• il y a 5 mois
Sept maillots à pois, sept victoires d'étapes, six tops 10 au classement général... Richard Virenque était un homme du Tour de France, alors qui de mieux que lui pour revenir sur l'actualité, lors de la deuxième journée de repos de cette 111e édition. Un jour spécial pour le Varois d'adoption, qui avait remporté il y a 30 ans de cela sa première victoire sur les routes de la Grande Boucle, à Luz Ardiden. Le duel entre Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) et Jonas Vingegaard (Visma | Lease a Bike), les Français, la lutte pour le maillot à pois... l'ancien chouchou du public est revenu sur tous ces sujets au micro de Cyclism'Actu.

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Transcription
00:00Des fois, vous savez, il faut tenter peut-être dix fois pour que ça marche une fois et voilà,
00:08donc il faut oser.
00:09Bon alors Richard, pour commencer, petite statistique, il y a trente ans jour pour jour,
00:15vous aviez remporté votre première étape sur le tour à Lusardiden, quels sont les
00:23souvenirs de ce jour-là ?
00:24On n'a pas l'impression que ça fasse trente ans, franchement, on est à trente ans, c'est
00:33incroyable comme quoi le temps passe vite, les souvenirs, ils sont comme si c'était
00:37presque hier, ça reste une étape marquée par un grand raid solitaire avec des découvreurs
00:49de renom derrière et j'étais parti aux avant-postes pour dynamiter la course, pour
00:55le maillot à peau aussi, et ça reste gravé dans ma mémoire, cet exploit, cette victoire,
01:03donc c'était je crois un 15 juillet, non ? Je ne sais plus trop, mais bon en tout cas,
01:09ouais, 15 juillet, donc je flirtais avec le 14 juillet pour la victoire finale et voilà,
01:17mais ça reste un grand moment de ma carrière, la première victoire, donc en plus j'avais la
01:22conscience de la valeur d'une étape sur le tour de France, comme j'étais venu au tour 92 et j'avais
01:30découvert le 92, le tour 92, en 93 j'avais flirté presque avec une victoire à Andorre et j'ai été
01:38repris juste avant l'arrivée, donc 94, là je ne m'étais pas fait piéger, au contraire, c'est moi
01:46qui avais mené la danse devant et dans l'école, voilà, donc non, ça reste un très bon souvenir.
01:52Pour revenir un peu sur l'actualité et ce tour de France 2024, donc on est au deuxième jour de
01:59repos, 15 jours de course, est-ce qu'on pourrait avoir votre avis général sur la course ? Qu'est-ce
02:06que vous en avez pensé de ces deux premières semaines ?
02:09Déjà, je dirais que les Français ont rempli leur rôle quelque part, parce qu'ils ont gagné au
02:17moins une étape, mais c'est trois étapes, donc déjà mission accomplie, je suis un peu sur ma
02:24faim sur certains coureurs où je pensais les voir plus dans le classement général et ils sont
02:31inexistants, donc ça c'est un peu mon regret parce que bon quand on voit quasiment les 15 premiers du
02:36classement général, il n'y a aucun Français qui figure et ils ne sont pas du tout, on va dire,
02:41acteurs, donc ça c'est bien dommage, j'aurais bien aimé voir Lenny Martinez en montagne,
02:49puisque cette année déjà il nous a fait quelques étincelles, il a gagné, je crois, déjà cinq
02:54courses chez l'époque, donc j'attendais de le voir, bon c'est pas encore fini, puisqu'il reste
02:59cette dernière semaine autour des Alpes du Sud pour qu'il puisse s'illustrer, mais déjà pour
03:06l'instant il n'est pas présent, c'est bien dommage, voilà, donc hormis ça, pour les
03:13Français satisfaisants, j'aurais aimé peut-être un Arnaud Desmars se réveiller sur ce tour,
03:19puisqu'il a déjà brillé sur le Tour de France et en tant que sprinter, voilà, c'était un coureur
03:27qui a le potentiel de gagner, donc il n'est pas là, il a du mal à trouver, on va dire,
03:33le petit coudrin en plus, comme les autres, ensuite pour la course, elle tient ses promesses,
