Anne Brassié reçoit Franck Bouscau, professeur des facultés de droit qui a préfacé la réédition du livre de Charles Maurras, "L'ordre et le désordre - Les idées positives et la Révolution" aux Editions d'Action française. "Quand on veut analyser un phénomène, il faut d'abord l'isoler. En isolant celui-ci on voit à quel point la douceâtrerie humanitaire est contiguë au sectarisme sanglant. J'en conclus que le meilleur moyen d'éviter 1793 sera toujours de s'opposer à 1789".
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ÉducationTranscription
00:00C'est maintenant que nous essayons, et non sans inquiétude, de boucler notre budget
00:04pour que dès septembre, nous soyons au rendez-vous.
00:06Alors ensemble, poursuivons ce chemin pour se libérer des chaînes.
00:31Chers amis de TV Liberté, bonjour.
00:57Nous avons, pour la dernière émission de ce semestre,
01:03invité un grand juriste.
01:09Bonjour Franck Bosco.
01:11Bonjour madame.
01:12Vous êtes professeur des facultés de droit.
01:15Vous êtes bien sûr aussi un militant de longue date de l'action française.
01:23Et vous nous offrez une défense et illustration,
01:28une préface à un livre peu connu de Charles Maurras
01:33qui s'appelle L'ordre et le désordre,
01:35sous-titré Les idées positives et la révolution.
01:40Et vous nous offrez une grosse préface,
01:43ce qui est magnifique parce qu'elle est très claire.
01:50Et c'est un travail que vous aviez fait, d'ailleurs,
01:54pour présenter ce livre, ou présenter Maurras, il y a quelque temps.
01:58Oui, chère Anne Brassier, je vous remercie infiniment
02:00de votre gentillesse à m'inviter pour parler de Maurras,
02:03que j'aime toujours beaucoup, qui est un maître.
02:05Je vous arrête tout de suite, Franck.
02:06Ce n'est pas de la gentillesse, c'est de la nécessité.
02:09Nous sommes en plein chaos.
02:12C'est vrai, mais c'est une aimable nécessité.
02:14C'est pour ça que je me suis dit, votre livre,
02:17enfin le livre de Maurras, L'ordre et le désordre,
02:20était d'actualité, et c'est pour ça que j'ai choisi
02:22comme illustration à l'émission, cette illustration
02:28qui est issue d'un organisme bien connu,
02:31dont la définition est Ordo ab Chaos,
02:35l'ordre par le chaos.
02:37Donc vous êtes une réponse à ce chaos auquel on assiste
02:41et qui est absolument inouï.
02:45Voilà, c'est une nécessité pour moi.
02:47Je vous remercie infiniment.
02:48Parce que je ne suis pas romantique,
02:49et je ne laisse pas mon cœur faire des émissions.
02:52Voilà, j'apporte une ou deux précisions.
02:54Vous avez dit, j'étais un militant d'action française.
02:56Les vrais membres de la ou des actions françaises
03:00vont dire, mais non, ce n'est pas possible,
03:01nous ne le connaissons pas.
03:02En fait, j'ai appris effectivement à lire la politique
03:05dans Maurras, mais je n'ai pas appartenu
03:07aux divers groupements d'AF.
03:10J'ai été quand même très proche, à un moment,
03:12de l'équipe des cahiers Charles Maurras,
03:14qui était une revue.
03:16Bon, également, je suis actuellement tout à fait un ami
03:19de l'écho d'Action française,
03:20qui édite d'ailleurs cet ouvrage,
03:22mais je ne suis pas institutionnellement un militant
03:24de l'Action française.
03:25Et vous êtes un ami d'Alain Escada.
03:29Oui, effectivement, je suis un ami d'Alain Escada.
03:33C'est le grand combattant de l'ordre, lui aussi.
03:35Et qui est le président de Civitas International,
03:38comme vous le savez.
03:39Et donc, effectivement...
03:41Bon, alors sinon, pour compléter ma biographie,
03:44je suis professeur des facultés de droit.
03:46Maintenant, je n'enseigne plus.
03:49Mais je suis toujours professeur à l'Institut Saint-Pétis,
03:52pour ne pas le dire.
03:53Mais cette fois-ci, en histoire.
03:54Je suis par ailleurs avocat honoraire.
03:57Mais bon, voilà, pour ma présentation.
04:00Sinon, on a réédité cet ouvrage,
04:03L'ordre et le désordre.
04:05C'est une idée de M. Gauthier,
04:07qui est le dirigeant de l'École d'Action française.
04:10Qui a déjà publié 4 livres.
04:13Le dernier en date, de Philippe Prévost,
04:16Vrai et fausse laïcité.
04:18De notre ami, hélas décédé, Gérard Bedel.
04:23Un Jacques Bainville,
04:25La sagesse politique d'un gentilhomme des lettres.
04:28Alors, c'est merveilleux,
04:30parce que Bedel, à Gérard Bedel,
04:32avait une écriture merveilleuse.
04:34Et Bainville est un sujet magnifique.
04:37Et puis, un autre grand styliste et grand penseur.
04:41Moi, j'aime beaucoup les livres de Philippe Champion.
04:43Le petit monde de Léon Daudet,
04:45Florilège des souvenirs pour le 80ème anniversaire de sa mort.
04:51Et le deuxième livre, Charles Maurras,
04:54du Félix Brige au nationalisme intégral.
04:57Et tout cela est édité aux éditions d'Action française.
05:02Vos éditions d'Action française,
05:04Chemin des repentis, 13810 et Gallières.
05:09Voilà.
05:10– Merci beaucoup et effectivement,
05:12je suis très heureux et très honoré d'être en compagnie
05:14de militants comme Philippe Prévost,
05:16Philippe Champion et Gérard Bedel.
05:18Évidemment, je suis content d'avoir à mon tour
05:20donné ma signature pour un ouvrage de cette série.
05:24– Alors, peut-être,
05:27commençons par les exergues que vous avez choisis.
05:31Je crois, le premier que je trouve très signifiant.
05:36Notre génération est l'as des 150 dernières années
05:41de l'histoire de France qui se sont passées à détruire.
05:45Ce qui nous intéresse, ce serait de construire enfin.
05:49Ce qui est amusant, c'est que 80 ans plus tard,
05:51on est toujours en train de détruire.
05:53– Bien sûr, de plus en plus d'ailleurs.
05:55Maintenant, les fondements sont attaqués.
05:57Ce n'est pas seulement superficiel.
05:59– Le deuxième exergue que l'on peut choisir,
06:02c'est cette phrase qui a été dite au moment du…
06:05en 11 juin 1775, lors du sacre de Louis XVI.
06:12« Il y a quatre droits naturels que le prince est obligé
06:17de conserver à chacun de ses sujets.
06:20Ils ne les tiennent que de Dieu et ils sont antérieurs
06:24à toute la politique, la vie, l'honneur,
06:28la liberté et la propriété. »
06:31La vie, l'honneur, la liberté et la propriété.
