Les 4V - Stéphane Troussel

  • il y a 2 mois
Thomas Sotto reçoit Stéphane Troussel, président du Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis et porte-parole du PS, sur le plateau des 4 vérités. 




La Seine-Saint-Denis, pourtant le département le plus pauvre de France métropolitaine, est désignée comme le grand bénéficiaire des Jeux Olympiques, grâce aux infrastructures qui y ont été construites. Une « réalité » pour Stéphane Troussel, le président de son Conseil Départemental, qui parle déjà d’un « héritage » des Jeux dans le territoire. D’un côté, il y a le village olympique qui va créer 4 000 logements, d’un autre, les infrastructures sportives, comme les piscines et les stades. Il précise que le bassin olympique, actuellement à Nanterre, va être déplacé à Sevran et renommé Léon Marchand. Une aubaine pour les enfants Séquano-Dyonisiens qui vont donc pouvoir bénéficier de plus d’activités sportives. 




Paris 2024 aura aussi permis, selon notre invité, de changer l’image de son département, encore souvent associé à la violence et la délinquance. Au contraire, ces Jeux ont démontré « l’accueil et la bienveillance » des habitants locaux. Les élus politiques ont tenté d’engager au maximum les habitants d’Ile-de-France dans les festivités, en mettant notamment à disposition des billets pour qu’ils puissent assister à des épreuves. Il précise tout de même que l'événement sportif n’est pas « une baguette magique » et qu’il ne va pas régler instantanément tous les problèmes de ce territoire du nord-est de Paris. Post Jeux Olympique, il estime que « c’est à nous de cultiver ce sentiment de fierté retrouvée ». 




Et après les Jeux Olympiques ? 




Retour à la politique. La compétition se termine à la fin de la semaine, et, lundi prochain, le 12 août 2024, il faudra arranger la situation du pays qui s’est retrouvé sans Premier ministre pendant près de deux mois. Citant la célèbre phrase de Romain Gary, « le patriotisme, c’est l’amour des siens, et le nationalisme, la peur des autres », le président du Parti Socialiste se félicite que les résultats des législatives du 7 juillet dernier aient été favorables à la première partie de la citation et non à la deuxième. Il souhaite désormais que le pays prenne sa responsabilité individuelle et collective, à la fois dans le discours politique et la société civile, et que l’on fasse collectivement le choix du chacun pour soi ou du vivre ensemble. Les Jeux Olympiques pourront-ils apaiser les dissensions entre les Français ? 




Gérald Darmanin a précisé que les dispositifs de sécurité mis en place en Seine-Saint-Denis pendant les Jeux pourront être pérennisés par la suite. Notre invité se dit favorable à un rétablissement d’une police de proximité, composée de forces de l’ordre « nombreuses et bienveillantes », pour aider à apaiser les tensions dans le département et favoriser le vivre ensemble. 




S’adressant directement au président de la République, Stéphane Troussel souhaite que ce dernier « tire les conclusions des élections du mois de juin ». En d’autres termes, qu’Emmanuel Macron accepte sa défaite, et la victoire, quoique relative, de la coalition de gauche. « Il y aurait quelque chose d’incompréhensible que, sur un délai aussi long, il ne tire pas les conséquences des élections », ajoute-t-il. Sans se prononcer sur le nom d’un éventuel Premier ou Première ministre, le leader du PS veut que la gauche fasse la démonstration de sa capacité à gouverner. Réfutant l’idée de s’associer à des politiques de centre-droit, il veut prouver qu’il peut enfin y avoir de la « cohérence » dans la politique française. 

