• il y a 2 mois
"Covid, une jeunesse sur le fil" est un documentaire de 2021 qui explore l'impact de la crise sanitaire sur la santé mentale des adolescents. Réalisé par Sonia Hedidi, ce film met en lumière les défis psychologiques auxquels les jeunes ont été confrontés durant la pandémie de COVID-19. Le documentaire, d'une durée de 60 minutes, a été diffusé sur LCP et est disponible jusqu'en octobre 2024. Le film se déroule notamment à l'hôpital de Rennes, où il suit des adolescents en détresse, illustrant les conséquences de l'isolement et des restrictions sanitaires sur cette tranche d'âge. Après la diffusion, un débat animé par Elizabeth Martichoux a permis d'approfondir les discussions autour de ce sujet crucial.

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00:01:00...
00:01:25Est-ce que ça s'était déjà produit,
00:01:27des départs comme ça en pleine nuit ?
00:01:29Ouais, les soirs où je n'arrive pas à dormir,
00:01:32où je ne sais pas quoi faire, je me sens agité, etc.
00:01:35Vous vous sentez, excusez-moi, agité ?
00:01:37Agité, ouais.
00:01:39J'ai l'impression de devenir fou en restant dans ma chambre,
00:01:42mais du coup, je sors, quoi.
00:01:44D'accord. Qu'est-ce que vous faites ?
00:01:46Je vais faire un moment, mais sinon...
00:01:48C'est juste le plaisir de se balader la nuit.
00:01:52J'aime beaucoup en faire la nuit, parce que...
00:01:55je me concentre juste sur le chemin.
00:01:58J'écoute.
00:02:00Je ressens.
00:02:02En fait, le vélo...
00:02:07ça fait que je ne ressens rien.
00:02:09Et quand on est triste,
00:02:12rien ressentir, c'est cool.
00:02:15Ça enlève...
00:02:17toutes les souffrances,
00:02:19les idées sombres.
00:02:21Et quand vous dites la nuit, il est quelle heure ?
00:02:24J'attends qu'il dorme, vers 2h du mat'.
00:02:27Après, plus dans un objectif de revenir,
00:02:30parce que là, la dernière fois, je ne comptais pas revenir.
00:02:41Vous avez dit, je suis restée sur le pont deux heures.
00:02:46Comment ça vous est venu en tête, cette idée de vous jeter du pont ?
00:02:51C'est un peu le sentiment d'être totalement dépassé.
00:02:56Et plus connecté, vraiment, à...
00:03:01à ce qui se passe.
00:03:03À ne pas comprendre ce qui m'arrive, le monde qui m'entoure, etc.
00:03:09Et quand on en vient souvent à se poser la question,
00:03:12pourquoi on existe ?
00:03:13Pourquoi on fait l'effort de continuer à exister ?
00:03:16Et si on fait le ratio de la balance, on ne comprend pas trop, en fait.
00:03:20Et du coup, on trouve ça plus logique de partir.
00:03:24Tout simplement, c'est un peu une solution de lâcher,
00:03:27mais de quitter,
00:03:29parce qu'au final, ça nous fait plus de mal que de bien.
00:03:32Donc, il faut en arrêter là.
00:03:33On a l'impression que c'était très rationnel, le pour et le contre.
00:03:37Le choix qui a été opéré sur le pont, c'est de ne pas sauter ?
00:03:40Honnêtement, je n'ai pas la sensibilité à le faire.
00:03:44Honnêtement, je n'ai pas la sensation d'avoir pris une décision,
00:03:48mais...
00:03:52Sur le moment, je n'en sais rien.
00:03:54Vraiment, je suis là, je ne comprends pas,
00:03:57et le déclic ne vient pas, en fait.
00:04:00Et c'est ça qui va faire que ça redescend d'un cran
00:04:03et que vous rentrez chez vous.
00:04:05Et là, du coup, t'as toqué.
00:04:08Et alors, du coup, quand vous avez ouvert la porte ?
00:04:11Je suis restée très bête,
00:04:13et j'ai dit, Paul, rentre tout de suite.
00:04:16T'avais froid, t'étais mouillée.
00:04:18Voilà, donc, je suis montée avec toi dans ta chambre.
00:04:21Je sais plus, tu t'es couchée aussitôt, je crois.
00:04:24Et puis, le soir, on a essayé d'en discuter,
00:04:26mais t'étais fermée, donc t'as pas voulu.
00:04:29Vous n'aviez aucune réponse
00:04:30par rapport à ce qui s'est passé cette nuit-là ?
00:04:33Non, mais c'est habituel.
00:04:34On a rarement de réponses à nos questions.
00:04:37Vous imaginez bien
00:04:39que maintenant, on a du mal à dormir le soir.
00:04:42Donc, ça, c'était, du coup,
00:04:43il y a un mois de mai.
00:04:45Donc, je me suis interrogée
00:04:48sur, finalement, cet état de mal-être
00:04:50où vous aviez besoin de sortir la nuit.
00:04:52Est-ce qu'il y a quelque chose, dans le confinement,
00:04:55qui a contribué à augmenter la tension,
00:04:57alors qu'avant, c'était plus gérable ?
00:04:59Je me suis déjà posé la question,
00:05:01et je pense que ça a peut-être rajouté quelque chose.
00:05:05Pour moi, oui, ça a un impact, quand même.
00:05:07Déjà, moi aussi, puisque j'ai fait une dépression
00:05:09qui était plus liée à mon travail.
00:05:11Mais c'est tout le confinement,
00:05:14la maison où c'était, du coup, tendu.
00:05:18Moi, je garde le souvenir
00:05:21d'avoir mal vécu le confinement.
00:05:23C'est fort probable que les angoisses de Paul
00:05:25soient déclenchées pendant le confinement,
00:05:27en tout cas, aggravées pendant le confinement.
00:05:31Avant, il y avait déjà des sources de tension à la maison.
00:05:33Ça, c'est clair, il ne faut pas le nier.
00:05:36Mais le fait de vivre tous ensemble
00:05:4024 heures sur 24, je pense que ça n'a pas aidé.
00:05:43C'était source de tension supplémentaire
00:05:46et d'une certaine angoisse.
00:05:58Il ne faut pas trop réfléchir aux réponses.
00:06:00Vous y allez vraiment rapidement.
00:06:11Musique douce
00:06:13...
00:06:32Sonnerie.
00:06:34Oui, bonjour, c'est de nouveau le professeur Sylvie Torgeman.
00:06:38...
00:06:39Vous voulez commencer par qui ?
00:06:41Paul, racontez-nous.
00:06:44Sur l'entretien d'aujourd'hui,
00:06:46il a rempli les questionnaires
00:06:49d'intentionnalité suicidaire et d'impulsivité.
00:06:53C'était important que ça ne soit pas rempli au domicile
00:06:55et qu'il puisse le faire dans un lieu plus neutre que le domicile.
00:06:58C'est vrai qu'on lui a proposé d'aller dans le bureau mobile.
00:07:01Ça aussi, dans le bureau mobile, il sort de chez lui en chaussettes.
00:07:06Il sort en chaussettes. Moi, je veux bien,
00:07:07mais il y a des comportements un peu inadaptés.
00:07:10On ne sort pas en chaussettes dans la rue.
00:07:12Toujours est-il... Il a rempli ses questionnaires.
00:07:15Par rapport à l'impulsivité, je reconnais qu'il n'aurait pas
00:07:18des scores si élevés que ça, même s'il y a la notion de scarification.
00:07:23C'est toujours le bras gauche, l'avant-bras.
00:07:25C'est pas le bras, c'est l'arrière-bras.
00:07:27Il explique en disant que c'est le gauche.
00:07:29C'est logique.
00:07:31En expliquant les choses classiques sur la scarification,
00:07:33que ça le soulage.
00:07:35L'intentionnalité suicidaire, il est sur des scores de 36,
00:07:41sachant que dans la littérature, c'est à partir de 19
00:07:44où on peut considérer que l'intentionnalité suicidaire est sévère.
00:07:48Il est à 36.
00:07:50A-tu écrit un message d'adieu ?
00:07:53Il met oui dans une ancienne tentative
00:07:55et il rajoute non, pas pour une prochaine tentative.
