• l’année dernière
C'est l'heure de la dernière chronique de Cyrille Guimard sur le Tour de France 2023 ! Un 110e Tour remporté par Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma) devant Tadej Pogacar (UAE Team Emirates), le Slovène ayant craqué durant la troisième semaine et laissé ainsi le champ libre au Danois, lauréat de sa deuxième Grande Boucle consécutive. Et si le Druide a bien évidemment évoqué le désormais double vainqueur du Tour, ainsi que les suspicions dont il a fait l'objet, c'est l'état du cyclisme français qui a le plus interpellé Cyrille Guimard, qui fait le même constat que les années précédentes et ne voit aucune évolution positive. Cet entretien est à voir dans son intégralité.

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Sport
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00:19 Attendons l'année prochaine, essayons de digérer le tour de cette année
00:23 et puis on se pensera sur celui de l'année prochaine
00:26 qui sera un tour de France quand même atypique dans la mesure où il ne part pas de Paris
00:33 mais il n'arrive pas à Paris non plus et qu'il arrive à Nice.
00:37 Jeux Olympiques obligent !
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00:53 Si je t'avais dit il y a un an que Jonas Vingegaard allait remporter un deuxième tour de France consécutif,
00:59 qu'est-ce que tu m'aurais dit ?
01:02 Que ça n'était pas impossible mais que c'était pas évident ou l'évidence même
01:12 compte tenu de la façon dont s'est déroulé le tour l'an dernier
01:16 et surtout des erreurs stratégiques de Pogacar et de son équipe
01:23 et puis d'une équipe qui était quand même beaucoup moins consistante que celle de Vingegaard
01:30 donc logiquement un an après les choses auraient dû s'équilibrer au niveau de l'équipe entre autres
01:38 et puis que certaines erreurs ne pouvaient pas se faire deux années devant.
01:44 Ça devient une faute professionnelle.
01:47 Donc oui, je n'aurais pas dit oui, je n'aurais pas dit non non plus
01:51 parce que je ne peux jamais écarter quelqu'un qui gagne un tour de France de dire que tu n'en gagneras plus d'autre.
01:56 Mais ceci dit, la rivalité entre les deux hommes et les deux équipes nous a permis de vivre un tour intéressant,
02:05 un tour où il s'est toujours passé des choses.
02:09 Il y a eu un beau match et puis on va dire d'autres sujets de satisfaction sur ce tour ou éventuellement de désillusion.
02:18 Parce que les choses ne vont jamais seulement dans un sens.
02:23 Il te surprend Jonas Vingegaard ? On a entendu toutes les suspicions après son contre la montre.
02:30 Qu'est-ce que tu penses de tout ça, de ses performances ? Ça t'étonne, ça te surprend ?
02:37 Non, mais il faudra expliquer peut-être à un certain nombre de personnes qui systématiquement remettent en cause.
02:44 D'ailleurs, je vais presque appeler ça un marronnier puisque la dernière semaine du tour,
02:48 la suspicion accompagne les coureurs à chaque kilomètre.
02:54 Sauf que tu n'apportes jamais les preuves et puis tu n'es jamais remis en cause et tu n'as jamais de procès non plus.
03:00 Donc l'année prochaine, on pourra recommencer de la même façon.
03:05 Ce qu'il faut quand même se dire, c'est que depuis une dizaine d'années,
03:12 il y a une augmentation de la qualité des programmations d'entraînement, des programmations de carrière.
03:22 Il y a aussi énormément de travail bien avant de passer professionnel.
03:32 Il y a un développement au niveau des jeunes qui est d'une grande qualité aujourd'hui.
03:38 Ce qui fait d'ailleurs qu'on arrive avec des coureurs qui, en sortant de junior,
03:44 pratiquement sont compétitifs au niveau professionnel, ce qui n'aurait pas été imaginable il y a 20 ans, il y a 40 ans.
03:50 Le seul qui sort de ce cadre, c'était Jacques Antil qui gagnait le Grand Prix des Nations sur 150 km à juste 19 ans.
04:01 En fait, il faisait partie des exceptions aussi.
04:05 Les exceptions, il faut les conserver comme exception, ce n'est pas la règle générale.
