• il y a 4 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Julien Pasquet et ses invités débattent des émeutes au Royaume-Uni, une semaine après le meurtre de trois petites filles.
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Transcription
00:00L'actualité internationale, marquée par ces tensions en Grande-Bretagne.
00:04On voulait y revenir dans ce début de deuxième heure avec une semaine.
00:09Donc après l'attaque au couteau qui a coûté la vie à trois fillettes,
00:12le Royaume-Uni qui est toujours confronté à ses pires émeutes depuis 13 ans.
00:16Hier soir, de nouveaux incidents ont éclaté, des affrontements ont eu lieu,
00:19notamment entre des militants d'ultra droite et des manifestants,
00:22dont nombreux membres de la communauté musulmane.
00:24Explication du récit des dernières heures,
00:28plus précisément avec Marelius Chevalier.
00:32L'heure est au recueillement.
00:34Après l'attaque de trois fillettes au couteau le 29 juillet dernier,
00:37la ville de Southport est encore en deuil.
00:40De nombreux habitants ou visiteurs ont tenu à venir apporter leur soutien aux familles.
00:45Comme Ted, habitant de Southport,
00:47le moment n'est pas encore à la colère ou aux affrontements.
00:51Il y a énormément de tristesse par ici.
00:53Les gens sont absolument dévastés par ce qu'il s'est passé
00:56et les familles vont avoir besoin de beaucoup de temps pour reconstruire leur vie.
00:59C'est juste épouvantable.
01:03De nombreuses manifestations ont eu lieu après ce drame.
01:07La question de l'immigration est à l'origine de toutes ces émeutes.
01:11Certains habitants de la ville pensent, eux, que le problème est plus profond.
01:15Comme Martin, également habitant de Southport, cet argument n'est qu'une excuse.
01:21Oui, il y a un souci avec l'immigration,
01:23mais je ne pense pas que ce soit le problème principal.
01:25D'après moi, les manifestants essaient juste de trouver une excuse
01:28pour pouvoir manifester sans aucune raison.
01:31La ville de Southport est pour l'instant dans un calme précaire,
01:35même si des violences ont éclaté hier soir dans le reste du pays.
01:41Le défi est de taille pour le nouveau pouvoir britannique
01:45qui est en place depuis très peu de temps ?
01:47Oui, en effet, le nouveau pouvoir britannique travailliste
01:50qui, d'ailleurs, sur les questions migratoires qui sont au cœur de ces émeutes,
01:55avait pris des mesures.
01:57D'ailleurs, on peut remarquer que dans leur programme,
01:59il y a par exemple la priorité aux Britanniques dans l'accès à l'emploi,
02:03qui est quand même une mesure qui rappelle plutôt le Rassemblement national en France.
02:08Et donc, ces nouveaux travaillistes avaient promis, justement,
02:12de poursuivre cette politique de lutte contre l'immigration
02:15déjà démarrée par Richie Sunak.
02:17Vous savez que le précédent Premier ministre britannique
02:21avait développé et mis en place,
02:24même si ça a été retoqué plusieurs fois et ça n'a pas encore pris forme,
02:28l'idée d'utiliser un pays tiers comme le Rwanda,
02:31justement, pour alléger et pour réguler, en tout cas, ce mouvement migratoire.
02:38Ce qui se passe en Grande-Bretagne
02:40est l'accumulation d'arrivées de migrants depuis des années
02:47au sein de laquelle un événement dramatique absolument atroce
02:53a mis le feu aux poudres, en fait.
02:54Si vous voulez, qualifier ça de manifestation d'extrême droite,
03:02ni voir que l'extrême droite, c'est masquer...
03:05D'abord, c'est confondre les effets et les causes
03:07et c'est masquer la réalité de ce qui est en train de se passer,
03:09c'est-à-dire une véritable révolte de la classe populaire britannique
03:13contre l'immigration.
03:15Une révolte qui est en train de prendre forme
03:17et qui, d'ailleurs, attaque les centres d'hébergement des migrants.
03:22En fait, finalement, c'est tout le système à la fois
03:25communautariste britannique qui est mis à mal
03:33et c'est des années de gestion ou d'absence de gestion
03:37de ces flux migratoires qui arrivent au bout.
03:40Aujourd'hui, on peut voir se déployer en Grande-Bretagne
03:44une scène qu'on pourra imaginer ailleurs
03:46si l'Europe ne traite pas véritablement
03:49et ne prend pas le taureau par les cornes
03:51sur la question de l'immigration.
