Discours de Michaël Delafosse en hommage à Jean Jaurès, 31 juillet 2024

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Ce mercredi 31 juillet, le maire de Montpellier Michaël Delafosse a rendu hommage à Jean Jaurès, avant de faire passer un message au président de la République.

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00:00Jaurès, 31 juillet, 110 ans, père fait du croissant. Jaurès meurt sous la balle.
00:08Jaurès va être assassiné trois fois, peut-être plus. Une fois physiquement par
00:15Raoul Villain, à la veille du plus grand précipice et suicide européen qu'est la
00:22Grande Guerre. Sa mort, voulue par les nationalistes, a été rappelée, veut tuer
00:29l'homme de la paix. Et puis, il y a un procès, en 1921, de Raoul Villain. Il est acquitté.
00:40Le meurtrier de Jaurès est acquitté. Et la femme de Jaurès est condamnée à réparer.
00:50C'est la seconde fois. Et ici, à Montpellier, la statue de Jean Jaurès, dans les années
01:00d'occupation, a été déboulonnée par l'extrême droite, qui a donné l'acier aux Allemands
01:11pour combattre. L'extrême droite a toujours haït Jaurès. Raoul Villain, ici et ailleurs.
01:23Mais nous, ici, nous commémorons Jaurès. C'est vrai, Julien, beaucoup de fédérations
01:30socialistes commémorent Jaurès. Nous sommes une des rares villes de France à tenir une
01:36cérémonie officielle et avoir le souci d'y associer la famille politique. Et je
01:44veux aussi saluer les élus, j'ai vu les élus écologistes, communistes présents
01:50et simples citoyens. Jaurès, l'homme de la paix, ce sera mon message. Jaurès était
01:59clairvoyant, il était seul. Seul à dire la folie de la guerre, celle qu'allait arracher
02:05à la vie des millions de jeunes hommes au meilleur moment de leur âge, 20 ans. Le feu
02:14à l'ouest vient de nouveau. Tout ça nous est raconté par la littérature. Jaurès
02:20clamait sa volonté de paix. Il faut emprunter le message de Jaurès. Il faut la paix pour
02:27le peuple ukrainien dans le respect de ses frontières. Il faut cesser le feu à Gaza
02:34pour protéger les civils. Il faut libérer les otages détenus par le Hamas. Il faut
02:42en fidélité à Jaurès que l'Arménie et le Karabakh soient protégés face à la menace
02:50à Zéry. Partout dans le monde, il faut défendre la paix, ici et ailleurs. Souvent face au
02:57conflit, nous nous sentons bien impuissants. Jaurès n'avait que sa plume pour défendre
03:04la paix. Et 110 ans plus tard, après sa mort, il est référence. Il défendait la paix en
03:12parlant à l'Assemblée, en parlant aux ouvriers, en parlant aux paysans, en ne cherchant jamais
03:18à les prendre de haut, en magnant, cher Pierre Serres, l'Occitan, sa langue, pour être
03:24sûr d'être compris. Je ne relève pas le défi de m'adresser en Occitan, ce serait
03:29faire offense. Mais ainsi le faisait-il. Il défendait inlassablement la paix. Et nous,
03:36nous devons être des militants de la paix, de la culture de la paix, promouvoir la paix.
03:42C'est ce que nous avons fait à Montpellier en accueillant sous l'égide des Nations Unies
03:47le sommet des 110 jeunes venus de toute la planète pour essayer de se comprendre et
03:52de travailler à la paix. C'est ce que nous faisons. Hier, nous étions à la fête du Trône à
03:58travers les accords de coopération décentralisés autour de l'eau avec nos amis du Maroc. C'est ce
04:04que nous faisons dans les territoires sous autorité palestinienne sur l'eau. C'est ce
04:10que nous faisons à Tiberias. C'est ce que nous avons fait en accueillant le musée national
04:13de la Palestine ici à Montpellier. C'est ce que nous faisons en accompagnant les réfugiés
04:19ukrainiens à Montpellier, en essayant de dialoguer partout pour oeuvrer à la paix,
04:25en essayant de défendre l'idéal européen malmené. Et je veux ici saluer une figure qui est née,
04:32Raphaël Buchsmann, qui a fait une très belle campagne en fidélité à nos idéaux,
04:37très belle campagne que vous avez portée, mes amis, et qui laisse entendre que le grand parti
04:44de Jaurès, ses grandes idées étaient données pour mortes, remplacées par ce que l'on appelait
04:49un nouveau monde. Eh bien, la fidélité aux combats du passé montre leur modernité. Oui,
04:56nous avons pu porter une liste pro-européenne qui est arrivée en tête de la gauche, qui aujourd'hui
05:02permet aux sociodémocrates, aux socialistes pro-européens d'être une force au Parlement
05:09et d'oeuvrer à la paix. Cela est essentiel. Nous allons d'ailleurs continuer, car si nous
05:23célébrons Jaurès chaque année, ce n'est pas pour être les militants des vieilles reliques. Nous ne
05:29sommes pas de ceux-là. Nous sommes des hommes et des femmes engagés, sincères, qui considérons
05:35que nous devons beaucoup au combat du passé, qu'il nous éclaire pour notre avenir, dans nos
05:42choix futurs. Ceux d'ailleurs qui nient le passé, ça s'appelle la post-vérité, ça permet au
05:51populisme de dominer, parce qu'évidemment, lui, la vérité d'hier peut être celle d'après-demain
05:59et une autre du surlendemain. Le combat pour la vérité, c'est une exigence, c'est une vertu.