03:41avec, on va dire, il y avait quatre fantastiques, avec un Roglic qui a disparu, comme on va dire,
03:49comme chaque année avec la malchance, Roglic malheureusement, à chaque fois il est touché par
03:55la malchance, ou alors bon, par rapport à être à droite sur un vélo, peut-être c'est ça,
04:02je ne sais pas, mais en tout cas, il s'est éliminé tout seul sur chute, ensuite les trois
04:07fantastiques, donc Vindegard, il est quand même impressionnant, après ces trois mois, on va dire,
04:16sans compétition, il est quand même en contact avec Pogacar, l'intouchable, mais bon, Pogacar
04:24doit composer avec Vindegard, ça on le sent vraiment, et au bout de deux semaines de course,
04:30déjà ce que Vindegard a fait, déjà hier dans l'étape, à l'attaquer, c'est que quelque part,
04:36il se sent de mieux en mieux, et attention, même s'il est repoussé à trois minutes,
04:40c'est clair que Pogacar a la main sur Vindegard aujourd'hui, il a un matelas confortable de trois
04:47minutes, mais pour connaître le tour et la difficulté du tour, il n'est pas à l'abri,
04:52on va dire, d'un revers de situation, dans les derniers jours de ce tour, qui vont être
04:58redoutables, donc les trois dernières étapes, c'est des étapes pour le classement général,
05:02et là on peut dévisser rapidement, donc il est clair qu'avantage pour Pogacar, et en plus,
05:10lui c'est sport spectacle, donc ça c'est beau à voir, je le félicite encore, et même son équipe,
05:16il laisse pas trop de miettes aux offres, mais en tout cas, il est dans l'effort sans trop compter,
05:25donc ça me plaît quand même pour le mouvement de course, et pour reprendre Rimco, donc lui,
05:32c'est le dernier invité sur le Tour de France, néophyte du tour, et bien déjà chapeau,
05:38parce qu'il est déjà sur le podium, il a gagné le Contre-la-Montre, et je pense qu'il va se
05:45sublimer peut-être déjà cette année sur le tour, donc déjà tout ce qu'il a fait,
05:50c'est formidable, s'il arrive à finir ce tour encore sur le podium, ça serait génial,
05:57mais aussi, il est un peu écarté, mais bon, il peut ou exploser, ou encore se sublimer,
06:05parce que le tour c'est magique, il n'y a aucune course qui est comparable qu'il a vécu auparavant,
06:12donc voilà, ça c'est une découverte pour lui, en tout cas c'est satisfaisant,
06:16parce que c'est un coureur aussi qui attaque, on l'a vu sur les chemins blancs autour de Dijon,
06:24donc il a eu une course de mouvement, pour l'instant moi le tour me satisfait au niveau
06:30spectacle, il est clair que maintenant on va filer vers les Alpes du Sud, et ça va être vraiment
06:37difficile pour tout le monde, parce que si la chaleur est au rendez-vous, vu l'école qui les
06:42attend, on va avoir un beau spectacle. Vous avez évoqué un peu le duel Pogacar-Vingegaard,
06:50contrairement aux deux dernières années, ça a l'air de tourner du côté du Slovène, notamment
06:56sur les étapes de Haute-Montagne qui étaient auparavant plus à l'avantage de Vingegaard,
07:01ça a un peu tourné pour l'instant cette année, est-ce que Pogacar est réellement battable sur
07:11ce tour au vu de ce qu'il a montré ? On l'a vu, l'avantage de Pogacar c'est que Vingegaard revient
07:19d'une blessure, pour moi sans courir, donc il a cet avantage là, et plus ça va aller, plus l'avantage
07:28va être en faveur de Vingegaard, donc Pogacar il a profité de ce décalage là pour lui prendre trois
07:38minutes on va dire, et maintenant il faut qu'il gère cette fin du tour, donc il est bien capable de
07:42l'emporter, Pogacar il est dans une année exceptionnelle et il est bien parti pour faire
07:48un doublé Giro Tour et une saison exceptionnelle, donc pour l'instant tout est bon pour lui, il faut
07:56qu'il récupère bien et qu'il lui arrive pas de chute, pas de Covid, vous voyez ce que je veux dire,
