Florent Gautreau salue la performance collective de l'Espagne, qui a remporté l'Euro 2024 dimanche. Le journaliste de l'After Foot ne veut pas entendre parler de Ballon d'or cette année.
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00:00Allez, on passe à l'avis tranché de Flo, justement, qui concerne l'Espagne.
00:02« Que ce soit pour l'épilation, pour le naturisme ou pour les tirages au sort, nous
00:07sommes pour l'intégral. »
00:08C'est génial. Alors, cet euro qui a été critiqué bien à des égards, toi tu l'as
00:13aimé, et t'as surtout aimé d'ailleurs son vainqueur, à savoir l'Espagne.
00:16Ouais, non, j'ai rectifié un peu. J'ai aimé l'Espagne parce que non, justement,
00:19ça me sort d'un euro où j'étais déçu, moi, par l'euro et le niveau de l'euro.
00:23Je l'ai souvent dit pour plein de raisons, donc je peux y revenir, j'en avais fait
00:25un petit avis dans l'affaire. Et l'Espagne, à l'inverse, me réconcilie et doit réconcilier
00:33plein de gens, et notamment les gens qui s'intéressent au foot un peu moins peut-être
00:37et qui vont aller sur ces matchs dans les grandes compètes que sont les Coupes du Monde
00:40et les Euros. Là, ils vont arriver sur cette compète et honnêtement, ils ont des bonnes
00:44raisons de se dire c'est décevant. Il y a eu des mauvais matchs, c'est la vérité.
00:47Il y a eu des matchs sans intention, je dirais, ou avec des entraîneurs non protagonistes.
00:53On a vraiment eu du football moche dans cet euro. On a eu du football triste aussi, c'est-à-dire
00:58qu'on a eu des équipes qui voulaient s'adapter à l'adversaire, mais dans la crainte de l'adversaire.
01:04On a eu les Belges qui ont déjoué comme ça, les Pays-Bas, la France à sa façon aussi.
01:09Donc, finalement, il y a eu beaucoup de déceptions. L'Italie a été décevante peut-être plus parce
01:13qu'en termes de niveau, elle n'y était pas. On a eu des équipes vieillissantes comme la Croatie.
01:19Après, j'en ai déjà parlé, l'élargissement de l'euro, pour moi, c'est le fait que la compète
01:23commence en huitième, voire maintenant en quart. Je n'étais pas satisfait du tout de cet euro.
01:27En revanche, l'Espagne, du début à la fin, n'a pas varié avec cette intention justement,
01:31contrairement aux nations dont je viens de citer, de faire le jeu pour lequel elle est
01:36faite et pour lequel les joueurs sont formés dans quasiment tous les clubs d'Espagne depuis
01:39tout le temps. Ce qui fait que tu as un peu une forme de systémisme qui fait qu'hier,
01:44à la sortie, ça va faire un lien avec ce que vient de dire Kevin sur Rodri, Rodri sort.
01:48Moi, dans ma tête, je me dis que c'est peut-être le tournant, c'est peut-être le truc, c'est peut-être
01:51l'histoire du fait que l'Angleterre, qui ne fait rien, va s'en sortir une nouvelle fois. Non,
01:55en fait, parce que Zubimendi rentre et que lui, dans le système, je l'ai vu, il est allé de
02:00l'avant direct, il a fait son job. Chacun sait ce qu'il a à faire. Donc, pour résumer, c'est l'idée
02:05même du sport qu'est le football et du jeu collectif. Et en fait, à l'euro 2021, avec moins
02:10de brillance peut-être et de talent, c'était l'Italie, on a eu aussi ça. Et on se fait la
02:15réflexion comme ça dans les tournois qu'on a souvent quand même l'expression d'un collectif,
02:19plus ou moins avec du beau jeu. Ça, ça dépend. La Grèce, évidemment, en 2004, même le Portugal
02:24en 2016, c'était moins beau. Mais en tout cas, on ne peut pas gagner ces compètes, ces tournois. Et
02:30je dis à tous les footballeurs qui font des tournois, les tournois de six, ça leur parlera.
02:33On ne peut pas gagner puisqu'on avait le débat sur faut-il bien jouer, mal jouer. On ne peut pas
02:38gagner si on n'a pas cette vision, cette version collective du football. Et donc, je mettais ça en
02:44rapport avec le ballon d'or. Je vois passer des trucs. Alors, moi, c'est un truc que je déteste,
02:48je l'ai toujours dit, puisque le ballon d'or étant par définition une distinction individuelle dans
02:53un sport où, comme le disait à l'instant Kévin, où tu ne peux pas facilement donner une distinction
02:58à un seul mec. Depuis hier, on cherche. Ah oui, Bellingham ne peut pas l'avoir, il a raté l'euro.
03:03Ah oui, mais alors Vinicius ne peut pas l'avoir. Ah oui, mais alors en Espagne, à qui on va le
03:08donner alors ? Maintenant, c'est Carvaral, c'est Lai. Mais peu importe, il ne faut pas le donner.
03:13Je m'en fous que ce soit Carvaral ou pas. Carvaral, évidemment, c'est le bonhomme de cette équipe.