04:11 Mais aujourd'hui, d'ailleurs c'est simple, il suffit de regarder le recrutement maintenant des grandes équipes,
04:19 des grandes équipes pro, on va commencer pratiquement à recruter maintenant au niveau cadet.
04:29 Au niveau junior, c'est fait.
04:32 Il y a des structures aujourd'hui qui permettent justement un développement beaucoup plus rapide
04:38 et sans doute beaucoup plus rationnel qu'il ne l'était il y a un demi-siècle.
04:42 Donc, les augmentations de performance des coureurs, elles ne sont pas illogiques.
04:49 Je pense que si on faisait des vraies recherches sur le plan statistique
04:54 sur les augmentations de charges de travail et de qualité de travail par rapport aux performances,
05:01 je pense qu'on serait quelque part linéaire.
05:04 Alors, c'est vrai, dès que vous gagnez, ce n'est pas parce que les autres sont plus faibles,
05:11 c'est tout simplement parce que vous avez la meilleure équipe médicale ou le meilleur labo derrière
05:19 pour vous permettre de développer plus de WAPT.
05:22 Si c'était aussi simple que ça, je suis désolé, mais il y a des pays qui seraient champions du monde,
05:30 même avec des canassons.
05:33 Donc, il faudrait arrêter ce système-là.
05:38 Le seul problème, c'est que la plupart du temps, c'est dans notre milieu même que la suspicion est lancée.
05:44 Elle est lancée parce qu'on ne veut pas reconnaître éventuellement que les autres sont plus forts,
05:50 on ne veut pas reconnaître qu'on n'a peut-être pas les moyens technologiques, scientifiques
05:58 de pouvoir arriver à ce niveau-là.
06:00 Et puis tout simplement, on n'a peut-être pas les coureurs capables d'eux.
06:03 Aujourd'hui, quel que soient les systèmes, même s'il y avait deux pages,
06:08 il y a le coureur français qui est capable de jouer avec Pogacar, Binger Gard, vous avez Alouzo Cari,
06:13 vous avez Evenepoel et d'autres qui sont dans les tuyaux.
06:17 Il faut arrêter. Si les autres sont plus forts, il faut se poser la question de savoir pourquoi ils sont plus forts
06:22 et qu'est-ce qu'on peut faire pour essayer de rattraper l'écart qu'il y a entre les plus forts et nous.
06:29 Mais ce n'est pas comme ça qu'on raisonne, c'est parce que bien sûr, ils sont chargés.
06:34 À la bière sans doute.
06:36 Ils manquent bien un petit trait de cour.
06:38 Ou ils se sont empoisonnés à la bière.
06:42 Donc ce serait bien quand même d'arrêter parce que ce même discours a lieu au niveau des cadets,
06:50 il a lieu au niveau des juniors.
06:52 Les parents, quand leur gamin se fait larguer dans la dernière bosse,
06:56 il faut savoir ce que l'autre prend.
06:59 Si vous savez ce qu'il se fait dans la gueule, ça a toujours été comme ça, même à mon époque.
07:04 Si on pouvait un petit peu changer, puis je me demande jusqu'à quel point on n'est pas un peu trop gentil
07:10 car il faudrait porter plainte contre tous ceux qui balancent ce truc-là et qu'on les amène à démontrer.
07:15 Vous verrez que ça changera peut-être un peu les choses.
07:17 Essayez dans le foot, dans les finales de Coupe du monde de football, de dire
07:21 "Ah, ils ont gagné, mais c'est parce qu'ils sont chargés. Vous n'avez pas vu ce qu'ils prennent là ?
07:25 Telle équipe ou telle équipe ?"
07:27 Non, attendez, vous faites ça, vous allez où ?
07:30 C'est votre hôtel qui va brûler.
07:34 Il y a un moment où il faut arrêter ce genre de choses, puis revenir dans des choses beaucoup plus rationnelles,
07:41 beaucoup plus intelligentes et un peu moins de paranoïa, ça ne ferait pas de mal.
07:46 Au niveau du cyclisme français, on sent bien que tu estimes qu'on n'est pas au niveau.
07:56 Tu sors de ce Tour de France encore plus inquiet qu'avant pour le cyclisme français ?
08:03 Ou ce n'est pas une surprise de voir qu'on n'a gagné qu'une étape et qu'on n'est pas dans le coup pour le général ?