08:03donc on n'est jamais à l'abri sur le Tour de France, il reste encore la dernière semaine d'un coup
08:09de théâtre et on en a vu plusieurs fois, et lui il a été, on se souvient, les deux dernières années je
08:16pense qu'il a faim de victoire du Tour, parce qu'il a goûté au Tour, il a gagné deux fois, et il s'est
08:20fait mettre de côté par un certain Vingegaard, Vingegaard aujourd'hui c'est la personne qui lui a barré
08:26le chemin, donc c'est clair que Pogacar est très remonté pour gagner, et c'est peut-être pour ça
08:31qu'on le sent très fort, mais il le sait lui très bien aussi qu'attention la menace elle est toujours
08:40présente, même si chaque jour il met une pierre en plus vers la victoire, trois minutes pour moi
08:46c'est pas encore un matelas de sécurité. Pour revenir un peu aussi sur quelques polémiques
08:56qu'on a eus ces derniers jours, avec notamment dans ce qui concerne Pogacar et Vingegaard, des
09:03des records de montée qui ont été battus, pour eux c'était samedi Plat d'AD qui ont battu le
09:09record d'Armstrong, le lendemain un plateau de Baye surtout, celui de Pantani avec aussi des
09:16estimations de watts et compagnie assez impressionnant, on a Cyril Guimard qui nous a dit que pour lui
09:21c'était tout à fait normal avec l'évolution et compagnie que ces records soient battus et
09:26des performances, quel est votre avis là dessus ? Oui en fait je suis d'accord que les records sont
09:33faits pour être battus, surtout avec le matériel qui évolue, c'est la première chose, ensuite sur
09:39la façon de récupérer de tout à chacun, moi à mon époque on récupérait pas pareil, après les
09:46arrivées on montait pas sur des rouleaux pour éliminer les toxines, et maintenant c'est clair
09:51que le lendemain on démarre plus frais, donc il y a plein de petites astuces que maintenant on est
09:55en 2024, vous imaginez, donc on va plus vers une évolution super forte du coureur et
10:04l'optimisation du sportif, que ce soit en alimentation, en matériel, en récupération,
10:12en mental, tout ce qui est apporté aujourd'hui au coureur, ça pour moi c'est normal,
10:18après une chose qu'il faut prendre en compte, et c'est très facile à comparer, le jour où Pantani
10:24a fait des records ou Armstrong, il faut juste voir le vent, comment il était dans l'ascension,
10:29parce que monter un col avec un vent dans le dos, je sais pas si vous avez fait du vélo,
10:32mais monter un col avec un vent de face, c'est quasiment facile de péter un record, donc pour
10:39un peu ces deux jours là qui se sont passés coup sur coup, le vent était favorable dans les ascensions,
10:44on pète un record, parce que les conditions climatiques ne sont pas les mêmes, et c'est ça
10:50qu'il faut regarder en premier lieu, après si c'est les mêmes conditions avec le même vent,
10:54là on peut se dire, on peut voir quelques autres critères, mais voilà, donc c'est facile avec un
11:01vent de dos de mettre on va dire 100-150 watts de plus, on peut les amener, pourquoi ? parce
11:06qu'on est porté dans une ascension. Pour revenir aussi à un sujet que je voulais voir avec vous,
11:14c'est la bataille pour le maillot à poids, qui est un peu mis de côté ces dernières années,
11:18vous qui l'avez remporté sept fois, qu'est-ce que vous pensez de ça, on a vu justement maintenant
11:24c'est le leader du général qui le remporte, est-ce que c'est pas un peu dommage ? Oui et non,
11:32le maillot à poids c'est dédié à une personne qui va dans les grandes ascensions, les hors
11:38catégories, les premières et les deuxièmes s'illustrer, on a vu des coureurs qui se battent
11:44pour le maillot à poids et qui font des... sur les petites ascensions, c'est la grosse lutte,
11:50on le voit, pour marquer des petits points, mais le maillot à poids c'est toujours gagné dans les