03:53C'est dans tous les pays.
03:55C'est valable pour l'Allemagne, c'est valable pour la France.
03:57Là, ça prend la forme d'une révolte
03:59parce qu'en Angleterre, il y a moins de possibilités, je dirais,
04:01de s'exprimer électoralement,
04:03même si le parti de Nigel Farage a fait 14 % aux dernières élections.
04:07Mais ce n'est pas suffisant.
04:09C'est-à-dire que cette classe britannique populaire
04:13est littéralement désespérée.
04:15C'est son identité, son mode de vie qui est mis en cause.
04:17Amaury Brelet, on voit bien que le gouvernement britannique
04:20essaie de sauver un petit peu la face
04:22en tapant du poing sur la table, si je puis dire,
04:25avec ses presque 400 arrestations,
04:27une réponse ferme, immédiate,
04:29des tribunaux spéciaux mis en place également
04:31pour sanctionner rapidement les différents fauteurs de troubles.
04:35Au-delà de ça, au lieu de cette réponse autoritaire importante
04:38de la part du gouvernement,
04:40elles veulent dire quoi, ces émeutes, selon vous ?
04:42C'est la réponse policière et pénale.
04:44Il a évidemment raison de faire preuve de fermeté.
04:46Kirsten Armer, le nouveau Premier ministre.
04:48Kirsten Armer, le nouveau Premier ministre, travailliste.
04:50En effet, le problème, c'est qu'il ne prend pas la mesure
04:52des responsabilités dans cette crise
04:55et cette succession d'émeutes depuis plus d'une semaine,
04:58où il accuse uniquement l'extrême droite
05:00d'être à l'œuvre des violences,
05:02alors qu'on a vu ces derniers jours d'autres en face,
05:05notamment issus de la communauté musulmane
05:07et même certaines milices islamistes armées dans les rues
05:11comme le font d'ailleurs ce militant nationaliste de l'autre côté.
05:15Donc là, il y a vraiment une vision totalement unilatérale
05:19qui est gravissime et qui en réalité ajoute le déni au déni,
05:22sans compter que M. Kirsten Armer et son parti travailliste,
05:26comme d'ailleurs le Parti conservateur,
05:28depuis 30 ans, ont été les complices,
05:30c'est la même chose en France,
05:32d'une politique migratoire absolument irresponsable
05:34et qui a laissé entrer des millions de personnes en Grande-Bretagne.
05:37Il y a un sondage qui avait été fait au cours des législatives,
05:39il y a plusieurs mois, qui montrait que 69%,
05:41donc une majorité écrasante de l'opinion britannique,
05:45était mécontente de la politique migratoire du pays.
05:48Bernard Cohen Haddad, ces manifestations,
05:50elles traduisent véritablement ce ras-le-bol des Britanniques
05:53vis-à-vis de la politique migratoire,
05:55parce qu'on a compris que ce drame de Southport
05:57est une goutte d'eau qui a été déclenchée
06:00par de fausses informations autour du suspect principal de cette tuerie,
06:04informations qui n'ont pas été confirmées,
06:06puisqu'il se disait qu'il était demandeur d'asile,
06:08musulman, ce qui n'est pas le cas.
06:10Il est d'origine rwandaise, mais né sur le sol britannique,
06:13pas demandeur d'asile.
06:14Pour autant, le soufflet n'est pas retombé,
06:16donc on se dit que ça a été un grain de sable dans un engrenage
06:19qui était déjà vicié, rouillé depuis un moment.
06:23Oui, c'était une mèche sur un pétard qui était prêt à être allumé,
06:26parce qu'il y a un vrai drame.
06:28Au-delà de la qualité, entre guillemets,
06:32de la personnalité de l'auteur,
06:34c'est un massacre de trois petites filles.
06:38Et ça, il faut le dire.
06:39Et ça, chez les Anglais, comme chez nous...
06:41Une dizaine d'enfants poignardés.
06:43Comme chez nous, ça ne peut que susciter l'émotion et la révolte.
06:47Deuxième point, ça a été dit, c'est que nous avons tous besoin,
06:51et les Anglais aussi, surtout dans une ville
06:54qui jusqu'à présent était relativement calme,
06:56on a tous besoin de sécurité.
06:58Les Français l'ont exprimé, les Anglais aussi.
07:00Et s'ils ont voté, y compris pour ce gouvernement travailliste,
07:03c'est pour plus de sécurité, plus de moyens.