03:17Mais en gros, ça te démonte le ballon d'or. Moi, je dirais, arrêtez avec le ballon d'or, ça n'arrivera
03:24pas évidemment. Mais on s'en fout du ballon d'or. Ce qui s'est passé hier et pendant trois semaines,
03:29un mois avec l'Espagne, c'est l'expression collective. On ne peut pas donner un ballon d'or cette année.
03:35À qui tu donnes le ballon d'or ? Moi, je l'ai déjà dit, le ballon d'or, en tout cas, selon moi, si
03:39moi, je décide tout seul dans ma chambre, je le donne à Tony Kroos. Oui, mais après, on est dans
03:44autre chose. Il y en a qui vont dire, moi, je le donne à Carvaral, toi, tu vas le donner à Tony Kroos,
03:48d'autres, je vais le donner. Moi, je te dis juste que... Tu seras quand même souvent sur les 4, 5 mêmes noms.
03:52Oui, mais moi, j'ai envie vraiment de me dire que profitez de ça. Profitons, si tu expliquais
03:58le foot à un Américain qui aime les sports US et qui connaît moins le soccer, tu lui dirais,
04:02c'est quoi le foot ? Voilà, le foot, il paraît que c'est qui ? Il y a Mbappé, il y a Bellingham,
04:07il y a... Moi, je lui dirais, non, regarde, l'équipe d'Italie en 2021, ce n'est pas le plus beau, mais
04:13l'expression collective, c'est ça. Ce que Textor a découvert...
04:16Ce qui, d'ailleurs, est complètement anti-culture US, parce que tu parlais du MVP tout à l'heure.
04:19Finalement, le ballon d'or, c'est un peu ça, c'est un peu le paroxysme du MVP. Mais c'est vrai que,
04:23enfin, dans le... C'est un peu le paradoxe, d'ailleurs, du sport européen où on dit culturellement,
04:28c'est très différent de ce que font les États-Unis, mais le ballon d'or, c'est une expression de ça
04:31aussi, finalement.
04:32Juste pour finir, le dernier point, c'est un message aussi, je pense, puisqu'on parlait de Mbappé,
04:37ça fait lien un peu avec ce qu'on a dit depuis le début de l'émission. C'est un message à tous ces joueurs,
04:41justement, qui pensent « je » au lieu de « nous », qui te disent, comme Mbappé, quand il fait « je »,
04:49comme Mbappé, à la fin de l'Euro, qui, dans son interview, ne s'en rendant même plus compte, te dit
04:53« je voulais faire un grand Euro, je voulais si... ». Mais t'avais dit, attends, est-ce que tu crois que
04:57les Espagnols, Morata dit « je voulais faire un grand Euro, je voulais amener mon équipe sur le toit du
05:02monde ». Mais non, franchement, cette équipe-là, elle pense « nous », elle pense collectif. Et je dis
05:07juste que pour ces joueurs-là et pour cette génération qui ne pense qu'à ça en disant, je discute avec
05:13des gens, « ah, t'as vu, on n'a pas fait un bon Euro parce que Griezmann et Mbappé n'étaient pas en
05:16forme ». Mais non, on n'a pas fait un bon Euro parce que, collectivement, on n'a rien construit qui nous
05:20permette de nous passer ponctuellement d'un Griezmann ou d'un Mbappé pas en forme. Collectivement, en
05:26France, on n'a pas été capables de construire ça. Le système n'est pas là. Alors qu'hier, quand tu
05:32fais rentrer ou Yarzabal ou Zoubimendi, ça fonctionne parce que le système fonctionne, la culture du
05:38collectif fonctionne. Donc, c'est juste pour dire, c'est un Euro... Enfin, l'Espagne vainqueur.
05:42Heureusement, parce que si l'Espagne n'avait pas montré cette force du collectif dans cette
05:47compète, je peux te dire qu'il n'y avait pas grand-chose à retirer de cette compétition de l'Euro
05:502024.
05:51Tu veux dire un mot maintenant ou tu veux qu'on le fasse après la pause ?
05:53Faisons-le après la pause parce que j'ai aussi un avis à donner.
05:57Tiens, juste pour fermer la parenthèse du Ballon d'or, parce que ça m'amuse quand même. Vous savez que les
06:01Anglais parient sur à peu près tout, les bookmakers. Je vous donne les favoris du Ballon d'or pour les
06:05bookmakers à l'instant T1. Vinicius Junior est quand même toujours favori devant Rodry. Bellingham en
06:09troisième, Carvajal quatrième. Après, on a Yamal. Messi aussi qui revient avec la victoire de la
06:14Copa América. Il est remonté également. Et après, on a Mbappé, Tony Kroos, Foden, Keyne et Alain.
06:18Moi, je vais juste te dire un truc puisque je déteste le Ballon d'or.
06:21Moi, je suis comme toi.
06:22Mais comme il existe, je veux bien jouer au jeu. Comme a dit Kévin, on a le droit. Alors si je me prête au
06:27jeu, si je me dis que c'est un truc purement individuel, tu vois. Donc, je veux un joueur flashy.
06:32Je veux un Vinicius. Ça me va très bien aussi. Parce que je veux un mec qui...
