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00:00plongeant dans l'inconnu, après l'annonce donc du renoncement du président sortant Joe Biden.
00:05Deux invités pour en parler, à qui vous allez pouvoir poser toutes vos questions.
00:08Auditeurs de France Inter au 0145 24 7000 et sur l'application d'Inter vous connaissez la procédure.
00:15Deux invités donc que je vous présente. Amy Green, bonjour.
00:17Vous êtes enseignante spécialiste de la politique américaine à l'université Paris Sciences et Lettres.
00:23Et Thomas Négarov, bonjour.
00:25Bonjour Simon.
00:25Les auditeurs d'Inter vous connaissent dans le grand face-à-face que vous produisez tous les samedis.
00:30Vous êtes journaliste spécialiste de l'histoire des États-Unis.
00:32Revenons d'abord évidemment sur l'annonce en elle-même de Joe Biden hier soir par Communiqué.
00:38Qu'est-ce qui a forcé sa décision ?
00:39Est-ce que c'est le débat calamiteux face à Trump ?
00:42Est-ce que c'est la tentative d'assassinat dont Donald Trump s'est sorti miraculeusement ?
00:47Est-ce que c'est la pression de son camp, en particulier des grands donateurs de la campagne ?
00:52Est-ce que c'est sa contamination au Covid ?
00:54Est-ce que c'est tout cela à la fois ?
00:55Est-ce que vous identifiez un moment de bascule, un moment décisif, Amy Green ?
00:59C'était à peu près tout ce que vous venez de citer.
01:02Il y avait des moments, des enjeux de plus en plus importants qui ont pesé sur Joe Biden.
01:08Néanmoins, pendant toutes ces situations, il a décidé de s'accrocher.
01:12Il a insisté sur son maintien dans la course à la présidence.
01:16Ce qui paraît a fait le bascule, c'était de comprendre que de plus en plus d'élus démocrates,
01:23de donateurs, mais particulièrement des élus, il est très sensible à ça,
01:26ont commencé à assumer le fait de lui dire les yeux dans les yeux,
01:30ou directement qu'il fallait qu'il se retire,
01:32parce qu'ils commençaient eux-mêmes à s'inquiéter pour les pertes de leurs états.
01:37Il y avait déjà une trentaine d'élus qui, très officiellement, l'appelaient à se retirer.
01:41En effet, des sénateurs, des députés et autres.
01:44À partir de là, il avait commencé à comprendre qu'il perdait petit à petit le soutien de son camp.
01:49Et plus inquiétant encore, ils avaient fait état des sondages très inquiétants,
01:53non seulement pour la présidence, parce que ces fameux états de swing states,
01:57des états qui basculent d'une élection à une autre,
01:59c'est une carte assez connue pour la présidentielle,
02:02mais néanmoins, le nombre d'états à bascule a commencé à agrandir après le débat
02:07et après la décision de Biden de se maintenir.
02:10Puis après, il y avait l'inquiétude pour d'autres candidats,
02:13les plus petits candidats des postes dans les états fédéraux, des députés et des sénateurs.
02:19Donc, il y avait non seulement l'inquiétude de perdre la présidence,
02:22mais aussi le Congrès et le Sénat.
02:24Thomas Négarov, qu'est-ce qui s'est passé dans cette maison du Delaware,
02:30sa résidence privée où Joe Biden était avec ses plus proches conseillers ?
02:33Qu'est-ce qui s'est passé dans sa tête, dans ses discussions avec son épouse ?
02:36Ça, j'imagine que pour l'historien que vous êtes,
02:38ça doit être une question qui doit vous intéresser au plus haut point.
02:42Oui, d'autant que je travaille sur la question de l'intimité de ces figures présidentielles américaines.
02:46Personne ne le saura jamais.
02:47Ce qu'on sait, c'est que Joe Biden, son épouse, sa deuxième épouse,
02:50poussait plutôt à ce qu'il poursuive le combat.
02:53Ce qui s'est passé, c'est certainement ce que vient de dire Amy,
02:55à savoir, tout à coup, une prise de conscience collective et donc individuelle.