06:04C'était celui de Jaurès, vertu. Vertu dans le débat démocratique, écrire tous les jours un édito
06:11dans la dépêche. Ici, travailler un long discours qui va enflammer la chambre. J'écoutais ce matin
06:20un petit podcast qui racontait que Jaurès, sur la laïcité, vous vous en doutez, a fait un discours
06:26et il a été interrompu par la pause du dîner et il a ensuite repris à l'Assemblée les repas. Non,
06:33les discours pouvaient durer jusqu'à 7 à 8 heures. C'était long, très long sans doute,
06:40mais c'était des moments d'éloquence où la langue française et sa beauté étaient
06:44convoquées. On m'eut raconté qu'à l'Assemblée, quand les discours étaient remarquables,
06:50ils étaient ensuite affichés et les autres parlementaires les saluaient, de gauche ou de
06:54droite, opposants politiques, mais ils relevaient l'art de l'éloquence, la passion, la fidélité aux
07:02convictions, l'exigence de vérité. Chers amis, Jaurès, il n'a jamais été ni maire, ni conseiller
07:09général, ni premier ministre, ni ministre, juste député. Pourtant, 110 ans après, nous le
07:16célébrons. Comment quelqu'un qui n'a au fond jamais exercé le pouvoir peut-il autant encore
07:23marquer, imprimer le débat public ? Sans doute parce que nous œuvrons à ce qu'il soit encore
07:29un repère, mais parce que la force de l'analyse, parce que la lucidité qui était la sienne face
07:35aux défis qui étaient les siens à l'époque, eh bien, forçait le respect. Et c'est à cela que
07:43nous devons continuer à travailler. Moi, je l'assume. Nous, ici, nous menons des combats de
07:51gauche fidèles aux idéaux socialistes, écologistes, de rassemblement. Ici, à Montpellier, nous déclinons
07:58plein d'actions qui ne viennent pas de nulle part, qui reviennent à ces repères. Je l'ai dit sur la
08:04paix. Je l'ai dit sur le droit aux vacances. Je pourrais les dire sur plein de choses, comme la
08:10gratuité des transports, la réaffirmation du combat laïque, et qu'il me soit permis ici de rappeler
08:17la phrase de Victor Hugo, l'Église chez elle, l'État chez lui. Et notre pays, notre République,
08:28doit s'honorer d'avoir un grand créateur comme Thomas Joly et un grand universitaire comme Patrick
08:34Boucheron, qui, dans la ville Mont-Quéparie, nous émerveille par leur génie créatif. Et il n'appartient
08:41à aucune officine religieuse de commenter ou, en tout cas, de demander messe en réparation. Elle a
08:48le droit de dire « j'aime, j'aime pas ». C'est ça, la liberté. Mais en rien porter un jugement. De la
08:55même manière, quand l'extrême-droite s'est déchaînée, comme elle se déchaînait contre Jaurès
09:00sur cette cérémonie, eh bien nous, nous devons dire notre grande fierté d'être français, un pays qui
09:07aime la science, un pays qui aime la culture, un pays qui est épris de liberté. Ce message-là,
09:13nous devons le prendre. Nous devons le dire. Je sais qu'une des figures montpelierennes, Barbara,
09:19qui a été, dans cette scène, devenue iconique, autour de Philippe Catherine, dont nous controversons
09:26la scène, ou Dionysos, extraordinaire ce pays, on controverse sur les œuvres d'art, eh bien je veux
09:32lui témoigner publiquement mon soutien, cher Zita, publiquement, face à la haine, face à la calomnie,
09:39pour ce qu'elle est, pour ce qu'elle croit. Je veux lui dire qu'on l'aime, qu'on l'aime du fond
09:44du cœur, et que les messages qu'elle reçoit en soutien, elle doit les prendre comme tels. Nous,
09:50nous croyons à la fraternité universelle, en fidélité à Jaurès, pas à une France
09:55rabougrie. Nous croyons à la fidélité des idées, à la constance du progrès, aux valeurs qui sont
10:01les nôtres. Alors oui, nous n'avons pas gagné les élections. Bonjour, ça va Pépito ? Mais je vois,
10:11en vélo maintenant, c'est corporate. Allez, je termine Pépito et après on cause. Après.