06:37Je dois dire qu'aujourd'hui, on est en danger de mort.
06:41L'honneur est au fond du panier.
06:44La liberté, on est en train de la perdre.
06:47Et la propriété, de même, puisque certains ont déclaré
06:50vous ne posséderez rien et vous serez heureux.
06:53Donc, il y a comme ça des idées permanentes qui frappent.
07:00– Il y a une permanence aussi bien de la vérité
07:04que de la subversion et je crois que c'est lié
07:07à la lutte des deux cités, c'est depuis le péché originel
07:10et c'est ce que montre saint Augustin,
07:12deux amours ont fait deux cités.
07:15Donc, je crois que c'est une idée fausse qui existe
07:18même chez nos amis en pensant qu'un jour
07:20on se débarrassera de tout ça.
07:22Je crois que la lutte sera permanente.
07:24– Bien sûr.
07:25– Mais nous serons là aussi toujours, s'il y a.
07:28Nous serons aussi tenaces.
07:31– Alors, le livre est extrêmement satisfaisant,
07:36chers amis de TV Liberté, par la rigueur de sa pensée,
07:40celle de Franck Bouscot et celle de Maurras.
07:43Donc, c'est éminemment plaisant dans cette période de,
07:50ouvrez les guillemets, de blaguerie parlementaire.
07:54C'est quand même merveilleux cette expression.
07:56C'est la blaguerie.
07:58On fait des blagues au Parlement.
08:00– Oui, c'est vrai.
08:01Maurras détestait le parlementarisme,
08:03mais il faut dire qu'à son époque,
08:05il y avait encore une relative tenue,
08:07tandis que maintenant, effectivement,
08:09même cela a disparu.
08:11Même la République est plus mauvaise.
08:13Vous savez, c'est comme l'inverse du vin.
08:15Le vin se bonifie en vieillissant,
08:17la République en vieillissant devient de pire en pire.
08:19– Absolument.
08:20Et alors, la rigueur qui est éminemment satisfaisante.
08:24Moi, intellectuellement, j'aime bien la rigueur.
08:27Tout ce qui est flou, vague est insupportable.
08:31Et surtout quand il s'agit du sort des hommes.
08:33Et deuxièmement, l'actualité.
08:36Vraiment, l'actualité de ces textes saute aux yeux.
08:41Et encore une fois, quand on subit les informations écrites
08:46ou parlées, et qu'on est abreuvés de faussetés,
08:51de mensonges, de blagueries.
08:55Et encore, c'est un terme très joli,
08:57parce qu'on pourrait en employer autre chose.
09:01C'est donc un livre éminemment utile.
09:04Emportez-le dans vos bagages,
09:06et vous en serez heureux.
09:08Alors, tout de suite, les idées positives et la révolution.
09:13Moi qui ne suis pas tout à fait, tout à fait,
09:17assez savant pour savoir d'où vient le positivisme,
09:20pouvez-vous nous en dire quelque chose ?
09:22Oui, alors positivisme, le terme que Maurras a utilisé,
09:25il l'a utilisé à dessein, parce que Maurras
09:28est très influencé par la pensée d'Auguste Comte.
09:31Alors Auguste Comte est un auteur 19ème siècle, un scientifique,
09:35et il veut créer une science générale d'ailleurs,
09:39et notamment appliquer à la société.
09:42Et Maurras lui est, je crois, très reconnaissant,
09:46parce que Maurras a connu dans sa jeunesse des troubles
09:50qui sont liés à quand il a eu sa surdité,
09:53donc il est allé très très loin,
09:55il a passé à l'anarchie, il a passé au suicide, etc.
09:58Et je pense que Comte l'a aidé à se reconstruire,
10:01parce que Comte c'est quelqu'un qui aime le réalisme,
10:03qui aime la réalité.
10:04Alors, évidemment, certains disent,
10:06il aime un peu trop le réalisme tangible,
10:08et notamment, avec les catholiques,
10:10ça ne va pas toujours à cause de cela.
10:12Comte était, d'ailleurs, lui-même avait des sympathies
10:14pour le catholicisme, mais l'Église catholique
10:17n'a pas trop saisi cette main qui se tendait.
10:19Oui, enfin, moyennant pas maintenant,
10:21on est dans le flou le plus complet.
10:22C'est possible, effectivement.
10:24Mais alors Maurras, lui, est resté attaché à cela,
10:26et donc Comte l'a aidé certainement à définir
10:30les bases d'une science politique.
10:32D'ailleurs, le terme science est également
10:34très connoté d'Auguste Comte, c'est pour cela.
10:39Donc, c'est une pensée du XIXe siècle
10:41qui réagit un peu contre le romantisme
10:44et tout le flou qu'il a emporté,
10:47et qui veut s'attacher à la science,
10:50à ce qui est tangible, ce qui est vérifiable,
10:52expérimentalement.
10:55Donc, c'est ça.
10:57Rappelons les conditions dans lesquelles
10:59ce livre est écrit, Franck Mouscot.
11:01Alors, il est écrit quand Maurras est prisonnier
11:03après la Deuxième Guerre mondiale.
11:05Donc, vous savez qu'il a passé
11:07sa vie en prison.
11:09Et il a été condamné à la réclusion.
11:13D'ailleurs, il sera vaguement,
11:15j'ai l'impression, demi-libéré.
11:17Il finira dans une clinique de Tours,
11:19mais en étant surveillé tout de même.
11:21Avec interdiction de revenir à Martigues.
11:23Oui, effectivement.
11:24Grande délicatesse de la République.
11:26Mais, donc là, il est en prison.
11:29Et donc, il travaille surtout avec sa mémoire.
11:31Je pense qu'il s'est fait apporter
11:33peut-être quelques ouvrages.
11:35Il avait transformé sa cellule
11:37en bibliothèque.
11:39Malgré tout, ce n'est pas la même chose
11:41que quand on est libre de ses mouvements.
11:43Et donc, c'est sa mémoire qui a beaucoup joué
11:45pour ce livre.
11:47C'est peut-être aussi ce qui fait que ce livre
11:49a une grande clarté de pensée.
11:51Il a du charme.
11:53C'est-à-dire que c'est un livre qui est d'un seul jet.
11:55D'ailleurs, je dois dire que pour le commentateur,
11:57c'est une difficulté.
11:59Parce qu'on a la peine à le découper.
12:01Vous savez, on a toujours tendance
12:03à regarder un livre, un petit peu,
12:05à aller grappiller ici ou là, et puis à se faire une idée
12:07quand on connaît la tendance de l'auteur, etc.
12:09Là, ce n'est pas possible.
12:11On est bien obligé de le suivre d'un bout à l'autre.
12:13– Vous le suivez parfaitement.
12:15Mais vous nous prenez par la main.
12:17– Oui, mais j'ai saucissonné sa pensée.
12:19Je pense que certains ne seront pas d'accord
12:21avec le découpage que j'ai fait.