00:07:59C'est comme s'il nous annonce que...
00:08:02C'est pour ça que...
00:08:03Il nous a dit pas d'alerte.
00:08:05Si je suis déterminée, j'irai au concours.
00:08:07C'est ça.
00:08:08Pas cette fois-ci, mais pour la prochaine.
00:08:11C'est une bombe à retardement.
00:08:13Une fois qu'on a dit ça,
00:08:15est-ce que l'hospitalisation pourrait avoir un sens ?
00:08:24Ce qu'on voit le plus souvent,
00:08:26c'est des difficultés psychologiques qui étaient d'ores et déjà là,
00:08:29mais qui vont être amplifiées par la situation de confinement.
00:08:34On a été confrontés à une augmentation de plus de 100 %
00:08:37des crises suicidaires,
00:08:39avec deux fois plus de pré-adolescents, adolescents
00:08:43qui faisaient des tentatives de suicide et qui présentaient des idées suicidaires.
00:08:46On peut considérer que cette crise sanitaire
00:08:50a joué un rôle de révélateur,
00:08:52a été aussi un amplificateur par rapport à des jeunes
00:08:55qui avaient d'ores et déjà des problèmes bien antérieurs
00:08:58à la crise sanitaire.
00:09:01C'est un constat qui a été fait dans plusieurs villes.
00:09:04C'est pas uniquement à Rennes que ça se passe.
00:09:16J'ai une peur panique de la solitude.
00:09:19Quand on m'a annoncé un confinement avec lycée fermé,
00:09:23obligé de rester chez moi, entre quatre murs,
00:09:26avec mes parents, mon frère, pendant une durée indéterminée,
00:09:29je l'ai très mal vécu, ça.
00:09:31Je l'ai très mal vécu,
00:09:33puisque c'est une période où j'essayais d'être chez moi le moins possible.
00:09:37C'étaient mes années lycées.
00:09:39Je me sentais bien au lycée, même si c'était pas parfait,
00:09:43mais c'étaient des années qu'on me volait
00:09:45du temps de ma jeunesse que je ne retrouverais pas,
00:09:48du temps avec mes amis, des sorties qu'on n'a pas pu faire,
00:09:51du temps avec ma famille que je n'ai pas pu passer.
00:09:54Je pense notamment à mes grands-parents,
00:09:59qui vieillissent, et c'est du temps qui ne se rattrapera pas.
00:10:04Donc ça, ça a été difficile.
00:10:07J'avais l'impression de...
00:10:10C'était pas qu'une impression, j'avais pas le droit de faire ce que je voulais.
00:10:12Et c'est très frustrant, parce qu'on me dit...
00:10:17Entre 15-25 ans, c'est les meilleures années de la vie,
00:10:20il faut sortir, il faut profiter, et on n'avait pas le droit.
00:10:24Après le confinement, j'ai commencé à avoir des idées suicidaires,
00:10:28donc on a pris la décision avec mes parents de m'éloigner.
00:10:32Voilà, l'été s'est passé assez difficilement.
00:10:36Et puis, à la rentrée,
00:10:39ça allait un peu mieux,
00:10:41et puis à partir de là, tout ça, ça a été un peu la chute libre.
00:10:45Mais je suis allée au lycée comme tous les jours,
00:10:47et puis dans l'après-midi,
00:10:50j'ai décidé d'aller à l'université,
00:10:52à l'infirmerie, parce que j'avais besoin de dormir, j'étais fatiguée.
00:10:58Et puis, me retrouvant à l'infirmerie, je me suis dit que...
00:11:02que c'était peut-être l'occasion de...
00:11:07Voilà, de dormir un grand, grand coup.
00:11:10Donc j'ai demandé un verre d'eau,
00:11:12et j'ai pris beaucoup de médicaments d'un coup.
00:11:16Je m'étais dit, c'est fait, c'est pas grand-chose.
00:11:19C'est un verre d'eau, et c'est fait.
00:11:21Et je sais pas si je me réveillerais, j'ai pas envie de me réveiller.
00:11:26Si ça se trouve, voilà, j'ai encore quelques jours devant moi.
00:11:29Si ça se trouve, je me réveillerais pas.
00:11:37Dans un premier temps, il y a eu toute une période, entre guillemets,
00:11:41de diagnostic, c'est-à-dire que j'ai rencontré toute l'équipe
00:11:44en différents rendez-vous.
00:11:46On m'a proposé un suivi par un psychothérapeute,
00:11:50et peut-être envisager une thérapie familiale.
00:11:54J'ai dit déjà que les deux options qui me concernaient m'allaient.
00:11:57Très honnêtement, si ça peut permettre à mes parents d'être rassurés
00:12:01et qu'ils me lâchent un peu, je signe.
00:12:04Ils aient pas ce rôle-là,
00:12:07parce que c'était mes parents, pas mes psys.
00:12:10On se voit aujourd'hui pour faire un point d'étape
00:12:14par rapport à la prise en charge qui a été initiée avec l'unité mobile.
00:12:18Prise en charge qui a commencé, du coup, en fin d'année 2020,
00:12:22suite à un passage sur une unité d'hospitalisation de courte durée.
00:12:27Il y a eu quatre séances de thérapie familiale,
00:12:30donc en présence de vos parents et de vos parents-enfants.
00:12:34Il y a eu quatre séances de thérapie familiale,
00:12:36donc en présence de vos parents et de votre frère.
00:12:40Voilà, on devait faire un peu un point de où vous en êtes.
00:12:44Qu'est-ce que vous diriez ?
00:12:46Eh bien, je dirais que c'est assez fructueux.
00:12:50Surtout pour mon ressenti, en tout cas.
00:12:53C'est assez fructueux, notamment en ce moment.
00:12:56Il y a des périodes de mieux et des périodes plus difficiles.
00:13:00Je le sens quand je l'ai demandé.
00:13:03Au niveau des facteurs physiques,
00:13:05j'ai une grande fatigue, en général.
00:13:08J'ai des pertes de cheveux.
00:13:10Depuis le confinement, j'ai des pertes de cheveux importantes.
00:13:14En général, je les vois bien.
00:13:16C'est des scarifications aussi.
00:13:18Il y a deux choses sur lesquelles je voulais rebondir.
00:13:21La perte de cheveux, parce que comme vous avez des cheveux flamboyants,
00:13:25et d'entendre que vous avez une perte de cheveux, c'est pas rien.
00:13:28C'est sûr que la première fois que ça m'est arrivé, j'étais en panique.
00:13:31Ca fait partie de vous-même.
00:13:34On a vraiment l'impression que c'est un attribut
00:13:37qui est intégré à votre personnalité.
00:13:40C'est pas rien de perdre les cheveux.
00:13:42Deuxièmement, c'est par rapport aux scarifications.
00:13:45Au dernier entretien que j'avais fait avec vous,
00:13:48vous aviez dit quelque chose de très important.
00:13:51Vous aviez dit que vous n'en étiez pas au stade de vous rescarifier,
00:13:55comme ça avait pu l'être quand on vous a connus
00:13:59suite à votre tentative de suicide.
00:14:01Mais vous aviez l'image de ces scarifications
00:14:04et qu'il fallait que vous vous reteniez.
00:14:06C'était juste au moment où on a été reconfinés.
00:14:09Je crois que, suite à ça, dans les semaines qui ont suivi,
00:14:12il y a pu avoir vos scarifications.
00:14:14Est-ce qu'on pourrait en dire un mot ?
00:14:16Alors, en général,
00:14:18les moments où je...
00:14:22Où il y a un passage à l'âme,
00:14:24c'est pas quand il se passe rien.
00:14:27C'est quand, par exemple,
00:14:28quand j'échange par message avec des amis
00:14:34et que je peux pas les voir.
00:14:37En général, c'est quand il y a un mélange extérieur.
00:14:41Et en général, à ce moment-là, il y a un entretien.
00:14:45Et en général, c'est à ce moment-là que ça se produit.
00:14:59Ce qui a majoré les choses, c'est quand même l'isolement social.
00:15:04Un enfant, effectivement, il a besoin d'un terreau.