02:59Parce que Joe Biden, c'est difficile pour lui.
03:01Il était enfermé dans une espèce de réalité où il pensait avoir un très bon bilan.
03:05On va peut-être y revenir, où il était persuadé de pouvoir battre Trump
03:08parce qu'il l'avait déjà battu une fois.
03:09Et il y a eu de plus en plus de messages de plus en plus proches de lui.
03:13Vous savez, à ce micro, à la fin du mois de février,
03:16je commence à évoquer personnellement l'idée que peut-être ça ne serait pas lui.
03:19Oui, vous aviez été effectivement, sans doute l'un des premiers en tout cas ici,
03:22à dire « Trump-Biden, ce ne sera peut-être pas la fiche finale ».
03:26Oui, parce que je sentais que, parce qu'au-delà de tous les arguments rationnels,
03:31il ne faut pas non plus oublier qui est l'adversaire de Joe Biden, c'est Donald Trump.
03:35Et je pense qu'il y a eu un moment donné où les démocrates se sont dit,
03:37c'est ce que je pensais à l'époque, et bien sûr depuis il y a eu plein de choses,
03:41la tentative d'assassinat et autre chose, mais quand même il y a le risque de Trump
03:45de retour à la Maison-Blanche, et pas le même Donald Trump.
03:47Et je pense que ça, cette question du risque, bien sûr il y a les élus locaux,
03:52mais il y a aussi globalement la big picture de,
03:55mon Dieu, un fasciste au pouvoir, c'est ce que pensent beaucoup de démocrates.
03:57Et ça, ça a pu quand même jouer à un moment donné dans la conviction de Biden,
04:02seul chez lui, dans le Delaware, qui depuis des années se présente comme le rempart pour la démocratie.
04:07Peut-être que ce discours-là de, attention, toi le rempart pour la démocratie,
04:11tu peux peut-être être, à un moment donné, la porte d'entrée
04:15vers un régime de type fasciste aux Etats-Unis.
04:17Vous avez compris, Amy Green, l'obstination, l'entêtement jusqu'à hier de Joe Biden ?
04:24Oui, c'est quelqu'un dans son histoire personnelle qui a beaucoup d'exemples
04:29en fait de surmonter la difficulté.
04:33Il a vécu des drames personnels sans indicibles.
04:37Il a vécu aussi des échecs politiques très importants et à chaque fois, il s'est accroché,
04:41il a tenu bon, il a tenu son cap et il a réussi à surmonter les critiques,
04:46les questionnements, les interrogations et finalement les sceptiques
04:49pour finalement réussir jusqu'à la présidence du pays.
04:52Donc en effet, c'est quelqu'un qui a ça dans son histoire, dans son parcours très intime, très personnel.
04:57Vous parliez des drames personnels, il faut préciser aux auditeurs,
04:59il a perdu sa première épouse et l'une de ses filles dans un accident de voiture.
05:03Puis des années plus tard, son fils aîné, Bob Biden, d'une tumeur au cerveau.
05:08C'est ça aussi qui a forgé cette personnalité politique.
05:12Oui, puis aussi, il a dû se retirer plusieurs fois de la course à la présidence
05:16avant finalement de remporter.
05:17Il s'est senti longtemps sous-estimé par son propre camp, par Barack Obama notamment.
05:21Oui, c'est un peu le underdog, c'est un peu le David face au Goliath.
05:26Donc c'est quelqu'un qui a ça dans son parcours.
05:29Puis après, en effet, c'est quelque chose qu'il dit,
05:31il est le seul à avoir battu Donald Trump à une élection.
05:35Et donc, sans doute, Joe Biden, pendant tout son parcours, il est motivé par quoi ?
05:39Par l'amour pour le pays.
05:41Et donc, s'il est resté aussi longtemps, c'est parce qu'il pensait que ce sera sincèrement lui.
05:45Parce que finalement, et c'est ce que dit Thomas à l'instant,
05:48en fait, la préoccupation centrale pour tous les démocrates,
05:50c'est réussir à battre Trump une nouvelle fois.