12:23J'ai fait de mon mieux pour ça.
12:25Mais le livre n'est pas découpé.
12:27C'est un ouvrage d'un seul jet.
12:29Et justement, c'est un peu sa richesse
12:31que Charles Maurras a été condamné
12:33pour intelligence avec l'ennemi.
12:35Alors, intelligence, en effet, il n'en manquait pas.
12:37Mais quant à être intelligent avec l'ennemi,
12:39Charles Maurras avait une sainte haine
12:41pour les Allemands.
12:43Donc, il n'a qu'assez peu fréquenté
12:45le monde allemand.
12:47Et c'est une escroquerie majeure.
12:49– Oui, tout à fait.
12:51Maurras a été très hostile.
12:53Vous dites qu'il y avait une sainte haine
12:55pour les Allemands.
12:57J'aurais pensé cela.
12:59Je dois dire que j'ai repris récemment
13:01un livre de Maurras qui s'appelle
13:03Le Mauvais Traité, pour lequel j'avais
13:05aussi un commentaire, d'ailleurs.
13:07– Non, c'est excessif, vous avez raison.
13:09– Et à l'égard des Rénants, je suis même étonné
13:11de la sympathie qu'il peut leur montrer.
13:13En revanche, Maurras a toujours détesté
13:15le national-socialisme et il n'a jamais
13:17pactisé avec lui.
13:19À tel point que quand les Allemands
13:21ont saccagé les environs de ça
13:23et ils ont voulu donner une indemnité
13:25pour les travaux militaires qu'ils avaient faits
13:27à Martin, il a refusé.
13:29Maurras n'a voulu aucun contact avec eux.
13:31Il n'a jamais accepté quoi que ce soit.
13:33– Mais il est comme toute cette génération
13:35qui avait connu la guerre de 1914
13:37et qui a dû affronter encore la Deuxième Guerre.
13:41– Il est né sous le Second Empire
13:43et il prétendait avoir des souvenirs
13:45de les 70.
13:47Est-ce que ce n'est pas des souvenirs un peu reconstitués ?
13:49Je ne sais pas, mais enfin, il parle du livre des Prussiens.
13:51Je crois que c'est la Prusse
13:53qui est restée dans son esprit
13:55et donc il a toujours détesté ce livre.
13:57Donc le procès est unique, c'est certain.
13:59– Il faut rappeler que
14:01toute cette arrestation
14:03eut lieu
14:05sous le crypto-communiste Yves Farge
14:07qui est commissaire
14:09de la 4ème République de Lyon
14:11et le démocrate chrétien
14:13François de Menton, garde des Sceaux
14:15qui est assez peu démocrate
14:17et assez peu chrétien.
14:19Voilà.
14:21Donc un communiste et des gens
14:23pas démocrate et pas chrétien,
14:25ça fait quand même beaucoup pour le paysage de 45.
14:27– À ce propos, j'ai pu lui permettre une remarque
14:29qui est un petit peu étrangère au sujet mais qui est assez amusante.
14:31Je me rappelle
14:33Georges Paul Wagner
14:35qui parlait de Menton et qui disait
14:37que c'était quand même un régime curieux de la 4ème République
14:39qui avait un ministre de l'Information qui était Menton
14:41et un ministre de la Justice qui était parodié.
14:43Alors Menton,
14:45je dis ça pour Monsieur de Menton.
14:47– Et qui a été jeté
14:49par des gens
14:51que vous connaissez bien.
14:53Il a été jeté dans le lac d'Annecy.
14:55Menton, vous savez,
14:57est une toute petite localité.
14:59Il y a un très beau château
15:01et il a été puni.
15:03On l'a foutu dans le lac.
15:05J'y pense à chaque fois que je passe
15:07au pied du château de Menton.
15:09– Vous avez pensé pour lui le lac.
15:11– Oui, j'ai pensé pour lui.
15:13Alors,
15:15cet ordre
15:17est inhérent
15:19à la pensée
15:21de Charles Maurras.
15:23Sans ordre,
15:25il n'y a pas de gouvernement possible,
15:27il n'y a pas de société
15:29harmonieuse possible,
15:31il n'y a pas de travail possible
15:33et il n'y a même, je dirais,
15:35pas de survie possible.
15:37Or, pour Maurras,
15:39un dirigeant
15:41doit appliquer la règle
15:43prius vivere,
15:45d'abord vivre.
15:47– Il le dit expressément.
15:49– C'est pour ça que la couverture du livre
15:51est quand même assez étonnante.
15:53C'est Marianne avec son bonnet phrygien
15:55et la moitié de son visage
15:57est déjà un squelette.
15:59C'est quand même fort.
16:01– Oui, effectivement.
16:03Ce n'est pas moi qui l'ai choisie,
16:05mais je ne la critique pas.
16:07– Elle est signifiante.
16:09Prius vivere.
16:11– Oui, c'est cela.
16:13Et on ne sait pas ce qu'elle met en avant.
16:15C'est un livre positif,
16:17il met d'abord le vrai
16:19et il donne comme illustration de ce vrai
16:21l'unité, c'est à peu près ce que vous dites
16:23avec l'ordre.
16:25Il utilise le terme unité
16:27et il dit que cette unité se vit dans le cadre
16:29de la nation.
16:31Cette unité ne se vit pas dans le cadre
16:33de l'humanité. Or, actuellement,
16:35c'est un peu ce que l'on dit dans les médias
16:37tous les jours, on nous parle de conception
16:39totalement transnationale.
16:41Il dit que c'est dans le cadre de la nation,
16:43d'ailleurs il dit que la chrétienté même
16:45n'est plus et donc c'est la nation
16:47qui est vraiment le rempart.
16:49C'est regrettable mais c'est comme ça
16:51et dans lequel cet ordre va pouvoir
16:53être défendu et être illustré.
16:55– Il y a encore un mot que nous n'avons pas encore
16:57prononcé, si vous l'avez prononcé,
16:59c'est le pays réel.
17:01Le respect du réel.
17:03À partir du moment
17:05où on ne respecte plus le réel,
17:07c'est quand même la porte ouverte
17:09à la débatte totale.
17:11– L'intellectuel politique.
17:13– Oui, il dit qu'on ne respecte plus le vrai.
17:15Il y a un passage qui est assez amusant
17:17dans ce ouvrage où il
17:19dit que
17:21l'esclavage c'est la liberté,
17:23tous les mots sont renversés.
17:25Et je crois que la même idée se trouve chez Orwell
17:27où il y a le mystère de la vérité
17:29et c'est la vérité qui pousse au mensonge.
17:31– La guerre c'est la peur.
17:33– Maurice dit exactement la même chose.
17:35Voyez,
17:37j'avais noté, il parle
17:39de la perversion des valeurs et il dit
17:41l'idiot c'est le beau, c'est le vrai.