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Transcription
00:00Bonjour et bienvenue dans les 4V, Stéphane Troussel, vous êtes donc le président d'un département dont on ne cesse de répéter qu'il sera le grand bénéficiaire de ces JO, ça fait partie de la fable olympique ou c'est la réalité ?
00:13Non je crois que c'est la réalité parce que si je regarde ce qu'on appelle l'héritage, les logements, les équipements sportifs, les piscines, les ponts, les passerelles, sur l'autoroute ou sur la Seine, la promesse elle est devenue réalité.
00:26C'est quoi concrètement cet héritage ? Il va se traduire comment ? Qu'est-ce qui va rester ?
00:30Des logements, le village olympique, le village des médias, c'est près de 4000 logements qui seront des logements à la fois en accès sur la propriété, des logements pour les clients.
00:38Je crois que les hélicoptères ont envie d'écouter ce que vous dites.
00:41Des piscines, 7 piscines, pas seulement la piscine olympique mais des piscines reconstruites, construites, agrandies, rénovées alors que nous avions une réalité en Seine-Saint-Denis c'est qu'il y a près de 60% des enfants qui arrivent en 6ème qui ne savent pas nager.
00:56C'est 11 gymnases et stades qui ont été créés.
01:00Vous évoquiez la piscine olympique, elle est à Nanterre la piscine olympique, elle est démontable ?
01:05Alors il y a la piscine olympique avec les bassins qui vont être réimplantés en Seine-Saint-Denis.
01:11Le bassin dans lequel Léon Marchand a gagné ses 4 médailles d'or ?
01:14Le bassin Léon Marchand il est déjà prévu de le réimplanter à Sevran et d'ailleurs le maire de Sevran, mon ami Stéphane Blanchet a proposé que la piscine de Sevran une fois qu'elle accueillera le bassin olympique elle porte le nom de Léon Marchand et on va l'inviter, je viens de lui écrire avec le maire.
01:26Mais le centre aquatique olympique de Seine-Saint-Denis où il y a les épreuves de plongeon, de natation synchronisée, il accueillera des enfants des clubs sportifs de la Seine-Saint-Denis.
01:36Il y a les infrastructures mais aussi le ressenti, est-ce que ces jeux sont selon vous susceptibles de changer durablement l'image de la Seine-Saint-Denis qui n'est pas toujours très bonne ?
01:44En tout cas ce qui est sûr c'est que c'est aussi le sens de notre engagement, participer à cette grande fête et nous avons fait en sorte que les habitants puissent participer avec des billets, avec des sites de célébration mais avec un certain nombre de transformations urbaines qui vont changer l'image de la Seine-Saint-Denis et puis aussi cette Seine-Saint-Denis qui se montre telle qu'elle est vraiment accueillante, bienveillante, les sites sont bien organisés, l'ambiance y est bonne.
02:10La population s'intéresse au jeu ?
02:11En tout cas quand je vois le succès, je crois qu'il y a 1 400 000 habitants d'Ile-de-France qui fréquentent ces fan zones, il y en a près de 30% sur ces 1 400 000 qui sont dans les sites de la Seine-Saint-Denis, il y a une ambiance très forte, une population rassemblée donc oui c'est positif.
02:32Alors ça c'est pas du tout ce que trouvent vos alliés de la France Insoumise à l'Assemblée Nationale, ils ont décidé de lancer une commission d'enquête parce qu'ils ne les trouvent pas assez populaires, je vous les suivez là-dessus ou pas ?
02:40En tout cas je veux dire que la représentation nationale se pose des questions et c'est légitime mais en tout cas moi je peux leur faire de la démonstration que même si les jeunes ne vont bien évidemment pas tout régler, ils ne vont pas régler tous les défis de la Seine-Saint-Denis, ils ne vont pas régler toutes les questions qui peuvent arroder la société française.
02:59Donc c'est un mauvais procès qu'on leur fait là ?
03:02En tout cas ce qui est sûr c'est que je crois que oui nous nous sommes engagés dans les Jeux pour accélérer des transformations et faire en sorte que la population de Seine-Saint-Denis puisse y participer, je crois qu'on y parvient.
03:14Et est-ce que ça recrée du lien, est-ce que ça crée un sentiment d'appartenance qui parfois fait défaut dans certains quartiers en France ?
03:20Oui en tout cas là aussi, moi j'avais été frappé dans toutes les éditions précédentes des Jeux, dans les territoires que nous avions visités, tous nous disaient à quel point ça créait de la fierté, de la fierté que ça se déroule chez nous, de la fierté qu'on puisse y participer.
03:36Et c'est ça qu'il nous faut cultiver, bien évidemment les Jeux ce n'est pas une baguette magique, c'est à nous tous au lendemain des Jeux quand la flamme sera éteinte de cultiver ce sentiment de fierté retrouvée, ce plaisir retrouvé d'être là.
03:49Justement, qu'est-ce que vous devez faire vous les politiques pour qu'au lendemain des Jeux, à partir de la semaine prochaine, du mois prochain, la ferveur ne se transforme pas en aigreur, qu'on ne dise pas tout ça pour ça ?
03:58C'est notre responsabilité à la fois individuelle et collective, c'est à la fois le discours politique, c'est à la fois la société civile.
04:05Est-ce qu'on veut le chacun pour soi, le face à face ou est-ce qu'on se dit finalement ce pays il est grand, il est beau quand il est généreux, quand il envoie une certaine idée de la France, diverse, fière de toutes ses histoires rassemblées que cette cérémonie d'ouverture a si de manière éblouissante mis en scène ?
04:27Vous diriez que ces Jeux vont jusqu'à nourrir un sentiment patriotique ou on n'en est pas là ?