08:09 Oui, on a gagné des étapes avec des étrangers de la équipe française, entre autres Cofidis.
08:19 Je vais redire la même chose que l'an dernier, la même chose qu'il y a deux ans, la même chose qu'il y a trois ans.
08:24 On est à notre place, on n'a pas de surprise.
08:28 La surprise aura été cette année, par exemple, d'être sur le podium.
08:33 Nos coureurs sont à leur place en fonction de leur potentiel.
08:39 Les équipes françaises ont fait le tour qu'elles pouvaient faire,
08:46 compte tenu de la puissance de nos équipes par rapport aux équipes étrangères.
08:52 Pour bien des raisons, le cyclisme français est à sa place.
09:00 Il n'est pas compétitif pour aller chercher la gagne à Paris-Roubaix, au retour des Flandres.
09:08 Et puis on avait Julien Alaphilippe qui était là, qui cachait un peu la forêt,
09:14 avec ses types de champion du monde et ses victoires sur les grands monuments.
09:18 Il est un petit ton en dessous.
09:22 J'ai presque envie de dire la chose la plus importante sur ce tour.
09:27 Ça a été la grand page émotionnelle de Thibaut Pinot,
09:34 qui réalise un grand numéro, un grand show pendant ses six portaires à la veille de l'arrivée.
09:42 Ce qui fait chaud au cœur, ce qui fait plaisir bien sûr à tous les Français.
09:47 Mais ce n'est pas ça qui augmente le niveau du cyclisme français.
09:57 Et comment toi tu expliques qu'on soit aussi à la traîne par rapport à d'autres pays qui sortent des champions ?
10:02 Je ne vais pas revenir là-dessus. Vous savez que j'ai été candidat à la présidence de la Fédération.
10:06 Je voulais qu'on remette en cause tout notre système de fonctionnement.
10:13 Je me suis fait traiter de voyou et le président est passé avec 95% des voix.
10:19 Point à la ligne.
10:23 Mais voilà une raison principale à cette morosité, ce niveau de performance qui n'est pas…
10:32 Tout commence à la base, tout commence avant 15 ans.
10:36 Et c'est là où on n'est pas performant et c'est là où on ne fait pas les choses qu'il faut faire.
10:41 Je ne vais pas rentrer dans la campagne, pas aujourd'hui.
10:45 Est-ce qu'il n'y a pas un problème au niveau de la préparation des coureurs aussi ?
10:48 Mais ça fait partie de tout, la préparation des coureurs, elle commence avant 15 ans.
10:53 David Goddard…
10:54 Aujourd'hui, on a une chance.
10:57 On a une chance, c'est que les équipes françaises vont pallier un certain nombre de manques au niveau fédéral.
11:07 C'est-à-dire qu'elles ont créé les comptis et qu'elles les prennent au niveau junior.
11:12 C'est pour ça que j'évoquais le problème.
11:14 Et qu'en faisant celle, elles vont pouvoir réduire, masquer, voire compenser
11:22 ce qui n'a pas été fait dans le développement des athlètes dans les catégories jeunes.
11:29 Si vous regardez par exemple le foot, regardez le nombre de joueurs qui, il y a 17 ans, jouent en ligne 1.
11:36 Voir certains en équipe de France, ça veut dire qu'à 12 ou 13 ans,
11:42 ils n'étaient pas à deux heures d'entraînement par semaine.
11:46 Voilà, point.
11:48 Il y a très longtemps que j'ai commencé à dire, dès que l'on commençait à augmenter les charges d'entraînement d'un jeune,
12:02 tout le monde vous disait "vous allez le cramer".
12:05 Malheureusement, c'est le contraire.
12:07 Si tu ne développes pas certaines qualités à un certain âge, c'est là où tu crames le sportif.
12:13 Ce n'est pas en l'entraînant plus, c'est en ne l'entraînant pas assez.
12:19 Il y a un problème de détection aussi certainement, parce qu'on n'arrive pas à trouver la perle rare qui nous ferait remporter.
12:28 C'est un autre problème, la détection c'est une chose.
12:33 Déjà, les gens qui ont du talent, est-ce qu'ils viennent dans le vélo aujourd'hui ?