05:53La seule question qui se posait, c'est comment est-ce qu'on y arrive et avec qui ?
05:56Alors maintenant, les leaders du camp démocrate saluent unanimement
05:59la décision d'un grand homme d'État, digne, responsable,
06:04qui a su faire passer l'intérêt du pays avant le sien.
06:07Est-ce que c'est ça, Thomas Négaroff, que l'histoire retiendra aussi de Joe Biden ?
06:12Et davantage que l'image d'un homme vieillissant, presque chénile ?
06:19Les deux, mais c'est sûr que l'histoire retiendra.
06:22Et il y aura comme la petite astérisque à côté de Bill Clinton
06:25a été impeachée à un moment donné dans l'histoire américaine,
06:28quand on écrira dans 100 ans l'histoire des présidents américains,
06:31un président par un président, il y aura le président qui,
06:34un mois avant la convention de son parti, a décidé de jeter l'éponge.
06:37Est-ce que ce sera vu, d'après vous, comme plutôt à mettre à son crédit ou à son débit ?
06:42Ça, on le saura le 1er mardi qui suivra le 1er lundi de novembre,
06:48donc le 5 novembre prochain, parce que c'est qu'à la fin de l'histoire
06:50qu'on saura si le timing a été bon.
06:52Parce que la question du timing, elle est fondamentale.
06:54Il faut quand même se la poser deux minutes ici.
06:56Est-ce que Kamala Harris, si c'était la candidate, a le temps de se préparer, de se présenter ?
07:01Tout à l'heure Gallagher Fenwick disait que se présenter aux Américains,
07:04c'est l'un des enjeux majeurs, se présenter aux Américains,
07:06c'est très très très court, mais l'actualité va tellement vite aujourd'hui,
07:10on le voit tous les jours ici, que moi je me dis que ce n'est pas forcément le cas.
07:14Donc, pour répondre à votre question, on ne pourra savoir que plus tard
07:17si cet événement historique est un événement qui a changé la campagne électorale,
07:21à savoir si, par exemple, le jour où Donald Trump, il y a quelques semaines,
07:24on a l'impression que ça fait déjà des mois et des mois, a été victime du tentative d'assassinat,
07:27est-ce que ce jour-là, c'est le jour où il a perdu l'élection américaine,
07:30là où on pensait qu'il l'avait gagnée, il l'a perdue peut-être ce jour-là,
07:33parce que ça a accéléré le désistement de Joe Biden
07:37et amené dans la course une candidate beaucoup plus difficile pour lui, qui est Kamala Harris.
07:41C'est vrai que c'est un retournement de situation pour Trump,
07:44qui semblait devenu intouchable dans cette course à la Maison-Blanche,
07:48depuis effectivement cette tentative d'assassinat à laquelle il a réchappé miraculeusement.
07:53Oui, en effet, le discours se retrouve aujourd'hui,
07:56puisque aujourd'hui, Donald Trump est le candidat investi à la présidence
08:00le plus vieux de l'histoire des États-Unis.
08:02Ce n'est plus Joe Biden.
08:03Donc la question de, il a à peu près 80 ans,
08:06est-ce qu'il peut tenir jusqu'à la fin d'un deuxième mandat,
08:10ça se pose et ça se retourne contre Trump.
08:13En effet, ce que je trouve très intéressant par rapport à la question de l'histoire,
08:17du récit que l'histoire va raconter sur Biden,
08:21il y a aussi un autre enseignement à en tirer,
08:23sans doute sur le mécanique du Parti démocrate.
08:25C'est-à-dire que là, Joe Biden, il a compris les élites démocrates,
08:30à savoir les grands donateurs et les élus, etc.
08:32Ils avaient compris que ça ne pouvait plus être Joe Biden.
08:35Mais je tiens à signaler que des électeurs démocrates,
08:37il y en a beaucoup qui ont voté pour lui, évidemment,
08:40des millions même qui ont voté pour lui, mais dans un primaire incontesté.
08:43Et donc, depuis le début de cette course à la présidence,
08:46il y avait le Parti démocrate des électeurs,
08:48et finalement, c'est ça la politique des électeurs,
08:51qui disait qu'on ne veut pas de lui.