10:18Il est où Nanasso ? J'en étais où ? Pépito, tu m'as mis le bazar. Dans mon discours,
10:28hein. Oui, mais il faut que je... C'est trop long, sinon je ne parle que des JO. Arrête, arrête,
10:37arrête. Je reviens à notre sujet. Ah oui, j'étais. Ah si, si. Nous n'avons pas gagné en majorité
10:45absolue les élections. Mais le nouveau Front populaire est arrivé en tête du nombre de
10:50parlementaires. Alors on s'est précipités pour dissoudre l'Assemblée. Il est temps de donner à la
10:58France un gouvernement. Car il n'y aurait rien de pire que de donner aux Français le sentiment
11:05que ce pays n'est pas gouverné. Et je veux le dire ici avec force. Effectivement, cher Julien,
11:11tu as raison. Notre République sera plus parlementaire. Elle doit savoir faire des
11:16compromis. Nous, les socialistes, on connaît ça. Des compromis. Les compromis, ça permet
11:22d'améliorer la vie des gens. Certains disent que quand on fait un compromis, c'est une trahison.
11:26Les procès en trahison, Jaurès en a reçu des centaines. Mais au fond, faire un compromis,
11:33c'est une bonne chose. On en aurait fait un sur la réforme des retraites. Eh bien,
11:37nous n'aurons pas envoyé les gens dans le monde du travail travailler deux ans de plus,
11:42alors que leur espérance de vie est en dessous de 62 ans. Voilà. Donc, il faut nommer un
11:47gouvernement. Je veux le dire ici, issu de la force arrivée en tête du nouveau Front populaire,
11:53qui doit être, cher Fanny, très attentif à ce qui a été la logique du deuxième tour du Front
11:59républicain. Car il faut respecter et il faut le faire. Et puis, si ce n'est pas le cas, eh bien,
12:06nous nous aurons un devoir, c'est d'assumer une opposition résolue, toujours constructive,
12:11au service des Français, en parlant de nos propositions. Et j'en viens à mon troisième
12:17point. Je me félicitais du rouge dominant de Montpellier. Mais nous devons, mes chers camarades,
12:26chers amis, ne pas nous faire d'illusions. Le midi rouge de Jaurès, qu'il chérissait de ses visites
12:34à la cave de Marocan en 1907, de ses mots adressés aux socialistes de la deuxième circonscription de
12:41Béziers, en les remerciant de leur ardeur pour défendre les idéaux républicains parus dans
12:47la dépêche en 1904. Nous sommes obligés de constater que le midi rouge devient le midi brun,
12:55que l'extrême droite, aujourd'hui, est la force dominante dans ce qui fut le Languedoc-Roussillon.
13:01Alors ce n'est pas en dénonçant, ce n'est pas en criant que nous réglerons les problèmes. Car
13:10ils sont difficiles et la tâche va être très dure. Aujourd'hui, le Gard n'a que des députés du RN.
13:17L'Aude, que des députés du RN. La circonscription de Léon Blum est aux mains du RN et réélu. Nous
13:25devons donc nous mettre à la tâche. Nous devons travailler. Je le dis avec beaucoup d'humilité,
13:32car je ne crois pas qu'il y a de solution magique à ce destin inquiétant qui est le risque de voir
13:41l'extrême droite un jour gouverner notre pays. Mais on voit qu'elle s'enracine dans notre
13:46territoire. Et notre devoir, c'est d'essayer de le reconquérir. Comment pouvons-nous faire ? Sans
13:53doute s'inspirer de Jaurès. Sans doute s'inspirer de Jaurès. Je parlais de l'Occitan. Il aimait les
14:00traditions de son midi. Quand dans les villes, on vient moquer les tambourins, les courses
14:08camarguaises, et bien comment ne pas provoquer l'ire de ceux qui vivent là-bas et qui aiment
14:14ces sociabilités qui permettent la rencontre ? Quand dans l'Aude, le djihadisme tue et que
14:21personne n'ose reprendre le flambeau de la laïcité, comment ne pas mesurer le désarroi de nos électeurs
14:28et de nos électrices, qui parfois deviennent infidèles, s'abstiennent, ou pire, basculent ?