00:15:07C'est sa famille, et c'est là où il va quand même un petit peu puiser
00:15:11tous les nutriments nécessaires, etc.
00:15:13Mais l'idée, c'est ce qui s'épanouit,
00:15:15c'est qu'il agrandisse son monde.
00:15:17Et quand je dis agrandir son monde,
00:15:19c'est sur le plan cognitif, en faisant des apprentissages,
00:15:22en découvrant tout un tas de trucs,
00:15:24en prenant du plaisir à faire tourner la machine à penser,
00:15:26en augmentant son monde relationnel,
00:15:29avec des bandes, des groupes, des groupes sociaux,
00:15:32un club sportif, une association culturelle, etc.
00:15:35S'il n'a pas ça, son développement est freiné.
00:15:41Le fait d'avoir réduit tout ce champ
00:15:44en relation d'exploration sociale,
00:15:46donc, de fait, un vécu d'appauvrissement
00:15:50et puis de repli sur soi,
00:15:52mais aussi de dépression, chacun dans son coin.
00:15:56Musique douce
00:15:59...
00:16:03Il toque à la porte.
00:16:05Bonjour. Je suis l'interne
00:16:07de l'équipe mobile des urgences pédopsychiatriques.
00:16:10On peut se voir un petit peu ?
00:16:12Tu te souviens un petit peu le début du confinement,
00:16:15en mars 2021 ?
00:16:16Euh... Oui.
00:16:17Le premier confinement. Comment tu l'as vécu, toi ?
00:16:20Ben...
00:16:22Mes amis m'ont beaucoup manqué.
00:16:24Ouais ?
00:16:24Et du coup, je les appelais souvent.
00:16:27Ouais.
00:16:28Tu peux nous dire, avec tes mots à toi,
00:16:30ce qui s'est passé, là ?
00:16:32Ben, j'ai pas réfléchi et...
00:16:34J'ai fait la con.
00:16:35Du coup, t'as pris quoi ? C'est des médicaments ?
00:16:38J'ai pris des doliprane...
00:16:40J'ai pris toute la boîte.
00:16:42Toute la boîte. OK.
00:16:44Y a pas quelque chose à quoi t'as pensé ?
00:16:46Y a rien qui te raccroche à la vie ?
00:16:48T'as pas réfléchi ?
00:16:49Non.
00:16:50Non. OK.
00:16:51Est-ce que là, en fait, aujourd'hui...
00:16:53En tout cas, par rapport à ta prise médicamenteuse,
00:16:57tu dirais qu'hier, t'avais vraiment envie de mourir ?
00:17:00Oui.
00:17:01Et aujourd'hui ?
00:17:03Non.
00:17:04Non.
00:17:05Et qu'est-ce qui fait que t'as moins envie de mourir aujourd'hui ?
00:17:09Ben...
00:17:10Parce que j'ai pas envie de voir les personnes que j'aime.
00:17:13Triste.
00:17:15Et qu'est-ce qu'il y a d'autre qui te ferait dire
00:17:18que ça vaut le coup de vivre, en fait ?
00:17:21Ben...
00:17:21Que ça se trouve, j'aurais un avenir plus joyeux.
00:17:26Et quoi d'autre ?
00:17:28Et que ça sert à rien de vivre pour les autres.
00:17:31Bien ce que tu dis.
00:17:33Qui pourrait t'aider, là, en fait, à garder de l'espoir ?
00:17:37Ben...
00:17:39Ma mère, mon père, ma soeur et mes amis.
00:17:43Ouais.
00:17:44Tu sais ce que tu veux faire plus tard, déjà ?
00:17:47Psychologue, présidente ou pâtissière.
00:17:50C'est pas pareil.
00:17:50C'est pas pareil. OK.
00:17:52Pâtissière ou président. OK.
00:17:56Ouais.
00:17:58Bon, ben, je suis pas sûre que ça nécessite forcément
00:18:01une hospitalisation pour votre maman.
00:18:10Donc, qui est arrivé malade depuis plusieurs années.
00:18:14TS en janvier, myatarax et fluoxétine.
00:18:17Suivi psychologue, mais peu d'envie d'y aller.
00:18:19Et ce soir, les paroles du papa auraient motivé Yvan
00:18:23à penser à des idées suicidaires.
00:18:25La mère souhaite une aide médicale.
00:18:28En sachant qu'il n'y a pas de place.
00:18:30Là, pour le moment, les 4 lits sont pleins ?
00:18:32Ben, c'est ce que disait Périne tout à l'heure.
00:18:35Je vais appeler tout de suite.
00:18:37T'appelles ou... Ouais.
00:18:39Oui, bonjour. C'est Paul Guillemot, là, aux urgences.
00:18:42T'as l'écran. Nous, on a les 4 lits occupés.
00:18:45Est-ce qu'il y a des perspectives de sortie,
00:18:49aujourd'hui ou demain, qui libèreraient les lits ?
00:18:52Et demain, éventuellement, samedi ?
00:18:58D'accord. Parce que là, on a 3 enfants
00:19:03à l'UHCD d'ici.
00:19:06J'ai pas regardé précisément...
00:19:09Ouais, je veux bien, ouais.
00:19:10D'accord. Donc, il y a 3 places potentielles...
00:19:14Non ?
00:19:16Je pense qu'on va être amenés à se rappeler dans la matinée
00:19:20ou un peu plus tard.
00:19:22Bonne journée. À plus tard.
00:19:28On a eu une augmentation vraiment spectaculaire
00:19:32de jeunes, plutôt des 13, 14, 15 ans,
00:19:36qui, d'emblée, arrivent aux urgences.
00:19:38Pour idées suicidaires, voire passage à l'acte suicidaire,
00:19:42que ce soit des intoxications médicamenteuses volontaires
00:19:45ou des phlébotomies, voire des tentatives de défenestration,
00:19:48des choses comme ça. Ce qui, évidemment, génère
00:19:51une grosse inquiétude, voire une sidération complète
00:19:54du côté des parents.
00:19:56Sur l'équipe mobile d'urgence pédopsychiatrique,
00:20:00on est passés de 1 à 2 tentatives de suicide
00:20:03à 5 tentatives pendant toute la période de reconfinement.
00:20:05On a été amenés à s'interroger sur ce qu'on pouvait mettre en place
00:20:09pour pouvoir gérer du mieux possible cette situation.
00:20:12On est passés d'une préconisation d'hospitaliser
00:20:15à le fait, puisque les lits n'étaient pas suffisants,
00:20:18qu'il fallait qu'on aille faire des hospitalisations à domicile
00:20:21et qu'on aille travailler avec la famille.
00:20:36Musique douce
00:21:01Comment tu te sens, là, aujourd'hui, par rapport aux urgences ?
00:21:05Avec mes amis, on a beaucoup rigolé aujourd'hui.
00:21:09Quand je suis revenue, ils m'ont offert plein de cadeaux.
00:21:12Du coup, j'adore peindre, et ils m'ont offert de la peinture.
00:21:16Sinon, ils m'ont offert des dessins et des mots.
00:21:19OK. Comment t'as ressenti ça ? Comment t'as vécu ça ?
00:21:23Le fait qu'on te donne et qu'on te montre
00:21:26l'affection qu'on a pour toi.
00:21:28Je me sentais bien, du coup.
00:21:30La dernière fois, elle t'expliquait
00:21:34que quand t'avais pris les médicaments le soir même,
00:21:38t'avais envie de mourir.
00:21:41Et que le lendemain, quand on s'est vus,
00:21:44tu t'exprimais moins d'idées suicidaires.
00:21:47Est-ce que tu dirais que maintenant, tu en as encore un peu ?
00:21:51J'en ai quelques fois, mais je pense pas que je vais le refaire.
00:21:56Est-ce que t'avais envie de compléter par rapport à ce que tu disais ?
00:22:01Tu parlais aussi peut-être de l'inquiétude que tu avais pour tes parents.
00:22:05Et que t'avais besoin de savoir ce qui les tracassait
00:22:08et à quel point ça les tracassait.
00:22:11Tu es encore inquiète, là, pour ton père ou pour ta mère ?
00:22:15Oui.
00:22:18Plus pour un que pour l'autre ?
00:22:21Non.