12:38 C'est peut-être la première question qu'il faut se poser.
12:41 Est-ce qu'on a les moyens aujourd'hui de donner l'envie de venir faire du vélo ?
12:47 Est-ce qu'on leur donne envie ? Est-ce qu'on crée le désir ?
12:53 Non. Je suis désolé, non.
12:58 D'ailleurs, il suffit de regarder le nombre de coureurs licenciés dans toutes les catégories.
13:04 Donc, on ne donne pas envie.
13:07 Et puis, il y a tellement d'autres sports à côté qui sont ludiques,
13:12 où vous vous amusez, vous jouez tout en travaillant.
13:17 Nous, on n'a pas ça.
13:21 Puis, on a un autre problème.
13:25 Quand vous posez la question, par exemple à Jérôme Coppel,
13:28 qui est papa depuis quelques temps, et qui vous dit,
13:32 et ça fera peut-être y réfléchir aussi,
13:35 parce que personne n'ose en parler,
13:38 mais quand l'an dernier, vous avez pratiquement 240 morts sur les routes,
13:45 avec, en règle générale, un chauffeur au volant d'une voiture,
13:52 vous n'avez pas envie de voir votre gamin aller s'entraîner sur la route.
13:56 Mais si vous avez autant de morts,
13:59 ça veut dire que vous avez combien de personnes en fauteuil roulant ?
14:02 Et aujourd'hui même, les anciens champions de justice,
14:08 ils ont une appréhension, alors je ne vous parle même pas de la mère,
14:12 une appréhension à faire en sorte que leur fils aille faire du vélo, ou leur fille.
14:19 Mais moi je vois à côté de chez moi,
14:22 il y a un petit gamin que je vois passer régulièrement, qui s'entraîne,
14:26 je l'ai doublé l'autre jour sur la route,
14:29 et quand je l'ai doublé, je me dis,
14:31 il est courageux ou les parents sont inconscients.
14:33 On en est là aujourd'hui.
14:35 Mais il ne faut pas le dire, sûrement.
14:39 Je suis désolé, on en est là.
14:42 Et d'un autre côté, si vous voulez avoir des champions,
14:47 il faut qu'il y ait de la génétique derrière.
14:50 Faut gâchard, ce n'est pas parce qu'on l'a bien entraîné,
14:54 ce n'est pas parce qu'on lui a bien parlé dans le creux de l'oreille,
14:57 ce n'est pas parce qu'il a un psy, qu'il lui a expliqué
14:59 que s'il était bien en connexion, il va devenir champion.
15:03 Il faut d'abord avoir des qualités génétiques.
15:07 Une très grosse VO2 max, entre autres, maintenant on va parler des watts,
15:12 c'est la même chose.
15:14 Oui, Bernard Rinault, il n'est pas champion du monde de l'entraînement.
15:20 Mais avant de courir, il faisait de la course à pied, il gagnait aussi.
15:25 Donc il faut d'abord des qualités génétiques et puis il faut avoir envie,
15:30 il faut aimer.
15:31 Et il faut avoir derrière soi des gens qui vous donnent l'envie aussi.
15:35 Bernard Rinault, s'il n'y avait pas eu Pépé Leroux,
15:40 est-ce qu'il serait devenu ce qu'il a été ?
15:44 Donc, on a des champions que dans la mesure où il y a un champion
15:52 génétiquement, avec les qualités, qui va venir, qui va aimer
15:58 et qui va avoir envie de…
16:00 Le reste, c'est de la mauvaise…
16:02 On parle du compte Lamont.
16:03 Le compte Lamont, c'est l'épreuve de vérité.
16:06 Oui, puisque c'est basé dans un premier temps, effectivement,
16:12 sur TAV et O2max.
16:13 Donc, si vous voulez aller vite contre Lamont,
16:18 un, il faut déjà rentrer dans l'air, il faut avoir la bonne hauteur de selle,
16:21 le bon recul, point.
16:22 Mais même malgré ça, il y en a qui arrivent à faire des temps.
16:27 On n'a personne, nous, qui avance contre Lamont.
16:30 Or, c'est bien là que les choses se passent.
16:34 Après, dans l'école, vous avez un rapport qualité poids-puissance,
16:38 oui, OK.