17:43J'ai tout à fait pensé,
17:45j'ai trouvé qu'il y avait une analogie
17:47de pensée avec Orwell,
17:49je ne sais pas si Maurras l'avait
17:51lu ou pas,
17:53ça me paraît un peu loin
17:55parce que c'est un auteur,
17:57mais c'est possible. Voyez, l'idiot c'est le beau,
17:59c'est le vrai, c'est le juste et c'est l'héroïque.
18:01Dénaturation des concepts,
18:03il dit, l'émancipation c'est l'asservissement
18:05des meilleurs ou moins bons, la fraternité c'est
18:07les liens des peuples et la lutte des classes.
18:09– Et la mort ?
18:11– Il dit, la révolution ne se maintient que par le trouble perpétuel
18:13introduit dans le sens et la valeur des mots.
18:15– Redites ça plus ou moins vite.
18:17– Oui, je le dis vite. La révolution ne se maintient
18:19que par le trouble perpétuel
18:21introduit dans le sens et la valeur des mots.
18:23Et il y a une autre phrase de Maurras,
18:25la première contre-révolution
18:27est celle du langage, et je crois que c'est vrai.
18:29Donc il est toujours très dangereux
18:31d'utiliser les termes de nos adversaires,
18:33sauf quand nous arrivons à nous approprier, bien sûr,
18:35dans la lutte politique, mais sinon,
18:37on essaie de nous imposer
18:39un langage, on essaie de nous imposer
18:41une façon, et à partir de là,
18:43la pensée suit automatiquement
18:45et la pensée est quand même captive
18:47du langage, c'est très dangereux.
18:49– Toutes les affaires d'avortement
18:51relèvent
18:53de la politique de la santé.
18:55– Oui, par exemple.
18:57Et d'ailleurs c'est une interruption
18:59volontaire de grossesse, c'est IVG.
19:01Là aussi, on met les choses gentiment.
19:03– On parle de maternité abortive.
19:05Alors, où il y a maternité,
19:07où il y a avortement,
19:09mais les deux en même temps.
19:11– Oui, mais il y a la contradiction,
19:13c'est un oxymore assez réductable.
19:15On va vers l'interruption de propriété,
19:17l'interruption de vie qui sera plus ou moins volontaire,
19:19etc.
19:21On n'aura plus l'autonomie,
19:23mais l'interruption volontaire de vie, IVG.
19:25– Alors, ce qui est très intéressant
19:27aussi, c'est
19:29cet éloge
19:31de la limite,
19:33de l'encadrement,
19:35de la règle.
19:37Et ça, c'est quand même…
19:39Alors, il prend une image
19:41que j'aime beaucoup,
19:43c'est celle du poème.
19:45Le poème, il n'est point liberté,
19:47il est servitude.
19:49Une grande âme
19:51n'est point liberté,
19:53mais servitude.
19:55L'idée que,
19:57comme pour la nation,
19:59elle a une limite, elle a des frontières.
20:01Cette idée que
20:05de cette contrainte
20:07naît un
20:09chef-d'œuvre, naît
20:11une belle œuvre,
20:13c'est très intéressant,
20:15et ça a complètement disparu de nos écrans.
20:17– Oui, tout à fait.
20:19Alors, il dit cela, effectivement.
20:21Il dit, par exemple, que la liberté est initiale
20:23dans un processus de réflexion, etc.
20:25Mais il dit qu'il faut des choix, des déterminations.
20:27Et il y a un autre texte de Maurras,
20:29je crois que ça doit être son essai sur la critique,
20:31où il parle justement du dessin
20:33qui est une limite.
20:35Et on sent très bien son idée de clarté méditerranéenne.
20:37Maurras est un méditerranéen avant tout.
20:39Et donc, c'est des pays où
20:41le soleil et l'ombre sont
20:43très nettement séparés.
20:45Tandis que dans le nord,
20:47vous avez
20:49un flou, une brume,
20:51etc. Et donc, Maurras n'aime pas du tout
20:53ces pensées brumeuses,
20:55l'indéfini.
20:57Certains confondent l'indéfini et l'infini, d'ailleurs.
20:59Donc, lui, il estime qu'il y a une finitude
21:01qui est nécessaire.
21:03Et donc, il faut des déterminations,
21:05dit-il.
21:07Il y a une nécessité de sortir de la liberté
21:09totale par une mise en ordre.
21:11C'est ça, exactement. Donc, c'est vrai qu'on a une liberté
21:13au départ, une liberté conceptuelle,
21:15par exemple. Mais il faut une mise en ordre
21:17à un moment. Et donc, on est obligé de se limiter,
21:19d'admettre cela.
21:21– Votre idée sur la limite et sur le dessin
21:23m'a fait penser à quelque chose.
21:25On ne donne plus du tout aux enfants
21:27des cahiers de coloriage,
21:29c'est-à-dire des figures
21:31avec un gros trait,
21:33et l'enfant devait colorier
21:35à l'intérieur. Maintenant,
21:37on prend l'enfant pour un futur
21:39Picasso, et il peut s'exprimer
21:41sur toute la page. Moyennant quoi,
21:43il n'apprend absolument pas
21:45à ne pas dépasser la bordure,
21:47à maîtriser son crayon,
21:49et il se prend tout de suite pour un génie.
21:51– C'est l'idée que tout est dans tout,
21:53et donc, rien ne vaut rien.
21:55Et c'est l'idée de rendre tout équivalent
21:57par une espèce d'indétermination,
21:59une bougie pour les chats.
22:01Enfin, c'est un peu ça, c'est…
22:03Moras, justement, estime qu'on doit arriver
22:05à des déterminations, et qu'on doit chercher
22:07le vrai, le bon.
22:09Ce sont les grandes valeurs.
22:11On est bien obligé
22:13d'écarter ce qui est
22:15mauvais, ce qui est lait, etc.
22:17Justement, le lait, c'est une chose qu'on n'écarte plus
22:19à notre époque. – Ah non, non, il y a même un livre,
22:21vous savez, il y a même un livre qui vient de sortir,
22:23je voudrais faire une émission avec l'auteur,
22:25c'est « Cacher cette beauté
22:27que l'on ne saurait voir ».
22:29– Oui, bien sûr, oui, alors actuel, l'esthétique
22:31est totalement niée.
22:33– « Cacher cette beauté que l'on ne saurait voir »,
22:35c'est quand même fantastique. – Oui, tout à fait.
22:37– Or, bien évidemment, Moras
22:39est un amoureux de la beauté.
22:41– Tout à fait.
22:43Il aime beaucoup la graisse, l'atique et la beauté classique,
22:45il a cette…
22:47– Et dans Antinéa, il dit « quand Athènes
22:49ne fut qu'elle-même, elle fut le genre humain ».
22:51– Alors, justement,
22:53faisons le lien avec la nécessité
22:55de respecter
22:57ce passé. La notion
22:59marxiste du passé, faisons
23:01table rase, c'est
23:03quand même, pour
23:05Charles Moras, une aberration.