00:22:23Non ? Pour les deux ?
00:22:24Est-ce que t'as envie de nous dire de qu'est-ce qui t'inquiète ?
00:22:28Vu qu'il garde souvent les choses, du coup, je sais pas tout.
00:22:33J'ai envie qu'il me parle plus pour que je puisse les réconforter.
00:22:37D'accord. T'as envie de les réconforter ?
00:22:40Oui, même si je sais que c'est pas mon rôle.
00:22:43Moi, j'aime bien quand ils vont mieux.
00:22:46Bah oui. Mais tu t'inquiètes ?
00:22:48Oui. Parce que tu vois des signes ?
00:22:51Oui.
00:22:52Et qui d'autre les réconforte, à part toi ?
00:22:57Bah...
00:23:00Mon papa, il a pas beaucoup d'amis.
00:23:03Et ma maman, je sais pas.
00:23:07Faut pas vous inquiéter pour nous.
00:23:10Des fois, y a des vrais et des vieux dans la vie.
00:23:13C'est comme ça.
00:23:15Y a des moments, ça va, y a des moments, ça va moins bien,
00:23:18en fonction de tout.
00:23:20L'argent, le boulot...
00:23:21Des fois, t'as des périodes où tout se cumule,
00:23:24et du coup, les gens, ils vont pas forcément bien.
00:23:28Alors, depuis la pandémie, on a un autre phénomène
00:23:32qui existait auparavant, mais qui s'est nettement amplifié.
00:23:36C'est une proportion de jeunes qui viennent dont on dit non.
00:23:40Ça devient une forme de jargon.
00:23:42Il nous a amenés ses parents.
00:23:44Il va se plaindre de quelque chose,
00:23:46mais en réalité, ce qui va vite transparaître,
00:23:48papa ou maman, ou les deux, ou le couple, ne va pas bien du tout.
00:23:52Et c'est parfois une manière, pas toujours consciente,
00:23:55mais d'impliquer des tiers,
00:23:58et notamment des tiers dits soignants, psy, etc.,
00:24:01pour qu'on vienne, entre guillemets,
00:24:04ouvrir la famille à un autre regard
00:24:07et possiblement à une intervention qui se veuille thérapeutique
00:24:11ou sociale, etc., etc.
00:24:18...
00:24:30Oui, bonsoir, madame.
00:24:32Je suis Anne-Léa, infirmière sur l'équipe mobile
00:24:35de pédopsychiatrie des urgences.
00:24:37Comment vous trouvez Madina, là, depuis qu'on s'est vues ?
00:24:40...
00:24:42D'accord.
00:24:44...
00:24:46Y a des paroles où je suis fatiguée, ouais.
00:24:48Je suis fatiguée, parce qu'il y a beaucoup de flux,
00:24:52mais aussi des histoires, des histoires qui sont difficiles.
00:24:56Y a des histoires, je pense,
00:24:58auxquelles n'importe qui peut se reconnaître, en fait.
00:25:01Et y a des moments où j'ai pas eu trop d'espoir.
00:25:05Après...
00:25:07Après, j'ai envie de dire que je reste persuadée, en fait,
00:25:13qu'une rencontre peut suffire, en fait,
00:25:15à faire dévier un petit peu une trajectoire.
00:25:19Et...
00:25:21Et donc... Mais ça, c'est tout un travail
00:25:24qui m'a pris plusieurs années,
00:25:26de se dire qu'en fait, c'est pas un coup d'épée dans l'eau.
00:25:29C'est plutôt une goutte d'encre qui va un petit peu colorer.
00:25:33Ce qui me donne encore l'envie de venir au travail tous les jours,
00:25:37ça serait cette idée-là, en fait,
00:25:39qu'une rencontre peut suffire.
00:25:41...
00:25:54C'est le cas d'une jeune fille de 10 ans
00:25:56qui était arrivée dans un contexte de crise au domicile.
00:25:59Apparemment, il y avait recrudescence des crises à la maison,
00:26:02toujours en lien avec la frustration,
00:26:04le cadre éducatif, les jeux vidéo.
00:26:07On note aussi qu'elle faisait du basket
00:26:09et que le basket était arrêté, du coup,
00:26:12également en lien avec le Covid.
00:26:14Donc, j'imagine que ça a dû la frustrer davantage.
00:26:17Durant cette période de confinement,
00:26:19certains jeunes ont pu être mis à mal
00:26:21avec une activité physique qui était encore plus diminuée,
00:26:24avec aussi des consommations d'écran qui avaient augmenté.
00:26:27Ceux qui sont dépendants aux écrans
00:26:29peuvent absolument pas respecter des heures physiologiques,
00:26:33que ça soit de sommeil, que ça soit de repas.
00:26:36À partir du moment où les horloges physiologiques
00:26:38sont complètement désynchronisées,
00:26:41c'est votre équilibre interne et votre capacité
00:26:44de vous adapter à l'environnement extérieur.
00:26:46C'est en ça que ça constitue un terrain de vulnérabilité
00:26:49par rapport aux troubles anxieux, aux troubles dépressifs
00:26:52et à l'émergence de psychose,
00:26:54la psychose étant une rupture de contact avec la réalité.
00:26:57C'est toute votre relation à la réalité extérieure
00:27:00et à l'environnement extérieur
00:27:02qui risque d'être menacée et altérée.
00:27:09Comment ça va ?
00:27:11Ça va.
00:27:12Ça va ?
00:27:13En spécial.
00:27:14D'accord.
00:27:15Si on revient un petit peu sur le fait
00:27:17de pourquoi tu étais passée aux urgences,
00:27:19tu te rappelles, toi ?
00:27:20Ouais, mais déjà, j'aime pas trop en parler.
00:27:23Ouais, mais en fait, on est quand même un petit peu là
00:27:26pour en parler.
00:27:27Alors, le premier passage aux urgences, en fait,
00:27:30était lié à une punition,
00:27:32parce qu'elle ne respectait pas nos règles et donc...
00:27:35Mais les règles, je leur comprends pas.
00:27:38Ça sert à rien.
00:27:39Enfin, il n'y a pas de différence entre...
00:27:41Les règles, c'est... Ne joue pas à Fortnite.
00:27:43Il n'y a pas de différence entre quoi et quoi ?
00:27:45C'est domestiqué.
00:27:46Il n'y a pas de différence, mais quand je joue à Fortnite
00:27:49et quand je joue pas, il n'y a pas de différence.
00:27:51Enfin, oui, ça, je peux aimer un jeu,
00:27:53mais je peux pas être accro.
00:27:55Nous, on considère qu'être accro,
00:27:57c'est se cacher pour jouer
00:27:59en trouvant le code de débrouillage du contrôle parental
00:28:01et quand on se cache pour jouer
00:28:04en dépit des consignes des parents,
00:28:07c'est qu'il y a une forme d'addiction, quand même.
00:28:10En fait, je comptais attendre un mois
00:28:12et vous dire, vous voyez, j'ai pas changé,
00:28:14mais j'ai joué à Fortnite.
00:28:16Est-ce que vous trouvez quand même que malgré tout,
00:28:19par rapport au motif de passage initial aux urgences,
00:28:22est-ce qu'il y a quand même un peu de mieux ?
00:28:24Là, enfin...
00:28:25C'est...
00:28:26C'est frustration, c'est...
00:28:28C'est...
00:28:28C'est...
00:28:30C'est frustration,
00:28:32qu'elle n'arrive pas forcément à bien appréhender,
00:28:35que nous, on n'arrive pas forcément à bien gérer non plus.
00:28:38C'est de la violence, de la violence verbale,
00:28:41de la violence physique, des cris, des pleurs.
00:28:43On dépasse le débat, là.
00:28:45Oui, tout à fait.
00:28:46Et est-ce qu'il y a eu...
00:28:47Donc, depuis qu'on s'est vus,
00:28:49est-ce qu'il y a eu des moments un petit peu d'extrême ?
00:28:51Alors, ça a peut-être servi d'électrochoc.
00:28:53C'était quand même un moment fort.
00:28:55Pompiers, ambulances à la maison.
00:28:56Urgences, urgences médiatriques.
00:28:59On est toujours sur le qui-vive, quand même,
00:29:01sur...