16:40 Mais le jour où on aura des coureurs qui vont très vite contre Lamont,
16:44 s'ils ont un rapport poids-puissance qui permet d'être grimpeur,
16:49 là, on aura peut-être des coureurs capables de gagner le Tour de France.
16:52 Vous en connaissez beaucoup, vous, aujourd'hui, en France ?
16:54 Kevin Vauclin ?
16:57 Non, pas pour gagner le Tour, ça se saurait déjà.
17:02 Et du coup, tu parles de génétique, mais là, aucun organisme,
17:07 aucune institution ne peut prévoir ça, en fait.
17:11 La génétique, c'est la nature.
17:13 Donc, comment…
17:14 Non, non, non.
17:15 Si, vous pouvez le savoir à partir de…
17:20 allez, entre 4 et 6 ans,
17:23 vous avez un certain nombre de thèses, déjà,
17:26 qui peuvent vous permettre d'avoir une idée sur…
17:29 Dans certains pays, à une certaine époque,
17:32 c'était fait, les recherches.
17:35 Mais disons qu'à 8-10 ans, oui,
17:38 vous pouvez faire un certain nombre de thèses
17:40 qui vous permettent de dire, oui, il a tel type.
17:44 Après, il faut qu'il ait l'envie, aussi.
17:46 J'aurais bien aimé être musicien, mais bon, j'ai pas d'oreille.
17:51 Parce que c'est la même chose dans tous les domaines.
17:57 Et c'est étonnant, parce que le sport français se porte plutôt très bien.
18:03 On est en foot, en rugby, en hand et tout.
18:06 Le sport collectif, on est très bien.
18:07 Et il y a deux sports où c'est vraiment difficile,
18:09 c'est le vélo et le tennis, où c'est pareil.
18:11 C'est un peu morne-pleine, en ce moment.
18:13 Comment on peut expliquer ça, que ces deux fédérations-là,
18:16 ces deux sports-là, n'arrivent pas à sortir des champions ?
18:19 Faut demander à Tennis Actu.
18:22 Tout simplement, d'essayer de faire une petite enquête.
18:30 Pourquoi dans le tennis, on est toujours sorti en 16e,
18:37 ou au premier tour, ou au deuxième tour.
18:39 Et pourtant, c'est un sport unique.
18:41 Oui, mais qu'est-ce qui se passe ?
18:44 Je ne sais pas ce qui se passe au niveau du tennis.
18:47 Je ne sais pas.
18:48 Et puis, je m'en fous.
18:51 Je n'ai pas envie d'aller le savoir.
18:54 L'époque Noa est terminée.
18:58 Marion Bartoli s'est arrêtée sur un magnifique succès.
19:03 Maintenant, pareil, on n'a personne derrière.
19:08 Pourquoi ? Je ne sais pas.
19:10 Du coup, il n'y a aucune raison de se réjouir de ce tour.
19:15 Il n'y a pas une petite lueur d'espoir qui arrive des Romain Grégoire,
19:18 d'Alainier Martinez, qui ont du talent.
19:21 C'est incontestable.
19:22 Mais pour toi, ce n'est pas suffisant.
19:27 C'est bien.
19:28 Ce qu'ils réalisent aujourd'hui, dans leur qualité propre, c'est très bien.
19:36 Mais au même âge, à l'étranger, il y a aussi bien.
19:40 Oui, au mieux.
19:42 La concurrence va être telle maintenant,
19:47 qu'à quel niveau ils vont se situer par rapport à tous les moins de 21 ans ?
19:51 Je ne sais pas où est le curseur.
19:57 Je n'ai pas les datas.
19:58 Maintenant, on est capable de le dire.
20:01 On le savait, si vous regardez maintenant, même dans les sports courts,
20:05 on fonctionne avec ça.
20:07 Le recrutement se fait avec ça.
20:09 J'ai bien dit le recrutement.
20:12 Est-ce que la clé pour un jeune coureur français talentueux,
20:16 ce ne serait pas d'aller à l'étranger ?
20:18 On a vu Alain Philippe qui a explosé chez Quickstep.
20:20 Il n'a connu qu'une équipe étrangère et que des équipes étrangères.
20:22 Mais Laporte qui explose chez Jumbo.