23:07Il y a même
23:09un…
23:11Je crois que c'est Xavier de Maistre qui dit
23:13que
23:15la révolution,
23:17pour lui, est cette satanique,
23:19mais il dit
23:21« la démocratie, c'est la
23:23souveraineté de 10 millions
23:25d'électeurs contre
23:27l'autorité d'un milliard de
23:29Français morts
23:31et d'un milliard de Français à
23:33venir ». Ça, c'est très joli
23:35comme idée, de mettre
23:37en proportion, avec des chiffres,
23:39un petit million
23:41de Français
23:43aujourd'hui, qui
23:45anéantissent les milliards
23:47de morts et qui
23:49amputent la vie
23:51des milliards à venir.
23:53– C'est un de l'Auguste Comte qui disait quelque part
23:55« les morts gouvernent les vivants ».
23:57C'est vrai quand même que beaucoup de nos réactions,
23:59de nos actions, sont liées à la façon de vivre
24:01et de penser de nos ancêtres et nous,
24:03finalement, nous les exprimons. Je ne peux pas
24:05s'en rendre compte, mais nous sommes très marqués par eux.
24:07Alors, Moras
24:09a amené cela au niveau
24:11d'une méthode, c'est-à-dire que pour lui,
24:13on doit utiliser le passé,
24:15on doit utiliser les leçons de l'histoire,
24:17et c'est une chose nécessaire parce que c'est une leçon
24:19de politique. – Mais que la vraie tradition
24:21est critique. – Ah bien sûr,
24:23ça, on peut en revenir sur ce point, parce que
24:25il dit que toute chose n'est pas une
24:27tradition. Exemple, la série
24:29Trafalgar, Waterloo, Sedan
24:31n'est pas une tradition, même si
24:33c'est une série de défaites.
24:35Donc, toute série n'est pas bonne et
24:37on doit enlever
24:39ce qui n'est pas bon. Mais il dit aussi que
24:41ce qui a duré, c'est déjà une première
24:43preuve que quelque chose a de la valeur,
24:45quelque chose qui arrive à passer à travers
24:47le temps, et donc, il montre ça.
24:49Et pour lui, c'est
24:51le passé,
24:53l'expérience sert
24:55et l'histoire sert. Et je crois que c'est
24:57parfaitement vrai. À l'heure actuelle,
24:59par exemple, tous les géopoliticiens utilisent le passé.
25:01Si vous regardez les gens qui font de la
25:03géopolitique, qui, bien sûr, utilisent la géographie,
25:05utilisent l'art militaire, mais ils utilisent aussi les exemples
25:07du passé,
25:09parce que les pays sont déterminés
25:11par leur passé.
25:13Là-dessus, ça a eu une polémique, je crois,
25:15j'y fais allusion, avec Paul Valéry, qui était un grand poète,
25:17d'ailleurs, tout à fait respectable.
25:19Mais alors, Paul Valéry, il disait que l'histoire, on lui fait dire
25:21ce qu'on veut.
25:23C'est pas tout à fait faux, d'ailleurs.
25:25À l'heure actuelle, l'histoire est malheureusement très
25:27sollicitée par tous les politiciens de rencontre
25:29qui prennent un événement, qu'ils sortent
25:31de son contexte et qu'ils utilisent.
25:33Mais l'histoire prise, justement,
25:35je crois qu'il y a une certaine honnêteté historique qui est nécessaire
25:37si on veut arriver à l'utiliser.
25:39Et on peut l'utiliser, et Maurras répondait à Valéry
25:41qu'il y a une différence, d'ailleurs,
25:43entre l'histoire et la plupart des sciences,
25:45c'est que l'histoire, nous sommes dedans.
25:47Donc, nous avons peut-être un point de vue
25:49moins haut placé,
25:51mais nous avons aussi un point de vue plus près
25:53de l'objet lui-même.
25:55Et donc, il montre que les événements
25:57historiques ont leur importance
25:59et que c'est une bonne méthode
26:01que de méditer le passé
26:03avec, bien sûr, une réflexion critique,
26:05c'est-à-dire qu'il faut écarter ce qui est beaufait,
26:07mais montrer que ce qui a tenu
26:09est souvent, pour l'avenir, un enseignement.
26:11– Ce qui rapprochait
26:13Paul Valéry et Maurras,
26:15c'est cette citation de Paul Valéry
26:17que j'aime beaucoup, qui a servi de titre
26:19à un film japonais,
26:21« Le vent se lève, il faut tenter de vivre ».
26:23– Oui, c'est joli.
26:25– C'est tout à fait magnifique.
26:27Alors, vous dites,
26:29il faut s'appuyer sur le passé,
26:31qu'en pensez-vous de ces dernières célébrations
26:33du 6 juin 1944,
26:35qui sont tout de même
26:37un tissu
26:39d'occultation,
26:41de mensonges,
26:43et d'une utilisation
26:45du culte,
26:47du souvenir.
26:49Là, ça devise.
26:51– Oui, bien sûr, c'est certain que
26:53la République l'utilise,
26:55mais le fait qu'il y ait de la fausse monnaie
26:57ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de bonne monnaie.
26:59Donc, c'est un peu la même chose,
27:01si vous voulez, on nous donne une version de l'histoire
27:03qui est tout à fait...
27:05Je veux dire, si elle n'était pas terrible,
27:07alors, ce n'est pas une bibliothèque rose,
27:09c'est plutôt une bibliothèque sombre,
27:11mais bon, par exemple, quand on nous parle des hauts faits héroïques
27:13de M. Manouchian, j'ai des doutes.
27:15– Oui, et de la grande bonté
27:17et l'élégance des Américains
27:19qui débarquent
27:21et à qui on a promis toutes les petites femmes françaises
27:23dans des petits bouquins imprimés aux États-Unis.
27:25C'est quand même gonflé.
27:27– Oui, Maura s'est d'ailleurs reproché
27:29d'avoir fait ce débarquement en France.
27:31Il est estimé qu'il aurait bien voulu le faire en Allemagne, par exemple,
27:33ou dans un autre pays.
27:35Mais enfin, c'est vrai que le débarquement a aussi
27:37comporté pas mal de dégâts.
27:39– Mais vous le savez bien,
27:41il était prévu que les Américains
27:43imposent,
27:45je ne suis pas très gaulliste,
27:47mais enfin, de Gaulle a eu cette phrase étonnante,
27:49il voulait instaurer une seconde occupation
27:51avec monnaie,
27:53personnel politique
27:55et tout, c'est pour ça que de Gaulle s'est précipité
27:57pour nommer des préfets
27:59par temps.
28:01– Oui, effectivement,
28:03les Américains,
28:05ils ont aussi des qualités,
28:07ne voyons pas que leurs défauts,
28:09mais ils ont le défaut,
28:11ils connaissent peu les pays.
28:13– Moi je leur reproche quand même le petit bouquin
28:15fait par ces protestants d'une pruderie incroyable
28:17disant que les femmes françaises
28:19étaient prêtes
28:21à coucher avec tous les Américains.