00:29:02Ma femme me dit des fois,
00:29:03oh là, elle est en train de glisser.
00:29:05On ne voit pas pourquoi ça...
00:29:07ça met dans des états comme ça, en fait.
00:29:09Et elle peut redescendre, la fleur au bout du fusil,
00:29:13quelques temps après, mais...
00:29:15Tu es sérieux ?
00:29:16Oui.
00:29:17Alors, le lendemain, il me dit,
00:29:19hé, salut, ça va ?
00:29:21Comme si tu aurais un été.
00:29:22En tout cas, papa essaie peut-être de renouer contact avec toi.
00:29:53C'est une jeune fille...
00:29:56De 13 ans.
00:29:5713 ans, 13 ans et demi, ouais.
00:29:59Elle parle d'hallucinations,
00:30:02de communication avec certains georges de 3 ans,
00:30:07qui seraient, en fait, un fantôme,
00:30:09qui seraient annonciateurs de mauvaises nouvelles.
00:30:13Tout ça, pas franchement conclu par la maman,
00:30:16qui elle-même rebondit en disant, moi-même,
00:30:18qu'en une période, quand je n'allais pas bien,
00:30:20je communiquais avec les morts et avec le diable.
00:30:21Bon, tout ça donnait une ambiance assez...
00:30:24Franchement, un peu surréaliste.
00:30:26Moi, personnellement, ça ne m'avait pas trop affolé.
00:30:30D'ailleurs, on avait mis un rendez-vous relativement à distance.
00:30:33Et la question, c'est...
00:30:34Est-ce qu'ils vont être là ?
00:30:36Et qu'est-ce qui s'est passé dans l'intervalle ?
00:30:38Si on les voit, tant mieux.
00:30:39Si on les voit pas, je rappellerai, au moins,
00:30:41pour prendre des nouvelles.
00:30:51Sonnerie.
00:30:59Bon, nous, on s'est déjà vus une fois.
00:31:02Tu te souviens ?
00:31:04Non.
00:31:06Tu n'avais que 100.
00:31:07Tu étais accompagnée par ta maman.
00:31:09Tu te souviens un petit peu ou tu ne te souviens plus du tout
00:31:11de ce qui s'est passé ?
00:31:12Tu sais, c'était aux urgences, à l'hôpital.
00:31:14Tu te rappelles un peu de tout ça ?
00:31:16Non.
00:31:17Tu ne te rappelles pas du tout ?
00:31:18Non.
00:31:19Tu pensais venir à quoi comme rendez-vous, là, aujourd'hui ?
00:31:20Je ne sais pas.
00:31:22Je ne savais même pas que j'avais un rendez-vous.
00:31:24Tu es assez doucile, en fait, toi,
00:31:26parce que moi, on me ferait le coup, je dis, on va où, là ?
00:31:28D'accord.
00:31:30Est-ce que tu veux que je te raconte ce dont je me souviens, là ?
00:31:32Vas-y.
00:31:33Tu avais eu...
00:31:36Alors, tu avais eu une nouvelle qui ne t'avait beaucoup pas tristée.
00:31:40C'est-à-dire que tu avais un copain, apparemment, sur Internet.
00:31:42Je ne sais pas si tu te rappelles de ça.
00:31:44Tu te rappelles comment il s'appelait ?
00:31:46Maxence.
00:31:47C'est ça.
00:31:48Et a priori, tu avais appris le fait qu'il soit mort.
00:31:50Mais malgré tout,
00:31:52tu disais que tu continuais à recevoir des SMS de sa part.
00:31:55Oui.
00:31:56Tu te souviens de ça ?
00:31:57Et à côté de ça,
00:31:59tu parlais aussi avec un petit garçon de 3 ans
00:32:03que tu appelles, qui s'appelait Georges.
00:32:06Ça t'a dit quelque chose, ça ?
00:32:10En gros, tout le monde se disait,
00:32:13qu'est-ce qui se passe dans la tête ?
00:32:15Et donc, du coup, ils étaient venus aux urgences
00:32:18pour que je donne mon avis.
00:32:18Moi, j'avais l'impression que...
00:32:22C'était bizarre, quoi.
00:32:24T'avais sans doute peur,
00:32:25que peut-être il y avait des choses qui te convenaient pas,
00:32:27mais que c'était important qu'on se revoie pour reparler de tout ça.
00:32:30Après, ce qui m'étonne déjà d'emblée,
00:32:32c'est qu'apparemment, tu te rappelles plus.
00:32:34Tu as des problèmes de mémoire, souvent, toi ?
00:32:37Ouais ?
00:32:38Est-ce que tu serais capable de nous décrire
00:32:41un peu les 3 dernières semaines,
00:32:43ce que tu as fait, d'intéressants, d'un peu...
00:32:46J'étais sur TikTok.
00:32:47T'étais sur TikTok.
00:32:50Tu passes toute ta journée sur TikTok ?
00:32:53Oui.
00:32:55Cette vie, là, un peu...
00:32:58sans scolarité, toute seule dans sa chambre, sur TikTok,
00:33:02ça te satisfait ou tu te dis,
00:33:03c'est quand même pas une vie normale,
00:33:05il faudrait que je fasse autre chose ?
00:33:06Bah, je m'en fous un peu.
00:33:08T'en fous un peu.
00:33:10C'est quoi qui est important pour toi dans la vie ?
00:33:12Rien.
00:33:13Quoi ?
00:33:14Rien, rien.
00:33:15Rien.
00:33:16C'est curieux, hein ?
00:33:18T'as pas des trucs qui t'animent un peu ?
00:33:20Non.
00:33:21Non ? Ça fait longtemps que c'est comme ça ?
00:33:23Ouais.
00:33:26Ça t'arrive d'être triste ?
00:33:28Non.
00:33:29Non ?
00:33:31Ça te convient.
00:33:35Et quand tu es avec maman,
00:33:37est-ce que tu vis de façon un peu différente ?
00:33:41T'es sur TikTok.
00:33:43Tu as des projets, là, pour les jours, les semaines à venir ?
00:33:44Non.
00:33:50Je crois qu'on va peut-être appeler de l'aide.
00:33:53Ouais.
00:33:54Je vais aller chercher ta maman.
00:33:56Ça te va ?
00:33:57Est-ce qu'il y a des choses particulières
00:33:58dont tu voudrais parler avec eux ?
00:34:00Non.
00:34:01Non.
00:34:02OK.
00:34:03Bon, je vais aller les chercher.
00:34:10Allez-y, installez-vous.
00:34:15Euh... Comment vous dire ?
00:34:19Ma surprise principale, c'est que t'as dit
00:34:22ne plus se souvenir du premier passage, en fait.
00:34:25Vous étiez là aussi, vous vous rappelez un petit peu ?
00:34:28Ben oui.
00:34:29Vous n'en avez pas du tout reparlé ensemble
00:34:31de tout ce dont t'avais échangé, ou... ?
00:34:33Ben... Si, on en avait parlé, en fait.
00:34:36C'est clairement ce qui me préoccupe, hein, mais bon.
00:34:39T'as décrit une vie où...
00:34:41Je passe ma vie sur TikTok, je fais rien,
00:34:43j'attends que ça se passe...
00:34:46Alors, je sais pas, vous...
00:34:49Peut-être qu'elle est différente un petit peu
00:34:51quand elle est avec vous ?
00:34:52Ben oui.
00:34:53Ben oui, avec nous...
00:34:55Avec moi, on fait des sorties, on part...
00:34:58On va se promener, mais on reste pas enfermés.
00:35:01Ouais.
00:35:02On reste pas enfermés.
00:35:04On va aux familles le week-end...
00:35:07Du côté de son père, là, il y a des nouvelles un peu ?
00:35:11Non.
00:35:12Ça, c'est...
00:35:12À part.
00:35:14Je me permets de dire, l'idée, c'est pas de t'embêter
00:35:17ou de te juger, hein.
00:35:18L'idée, c'est d'essayer de faire en sorte
00:35:20que, quand même, tu trouves un petit peu plus de...
00:35:23De punch, hein, parce que je...
