09pour des raisons diplomatiques, d'influence de la France au niveau international,
02:14et plus précisément en Afrique.
02:16Nathan Devers, c'est vrai que c'est un événement, ce débarquement de Provence,
02:19qui est assez méconnu des Français, beaucoup moins en tous les cas que celui de Normandie.
02:23Exactement, et c'est malheureux, parce qu'en effet, ça a été un événement historique
02:28extrêmement important, important à plusieurs égards.
02:32La première raison, c'est exactement ce que vous avez rappelé,
02:35c'est le fait qu'il y avait une présence française
02:37qui était beaucoup plus importante
02:42que dans la libération de la France qui s'est produite
02:45depuis le Nord et depuis la Normandie.
02:48Donc, ce qui est important, c'est évidemment de rappeler que la France,
02:51ça c'est la grande légende gaullienne,
02:54s'est libérée par elle-même.
02:56Vous le savez, le général de Gaulle avait le plus grand mal
02:59à commémorer le débarquement d'Omaha Beach.
03:02Il s'en explique notamment dans le livre de Perfit,
03:06c'était la France, c'est Perfit qui rapporte les propos,
03:09mais précisément parce que ça le dérangeait au plus haut point,
03:11de se dire que la France avait été libérée par des Américains,
03:15par des alliés, et dans le cadre d'une opération qui s'appelait Overlord,
03:19et où il était ainsi évidemment question d'imposer une influence américaine en France.
03:24Ça n'a pas été le cas dans l'esprit du débarquement de Provence.
03:28Et la deuxième chose qu'on pourrait dire, me semble-t-il,
03:30sur ces cérémonies, c'est leur aspect douloureux,
03:33pas seulement pour celle-ci, mais qu'on sent bien
03:35qu'on est en train, là, d'abandonner la mémoire au profit de l'histoire.
03:38Les derniers témoins sont en train de disparaître,
03:41et on va devoir aborder cette période avec une forme de recul,
03:43de distance terrible, épique aussi.
03:45Alors, le président de la République, évidemment, l'a compris,
03:48était bien sûr dans son rôle, mais on a l'impression quand même
03:50qu'entre la libération de Paris lundi à la préfecture,
03:53le débarquement dans le Var, c'est aussi une façon
03:56pour lui de gagner du temps et de jouer la montre.
03:59Emmanuel Macron qui, lundi, a dit que ce que les Français
04:02avaient vécu pendant les Jeux Olympiques,
04:05c'était la vraie vie.
04:08On a un peu l'impression qu'au contraire, le retour à la vraie vie,
04:11Emmanuel Macron essaie par tous les moyens,
04:14de le repousser, Olivier Dardigolle.
04:16Moi, je ne chercherai pas vilaine polémique
04:18concernant les commémorations,
04:20aujourd'hui, concernant le débarquement en Provence,
04:23ou dans quelques jours, sur Paris.
04:26C'est inscrit à l'agenda
04:29et notre PNI s'honore
04:32à faire en sorte que, au plus haut niveau de l'État,
04:35avec l'appareil d'État, ces journées puissent être commémorées
04:38comme il se doit. Il n'y a pas qu'un enjeu de mémoire.
04:41La commémoration est aussi
04:44un signal que nous donnons sur la manière
04:47dont nous voulons continuer à rendre vivant
04:50un certain nombre de valeurs. Après, le fait que le président
04:53soit tenté, après
04:56l'expression qui fait florès aujourd'hui de parenthèse
04:59enchantée des Jeux Olympiques, de pousser un peu
05:02le calendrier, le temps de résoudre
05:05une équation politique et parlementaire particulièrement
05:08difficile, bon, je veux dire, c'est de bonnes guerres.
05:11Reste qu'il va lui falloir
05:14mettre une proposition sur la table
05:17parce qu'il y a, parmi l'ensemble des agendas
05:20politiques de la rentrée, un qui est gravé en lettres d'or
05:23et avec un agenda très contraint, c'est la construction
05:26du budget, avec la nécessité de
05:29respecter un certain nombre de dates
05:32de processus pour doter le pays avant le 31 décembre
05:35d'un budget pour l'année prochaine.

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