28:23– Excusez-moi, c'est mon petit moment féministe,
28:25mais c'est quand même un peu culotté,
28:27moyennant quoi,
28:29ils sont tous arrivés en pensant
28:31que ça allait être
28:33sardin à la pâle.
28:35– Oui, effectivement, il y a eu cela, effectivement.
28:37– Ça va bien.
28:39– Mais enfin…
28:41– Je dis ça parce que je suis concernée
28:43de près dans ma famille
28:45et si vous voulez,
28:47on a chez nous,
28:49jamais célébré le 6 juin,
28:51nous étions en Normandie,
28:53ma grand-mère est morte le 6 juin dans les bombardements
28:55et si vous voulez, je me suis rendu compte,
28:57parce que ça commence à sortir,
28:59on ne peut jamais
29:01enterrer la vérité au fond du puits,
29:03elle sort toujours.
29:05– Mais comme elle est toute nue,
29:07généralement on essaie de la cacher.
29:09– Et donc si vous voulez,
29:11je me suis rendu compte
29:13combien la vérité
29:15a été occultée,
29:17on n'a jamais dit que la Normandie
29:19a été ravagée,
29:21mal morte
29:23pendant cette période
29:25et donc
29:27c'est avec soulagement qu'on voit
29:29des petites… – Voilà, la passionnée de la Normandie,
29:31la moteur de la Varande que vous êtes.
29:33– Vous savez que la Varande
29:35appelait la Normandie la Toscane française.
29:37Donc imaginez qu'on ait bombardé la Toscane.
29:39– Oui, c'est exact.
29:41On a bombardé aussi des choses,
29:43sans que ce soit la Toscane, on a bombardé le Montcastin par exemple,
29:45il y a eu pas mal de choses, des catastrophes.
29:47– Il y a eu tout paix de monde et de reste,
29:49cette ville magnifique.
29:51Mais alors,
29:53le sac du passé,
29:55la responsabilité du passé,
29:57enfin je veux dire,
29:59l'accusation du passé
30:01auquel on assiste
30:03tous les matins,
30:05le passé est mauvais,
30:07nous allons construire un avenir meilleur.
30:09– Oui, tout à fait. – C'est pas très Maurassien.
30:11– Ah ben non, c'est tout à fait anti-Maurassien
30:13parce que Maurras insiste
30:15sur la nécessité d'utiliser
30:17ce qui s'est passé pour mieux comprendre
30:19et pour préparer l'avenir,
30:21effectivement.
30:23C'est sa méthode,
30:25il revient toujours sur des épisodes
30:27passés qu'il montre
30:29comme exemple et c'est une
30:31excellente méthode en soi.
30:33Même si elle est actuellement pervertie
30:35par des gens qui prennent dans le passé
30:37et qui dénaturent
30:39d'ailleurs ce passé.
30:41Les commémorations sont généralement
30:43comme ça à l'heure actuelle.
30:45– Oui, ce qui est très intéressant aussi
30:47c'est tous ces propos sur le pacifisme
30:49qui mène à la guerre.
30:51Ça aussi c'est d'une actualité.
30:53On crée l'OTAN
30:55en disant plus jamais la guerre
30:57et c'est l'OTAN qui va nous
30:59envoyer nos jeunes hommes
31:01à l'Est.
31:03– Il montre, lui, Maurras prend surtout le cas
31:05de l'impérateur de 89,
31:07effectivement il y a eu une période où on avait
31:09je crois déclaré la paix au monde plus ou moins
31:11et ensuite fait la guerre à toute l'Europe pendant 25 ans
31:13– Absolument.
31:15– Et on a usé effectivement
31:17les forces du pays et il montre que
31:19l'État
31:21devient tout puissant
31:23il supprime
31:25les corps intermédiaires
31:27et donc il y a l'homme soi-disant libre
31:29mais qui est vraiment un atome en face
31:31on trouve ça aussi chez Saint-Exupéry
31:33dans Citadel, l'homme est un atome
31:35en face de...
31:37et donc
31:39cet État peut tout faire
31:41et l'État révolutionnaire est particulièrement guerrier
31:43et il le montre
31:45et il y a aussi un aspect intéressant sur la guerre
31:47où il montre, parce qu'il y a
31:49l'aspect justement glorieux, notamment de l'Empire
31:51j'y succombe un petit peu
31:53j'ai eu des bonapartistes dans ma famille
31:55– Oui je sais que vous êtes un très bonapartiste
31:57je l'ai constaté
31:59– Maurras a une très bonne critique de cela
32:01il dit qu'en quelque sorte
32:03on consomme
32:05ce que les générations précédentes ont préparé
32:07c'est-à-dire que les 25 ans
32:09de la guerre révolutionnaire et impériale
32:11glorieux, c'est vrai que l'armée de Napoléon
32:13va aller dans toutes les grandes capitales de l'Europe
32:15mais c'est à partir du capital
32:17qui a été
32:19recueilli par les rois
32:21et en fait on est en train de consommer
32:23et il dit la même chose dans un de ses livres
32:25où il parle d'Athènes et où il dit que
32:27l'Athènes de la démocratie que l'on montre souvent
32:29comme étant un sommet, c'est la période
32:31où on consomme ce que les générations précédentes
32:33ont fait et que la démocratie est d'ailleurs
32:35pour lui un régime de consommation
32:37on pourrait comparer, à mon tour je vais faire
32:39du comptisme, on pourrait dire que
32:41la démocratie c'est un peu
32:43comme une combustion
32:45vous vous accumulez
32:47avant et quand vous êtes en démocratie
32:49vous brûlez
32:51– Vous brûlez les richesses
32:53– Vous brûlez effectivement
32:55– Les richesses en hommes
32:57– Les richesses intellectuelles, vous brûlez tout
32:59c'est-à-dire c'est un beau feu
33:01quelquefois, je ne sais plus ce qu'il disait
33:03c'est une jolie façon de mourir
33:05je ne sais pas si elle n'est pas très jolie
33:07mais elle n'est pas toujours agréable non plus
33:09quand c'est en guerre notamment
33:11mais elle peut être glorieuse
33:13mais malgré tout c'est une destruction
33:15de ce qui a été accumulé
33:17et la démocratie c'est d'ailleurs pour la paix
33:19et il l'a été
33:21c'est d'ailleurs quelque chose qui est très contemporain
33:23avec notre époque où nous avons
33:25un président belliciste
33:27qui n'arrive pas à voir la paix dans les banlieues de son pays
33:29mais qui veut faire la guerre au monde entier
33:31et qui veut redresser les torts de tout le monde
33:33et bien
33:35Maurras par exemple s'est opposé
33:37à l'époque dans les années 30
33:39certains voulaient faire la guerre
33:41à l'Italie fasciste
33:43parce que l'Italie fasciste c'était emparé de l'Ethiopie
33:45bon c'était peut-être pas bien
33:47moi j'aime bien le négus de loin
33:49mais bon ce n'était pas notre problème
33:51et on n'allait pas faire la guerre pour ça