00:35:25TikTok a été un truc formidable, hein,
00:35:27mais je suis pas tout à fait sûr
00:35:29que ça remplisse la vie à plein temps non plus, quoi.
00:35:32Tu vois ce que je veux dire ?
00:35:33C'est un peu comme si t'étais un peu spectatrice de la vie,
00:35:36pas vraiment actrice de la vie, en fait.
00:35:38Tu comprends ?
00:35:40Ouais, je sais, je suis risier.
00:35:42OK.
00:35:44On va passer par le secrétariat.
00:35:46Je vais vous redonner nos coordonnées téléphoniques.
00:35:56Allez-y.
00:35:58Au revoir.
00:36:00Au revoir.
00:36:12Très bien, ça a l'air très, très bon.
00:36:15C'est Henri qui a tout fait ça ce matin ?
00:36:17Il s'est levé à 6h pour nous préparer les pizzas.
00:36:204h ! 4h !
00:36:21J'ai allumé le four.
00:36:23C'est dans nos derniers jours de...
00:36:26Nul ne sait de quoi...
00:36:27Qu'est-ce que nous réserve le temps, le ciel, le breton.
00:36:30Il faut en profiter, là, sans qu'il y ait un petit rayon de soleil.
00:36:42Quand le rythme s'accélère trop ou qu'on est confronté de façon trop répétitive
00:36:47à des situations qui sont à la fois lourdes,
00:36:49et en plus de ça, moi, j'aime bien l'idée
00:36:51qu'à chaque fois, c'est une personne différente,
00:36:53mais honnêtement, il y a un effet de répétition.
00:36:55Nous, on finissait par être un peu dans la blague,
00:36:58en disant, encore une fille, 15 ans, fan de K-pop,
00:37:01Scarlett Johansson,
00:37:02c'est pas la même chose.
00:37:03C'est pas pareil.
00:37:04C'est pas pareil.
00:37:05C'est pas pareil.
00:37:06C'est pas pareil.
00:37:07C'est pas pareil.
00:37:08C'est pas pareil.
00:37:09C'est pas pareil.
00:37:10C'est pas pareil.
00:37:10C'est pas pareil.
00:37:12Lorsqu'on parle de ce type de personnes,
00:37:14le genre de fan de K-pop, Scarificatrice,
00:37:16on finit par devenir raci, en fait,
00:37:18et commencer à avoir des stéréotypes
00:37:20où le job, c'est de dire qu'à chaque fois,
00:37:22c'est une personne singulière qui vient raconter son truc.
00:37:25Aussi, on peut devenir mauvais soignant.
00:37:27Regardons.
00:37:28Ca nous entraine dans une situation.
00:37:31D'impuissance.
00:37:32D'impuissance.
00:37:33On se met à côté de ce qu'on peut sentir.
00:37:35Et puis de se protéger.
00:37:36Eugénisme existant.
00:37:37On se protège, c'est-à-dire...
00:37:39On ne ressent plus rien du tout.
00:37:39dans la situation parce que ça résonne avec ta propre histoire et que ça a touché le truc un peu vif.
00:37:45Non mais ce qui compte quand même vachement c'est quand même qu'il faut trouver un niveau de gratification dans ce qu'on fait.
00:37:50Je pense que c'est important en intra-équipe par exemple de se manifester de la gratitude mutuellement.
00:37:55Du coup par rapport à cette communion d'équipe,
00:37:58pour bien se sentir dans une équipe, est-ce que ça ça passe pas aussi par des temps,
00:38:02enfin j'en sais rien, aller faire un escape game tous ensemble pour aller un peu se tester différemment ?
00:38:07Moi je suis pour, je pense qu'il faut mettre 25% du temps de travail en loisirs
00:38:12pour qu'on bosse mieux.
00:38:15Est-ce que le loisir doit passer comme ça se fait avec des buildings team etc où ils font des activités ensemble ?
00:38:21Mais Rangers, je vous adore mais vous n'êtes pas ma pote, vous n'êtes pas mon ami.
00:38:26Ce qui fait que quand il y a des choses qu'il va falloir que si on doit rediscuter de certaines choses on va pouvoir
00:38:30aussi bien vous que moi s'autoriser à pouvoir dire là est-ce qu'on pourrait faire différemment alors que si on est dans les liens affectifs
00:38:36ça devient très compliqué.
00:38:52Le confinement n'est pas une excuse non plus.
00:38:55Mais effectivement,
00:38:56pas pouvoir sortir, pas pouvoir faire les activités, je vous montre comment vous avez géré peut-être ce moment-là justement d'ennui.
00:39:04Moi j'ai bien consommé.
00:39:07Encore plus que d'habitude.
00:39:09J'ai ennuyé encore plus.
00:39:13Oui, moi c'était juste le soir, le soir on pouvait rien faire.
00:39:17Et moi c'est le soir où, bon si la journée je prenais aussi mais le soir c'était
00:39:22beaucoup plus et j'avais des nuits blanches du coup, je faisais ça dans ma chambre toute seule, ça m'allait, ça faisait passer le temps, ça rendait...
00:39:29On était heureux, c'était cool.
00:39:31On se sentait bien et on ne se sentait pas seuls surtout, moi je ne me sentais pas seule.
00:39:34Je ne supporte pas trop la solitude dans ma chambre et tout,
00:39:37bah t'as envie de prendre et du coup tu prends.
00:39:39Le matin je me réveillais, j'en reprenais, j'en reprenais, en fait je ne voulais pas avoir de redescente du coup j'en reprenais
00:39:44avant ma redescente, le soir j'en reprenais aussi.
00:39:47Je passais à 20 jours par jour et j'y vais la nuit.
00:39:52C'est vrai qu'on a constaté clairement pendant le confinement une augmentation de la consommation de cannabis.
00:39:58On voit des patients qu'on n'aurait jamais vus avant,
00:40:00c'est-à-dire des patients qui n'avaient pas de problème et qui se sont retrouvés dans ce confinement
00:40:05enfermés chez eux et qui ont développé ces comportements.
00:40:09On a vraiment deux catégories, ceux qui, au moment où le confinement s'arrête, repartent et reprennent une vie normale et montrent une certaine résilience
00:40:17et ceux qui sont un peu plus faibles sur le plan psychiatrique ou sur le plan addictologique, qui eux ont beaucoup de difficultés à redémarrer et à reprendre une activité normale.
00:40:25Je jette le produit, je vais peut-être à l'extérieur, je vais voir des amis,
00:40:29je...
00:40:30je ne sais rien, je vais voir un film qui me fait plaisir. Vous reprenez, vous essayez au fur et à mesure
00:40:36de reprendre quelque chose. Vous ne restez pas chez vous à cogiter.
00:40:46Ça se soigne. La base du traitement c'est d'essayer de comprendre un peu
00:40:52les mécanismes qui entraînent la consommation et d'aider le patient à reprendre le contrôle de sa consommation.
00:40:59Insigne, qu'est-ce qu'on fait quand on est très stressé ? C'est ce que vous faites en l'occurrence.
00:41:03Quand vous avez été très stressé, vous faites quoi ?
00:41:05Vous consommez. Donc du coup, c'est comment on peut venir à un moment donné
00:41:10agir. Après, c'est pas que comme ça. C'est pour ça que je montre qu'il y a plein de choses dans tous les sens.
00:41:14J'ai consommé.
00:41:16Pourquoi j'ai consommé, etc. Je doute de moi-même. J'y arriverai jamais.
00:41:21Je culpabilise.
00:41:23Je consomme.
00:41:24Comme je le dis, ce n'est jamais une solution miracle.
00:41:28Parce qu'on est là pour vous donner des petits tuyaux.
00:41:30C'est les petits tuyaux qui vous aident. Et je rappelle aussi que c'est bien sûr ça ne marche d'autant mieux quand nous sommes déjà abstinents.
00:41:36C'est pour ça que pour certains d'entre vous, c'est compliqué à envisager quand on est au tout début de l'abstinence, qu'on ne souhaite pas l'abstinence.
00:41:44Voilà.
00:41:51On était en plein confinement. Tout devenait dur, en fait.
00:41:58Vivre devenait dur. Vivre était épuisant.
00:42:07Je restais tout le temps dans mon lit. Je restais tout le temps dans ma chambre.