08:52On veut quelque chose de différent.
08:54On veut un nouveau visage.
08:55Et finalement, qu'est-ce qui a fait qu'il n'y avait aucune opposition possible
09:00aux présidents sortant à ce moment-là ?
09:02C'est quelque chose qu'il va falloir examiner de près
09:04pour savoir comment est-ce qu'on est arrivé là.
09:06Alors parlons maintenant de la suite.
09:08Et maintenant, c'est la question que je posais en introduction.
09:11Parlons de Kamala Harris.
09:12Vous l'avez évoquée, Thomas Négaroff,
09:15en vous demandant si elle aurait assez de temps,
09:18si elle allait avoir assez de temps pour convaincre les électeurs.
09:23En tout cas, c'est-elle la vice-présidente que Joe Biden a logiquement choisi
09:28pour le remplacer ?
09:29Est-ce que c'est fait ?
09:32Ou est-ce qu'il y a encore une incertitude sur le nom du candidat
09:35ou de la candidate démocrate, Thomas Négaroff ?
09:38Il y en a toujours, parce qu'il y a pas mal de gens intéressés
09:41qui ont évoqué depuis longtemps, le gouverneur de Californie, par exemple,
09:44Gavin Newsom, mais globalement,
09:46depuis que Joe Biden a annoncé que c'était sa candidate.
09:49Je vois pas Joe Biden le dire tout seul, de manière complètement irraisonnée.
09:52Là, il est maintenant sous contrôle, à mon avis, du parti.
09:55Kamala Harris est la figure la plus évidente et la plus puissante,
09:58à mon avis, et la plus reconnue et connue des Américains, déjà.
10:01Elle a été un peu décevante en tant que vice-présidente,
10:03mais c'est parce que les gens ne savent pas ce qu'est un vice-président.
10:05Ils pensaient que le vice-président, c'était un président bis.
10:08Non, le vice-président...
10:09C'est vrai qu'elle était, il y a 4 ans, à son arrivée à la Maison Blanche avec Joe Biden,
10:13représentée comme la future star de la politique américaine.
10:16L'étoile montante qui allait presque faire de l'ombre au président.
10:20Précisément, il ne fallait pas qu'elle fasse de l'ombre.
10:22Du coup, elle a dû rester dans ses dossiers.
10:23Le dossier de l'immigration qui va lui peser, ça va être le sujet, à mon avis,
10:26c'est que quand elle arrivait en 2021, son sujet, c'était l'immigration.
10:30Et c'est là où ça n'a pas marché.
10:32Et c'est là où l'attaque Donald Trump a attaqué Joe Biden.
10:36C'est là où il va attaquer Kamala Harris.
10:38Mais il y a un bilan de Joe Biden qui n'est pas mauvais d'un point de vue économique,
10:42même si l'inflation pèsera lourd sur la campagne électorale.
10:45Il y a un bilan sur la relance économique qui est là.
10:49C'est comme toujours et c'est comme en France.
10:51Il faut à la fois être la rupture et la continuité, ce qui n'est pas facile pour elle.
10:54La continuité, c'est de prendre ce qu'il y a de bon dans le bilan.
10:57Et la rupture, il n'y a qu'à regarder les photos, on la voit assez clairement.
10:59Un mot du bilan, justement, Amy Green.
11:02Est-ce que Kamala Harris peut le mettre en avant ?
11:06Est-ce que les Américains le reconnaissent comme aujourd'hui un bon bilan ?
11:10Alors, sa cote de popularité aux Etats-Unis est assez basse.
11:14C'est pareil pour Joe Biden.
11:16C'est à peu près une trentaine de pourcents de favorabilité.
11:20Donc, évidemment, c'est assez bas.
11:22Ce bilan-là, elle peut réclamer ou revendiquer en tout cas ce bilan.
11:27Les millions de créations d'emplois, la réindustrialisation dans la transition écologique.
11:31Tout cela, les gens le voient.
11:34Les gens ne le voient pas du tout.