33:53alors Maurras avait menacé
33:55d'ailleurs de mort
33:57les députés
33:59d'une loi qu'on appelle la loi Maurras
34:01d'habitude la loi c'est dule
34:03à part celui qui la demande
34:05tandis que là c'était une loi qui était faite pour celui
34:07contre qui elle était dirigée
34:09et Maurras a été en prison pour ça
34:11parce qu'il avait menacé ceux qui mettraient les français en guerre
34:13pour une question qui était quand même très périphérique
34:15et qui ne nous concernait pas
34:17et qui en plus c'était d'autant plus idiot que Mussolini n'était pas a priori avec Hitler
34:19et qu'on l'a poussé dans le bras de Hitler
34:21donc Maurras a été un pacifiste
34:23de ce point de vue là
34:25enfin il était plutôt pacifique que pacifiste
34:27il dit il faut être pacifique
34:29mais il faut être suffisamment fort
34:31pour qu'on ne vienne pas vous chercher non plus
34:33je crois que ça serait une leçon à donner à monsieur Macron
34:35c'est à dire d'une part
34:37qu'il soit un peu plus pacifique
34:39un peu moins à défier le monde entier
34:41et certains pays en particulier
34:43et en revanche
34:45qu'il renforce nos forces armées
34:47qui sont pas tout à fait au niveau
34:49à l'heure actuelle
34:51en plus de ça ce système révolutionnaire
34:53attaque tous les pays
34:55aux alentours
34:57mais il se comporte de façon binaire
34:59il y a ses partisans
35:01les partisans de la révolution
35:03et les autres
35:05et les autres on peut les tuer
35:07oui alors justement ça aussi Maurras l'explique en disant
35:09ce qu'il se passe aussi
35:11si vous n'avez pas les idées
35:13vous êtes un monstre
35:15on peut vous éliminer donc la guillotine est là pour ça
35:17et donc on part du pacifisme et de l'amour de tout le monde
35:19pour aboutir
35:21l'amour de tout le monde
35:23parce qu'il ne fonctionne pas et on a le rasoir républicain
35:25le rasoir républicain
35:27le rasoir républicain existe toujours
35:29puisque ceux qui ne sont pas
35:31du côté du régime
35:33sont condamnés
35:35à une mort sociale
35:37il y a des nostalgiques d'ailleurs
35:39je le citais même
35:41monsieur Mélenchon qui est un admirateur de Robespierre
35:43par exemple
35:45et Robespierre qui a d'ailleurs une rue
35:47c'est quand même une exception
35:49il y a une station de métro et une rue
35:51de la banlieue parisienne
35:53Robespierre est quand même un criminel monstrueux
35:55et il a droit quand même
35:57à avoir une rue
35:59c'est pour ça que je dis
36:01Hitler et Staline peuvent attendre un jour peut-être
36:03qu'ils auront à leur tour leur heure de gloire
36:05où on dira oh globalement après tout
36:07voilà
36:09à plus que Robespierre là pourquoi pas
36:11si vous parlez des rues de France
36:13je passe tous les matins devant un mur
36:15à Sèvres
36:17avec la déclaration
36:19des droits de l'homme sur ce mur
36:21et Maurras
36:23dit quelque part
36:25il cite l'article numéro 1
36:27les citoyens
36:29naissent libres et égaux
36:31non ils ne sont ni libres ni égaux
36:33oui tout à fait effectivement
36:35et une grande tirade pour démontrer
36:37qu'ils ne sont pas libres
36:39on n'est jamais libres
36:41et que l'égalité n'existe pas
36:43ils montrent même que l'égalité est nuisible
36:45il y a un passage je crois que c'est dans
36:47mes idées politiques qui s'appelle
36:49l'inégalité protectrice et c'est vrai que l'inégalité
36:51protège par exemple les parents
36:53les enfants et si les parents et les enfants étaient
36:55véritablement égaux les enfants ne seraient pas
36:57protégés c'est parce que leurs parents
36:59ont des prérogatives sur eux que les enfants
37:01peuvent être élevés et protégés
37:03donc l'inégalité
37:05et Maurras le dit quelque part l'égalité
37:07n'est pas toujours mauvaise mais il y a des cas
37:09où elle s'applique et des cas où elle ne s'applique pas
37:11il faut en faire un principe général
37:13c'est une erreur totale mais c'est une des erreurs
37:15les plus courantes à notre époque
37:17les gens veulent être égaux
37:19ils aiment bien plus être égaux
37:21que libres d'une certaine façon
37:23– Mais c'est dur la liberté
37:25– Oui on dit ça aussi
37:27j'avais vu chez un auteur qui n'est pas du tout
37:29dans la même chose je crois que ça doit être Daninos
37:31qui dit quelque part que
37:33les anglais aiment bien une certaine
37:35égalité, faire monter les gens
37:37mais qu'en France l'idée c'est que quand on voit quelqu'un
37:39qui a une voiture et qu'elle n'en a pas on veut le faire
37:41descendre de la voiture pour être égaux, pareil
37:43c'est un peu ça, il y a une égalité
37:45– Ou le tuer pour prendre sa voiture
37:47– Dans l'abaissement qui existe
37:49je pense que l'égalitarisme est fondé sur l'envie
37:51alors je reviens encore
37:53vous allez dire que c'est une bête noire
37:55mais enfin monsieur Mélenchon et compagnie
37:57je crois qu'il cultive ce sentiment d'envie
37:59c'est un sentiment bas
38:01que l'on cultive chez les gens
38:03alors justement Maurras nous fait une clure d'altitude
38:05lui au contraire
38:07il nous montre que l'intérêt c'est de faire vivre
38:09une société et de la faire se perpétuer
38:11et donc il faut qu'elle ait les vrais principes
38:13et non pas n'importe quel principe
38:15trouvé, affiché
38:17et il dit aussi par exemple
38:19que la liberté c'est très bien
38:21mais qu'elle est plutôt à la fin du processus qu'au début
38:23c'est-à-dire que si on a une société bien harmonisée
38:25on peut arriver à une certaine liberté
38:27dans cette société, mais si on pose la liberté au début
38:29on va aboutir à l'anarchie
38:31– Oui, ça c'est très très important
38:33il a d'ailleurs
38:35une définition
38:37très très précise
38:39pour Maurras
38:41les conditions du progrès humain
38:43et donc
38:45ce à quoi doit penser un gouvernement
38:47c'est le devoir
38:49le pouvoir
38:51et le savoir, c'est parce que
38:53les institutions sont bonnes
38:55que le bonheur et la liberté en résultent
38:57et à l'inverse
38:59si l'on met le bonheur et la liberté
39:01au principe
39:03une décadence véritable
39:05s'en suit
39:07– Oui effectivement
39:09– C'est exactement ce que vous veniez de dire