00:42:11Je restais tout le temps dans ma chambre.
00:42:13Je restais tout le temps dans ma chambre.
00:42:15Épuisant.
00:42:18Je restais tout le temps dans mon lit. Je restais tout le temps dans le noir.
00:42:26J'ai perdu énormément de poids aussi.
00:42:29Je ne mangeais plus.
00:42:33Toutes les choses de la vie qui habituellement me rendaient heureuse, quand je les vivais, je ne ressentais rien.
00:42:42Je ne ressentais plus aucune émotion à part de la tristesse, de la colère et de l'anxiété.
00:42:53Je suis tombée dans la drogue. J'ai beaucoup abusé du cannabis.
00:42:58Au début, ça me permettait de m'évader, de penser à autre chose et de tout simplement ne plus penser.
00:43:05Et je me sentais bien, sauf qu'en fait, au fur et à mesure du temps, ça te détruit.
00:43:13Il est loin.
00:43:18J'ai vu le regard.
00:43:26Mais il est loin.
00:43:27Moi, je voudrais juste qu'on revienne sur quelque chose.
00:43:29Donc la tentative de suicide, puisqu'il y a eu tentative de suicide.
00:43:33Oui.
00:43:34Oui.
00:43:35Je pense que ce n'est pas évident d'en reparler.
00:43:37Mais qu'est-ce que vous avez fait? Vous avez pris des médicaments, c'est ça?
00:43:41Oui.
00:43:42Ah, il est loin. Vous prenez les médicaments, mais elle fumait du CBD, mais pas tout le temps que du CBD.
00:43:52Elle fumait quand même des fois, voilà, de l'arbre en même temps.
00:43:56Quand, en fait, j'ai commencé à partir en dépression il y a un an, c'était une petite dépression.
00:44:06Et à chaque fois que j'ai fait des crises suicidaires, la seule chose qui me calmait, c'était de fumer.
00:44:15Sauf que le problème, c'est que je suis vite tombée dedans.
00:44:18J'étais à, il y a une période où j'étais à 11 juin par jour pour pouvoir me calmer.
00:44:27Alors, madame, je conçois que c'est un choc.
00:44:30Le papa est en train de l'apprendre aussi.
00:44:32Donc c'est, je pense que c'est un choc pour vous deux.
00:44:35D'après vous, que ce soit d'après vous et Lohan, que ce soit d'après vous, monsieur ou madame, comment est ce qu'on peut vous aider?
00:44:43Je prends la parole.
00:44:44Allez-y. Allez-y, Lohan.
00:44:48Je ne sais pas si on pourra vraiment m'aider.
00:44:50Je pense que c'est un problème que j'ai avec moi même.
00:44:54Mais je sais que par rapport à papa, tu le sais, on en a parlé hier soir.
00:45:02Donc, par rapport à toi, je pense que j'aurais voulu que tu sois un petit peu plus présent.
00:45:11Et que un peu plus, je parle depuis que je suis née, un peu plus avoir un vrai amour d'un père.
00:45:23Et je pense que ça, ça aurait pu m'aider sur pas mal de choses.
00:45:29Après, qu'est-ce qui pourrait m'aider? Je ne sais pas.
00:45:35C'est déjà extrêmement important ce que vous dites.
00:45:39Corrigez-moi si je me trompe.
00:45:40Peut-être que cette crise suicidaire, c'est justement le...
00:45:45Non, mais c'est un moment privilégié, même si bien évidemment c'est douloureux.
00:45:49C'est un moment privilégié où finalement, certaines choses aussi importantes que ça peuvent être dites.
00:45:54Est-ce que ça, c'est quelque chose que vous aviez pu dire avant ou pas?
00:46:00Je ne l'ai jamais vraiment dit parce que je voulais que ça soit lui-même peut-être.
00:46:10Ou que je ne voulais pas l'embêter avec tout ça, avec tout ce qui se passe dans ma tête en ce moment.
00:46:16Tout ce qui se passe depuis un an.
00:46:18J'ai essayé de protéger mes parents le plus possible de ce que je ressentais.
00:46:23Alors, dans ce que vous dites là, c'est aussi...
00:46:26Enfin, moi je l'entends. Peut-être que je me trompe.
00:46:28Mais je l'entends comme une déclaration quand même que vous faites à votre père.
00:46:31C'est une déclaration...
00:46:32Sur l'importance de votre père quand même pour vous.
00:46:34Bien sûr. C'est une déclaration parce que ça reste mon père et que je l'aime du plus profond de mon cœur.
00:46:40Et que ça me fait justement mal d'aimer quelqu'un et d'avoir l'impression que ce n'est pas forcément réciproque.
00:46:51Bon, alors, je pense peut-être que là c'est...
00:46:55On peut vous passer la parole parce qu'il y a peut-être des choses que vous pouvez aussi exprimer.
00:47:01Je suis surpris. Je sais bien qu'elle m'en voulait un peu.
00:47:05Mais à ce point-là...
00:47:07Après, c'est vrai que je ne suis pas au présent souvent.
00:47:12J'ai des torts, c'est sûr.
00:47:15Si on pose simplement une question très concrète, Elouane, à savoir votre père qui est très pris,
00:47:20est-ce qu'il peut y avoir des moments qui seraient aménagés où votre père pourrait vous retrouver,
00:47:26où vous pourriez vous retrouver tous les deux ?
00:47:28Est-ce que ça c'est quelque chose qui peut être envisagé, monsieur ?
00:47:31Oui, oui, je pense.
00:47:33Oui, on peut faire une journée ensemble.
00:47:38Mais après, Elouane, c'est à toi aussi de demander, puis...
00:47:44C'est comme une question, c'est est-ce que lui, il en aurait envie ?
00:47:47J'ai dit oui.
00:47:49T'as dit oui, mais est-ce que toi, t'en as envie ?
00:47:52J'ai une envie, oui.
00:47:54Et puis n'en doute pas. Si tu le dis oui sincèrement, pourquoi tu veux en douter ?
00:47:58C'est ça que je ne comprends pas.
00:48:00Parce que...
00:48:01Non, laisse-lui t'offrir ces moments-là.
00:48:05Laisse-lui t'offrir ces moments-là.
00:48:08Laisse-lui le faire.
00:48:13Donne-lui cette chance, Elouane.
00:48:15Tu sais, le dimanche, je t'ai proposé d'aller faire un tour dans les chemins Pélès.
00:48:20Parce qu'on a dit chemins Pélès, pas chez nous.
00:48:22Un petit tour, pas à grand marché, pour faire 10 kilomètres.
00:48:25Tu m'as proposé toute seule d'y aller.
00:48:28J'ai arrêté avec toi, je t'ai dit.
00:48:30Moi, j'ai compris que tu voulais que je sorte toute seule.
00:48:33Moi, j'ai l'impression que depuis le début, depuis que j'ai mis un pied dans cette salle,
00:48:36il s'agit d'un problème de communication,
00:48:39avec une communication qui était bloquée,
00:48:41et où il a fallu qu'il y ait une crise suicidaire avec une tentative de suicide.
00:48:45Mais il a fallu en effet quelque chose de très fort pour que, en effet,
00:48:48cette communication débute entre votre père et vous.
00:49:03C'est ce qu'il s'est passé.
00:49:21Avant l'été, nous étions partis un week-end en vacances avec des amis.
00:49:26Et le soir, tout d'un coup, les enfants sont venus nous voir pour nous dire
00:49:31« Paul, ça va pas, il est parti, il est parti, il est parti ».
00:49:39Là, c'est vrai que c'était le gros moment de panique.
00:49:42Il faisait un temps mais exécrable.
00:49:44Il pleuvait, mais c'était vraiment très très fort.
00:49:47Donc il était parti, il avait pris beaucoup d'avance sur moi.
00:49:51Il faisait nuit complètement, et je l'ai retrouvé sur une plage,
00:49:58avec la musique à fond, le sac à dos,
00:50:03et il se précipitait vers la mer qui était démontée.
00:50:28Je l'ai récupéré, il avait quasiment les genoux dans la flotte.