11:35En fait, c'est ça la difficulté.
11:36C'est-à-dire qu'elle va pouvoir clamer justement ce bilan.
11:39Mais elle va aussi attirer les critiques pour tout ce qui n'allait pas.
11:43Effectivement, l'immigration, ça va faire partie des sujets préoccupants
11:46parce que c'est déjà au cœur des enjeux électoraux.
11:50Mais en tout cas, Joe Biden le disait lui-même au moment de son discours sur l'état de l'Union.
11:55Le bilan, c'est la plus merveilleuse histoire qui n'a jamais été racontée.
11:59Et en effet, le peuple américain aujourd'hui ne ressent pas forcément les effets positifs de ce bilan.
12:04Certes, l'inflation stagne, mais les salaires n'augmentent pas.
12:08Les prix ne baissent pas.
12:09Donc, comment est-ce que vous voulez que l'Américain moyen
12:12sent en situation de réussite totale grâce à ce bilan-là ?
12:16Et puis, par ailleurs, il y a une perception de Joe Biden.
12:18Il y avait, et là, on ne parle peut-être plus de lui trop,
12:21mais comme quelqu'un qui ne pouvait pas être efficace sur l'économie justement,
12:27alors qu'il y avait des indicateurs qui leur montraient le contraire.
12:30Donc, elle va sans doute essayer de se vanter de ce bilan,
12:33mais elle va aussi se préparer à toutes les critiques.
12:36Aux attaques, effectivement, notamment sur l'immigration dont parlait Thomas Négaroff.
12:39Une question de Thierry, au Standard de France Inter.
12:42Bonjour Thierry.
12:43Oui, bonjour.
12:45Ma question sera assez simple, je veux savoir,
12:47au point de vue concret pour les démocrates,
12:50est-ce que c'est possible qu'il y ait un autre candidat qui se présente contre Kamala Harris ?
12:54Et pourquoi Nancy Pelosi et Barack Obama
12:57n'ont pas apporté leur soutien à 100% pour Kamala Harris pour l'instant ?
13:01Oui, pourquoi cette prudence, Thomas Négaroff ?
13:04Nancy Pelosi, c'est l'ancienne présidente de la Chambre des Représentants pour ceux qui ne la connaissaient pas.
13:08Qui a été l'une de celles qui a poussé depuis plus longtemps à ce que Joe Biden s'en aille.
13:13C'est un peu tôt, c'est-à-dire qu'attendons un peu.
13:15Oui, pour répondre à l'action de Thierry, il peut y avoir d'autres candidats.
13:17La convention peut être une convention dite ouverte,
13:20où là, alors là, ça devient des conventions un peu comme avant les grandes années des primaires,
13:24donc avant les années 60 où il y avait plein de candidats,
13:26il n'y avait pas de candidat évident, il n'y avait pas eu de primaire qui avait vraiment légitimé un candidat.
13:30Et chaque état va donner, chaque conventionnel va donner ses voix à tel ou tel état, à tel ou tel candidat.
13:35On n'en est pas là du tout et je ne pense pas qu'on y soit là.
13:38Dans les jours qui viennent, ça rassurera ou ça inquiètera notre auditeur,
13:41mais dans les jours qui viennent, on aura clairement un parti démocrate
13:45aligné sur un ou une candidate, probablement Kamala Harris.
13:49Et puis par ailleurs, dans ça, il y a beaucoup d'électeurs de Biden
13:53qui sont en colère du fait qu'il a dû se retirer.
13:56Et donc, il faut absolument que les leaders du parti démocrate
13:59ne donnent pas l'impression qu'il y a Kamala Harris qui arrive,
14:02qui ne s'est pas battue pour être candidate.
14:04Donc, il se retire un petit peu pour la lasser la place, justement, d'aller convaincre les électeurs.
14:08Il faut donner l'illusion qu'il y aurait un vrai choix et qu'elle aurait été désignée par une procédure saine.
14:15Et puis il y a un petit moment empathie Biden.
14:18Et ce moment empathie Biden, qui est très important dans une campagne électorale,
14:22il ne faut pas le squeezer trop vite.