20:25 Est-ce qu'un Romain Grégoire, un Lenny Martinez,
20:27 ne devrait pas partir dans une énorme équipe ?
20:29 Même si la groupe AMEFDJ est une énorme équipe en soi,
20:34 il y a mieux.
20:36 C'est une question qui est un peu délicate.
20:43 Si je dis Grégoire ou Martinez,
20:47 ils doivent partir dans une équipe étrangère,
20:50 je vois la gueule de Marc Madiot.
20:54 Il va m'appeler en me disant "c'est quoi ton bordel ?"
20:56 Surtout qu'il y a un collément.
20:58 Non, non, non, c'est rien, j'ai bu une bière de trop.
21:00 Sans parler de Grégoire,
21:10 est-ce que Arnaud Desmars n'aurait pas dû partir plutôt dans une équipe étrangère ?
21:15 Voir même Thibaut Pinault.
21:17 Sans parler de demain, si on parle d'hier.
21:22 C'est facile à dire aujourd'hui,
21:24 parce que les choses sont fermées.
21:27 Oui, on peut se poser la question.
21:31 Ce qui veut dire aussi que
21:33 est-ce qu'on est au niveau en termes de philosophie d'équipe ?
21:39 Il y a une chose qui est très simple.
21:44 C'est qu'on a un modèle économique en France
21:47 qui ne permet pas d'avoir de grandes équipes.
21:51 Vous savez, les entreprises ont l'habitude de fonctionner
21:54 en disant "bon, pour tel département, le budget il est temps,
22:00 vous ne pouvez pas sortir du budget".
22:02 Le problème c'est qu'on a appliqué ce modèle économique aux équipes cyclistes.
22:07 C'est-à-dire là où c'est du "sponsoring",
22:09 là où on n'est pas dans le rationnel.
22:11 Si on veut aller dans le rationnel,
22:13 c'est plus tu mets de l'argent, plus tu as de retour sur investissement.
22:17 Si vous dites aux équipes françaises
22:20 "on a deux petits jeunes qui ont 18 ans,
22:24 maintenant il faut mettre le chèque".
22:27 "Ah ben non, on ne peut pas, vous avez votre budget, on ne le dépasse pas".
22:32 Vous laissez partir.
22:34 Et après "ah ben c'est ceux qui gagnent le Tour de France".
22:38 "Ah ben oui, mais il fallait prendre".
22:42 "Non, on ne peut pas, on ne dépasse pas le budget".
22:45 À tel point que vous avez une équipe qui est en train de battre un petit peu de l'aile,
22:50 c'est Patrick Lefebvre qui est obligé de laisser partir des coureurs
22:54 parce qu'il n'a pas l'argent pour le faire.
22:57 Patrick là, il est à une rupture au niveau de son équipe.
23:06 La chance c'est qu'il a Evenepoel.
23:08 Alors peut-être qu'il va avoir un fonds de pension qui va arriver,
23:11 comme dans le foot,
23:12 mais en France vous ne pouvez pas.
23:15 Vous avez un budget dédié, point, vous ne pouvez pas dépasser.
23:18 Si vous aviez dit à Marc Madiot à une époque,
23:21 Marc Madiot aurait dit "attendez, il y a Evenepoel, il y a Ineos qui est dessus,
23:26 il y a Lefebvre qui est dessus, il faut y aller".
23:29 C'est combien ?
23:30 C'est 6 millions sur 3 ans.
23:34 C'est presque votre contrat que vous remettiez en cause.
23:42 Et puis notre système économique, qu'est-ce qu'il fait ?
23:44 Il fait que un coureur qui coûte 100,
23:47 quand vous mettez toutes les charges sociales, tout ce que vous voulez,
23:49 il coûte 200.
23:50 C'est-à-dire qu'avec le même budget, vous n'avez pas les mêmes moyens.
23:53 Ça c'est quelque chose qu'il faut savoir.
23:59 D'un autre côté, il y a une aberration dans le sport,
24:02 et dans le sport cycliste en particulier.
24:04 C'est qu'un coureur,
24:06 on considère que c'est un salarié auquel on peut faire des choses,
24:10 on considère que c'est un salarié
24:12 au même titre que n'importe quel salarié d'une entreprise.