14:35Quand cette question fondamentale de l'accès aux soins se pose dans des centaines de territoires
14:45de notre pays, de cantons, de bourgs, où trouver un médecin devient une quête comparable à celle
14:50du Graal ? Quand vous êtes âgé de 80 ans et que vous ne pouvez pas partir, que vous aimez votre
14:57village, vous avez vos repères, et qu'on vous envoie sur Doctolib et qu'on vous annonce que
15:02c'est dans trois mois ou à 40 kilomètres, dans trois semaines, comment faire ? Ces questions-là,
15:08nous devons les prendre une à une et travailler. Je le dis, travailler. Il n'y aura pas de reconquête
15:17pour la gauche républicaine des territoires où l'extrême droite est forte. Si nous nous lançons
15:23un concours d'outrance, de posture dénonciatrice en permanence, cela n'intéresse pas. Les gens,
15:30ils veulent savoir comment on améliore leur quotidien, comment on donne un chemin à la
15:36société. C'est ce que Jaurès a fait, et inlassablement fait. Et un jour, il a semé,
15:44et ce fut la victoire du Front Populaire, et ce fut mai 36. Et tous les leaders socialistes de
15:52gauche, quand ils ont gagné, ils ont dit dans leurs discours, une citation, deux citations,
15:59des références à Jean Jaurès, parce qu'il a semé. Je nous invite, mes chers amis, à prendre ce
16:07chemin, celui que nous menons à Montpellier, et je le crois, une source d'inspiration,
16:13à une condition, de ne jamais oublier qui nous sommes. Je ne suis pas un maire technicien à
16:19défendre ici des politiques publiques. Je suis bien sûr le maire, et j'ai une responsabilité
16:25de la concorde, de l'unité, de respecter chaque habitant de la ville, quelles que soient ses
16:31opinions, ses croyances, et de protéger ces libertés-là. Mais je suis aussi un maire qui
16:37ne renie rien de ses engagements et de ses convictions. Et je crois que le mot politisation,
16:44qui fut beaucoup utilisé par Jaurès et les Républicains sous le Second Empire, funeste,
16:50est important. Il faut énoncer politiquement ce que nous faisons, pour convaincre, pour démontrer
16:57qu'il y ait des chemins de possible. Mes amis du Gard m'ont invité à parler gratuité des transports.
17:02Ils mèneront ce débat au municipal, pouvoir d'achat, écologie. Nous devons ici valoriser
17:10les actions qui sont faites par la région Occitanie en faveur de l'accès aux soins et des maisons de
17:15santé. Pas en faisant des campagnes de communication. C'est nul. En faisant des tracts et en allant
17:21voir les gens sur les marchés, en leur parlant. Parce que comment on leur parle aujourd'hui ?
17:26Vous regardez ces réseaux sociaux, vous regardez ces nouveaux modes. Il nous faut défendre la presse,
17:32tout le temps la presse. Il faudrait presque que nous, nous allions de temps en temps offrir
17:36les journaux aux gens, pour qu'ils réfléchissent, pour qu'ils lisent les éditos, qu'ils se forgent
17:40des convictions. Nous devons aujourd'hui réinventer ces modes d'action, pour mieux
17:46défendre nos idées. Nous devons être exigeants sur nos mots. Notre temps est précieux de parole,
17:53parce que le temps d'écoute est rare. Mettons-le à bon escient, fions les querelles. Ne nous égarons
18:00pas en outrance, qui conduisent la gauche, j'ai besoin de le dire, à être éternellement
18:06minoritaire. Éternellement minoritaire. Si la gauche cède à l'outrance, elle est condamnée
18:14à témoigner. On se fera plaisir dans les meetings, mais pour gagner une élection,
18:19il faut faire 5 ans plus 1. Donc il faut convaincre, il ne faut pas faire peur,
18:23il faut rassurer. Il faut apparaître sincère, constant dans ses convictions, ou être capable
18:29de dire pourquoi on a évolué, pour que chacun puisse respecter. Cela est essentiel. Les combats
18:36sont devant nous. Il y aura des combats politiques, il y aura des combats sociaux. Nous devons,
18:43à l'aune de ces combats sociaux, je veux le dire aussi, être très respectueux des syndicats,
18:48du mouvement associatif, ne jamais instrumentaliser, toujours le soutenir, l'écouter,
18:55parce que sa réalité du terrain nous oblige, à titre d'expérience très personnelle. Je
19:01voudrais ici saluer, si quelqu'un peut leur dire, ce sera bien, ces femmes de la société honnête,
19:10qui ont fait 72 jours de grève pour gagner quelques dizaines d'euros de plus pour vivre
19:17dignement, pour que leurs horaires de travail puissent être attentifs à l'équilibre de leur
19:22vie. Je les ai rencontrés, nous leur avons mis une salle à disposition pour faire leurs fêtes.