14:23C'est-à-dire que si on bascule sur Kamala Harris, on a déjà oublié Biden.
14:26Là, il y a un moment où on doit penser à Biden, rappeler son bilan,
14:28rappeler à quel point il a été dans sa vie résilient, etc.
14:32et à quel point son action et son geste historique est un geste pour sauver la démocratie.
14:37Je pense que les démocrates doivent vraiment mettre ça dans la tête des électeurs.
14:40Parce qu'en creux, ça veut dire que Trump est un danger pour la démocratie.
14:43Alors, basculons.
14:44On n'est pas américain, donc on peut le faire.
14:46Amy, si.
14:47Amy Green, oui, pardon.
14:50Nous, ça va.
14:51Thomas et moi.
14:54Basculons vers cette hypothèse Kamala Harris, qui, on le comprend, est la plus probable
14:58et de loin aujourd'hui.
14:59Sur son profil, vous disiez tout à l'heure, Thomas Négaroff,
15:02elle est une candidate beaucoup plus difficile à affronter pour Donald Trump,
15:05à votre avis, Amy Green ?
15:07Et d'après les premières réactions aux Etats-Unis,
15:11comment Donald Trump prend-il cette annonce de Biden
15:15et donc la probable candidature de Kamala Harris,
15:17qui n'est pas une surprise, mais qui va devoir affronter ?
15:21Quel est son état d'esprit par rapport à cela ?
15:23Oui, le Parti républicain n'a pas attendu le renoncement de Joe Biden
15:27pour préparer l'argumentaire contre Harris.
15:30Et donc, évidemment, vous pouvez imaginer,
15:31et c'est le cas que Donald Trump s'en est pris à elle lors des meetings,
15:36en se moquant de son rire, en l'appelant folle, dingue, etc.
15:39Donc là, c'est assez prévisible, finalement.
15:42Après, il y a quand même la petite musique qui devient plus qu'une petite musique
15:45sur le bilan sur l'immigration clandestine.
15:49Il y a également quelque chose qui est très fort,
15:51qui va continuer à se raconter chez les Républicains dans les prochains jours.
15:55C'est, OK, maintenant, Joe Biden, il admet qu'il n'est pas capable
15:59de se représenter pour une deuxième fois.
16:01Et donc, comment se fait-il qu'il est capable aujourd'hui de finir ce mandat ?
16:05On entend déjà les premiers appels à la démission.
16:08Absolument, avec le 25e amendement, c'est de le destituer.
16:11Il doit aller jusqu'en janvier, l'élection présidentielle est en novembre,
16:12mais il doit gérer le pays jusqu'au mois de janvier.
16:14Tout à fait. Donc, en fait, il y a quelque chose qui se tourne autour de Harris,
16:18mais aussi autour du chaos et de l'instabilité au sein du Parti démocrate.
16:23Thomas Négaroff.
16:24Moi, j'ai hâte, si c'est Kamala Harris,
16:26j'ai hâte de voir les débats entre Kamala Harris et Donald Trump.
16:29Kamala Harris est une très, très bonne débattrice,
16:31juriste, procurant général de Californie.
16:34Et à nouveau, Donald Trump va se retrouver face à un juge.
16:36Mais là, ce sera un juge plus difficile et surtout sous l'œil des millions d'Américains.
16:41Et elle l'attend au tournant, elle est très, très dure.
16:42Justement, sur ce profil, c'est une femme métisse d'origine jamaïcaine,
16:47et indienne, qui se présente comme une femme noire américaine.
16:52Ancienne procurante, vous l'avez dit, donc,
16:53qui va recentrer les débats sur les déboires judiciaires de Trump,
16:56qui attend notamment un jugement au mois de septembre dans l'affaire Stormy Daniels.
17:01Elle est aussi une grande défenseure du droit à l'avortement,
17:05qui est attaqué par les Républicains.
17:07Tout cela, ça en fait aussi un profil difficile pour Donald Trump.
17:11Oui, moi, je pense que c'est la pire des candidates pour Donald Trump.