24:14 Or, vous ne le payez pas pour un travail,
24:17 vous le payez en fonction de l'image qu'il donne.
24:22 Or, Thibaut Pinot, aujourd'hui,
24:28 vous pourriez le payer 3 fois le prix,
24:30 sauf que c'est interdit,
24:32 puisque les contrats d'image sont limités à 10 ou 15%,
24:38 alors que vous ne payez un sportif que par rapport à ses résultats,
24:41 par rapport au nombre de kilomètres qu'il fait,
24:44 pas parce qu'il est gentil et qu'il vous dit bonjour correctement tous les matins.
24:48 Un coureur cycliste n'est pas un salarié comme les autres.
24:53 C'est un travailleur indépendant,
24:57 et c'est un travailleur qui,
24:59 au travers de ses résultats, de ses comportements,
25:02 va valoriser son image de marque.
25:06 Mais c'est interdit de le payer par rapport à l'image.
25:09 Vous savez, aller dans le foot,
25:11 comme moi j'entends dire Mbappé,
25:14 il a une prime,
25:15 parce que c'est aussi limité chez les FIBONACS,
25:18 il a une prime de 80 millions de fidélité.
25:20 C'est quoi ça ?
25:21 C'est du salaire ?
25:23 C'est un contrat d'image détourné ?
25:28 Je ne sais pas.
25:30 Mais ça ne correspond pas à un salaire.
25:35 Et le sport cycliste,
25:36 je suis désolé comme la plupart de tous les sports,
25:38 on ne te paye pas pour un travail,
25:40 on te paye pour ce que tu représentes,
25:42 et l'image que tu vas donner de l'entreprise,
25:45 c'est ça qu'on paye.
25:47 Un coureur serait payé,
25:49 ils font les mêmes nombres de kilomètres,
25:50 voire certains moins,
25:52 le même nombre de courses,
25:53 voire certains moins,
25:54 et vous regardez le salaire,
25:56 il y en a un qui va avoir 2 millions
25:58 et l'autre 15 000 euros.
26:00 Et ils font la même chose,
26:03 en termes de travail.
26:04 C'est donc bien par rapport à l'image,
26:07 qu'ils sont payés.
26:09 Mais ça, on ne veut pas en entendre parler.
26:11 Et pour finir sur le Tour de France 2024,
26:15 on est très loin,
26:17 on vient de finir celui de 2023,
26:18 mais on espère,
26:20 Pogacar, Vingegaard,
26:21 certainement seront là.
26:22 Il y aura aussi Remco et Evenepoel,
26:23 on l'espère,
26:25 normalement c'est prévu.
26:26 Ça promet encore
26:28 de grosses bagarres avec un Evenepoel
26:29 qui pour toi,
26:31 est-ce de ce niveau-là ?
26:32 Oui, oui,
26:33 de ce niveau-là.
26:34 Comme je disais,
26:36 c'est le contre-la-monde
26:37 qui est la base même,
26:38 qui est l'épreuve de vérité.
26:39 Donc, il arrive à rouler
26:40 très vite contre-la-monde.
26:41 Et qu'il arrive aussi
26:44 à monter très vite.
26:45 Il a raté son Tour d'Italie
26:48 pour des raisons de santé.
26:50 Là, on va voir sur le
26:52 Tour d'Espagne,
26:54 il fait partie du même niveau,
26:55 comme il ne faut pas écarter
26:57 non plus un très jeune coureur
26:59 qui s'appelle Ayuso,
27:00 un Espagnol,
27:02 qui sera sans doute
27:03 présent aussi.
27:05 Et puis, attendons
27:07 l'année prochaine,
27:08 essayons de digérer le tour
27:10 de cette année.
27:11 Et puis, on se pensera
27:12 sur celui de l'année prochaine
27:14 qui sera un Tour de France
27:15 quand même atypique
27:18 dans la mesure où
27:19 il ne part pas de Paris,
27:21 mais il n'arrive pas à Paris
27:22 non plus.
27:23 Et qu'il arrive à Nice,
27:24 Jeux Olympiques oblige.
27:27 Merci Cyril Guimard.
27:30 Merci Cyril Guimard
27:31 pour ce bilan du Tour de France 2023.
27:32 À bientôt.
27:34 À bientôt.
27:36 [Musique]

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