19:27Voilà. Et c'est ça notre travail. C'est ça notre travail. Si nous venons ici, chaque 31 juillet,
19:36c'est pour essayer de trouver une forme de discours, de la méthode, pour continuer à
19:43donner de la force, de la voix, à ceux et celles pour qui nous devons agir, pour la dignité. Donner
19:52de la force et de la voix. Nous avons aussi un grand chantier et je voudrais terminer là-dessus.
19:57J'ai commencé par les enfants, je veux finir par eux. Je veux terminer, madame. Voilà, moi aussi.
20:05Je veux terminer par eux. Ce pays a oublié sa cause. Sa cause, qui est celle de ce grand livre,
20:17qui est le livre français le plus traduit dans le monde, « Les misérables » de Victor Hugo.
20:24Ce pays a oublié les figures de Gavroche et de Cosette. Ce pays a oublié combien les enfants
20:32devaient redevenir une priorité. Nous voyons des travailleurs sociaux, je les rencontre,
20:39qui témoignent, qui sont en prise avec des réalités insoutenables, qui nous racontent que des jeunes
20:46filles de moins de 18 ans, 20 000 dans notre pays, se prostituent. Nous avons des enfants qui sont
20:52arrachés à l'obligation scolaire parce qu'ils tombent dans les réseaux du narcotrafic et la
20:57société a baissé les bras. Nous voyons des enfants qui basculent dans les bêtises et on dit « c'est
21:05la faute des parents » et peut-être nous pourrions travailler la parentalité. Je veux te le dire,
21:10chef Fagné, je sais que c'est ta cause ici à Montpellier. Tu as été une première adjointe
21:15remarquable en faveur de l'école et de l'éducation. Il faut qu'aujourd'hui la cause des enfants
21:20redevienne le grand combat de ce pays. Nous ne pouvons pas passer dans la rubrique « faits
21:26divers » qu'un jeune de 17 ans meurt dans un règlement de comptes. Nous ne pouvons pas lire
21:31dans les rubriques « faits divers » que des réseaux de prostitution de mineurs sont démantelés.
21:36Nous devons nous remobiliser pour que notre jeunesse, toute notre jeunesse, dans sa diversité,
21:42dans sa générosité, retrouve un avenir. Nous devons nous mobiliser pour que des moyens soient
21:48donnés à la PJJ, au centre de protection de l'enfance, pour que tous ces métiers soient repris.
21:54Il y a tant d'enfants dans la détresse. Si nous ne le faisons pas, nous savons que dans 20 ans,
22:00la société aura de grands problèmes supplémentaires. Nous le lisons, les inégalités dans notre pays
22:07sont très fortes parce que précisément des enfants sont nés dans l'épreuve et ont vécu
22:12dans l'épreuve. Ça n'excuse rien. Mais si la société abandonne cela, nous serons dans l'échec.
22:19Et je veux le dire ici. Je pense que demain, en 2027, notre pays aura un rendez-vous avec
22:26une grande élection. Je soutiendrai quelqu'un. On verra. On verra. On essaiera de s'unir. Mais
22:33je pense que la question de la grande cause de l'enfance devra être le grand combat des
22:38socialistes. Parce que la question de l'enfance, c'est la question de l'avenir. La question de
22:44l'enfance, c'est la question de la dignité. La question de l'enfance, c'est celle de la
22:49protection eu égard à la fragilité. Alors à nous de parler de cela. Si nous parlons de cela,
22:57la société nous écoutera. Parce que dans cette société, il y a des pères, il y a des mères,
23:03il y a des grands-pères, il y a des grands-mères. Il y a ici, à Montpellier, une dame qui est assise
23:09sur le banc de l'esplanade et qui me dit « Monsieur le maire, je viens tous les jours. J'ai perdu mon
23:14mari. Je suis seul. Mais vous me réjouissez en voyant ces enfants jouer et se piègler. » Jaurès,
23:23c'est un idéal. À nous de le défendre et de le conquérir. Mesdames et messieurs,
23:30merci à vous de votre engagement. Ô les cœurs, cœurs ardents, fidélité à ceux et celles qui
23:38nous ont donné un monde meilleur. Devoir à nous de le rendre encore meilleur. Je vous remercie.

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