17:14Autant Joe Biden était le meilleur des candidats,
17:16parce qu'il a mis, rappelez, il y a un instant,
17:19le duel présidentiel, c'est toujours un corps à corps.
17:21Et dans ce corps à corps, vous aviez la virilité de Donald Trump
17:25et l'empathie fragile et la faiblesse de Joe Biden.
17:27Là, le corps à corps change de forme.
17:30Et vous avez tout à coup un Donald Trump qui non seulement apparaît comme vieilli,
17:34mais aussi un vieux mâle blanc face à une jeune femme métisse,
17:38très dynamique et compétente sur les dossiers.
17:40Ça, c'est très important.
17:42Et dans ce contexte-là, dans ce duel-là de corps à corps,
17:45moi, je pense qu'il y a beaucoup de jeunes électeurs américains
17:47qui hésitaient et qui ne voulaient pas voter pour Joe Biden,
17:49qui n'hésiteront pas une seconde.
17:50Un mot, Amy Green, et une question au standard.
17:52Oui, et puis, il ne faut pas oublier qu'elle est ancienne sénatrice
17:54qui a mené une guerre sans merci contre Donald Trump quand elle était en fonction.
17:58Donc, c'est quelqu'un qui a l'habitude d'être l'épine dans le pied de Donald Trump.
18:02Bonjour, Denis, vous nous appelez de l'Oise.
18:05On écoute votre question.
18:06Oui, bonjour.
18:07J'aimerais poser une question plutôt d'ordre international
18:10sur les conséquences de l'abandon de Joe Biden.
18:14Sachant que l'Amérique de Joe Biden était un soutien inconditionnel de l'Israël,
18:19qui l'oppose au Hamas actuellement, et aussi le conflit canadien-russe,
18:26il a déjà annoncé quand même, plus ou moins,
18:28qu'il cesserait toute aide financière et militaire.
18:34Donc, cela aura-t-il une conséquence sur l'équilibre du monde ?
18:40Et entre guillemets, l'Europe se tournera de ce fait devant ses responsabilités ?
18:45Merci, Denis.
18:46C'est l'un des grands enjeux, évidemment, de cette campagne
18:49et l'un des principaux points de clivage entre Trump et le ou la candidate des démocrates.
18:57Le soutien à Israël, alors là, il y a moins de différence,
19:00mais le soutien à l'Ukraine en particulier.
19:02Oui, surtout sur le soutien à l'Ukraine.
19:04J.D. Evans, qui est le vice-président, en tout cas sur le ticket de Donald Trump,
19:07lui a annoncé qu'à peine Trump élu, ce serait terminé de l'aide à l'Ukraine,
19:12que le plan de paix russe serait le plan priorisé par l'administration Biden
19:17si elle arrivait au pouvoir en janvier prochain.
19:19Donc oui, il y a une rupture fondamentale sur la question européenne.
19:22En fait, en gros, c'est le grand clivage entre, d'un côté, des gens plutôt isolationnistes,
19:26voire qui tentent de se rapprocher de régimes plutôt autoritaires,
19:30et puis une vieille tradition diplomatique américaine qu'a incarné Joe Biden,
19:35qui a incarné Barack Obama, mais s'il a tenté de s'en éloigner,
19:37et qui incarnerait sa successeur.
19:40Amy Green, pour terminer.
19:41Oui absolument, le contraste des visions ne peut pas être plus clair.
19:46Et le fait que ce soit plus Joe Biden, mais que c'est potentiellement Kamala Harris,
19:50ou un autre candidat démocrate, ne va pas changer le grand cap.
19:53Et ce contraste entre la vision du monde du Parti républicain
19:56et l'incarnation de cette stabilité que propose le Parti démocrate.
20:00Merci beaucoup à tous les deux, Amy Green, spécialiste de la politique américaine à l'université Paris.
20:04Sciences et Lettres et Thomas Négaroff, on vous retrouve dans le Grand Face-à-Face samedi sur France Inter.
20:09Tous les samedis, à la rentrée bien sûr, vous avez le droit des vacances aussi.

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