• il y a 5 mois
Trois ans après leur médaille d'or en deux de couple aux JO de Tokyo, les rameurs Hugo Boucheron et Matthieu Androdias tenteront à nouveau de faire briller l'aviron français aux Jeux olympiques de Paris. Portrait de deux sportifs que tout oppose, ou plutôt, que tout opposait.

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Transcription
00:00Au bout de toutes ces années, avec Hugo, c'est fraternel, c'est très puissant,
00:04c'est une relation qui s'est construite dans la confiance en fait,
00:09parce que je crois qu'on s'est dévoilé à l'autre comme à peu de personnes.
00:12Bonjour, c'est Mathieu Androdias.
00:14Bonjour, je m'appelle Hugo Boucheron, je fais de l'aviron en deux-deux-couples.
00:18Je vais participer avec Hugo Boucheron aux Jeux Olympiques de Paris.
00:21Deux-deux-couples, c'est un bateau où il y a deux personnes et avec deux rames par personne.
00:25Avec Hugo, en deux-deux-couples, on a décroché deux titres européens,
00:29deux titres mondiaux et le Graal chez nous, le titre olympique à Tokyo en 2020.
00:33En 2015, après un championnat de France en individuel,
00:37Mathieu gagne et moi je fais deuxième.
00:39Et puis la Fédération a voulu essayer cet équipage
00:42qui n'était pas du tout prévu pour les Jeux Olympiques de Rio.
00:45Et puis on fait vice-champion d'Europe sur notre première compétition.
00:49Donc voilà, après ça, c'est le début de l'aventure.
00:52Mon premier souvenir avec Hugo, je ne sais pas si ça fait partie des bons souvenirs en fait,
00:56parce que c'était une époque où moi je ne jurais que par les projets individuels.
01:00Donc je ne voulais pas entendre de projets collectifs.
01:03Et j'avais beaucoup d'a priori sur lui parce qu'il était plus jeune que moi,
01:06il était imprévisible, il était l'opposé de moi en fait à l'époque.
01:10Et sa différence, je crois, me faisait peur.
01:12Et quand on a voulu m'associer avec lui, je me suis dit ça ne va pas coller en fait.
01:17Ça ne va pas coller.
01:18Et puis en fait, je pousse la curiosité, je me dis allez, ça ne coûte rien.
01:23On est sortis ensemble, on a donné quelques coups.
01:25Et ça a été en fait une sorte d'évidence que même des années après,
01:29j'ai eu du mal à expliquer parce que ça connectait en fait.
01:33On a deux personnalités très différentes, mais on est surtout du coup complémentaires finalement.
01:39C'est ce qui fait notre force.
01:41Maths est plus dans la perfection, disons.
01:43C'est un peu la caricature du mathématicien.
01:47Au fur et à mesure des années, je suis allé vers lui et lui vers moi.
01:49Et finalement, on s'est un peu gommé dans nos excès.
01:53Donc moi, j'ai été très, très, très analytique, très ordinateur en fait.
01:57L'humain m'intéressait assez peu.
01:59Donc en fait, quand il est arrivé lui avec son côté imprévisible, hors cadre,
02:03en fait, il m'a fait exploser mon cadre,
02:06ce qui à l'époque me mettait énormément dans le stress.
02:09Mais il avait aussi des choses que je n'avais pas,
02:13comme cette spontanéité, être capable de désamorcer aussi une situation
02:19quand il y a énormément de stress avant une course, etc.
02:23Et au fur et à mesure, on s'est accepté, je crois en fait.
02:27On s'est accepté l'un l'autre.
02:28Il a assoupli mon ordinateur, mon logiciel.
02:31Et moi, je crois que j'ai réussi un petit peu à le structurer aussi.
02:34Et les deux, ça marche.
02:36Au bout de toutes ces années, avec Hugo, c'est fraternel.
02:39C'est très puissant.
02:41C'est une relation qui s'est construite dans la confiance, en fait,
02:45parce que je crois qu'on s'est dévoilé à l'autre comme à peu de personnes.