39:11– Il faut mettre au début les choses qui sont la récompense
39:13d'une bonne organisation
39:15– Et ajoutons à cela le vrai
39:17le vrai
39:19et le juste
39:21et tout
39:23ce qui est défarant
39:25c'est que tout ça n'a pas l'air d'être quand même
39:27si alambiqué, si compliqué à comprendre
39:29– Non mais c'est la recherche des valeurs
39:31c'est tout ça classique
39:33– N'envoyez pas le mot de valeur, je ne peux plus supporter
39:35– Non il ne faut pas nous laisser prendre non plus notre patrimoine
39:37par les autres
39:39– Oui c'est sûr mais il est clairement utilisé
39:41– Je n'ai pas dit les valeurs de la république
39:43disons les valeurs de la tradition
39:45d'ailleurs il oppose tradition et révolution
39:47et je trouve que c'est
39:49un passage très intéressant
39:51de l'ordre et le désordre
39:53où il oppose ces deux notions
39:55– Alors c'est le moment
39:57de montrer sa critique du 18ème siècle
39:59et donc du romantisme
40:01puisque pour lui il y a
40:03deux choses de décadence
40:05le protestantisme
40:07– Les trois R, la réforme, le romantisme
40:09– La révolution et le romantisme
40:11et alors voilà ce qu'il écrit
40:13que je trouve très amusant
40:15ce n'est pas d'avoir raisonné
40:17que l'on doit reprocher aux hommes du 18ème siècle
40:19mais d'avoir raisonné peu et mal
40:21de s'être laissé
40:23mener par une impulsion
40:25sentimentale
40:27quant à la déclaration des droits de l'homme
40:29et ça c'est vous qui l'écrivez
40:31elle prétend régir
40:33la vie privée et publique de la sensibilité
40:35sans tenir compte
40:37de la dure loi
40:39des sociétés
40:41à savoir la nécessité
40:43de vivre debout
40:45et le risque de périr
40:47toujours le prius vivere
40:49et l'honneur
40:51et l'honneur
40:53la nécessité de vivre debout
40:55et le risque de périr
40:57c'est quand même très clair
40:59c'est lumineux
41:01oui c'est évident
41:03que les sociétés sont mortelles
41:05là c'est du Valéry
41:07mais c'est tout à fait vrai
41:09et donc une société qui ne prend pas
41:11les mesures pour cela est menacée
41:13de disparition
41:15et ça on a tendance à ne pas le voir
41:17et à préférer des principes abstraits
41:19même s'ils sont mortifères
41:21c'est ça le gros problème
41:23c'est qu'on est actuellement
41:25on fait périr ce pays
41:27plutôt que les principes
41:29regardez la politique d'immigration
41:31on se moque des conséquences
41:33c'est un peu ça d'ailleurs
41:35on fait une politique
41:37sans conséquences
41:39sans voir l'avenir
41:41sans vouloir le voir
41:43si vous voulez à mon avis
41:45c'est la meilleure version des choses
41:47c'est fait tout à fait exprès
41:49pour mettre à mort
41:51notre civilisation
41:53il y a des gens qui le veulent aussi
41:55j'aime beaucoup
41:57cette phrase
41:59que l'on peut utiliser en conclusion
42:01qui est quand même là aussi
42:03d'une actualité folle
42:05il ne reste plus aux français conscients
42:07que d'agir
42:09pour que sa volonté soit
42:11faite et non une autre
42:13non celle de l'oligarchie
42:15non celle de l'étranger
42:17c'est une
42:19totale actualité
42:21effectivement ça aurait pu être écrit
42:23non celle de l'oligarchie
42:25non celle de l'étranger
42:27mais c'est ça
42:29qui est fascinant
42:31dans cette pensée morassienne
42:33que je découvre de plus en plus
42:35parce que moi
42:37n'ayant pas pu interroger
42:39Morasse dans mes émissions depuis 40 ans
42:41je n'ai pas pu le faire
42:43mais plus je le lis
42:45et plus je le remercie
42:47d'apporter un peu de rigueur
42:49et de clarté
42:51et de vérité
42:53et de sens du réel
42:55et de bon sens
42:57les états
42:59ça sera notre dernier mot
43:01les états ont besoin de chefs et de guides
43:03comme les populations ont besoin
43:05de pain
43:07voilà
43:09Franz Busco
43:11merci beaucoup
43:13d'avoir écrit cette préface
43:15à l'ordre et le désordre
43:17les idées positives et la révolution
43:19c'est donc aux éditions
43:21de l'action
43:23les éditions d'Action Française
43:25Chemin des Repentis
43:2713810
43:29et Gallière
43:31il y a un site internet
43:33j'imagine
43:35je voulais signaler aussi
43:37peut-être que ceci
43:39contacte F
43:41il publie un petit journal qui est très bien fait
43:43bulletin du nationalisme intégral
43:45l'écho d'Action Française
43:47et
43:49vous tapez en effet
43:51l'actionfrançaise.fr
43:53tout attaché
43:55et il y a une adresse
43:57contacte arrobas
43:59l'actionfrançaise.fr
44:01et je voulais
44:03vous signaler
44:05parce qu'il m'a infiniment plu
44:07ce supplément du beau
44:09journal du beau mensuel
44:11l'homme nouveau
44:13c'est un hors série consacré à Jean Racine
44:15Jean Racine
44:17un dramaturge chrétien
44:19c'est un supplément
44:21qui a été fait et dirigé par
44:23Marie Piloquet que j'admire
44:25beaucoup et c'est un grand bonheur
44:27que de
44:29d'approfondir
44:31notre connaissance de
44:33Jean Racine
44:35ça s'appelle les humanités
44:37et vous ne savez pas ce qui vient de
44:39sortir à l'éducation nationale
44:41alors on dit
44:43oui oui on va remettre les humanités
44:45dans l'enseignement
44:47mais on ne va pas
44:49lire du Racine ou du Ripide
44:51non
44:53on va lire en effet
44:55la moitié du temps et l'autre moitié
44:57on étudiera des oeuvres contemporaines
44:59qui évidemment
45:01sont en opposition avec ces textes
45:03sont salaces, n'ont aucun intérêt
45:05et donc
45:07on perd du temps et on fait lire
45:09à des enfants des choses qui n'ont aucun intérêt
45:11voilà
45:13pourquoi j'ai terminé avec Jean Racine
45:15j'ai pensé que ça ferait, c'est un peu
45:17romantique pour Maurras
45:19mais il y a quand même
45:21bien le sens du devoir
45:23merci beaucoup Franz Mosco
45:25merci de m'avoir accueilli et donc
45:27je souhaite que ce livre
45:29et on n'a pas parlé de notre petit bulletin
45:31c'est une brochure que j'ai connu
45:33il y a quelques années
45:35sur l'action familiale
45:37et scolaire, Maurras et
45:39la pensée contre les révolutionnaires
45:41qui est bien évidemment toujours
45:43de grande actualité
45:45amis de TV Liberté
45:47à très bientôt et je vous souhaite un bel été