11:55grandes ascensions, donc il faut des coureurs pour les grandes ascensions, et qu'est-ce qu'on a vu
11:59ces dernières années ? c'est souvent les coureurs du classement général qui s'imposent, parce que
12:03dans les grandes ascensions il y a beaucoup de points, des fois à l'arrivée les points sont
12:06doublés, donc on fait la rasia, donc c'était pareil à mon époque, si je voulais le maillot à
12:13poids, c'était m'illustrer, on va dire, pas sur les quatrièmes catégories, les troisièmes catégories,
12:18il faut s'illustrer dans les premières hors catégories, et pour aller gagner le maillot à
12:22poids, il faut aller jouer dans ce domaine là, on a vu ceux qui l'ont gagné, que ce soit Bardet,
12:27ou Julien Laphilippe, ou d'autres, et bien il a fallu se sortir, on va dire, les vers du nez pour
12:34aller chercher le maillot à poids, et le maillot à poids c'est quelque chose de compliqué à aller
12:39chercher, et il faut être, on va dire, une aptitude en montagne, en haute montagne, forte, et aujourd'hui
12:46qui sont ces coureurs là ? et bien c'est sûr les coureurs du classement général, vous imaginez que
12:50sans vouloir le faire, le maillot à poids leur tombe dessus, parce qu'il n'y a personne en face
12:55qui va faire le show, parce que c'est ce qu'il faut faire, aller faire le show devant, donc le
13:00règlement il est comme ça depuis maintenant, je suppose, une vingtaine d'années, parce qu'il n'a pas
13:05vraiment changé, et moi il a changé, on va dire, le règlement de 96-97, il était différent, il a été
13:13changé après les années 2000, parce que je commençais à gagner un peu trop le maillot à poids, et
13:18c'est pas plus mal, les organisateurs ont choisi une autre façon de calculer, ça c'était beaucoup
13:24plus dur, et là, et bien voilà, c'est plus dur, mais c'est les coureurs du classement général qui
13:28s'imposent, pour moi, j'ai pas trop d'avis à ça, mais en fait, c'est les coureurs qui doivent s'adapter
13:34à un règlement, s'adapter au point à aller chercher, et il faut qu'ils aient la jambe pour cela.
13:41Et juste pour rester un peu sur le même sujet, sur ces derniers jours, enfin même sur tous les étapes
13:48de pure montagne sur ce tour, on n'a eu aucune échappée qui a été au bout, c'est un peu la
13:55tendance du moment, qu'est-ce qui manque à ces baroudeurs pour aller chercher la victoire ?
14:01Qu'est-ce qui manque ? Si vous voulez, dans les étapes qui sont difficiles, où il y a de la
14:07montagne, elle est propice au classement général. Qu'est-ce qui se passe ? Pogacar, dès le départ du
14:14tour, il saute sur tout ce qui bouge pour cela, donc c'est clair que ça fait sauter le verrou
14:22pour les échapper, parce qu'on est là pour le classement général. Mais aujourd'hui,
14:28il y a des étapes très plates pour les sprinters, ou alors très difficiles,
14:35ou vachement difficiles pour le classement général. Il n'y a pas d'entre-deux quelque part,
14:38et bien c'est pour cela que les échapper. On a quand même vu un certain Romain Bardet
14:45nous faire un hold-up avec Franck van den Broeck, parce que c'était une étape difficile et il a
14:54réussi, mais ça s'est joué à pas grand-chose. Vous savez, il faut tenter peut-être dix fois
15:00pour que ça marche une fois, donc il faut oser. Romain Bardet sur son dernier tour,
15:06je crois qu'il a déjà rempli la mission, je crois qu'il ne va pas rester sur ça,
15:10parce que les derniers jours de ce tour vont être aussi pour l'attaque, et à un moment donné,
15:15ça peut être propice à une ouverture. Ok, très bien, merci beaucoup d'avoir
15:20accordé cette interview à Cygnus Mactu, on espère vous revoir bientôt, et puis voilà, merci.
15:27Merci à vous, et bon été et bon tour, au revoir.

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