02:48Le sport cultive ça, l'ego, la façade, le fait de paraître toujours fort,
02:53sans émotion, sans doute, etc.
02:56Et on a accepté de déconstruire ça pour aller beaucoup plus loin dans la relation,
03:00beaucoup plus loin dans notre projet commun.
03:03Donc on a dû se dévoiler et donc montrer ce qui est pas reluisant,
03:09ce dont on n'est pas fier, nos blessures, nos vulnérabilités.
03:12Et ce qui fait que, du coup, le lien est indestructible.
03:21Dans mon sport, ce qui est dur, c'est d'être dans la même optique,
03:25dans la même énergie du moment.
03:28Et essayer à chaque fois de mutualiser ça, à chaque fois la même énergie, au même moment.
03:33Et c'est ça qui est dur.
03:35À un moment donné, il y en a toujours un qui part à droite et l'autre à gauche.
03:38C'est d'essayer de rester sur le chemin de crête tout le temps.
03:41Donc en fait, c'est pratiquement tous les deux ans
03:43où il y a toujours un moment où c'est plus compliqué que l'autre.
03:46Avec Hugo, on s'est construit quand même dans la défaite.
03:49La défaite a été notre process d'évolution, de réussite.
03:532017-2019 a été très dur, particulièrement parce qu'année de qualif,
03:58donc on doit rentrer dans les quotas aux championnats du monde.
04:01Une année désastreuse, on fait échec sur échec en Coupe du Monde,
04:05on se trouve pas, on communique mal.
04:07Et on arrive aux championnats du monde, on a l'impression que ça va mieux.
04:11Hugo tombe malade, toxoplasmose.
04:13On a appris après que j'avais eu aussi.
04:15Et donc là, en fait, on a dû passer sur un plan B
04:17qui n'était plus la médaille, le podium, la finale,
04:21mais sur un plan de sauvegarde de la qualif.
04:24Émotionnellement, ça a été une des épreuves les plus éprouvantes de notre carrière.
04:31Ça a été très dur, mais à chaque fois qu'on a bien géré ces épisodes,
04:35tout de suite, il y a eu un virage.
04:37Ça a chaque fois été un tremplin.
04:46En passant la ligne d'arrivée à Tokyo,
04:49quand on gagne, un gros soulagement.
04:52Et après, beaucoup de fierté, beaucoup d'incompréhension aussi,
04:56parce qu'on vient de réaliser tout ce qu'on cherchait depuis 20 ans.
05:01Et c'est assez déstabilisant de le faire.
05:04Il y a une énorme émotion si on pense vraiment au chemin parcouru,
05:09aux gens qu'on aime vraiment.
05:11C'est cool à vivre, mais ce n'est pas facile en même temps.
05:13Finalement, on se dit peu de choses avec Hugo dans ces moments-là.
05:16C'est un moment qu'on a toujours fantasmé en se disant
05:18notre rêve à deux, c'était d'être champion olympique.
05:21Et on imagine le truc complètement fou, complètement débridé.
05:24On s'est dit, on fait le show.
05:26Et en fait, on a eu cette victoire hyper pudique,
05:30parce que déjà, on a dû affronter notre limite.
05:32On a dû vraiment s'engager très très fort sur cette course.
05:35On finit la course, on ne sait même pas si on gagne, si on est deux.
05:38En tout cas, ce qui fait le plus de bien, c'est que ça s'arrête.
05:41Parce qu'en fait, on brûle de l'intérieur, l'effort est infâme.
05:45Et on est juste content que ça s'arrête.
05:47Et quand on réalise, c'est la remise des médailles, le podium,
05:51avec le drapeau qui se lève, l'hymne.
05:54On est tout beau, on est en tenue de cérémonie.
05:56Et puis là, on échange juste des regards.
05:58Parce qu'à ce moment-là, il n'y a pas grand-chose à se dire.
06:01On sait par quoi on est passé, on sait ce qu'il a été nécessaire de faire.
06:05On se sait, en fait.

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