06:35Moi, dans le podium que tu m'as donné, c'est tous les jours, c'est des deux mains je signe pour Rodry.
06:40Ah ben Rodry, moi, j'aime bien aussi.
06:42Pour les trois, quatre dernières années, il gagne la Ligue des Champions l'année dernière. Là, il gagne l'Euro.
06:48Mais comme moi, je dévalorise, entre guillemets, le Ballon d'or et je vais dire, OK, je vais dans votre sens.
06:52C'est un truc avec tes critères. C'est des stats, c'est de l'individuel, c'est des highlights.
06:57Alors, je donne. C'est un Ballon d'or pour le...
07:00Je vais revenir à ça sur l'âge.
07:02Quand j'étais petit, j'avais dans ma chambre tous les Ballons d'or.
07:05Bon, désolé pour l'âge.
07:07Roménigueux, Platini, trois fois.
07:09Et j'avais des trucs en taille réelle, les posters dans ma chambre.
07:14Moi, à l'époque, ça m'intéressait, ça.
07:15Mais je n'avais aucune vision collective du foot.
07:17Honnêtement, je n'avais qu'une vision individuelle.
07:19J'avais, voilà, les mecs, c'était Simon...
07:21Ça a commencé avec Simon Seine, t'imagines, comme je suis vieux.
07:23Et c'est allé jusqu'à, tu vois, à peu près, Belanoff en 86 et encore.
07:27Et là, après, j'ai commencé à regarder le football un peu différemment et à me dire que, bon, il y a peut-être autre chose que la récompense individuelle.
07:34Moi, ce que je voulais dire, c'est que plus que Flo qui a parlé de force collective pour l'Espagne,
07:40si je peux me permettre, je vais préciser.
07:42C'est-à-dire que pour moi, c'est plus qu'une force collective parce que tu peux défendre de façon collective.
07:46La Géorgie, ils ont eu une solidarité collective très forte et pourtant, ils n'ont pas proposé beaucoup de jeux.
07:52Mais moi, pour moi, j'ai un entraîneur que tu connais un petit peu qui parle d'un football d'imposition ou un football d'opposition.
08:00Et moi, pour moi, cette Euro, c'est surtout la victoire du football protagoniste, c'est-à-dire le football qui impose quelque chose à son adversaire.
08:07Et c'est pour ça que l'Espagne est très forte.
08:09C'est pour ça que l'Espagne est très forte parce que peu importe que Rodri, leur meilleur joueur, sorte à la mi-temps,
08:14le gars qui rentre, en fait, ce n'est qu'un rouage de l'auto, ce n'est qu'un rouage de la voiture.
08:21Et donc, en fait, tu changes les pneus, mais la voiture continue de performer.
08:25Et peu importe qui sont les joueurs qui sont sur le terrain.
08:28Aujourd'hui, un Dani Olmo, c'est un joueur qui était parti pour être remplaçant.
08:32Pedri, on le voyait comme titulaire indiscutable.
08:34Pedri se blesse. Peut-être que l'Espagne a été encore meilleure avec Dani Olmo, qui a été ultra décisif.
08:39Et c'est ça, la force de l'Espagne.
08:40C'est la force de l'Espagne, de cette sélection, mais aussi de ce championnat.
08:44Parce que même si Fred dit que c'est un championnat qui est un peu plus en difficulté parce que c'est vrai qu'il y a un peu moins d'argent,
08:50parce que leurs meilleurs joueurs vont maintenant partir en Angleterre, alors qu'avant, ce n'était pas du tout le cas.
08:54Mais ils ont réussi, et c'est bien sûr sous l'impulsion du Barça, même peut-être avant, des années 80-90 avec Johan Cruyff.
09:01Ils ont réussi à avoir une politique de formation et une politique nationale.
09:07Regarde les clubs dans lesquels jouent les joueurs de l'Espagne, tu as du Bilbao, tu as du Saragosse.
09:11C'est là où ils sont très forts. Mais regarde aussi les sélections, qu'elles soient féminines, qu'elles soient sélections de jeunes.
09:17Les Espagnols, c'est comme les Portugais d'il y a dix ans, même si les Portugais sont plutôt toujours corrects.
09:22Mais les Espagnols et notamment les Anglais aussi, qui peut-être n'ont pas encore cette culture du jeu parce qu'ils ont tellement d'étrangers dans leur championnat
09:29que leurs meilleurs joueurs ont peut-être aussi des difficultés à s'imposer sur le long terme.
09:33Mais les Anglais travaillent également très bien chez les jeunes.
09:36Mais c'est ça moi que j'adore avec l'Espagne, c'est que c'est le football protagoniste.
09:40C'est le football qui impose quelque chose à son adversaire, qui a gagné contre un football qui est celui de Gareth Southgate.
09:46Une de ses grandes inspirations, ce n'est pas pour dire, mais c'est Didier Deschamps.
09:50Et ce football-là, oui, ça peut marcher.
09:53Oui, avec des gros pays, avec des grosses générations, tu peux arriver à aller loin dans les tournois.
09:58Mais gagner, c'est autre chose.
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