JO-2024 : Makis Chamalidis, psychologue de l'équipe de France olympique

  • il y a 3 mois

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#

Category

🗞
News
Transcription
00:00justement garder son sang froid lorsque le monde entier vous regarde et que vous
00:04n'avez pas le droit à l'erreur. Tous les athlètes qui participent à ces jeux
00:07ont évidemment déjà réfléchi à la question.
00:10Vous aussi Maquis Chamaly, bonsoir puisque vous êtes l'un des trois
00:15psychologues de la délégation française. Tout d'abord un mot sur ces
00:20deux premières journées d'épreuves. Qu'est-ce qui vous marque le plus pour
00:23l'instant ? C'est la ferveur dans les gradins ? C'est le très bon début de
00:27l'équipe de France ? Oui il y a toujours un kick-off. Je pense que c'était la
00:32cérémonie d'ouverture. On a vu les athlètes rentrer après minuit
00:37trompés mais plein d'énergie. Je pense que c'est déjà un premier critère. C'est des
00:42jeux qui donnent de l'énergie. Ensuite il faut dire aussi que être à
00:49domicile c'est à la fois une pression mais c'est
00:54aussi un moyen d'être porté. On pense que ces jeux-là donnent beaucoup
01:01d'énergie aux athlètes et ils sont fiers de représenter leur pays.
01:05Qu'est-ce que vous dites à justement vos athlètes juste avant qu'ils entrent sur
01:11la piste du Grand Palais, sur le tatami, dans le bassin olympique ?
01:15Vous leur dites de rester dans leur bulle, de visualiser leur victoire ?
01:21C'est un travail qui commence bien en amont évidemment. Le but c'est de savoir
01:26où on met les pieds, de bien connaître les codes, les exigences du haut niveau.
01:31Il est beaucoup question de gérer les attentes parce que n'importe qui peut
01:38exprimer son talent quand il n'est pas attendu. Mais quand les attentes sont élevées,
01:45quand on a parfois même une dette, tout le monde vous dit qu'il faut gagner et
01:50ce n'est pas du tout pareil de se dire je dois gagner ou je veux gagner.
01:53L'autre jour, il y avait des bénévoles qui disaient qu'il faut ramener la médaille.
02:02Sa réponse était intéressante. Il leur dit que si jamais il ne la ramène pas,
02:06qu'est-ce qui va se passer ? Donc il faut aussi savoir relativiser.
02:12Et gagner, ça ne doit pas être une obligation mais c'est une prise de responsabilité.
02:17Elle vient d'où la pression la plus forte ? Elle vient des médias, des sponsors, des réseaux sociaux ?
02:23Oui, on a les réseaux sociaux où on est au courant de tout, voir des choses qui ne sont pas vraies.
02:31Il y a aussi une pression de ceux qui annoncent tel chiffre de médailles. Il faut savoir qu'il
02:36y a des délégations comme les Etats-Unis ou le Japon qui se disent qu'il y a déjà suffisamment
02:41de pression. Pourquoi demander tel nombre de médailles à nos athlètes ? Et tous ceux qui
02:47ont aidé financièrement et avec les moyens, même mentalement, ils peuvent être en attente d'un
02:53résultat. Mais il ne faut pas que ça devienne une dette pour l'athlète mais plutôt un plaisir
02:58et une fierté de s'exprimer sous pression. Un mot du village olympique. Je lisais une
03:05interview du nageur Alain Barnard et du perchiste Renaud Lavillény qui disait qu'on pouvait
03:10facilement s'y perdre dans ce village olympique, s'y perdre un peu mentalement tellement il y a
03:15une euphorie, il y a une fête permanente. Comment vous faites avec les athlètes justement pour qu'ils
03:20restent concentrés sur leurs épreuves ? Alors on s'y prépare parce que le village c'est un peu
03:27Euro Disney. Il y a plein de tentations. On peut aller au restaurant qui est ouvert 24h sur 24. Il
03:35y a des stands de boissons énergétiques, des fontaines de soda et bien d'autres tentations.
03:44Mais le but c'est de savoir que oui, certes c'est une fête mais il faut aussi savoir fermer la porte
03:50et on visualise ces moments-là depuis un moment. Qu'est-ce que j'ai prévu au cas où pour ne pas
03:55être surpris et pour bien canaliser son énergie. A ce stade la France elle a déjà remporté six
04:01médailles. Ceux qui les ont décrochées accèdent on l'imagine à un état psychique, mental tout
04:08nouveau. On se sent plus fort, plus puissant. Est-ce que ça peut monter à la tête ? Comment on
04:12fait pour redescendre ? Vous êtes là aussi pour gérer l'après-victoire ? Oui il y a l'après-victoire,
04:18il y a l'après-défaite, il y a les athlètes pour lesquels ce sont les premiers ou les derniers
04:24Jeux olympiques. Mais une chose est sûre, tous les athlètes passent par un état quasi dépressif à
04:30la fin des Jeux parce qu'ils ont tellement donné, ils ont tellement vécu des moments forts de
04:36l'adrénaline que quand ça retombe on peut parfois être en quête de sens. Pourquoi se lever le lundi
04:42matin ? Et ça aussi il faut savoir gérer cette transition, on y travaille déjà dessus. Pour
04:48repartir à l'entraînement c'est ça ? Parce que après un titre olympique une carrière n'est pas
04:53terminée ? Après un titre olympique traditionnellement on flotte pendant quelques semaines
05:00les médias s'y intéressent, les sponsors aussi et en fonction de la médiatisation de sa discipline
05:05le tir à l'arte c'est pas pareil que le basket. Evidemment on surfe sur cette vague jusqu'à
05:12revenir sur terre et se refixer des rendez-vous pour les prochaines compétitions. Un grand merci
05:19Makis Chamalidis d'être intervenu sur l'antenne de France 24. Je rappelle que vous êtes l'un des
05:26trois psychologues de l'équipe de France Olympique et que vous avez en ce moment fort à faire on
05:30l'imagine. Merci à vous.

Recommandations