04:30Oui, depuis la cérémonie d'ouverture, je pense à cette phrase de Romain Gary, le patriotisme c'est l'amour des siens, le nationalisme c'est la haine des autres.
04:38Entre le mois de juin où cette grande peur nous avait envahi face à l'extrême droite aux portes du pouvoir et ce mois de juillet, ce début du mois d'août, on est passé de la deuxième partie de la phrase à la première, le patriotisme c'est l'amour des siens, cultivons cela.
04:54Votre département est souvent montré du doigt pour les problèmes de sécurité, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a dit que les dispositifs de sécurité déployés pendant ces Jeux et dans votre département pouvaient être pérennisés si vous le souhaitez.
05:05Je ne suis pas sûr qu'il est capable de le pérenniser à la hauteur de ce qu'il y a en ce moment comme force de l'ordre déployée.
05:12Il parle notamment des moyens techniques et technologiques.
05:14En tout cas ce qui est sûr c'est que c'est la preuve que quand il y a un dispositif public de sécurité, de force de l'ordre, nombreuse et bienveillante, sereine, apaisante, ça peut marcher.
05:27Et vous souhaitez donc que cet effort fait par l'État se poursuit après les Jeux ?
05:30Bien évidemment, et ce que je souhaite c'est que cette organisation, ça peut être le signal d'un rétablissement d'une police de proximité, une police du quotidien, qui n'est pas là seulement quand il y a des incidents, mais qui est là tout le temps pour prévenir, rassurer, dissuader et réprimer quand c'est nécessaire.
05:46Il y a quelques médaillés qui sont passés vous voir en Seine-Saint-Denis, notamment Oriane Malobreton, l'escrimeuse Nicolas Gestin, médaille d'or en canoë.
05:53Nos médaillés d'or vont toucher 80 000 euros, je crois que c'est 40 000 pour une médaille d'argent et 20 000 pour le bronze.
05:58Le bronze, David Douillet, double champion olympique de judo qui était à votre place hier matin, a trouvé honteux que cette somme soit imposable.
06:04Et vous, faut-il désimposer en quelque sorte ces gains ?
06:08Moi je ne crois pas, je crois à la fiscalité, la fiscalité c'est aussi un moyen pour obtenir des moyens et de l'action publique, y compris pour développer à la fois le sport pour tous et le sport d'excellence.
06:22Donc je crois que si on veut aussi que nos concitoyens continuent d'adhérer à la fois au jeu et que ça crée de l'enthousiasme, il faut aussi que les sportifs participent.
06:36Donc c'est juste d'imposer ces primes ?
06:38Oui, je n'ai pas d'opposition à ce principe, au contraire.
06:41Et si dans le lundi, il se passe quoi ?
06:43Lundi, d'abord je pense que...
06:46Vous êtes aussi le porte-parole du Parti Socialiste, vous me voyez venir.
06:48Ça dépend de quoi on parle, s'agissant des Jeux, on va peut-être souffler un tout petit peu pour se projeter dans la préparation des Jeux Paralympiques.
06:56Et je pense que ça peut être un bon moyen, une belle occasion de changer le regard sur la place du handicap dans notre société.
07:04Et sinon s'agissant de la politique ?
07:06S'agissant de la politique, moi ce que j'aimerais c'est que comme dans toutes les démocraties européennes, le Président de la République tire des conséquences de cette élection du mois de juin,
07:17où à la fois le camp présidentiel a été durement sanctionné et où la gauche a obtenu une majorité, certes relative.
07:24Très relative, oui.
07:25Relative, mais...
07:26Ça veut dire qu'il doit bouger la semaine prochaine le chef de l'État ? Ça doit avancer la semaine prochaine ?
07:29Enfin écoutez, il y aurait quand même quelque chose d'absolument incompréhensible que sur un délai aussi long, le Président de la République ne tire pas les conséquences des élections.
07:40Moi je peux comprendre que dans cette période où le pays soit tourné vers l'organisation des Jeux, il y a un temps...
07:47Mais là maintenant il faut passer à autre chose et traduire la situation politique.
07:51Il y a plusieurs noms qui circulent, Lucie Casté, le nom que vous souhaitez pour Matignon, Bernard Cazeneuve, ça vous irait Bernard Cazeneuve ?
07:57Mais...
07:59Je crois qu'il faut que les choses soient claires.
08:02On ne peut pas en permanence verser des larmes de crocodile sur le désengagement des Français, l'incompréhension des Français face à la politique et se lancer dans je ne sais quelle combinaison.
08:14Il y a une coalition qui est arrivée en tête, à elle de faire la démonstration qu'elle peut gouverner, à la gauche de faire la démonstration qu'elle peut gouverner.
08:22Dans toutes les démocraties européennes ça se passe comme ça, le Président de la République...
08:26Et vous coalisez avec Xavier Bertrand, ce n'est pas envisageable pour vous les socialistes ?
08:29Mais pour faire quoi ? C'est la seule question qui vaille.
08:32Pour gouverner.
08:33Oui mais pour mener quelle politique, quel projet ? Quel est le projet de Xavier Bertrand ?
08:37Il se présente comme un représentant de la droite sociale ? Il va appliquer le programme de Laurent Wauquiez qui veut chasser les demandeurs d'emploi du logement social par exemple ?
08:49C'est ça le projet politique de Xavier Bertrand ?
08:52Donc il faut de la cohérence en politique.
08:55Merci Stéphane Troussel.
08:56Merci à vous.
08:57Merci également à Frédéric Chevalier qui a traduit cette interview en langue des signes.
09:00Dans un instant on va grimper, enfin Inès Irigoyen va essayer de grimper puisqu'elle s'est lancée un défi escalade ce matin.
09:06Rassurez-vous on va quand même l'attacher, à tout de suite.

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