00:50:33Moi, qui ne sais pas nager, j'étais obligé d'aller le récupérer par derrière,
00:50:40le choper par le sac à dos et le ramener sur la plage.
00:50:43C'est un moment où j'ai eu vraiment très très peur.
00:50:47Je me suis senti qu'il ne m'entendait plus, qu'il ne m'écoutait plus,
00:50:50qu'il était dans un autre monde.
00:50:53J'ai réussi à le ramener tranquillement au camping,
00:50:59et puis on a dormi tous les deux, chose qui ne nous arrive jamais.
00:51:03Je crois qu'il était en position fétale,
00:51:06et je me suis rapproché de lui, je l'ai réchauffé toute la nuit.
00:51:11C'est des moments qu'on n'oublie pas.
00:51:17Si on fait un zoom sur ce moment particulier, c'est-à-dire l'après-baignade,
00:51:21où vous vous retrouvez tous les trois dans le mobile home,
00:51:23et vous passez ce temps ensemble.
00:51:25Un zoom sur Paul, à ce moment-là.
00:51:27Est-ce que vous avez des souvenirs, vous, de par quoi vous vous êtes traversé,
00:51:31ce qui se passe à l'intérieur de vous ?
00:51:33Est-ce qu'on se rapproche un peu plus près de cet espace-temps-là ?
00:51:37En vous.
00:51:39Frustration ?
00:51:41Parce que j'allais passer un bon moment dans la mer extérieure, mais non.
00:51:45Donc...
00:51:47Voilà.
00:51:49Mais non, c'est parce que vos parents ne sont pas d'accord avec ce bon moment, c'est ça ?
00:51:53C'est-à-dire que la mer, ce soir-là, elle n'est pas accueillante, cette mer-là.
00:51:58Face à une mer agitée, on ne peut pas être plus fort qu'elle.
00:52:01Vous voyez, une vague, c'est une vague, quoi.
00:52:03Là, Paul, vous avez du mal à concevoir quel peut être le problème.
00:52:06Déjà, on est des citadins,
00:52:09et moi, je suis très peu allé à la mer durant mon enfant, franchement.
00:52:14Donc je ne connais pas du tout la mer.
00:52:17Je pense que je ne me rends toujours pas compte du danger qui sort de la mer.
00:52:20Pour moi, c'est le looky-boo.
00:52:22Alors oui, est-ce qu'en effet, c'est le comportement de l'adolescent
00:52:27qui va tester un peu les limites et finalement un peu n'en faire qu'à sa tête et hop, on y va ?
00:52:33Ou est-ce que dans ces moments-là, vous avez l'impression d'être un peu déconnecté de votre réalité ?
00:52:40Qu'est-ce que vous diriez ?
00:52:45Ouais, un peu, ouais.
00:52:46Un peu déconnecté ?
00:52:48Ouais, forcément.
00:52:50On sent bien qu'il y a quelque chose, en tout cas, qui se passe pour vous.
00:52:56C'est en tout cas ce qu'on a identifié,
00:52:59et c'est là-dessus un petit peu qu'on voudrait pouvoir vous aider.
00:53:03En fait, il faudrait pouvoir retrouver une certaine constance, d'accord ?
00:53:07Cette constance, en tout cas, nous, on pense que ça passera par un traitement médicamenteux, d'accord ?
00:53:15La question du traitement, c'est comment pour vous, Paul, cette question-là ?
00:53:22Moi, je n'ai pas d'avis en ce genre de choses.
00:53:24D'accord, donc vous n'êtes ni pour ni contre ?
00:53:27Oui.
00:53:28D'accord.
00:53:29Vous, en tant que parent ?
00:53:32Moi, je dirais qu'on vous fait entièrement confiance.
00:53:38De mon point de vue, on vous suit.
00:53:41Moi, la même chose.
00:53:42Après, je pense que vous me donnerez un peu plus d'infos, la durée du traitement.
00:53:47Après, on serait beaucoup plus serein de pouvoir initier ce traitement à l'hôpital.
00:53:54Voilà.
00:53:55La question du traitement, elle est quand même conditionnée à cette possibilité pour vous
00:54:00de pouvoir retourner un petit peu à l'UHCD.
00:54:05Et ça, Paul ?
00:54:09Je n'en ai pas particulièrement envie.
00:54:15C'est réfléchi.
00:54:16Oui.
00:54:22Est-ce que vous en avez déjà eu des récidives ?
00:54:24Bien sûr.
00:54:25Bien sûr.
00:54:26Il y a plus d'un tiers de récidives, voire jusqu'à 52% de risques de récidive suite à un premier passage à l'acte suicidaire chez un adolescent.
00:54:35D'où l'importance de ne pas relâcher la vigilance.
00:54:38Bien évidemment, il faut les prendre en charge à la première tentative de suicide.
00:54:42Mais il faut aussi, bien évidemment, se préoccuper de la suite de façon à ne pas les perdre par rapport à une récidive ultérieure.
00:54:57Vous allez dans la chambre numéro 1, du coup.
00:54:59Vos parents sont là ?
00:55:02Il va falloir qu'on signe l'autorisation.
00:55:26C'est bon, on y va.
00:55:57L'acte de suicide
00:56:01L'acte de suicide
00:56:05L'acte de suicide
00:56:08L'acte de suicide
00:56:11L'acte de suicide
00:56:14L'acte de suicide
00:56:17L'acte de suicide
00:56:20L'acte de suicide
00:56:24L'acte de suicide
00:56:29Depuis ma tentative de suicide, j'ai été pris en charge en quelque sorte.
00:56:37Je sais pas si c'est en lien ou pas, mais depuis je vais mieux.
00:56:40J'ai perdu mes angoisses nocturnes.
00:56:45Maintenant je vis un peu avec la peur qu'ils reviennent un jour.
00:56:48Et qu'ils reviennent plus forts qu'avant.
00:56:53En fait, la tentative de suicide, ça nous change vraiment pour toute une vie.
00:57:00Moi j'ai vraiment l'impression d'avoir eu un avant et un après ce passage au fond.
00:57:06Parce que depuis je sais que je suis beaucoup plus contemplatif.
00:57:12Que j'apprécie les choses.
00:57:15Comme si j'avais pris connaissance du coût de la vie en fait.
00:57:23Qui aurait cru qu'on se retrouverait à se balader comme ça ?
00:57:26Le chemin Norman.
00:57:28Mais tu sais qu'on l'a jamais fait en plus ?
00:57:30On l'a fait en vélo.
00:57:32Oui mais papa ça remonte à...
00:57:34Ah bah oui bah oui.
00:57:35Ça remonte à 7 ans.
00:57:37Bah oui peut-être.
00:57:40Est-ce que t'es fier de moi ?
00:57:42Oui.
00:57:43Fier de moi parce que j'ai arrêté de fumer.
00:57:45Ah oui.
00:57:47Tu sais que je t'aime.
00:57:52Hein ?
00:58:00Oui je vais mieux.
00:58:01Je ne me scarifie plus.
00:58:03J'ai plus d'ambulance suicidaire.
00:58:09Donc oui indéniablement il y a un mieux.
00:58:11Mais est-ce que c'est la thérapie ?
00:58:13Est-ce que c'est le fait que les restrictions sanitaires sont levées ?
00:58:17Est-ce que c'est le fait que je passe par une autre étape de ma vie ?
00:58:21Je suis rentrée à la fac.
00:58:23Je suis partie de chez mes parents.
00:58:25Je vis avec mes meilleurs amis en colocation.
00:58:28Donc voilà vraiment ça me sécurise beaucoup.
00:58:32Tout est nouveau.
00:58:33Donc pour l'instant je ne peux pas encore dire qu'il n'y a pas de problème.
00:58:38Donc pour l'instant je ne peux pas encore dire que je n'ai pas de bilan à tirer de ce moment-là.
00:58:47Parce que je suis en plein dedans.
00:58:48Je suis dans le nouveau.
00:58:49Ça fait moins d'une semaine que je suis vraiment installée.
00:58:53Donc voilà tout est nouveau.
00:58:55Les nouveaux amis de la fac.
00:58:57Le nouvel environnement.
00:58:58La nouvelle vie.
00:59:08La nouvelle vie.
00:59:09La nouvelle vie.

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