07:05Et pour exprimer aussi une chose,
07:07c'est qu'on ne peut pas continuer à vivre les uns à côté des autres
07:11sans créer un projet commun.
07:13Parce que c'est ça, le drame du Royaume-Uni,
07:15c'est que pendant des années...
07:16Au risque de se retrouver face à face,
07:18pour paraphraser Gérard Collomb.
07:19Voilà, parce que quand on se retrouve face à face,
07:21bien entendu, il ne reste qu'une chose, c'est l'affrontement,
07:23parce qu'on s'aperçoit qu'on est d'accord sur pas grand-chose,
07:25c'est-à-dire sur rien.
07:26Dernier point, c'est ce déclassement humain,
07:28ce problème d'emploi, ce problème de difficulté de la vie,
07:32avec des communautés qui, jusqu'à présent,
07:34restaient dans leurs ghettos administratifs et citoyens,
07:39et citadins,
07:41et aujourd'hui s'aperçoivent que le no man's land n'existe plus
07:46et qu'ils peuvent être eux-mêmes touchés.
07:48Et c'est ça aussi qui met effectivement le feu aux poudres
07:51et on comprend l'exaspération,
07:53non pas uniquement de l'extrême droite,
07:55non pas uniquement des hooligans,
07:57mais des Anglais de basse, des Anglais moyens,
08:00ceux qui travaillent et ceux qui ont des difficultés,
08:03comme ici, à boucler des fins de mois.
08:06Najwa, un dernier mot là-dessus,
08:08et on peut faire le parallèle avec la situation française,
08:11même si le modèle de société n'est pas le même,
08:14on se rend compte qu'il y a eu beaucoup de laxisme
08:16dans l'accueil des immigrés en Angleterre,
08:20que le gouvernement a fait machine arrière,
08:22mais qu'il semblerait qu'il soit un petit peu trop tard.
08:24L'immigration incontrôlée, on le voit, fracture les sociétés,
08:27parce qu'on parle de la Grande-Bretagne,
08:29mais on peut parler aussi d'autres pays.
08:31La Suède, notamment, où vous avez,
08:34il n'y a pas si longtemps que ça,
08:36la Suède était en proie à de nombreuses émeutes violentes,
08:39et vous avez une première ministre suédoise
08:42qui a acté le fait que la politique d'intégration
08:47est une politique qui rencontre un certain échec.
08:52Après, des mesures ont été prises,
08:54mais il n'y a pas que la Suède, il y a aussi le Danemark.
08:56On peut parler aussi du Danemark,
08:58où les mesures sont de plus en plus restrictives,
09:01parce que, je rebondis sur ce que vous dites,
09:04c'est que là où il faut un socle commun entre les individus,
09:11et Ernest Renan le disait, l'essence de la nation,
09:14c'est avoir des points communs,
09:17de nombreux points communs ensemble.
09:19Sauf qu'en Grande-Bretagne, on le voit,
09:21vous avez une communauté, plusieurs,
09:24plusieurs, ce n'est même pas une communauté,
09:26mais une communauté divisée,
09:27où s'additionnent différentes cultures,
09:31alors ça peut être une richesse,
09:33mais en l'espèce,
09:34si vous n'avez pas de point commun qui vous unit,
09:37et puis respectez l'identité et l'histoire du pays qui vous accueille.
09:41Et donc ce drame humain,
09:43ce drame humain est révélateur de ce mal profond
09:47que vit la Grande-Bretagne actuellement.
09:51Et on sera sur place tout au long de la soirée,
09:53notamment à Southport,
09:55auprès de notre correspondant,
09:58notre envoyé spécial sur place, Thibault Marcheteau,
10:00dans nos prochaines éditions.
10:01On marque la dernière pause de Punchline,
10:03on se retrouve pour évoquer,
10:05notamment dans un premier temps,
10:06la situation au Proche-Orient,
10:07qui se tend, j'ai envie de dire, presque de minute en minute,
10:10puisque je découvre cette dépêche AFP qui tombe à l'instant,
10:14le numéro 1 du Hamas, Nasrallah,
10:18qui dit qu'à l'instant,
10:19donc la riposte du Hesbollah, pardonnez-moi en effet,
10:22qui dit que la riposte contre Israël se fera, je le cite,
10:26quelles qu'en soient les conséquences.
10:28Voilà, une escalade de plus dans ces tensions,
10:31d'abord verbales,
10:32entre l'Iran, le Hesbollah, le Hamas et Israël de l'autre côté.
10:36A tout de suite !

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