L'acteur est à l'affiche de deux films cet été, "La récréation de juillet" le 10 juillet et "Le Roman de Jim" le 14 août.
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Court métrageTranscription
00:00Je dirais que mon pire anniversaire, c'est chaque anniversaire.
00:05Non pas qu'il soit horrible, mais la sensation d'attirer l'attention,
00:11ce qui est très paradoxal pour un acteur, me désespère.
00:16Remontez comme ça, là.
00:18Oui. On est sûrs qu'il n'y a personne ?
00:20En B12, c'est bon, Anthony.
00:22La salle de monsieur Gazelle.
00:23Putain, je confirme, ça sent son odeur encore.
00:26À Louise.
00:27Et à ce beau collège aussi.
00:31Professeur de musique.
00:32Le personnage que j'interprète dans La Récréation de Juvier est prof de musique
00:35au sein même du collège dans lequel il a été plus jeune.
00:38C'est vrai que les profs de musique, quand on est au collège,
00:40on se demande un petit peu, on imagine c'est quoi leur vie.
00:43Donc moi, je me suis beaucoup repensé, j'ai beaucoup repensé à moi petit
00:47en train d'observer le pauvre prof de musique
00:50en train d'entendre tout le monde faire la cacophonie avec les flûtes.
00:53Un bon prof de musique, c'est celui qui est en train de faire la cacophonie
00:57avec les flûtes.
00:58Un bon prof de musique, c'est celui qui fait à la fois
01:02écouter des concertos de Torelli, de Corolli, de Vivaldi
01:06et en même temps du Snoop Dogg, du Lacryme.
01:12Qu'y a-t-il qui les verrait ?
01:13Un grand sourire qui se dessine sur mon visage immédiatement.
01:16Je ne sais pas s'il y a besoin de dire autre chose.
01:18C'est quelqu'un que j'aime beaucoup humainement, artistiquement.
01:23Quelqu'un qui m'a apporté énormément, qui m'a fait confiance
01:26en me donnant mon deuxième rôle au cinéma pour réparer les vivants.
01:28J'avais passé le casting en mentant.
01:31Ils cherchaient un surfeur qui avait le permis.
01:33Et moi, je n'avais jamais fait de surf et je n'avais pas du tout le permis.
01:37J'avais 19 ans et j'ai menti, effronté.
01:39Je disais ouais, j'ai fait des compètes à San Francisco.
01:42T'as le permis ? Ouais, ouais, ouais.
01:43Et du coup, elle m'a validé et donc j'ai eu un entretien après avec elle
01:47dans le bureau où je me suis effondré.
01:48Je lui ai dit je suis désolé.
01:49En fait, j'ai complètement menti.
01:51J'ai mytho. Désolé, ça ne va pas le faire et tout.
01:55Et elle m'a regardé, elle m'a dit non, non, ne t'en fais pas.
01:57On va trouver une solution.
01:58On va prendre une doublure et puis on va te payer le permis.
02:12C'est quand même un geste fort
02:13parce que j'ai un tout petit rôle dans le film.
02:15Elle avait beaucoup aimé ce que je proposais pour le personnage.
02:18Et pour l'anecdote, j'ai raté le permis.
02:22Donc, je ne l'ai pas eu.
02:23Mais effectivement, depuis, je l'ai eu.
02:25Et depuis, on a rebossé ensemble sur Le Monde de Demain.
02:28Le Monde de Demain, pour moi, ça a été une expérience
02:30hyper riche professionnellement, en termes d'exposition également,
02:34mais aussi intérieurement, puisque je viens un petit peu du milieu du hip hop.
02:38Donc, pour moi, c'était concilier à la fois le bonheur de l'interprétation
02:41d'un personnage existant que j'admire, qui est Dynastie,
02:44et également aussi mettre en oeuvre
02:49mon plaisir pour le rap.
02:51Oui, j'ai appelé pour savoir, vous cherchez toujours un DJ ?
02:54OK, alors moi, c'est Dynastie.
02:56Allô ?
02:58J'ai vu le futur là-bas.
03:00Les DJ, ils font tout avec rien, ils réinventent tout.
03:02C'est une énergie, c'est un flash dans la gueule.
03:08La Russie,
03:09vaste sujet pour un vaste pays,
03:12pour une vaste culture.
03:14Mes parents étaient russes.
03:15Moi, je suis né en France.
03:16Donc, j'ai été bercé à la maison par les Russes.
03:20Et à l'école, je parlais français.
03:21Donc, je parle couramment russe.
03:23J'écris, je lis.
03:24Donc, ça m'a ouvert les portes à tout un
03:28tout un panel, tout un monde culturel, surtout,
03:31dont je me suis emparé.
03:33Et j'ai eu la chance de pouvoir effectivement grandir dans un pays
03:36comme la France, libre, démocratique.
03:40Cette double nationalité, si je puis dire, même si ce n'est pas une,
03:43puisque sur mes papiers, je suis français, elle demeure en moi.
03:46J'ai quand même tendance à avoir l'impression d'avoir une âme slave.
03:51Souvent tourmentée.
03:52Ça m'intéresse de voir Odessa ne plus ressembler au Odessa que je connaissais.
03:56Ça m'intéresse de voir Moscou
03:59ressombrer vers la soviétisation,
04:04l'empirisme, la peur.
04:06Moi, j'ai effectivement un grand attrait pour la littérature russe.
04:12Lermontov, Pouchkine, Tolstoy, Marina Tsetseyevna.
04:16Je pourrais en citer des tonnes.
04:18J'ai la chance de pouvoir les lire en langue originelle.
04:20Chekhov, pour moi aussi, effectivement, est un mentor.
04:25Le cinéma, c'est pour moi aussi une forme
04:29de... comme si je me retrouvais un petit peu dans ces cinéastes aussi,
04:34qui racontent avec beaucoup de noirceur, mais aussi beaucoup d'organicité.
04:39Un petit peu à l'image des pièces dramatiques de Gorski,
04:42où c'est une scène d'enterrement et un personnage qui arrive avec un cochon
04:45et tout le monde éclate de rire.
04:47Cette espèce de dualité qu'il y a peut-être un petit peu moins
04:49dans le théâtre ou la littérature française, qui est plus romanesque,
04:53mais provinciale de Jean-Paul Siverac.
04:56Les mots me manquent, les mots me manquent.
04:58Je n'ai peut-être pas eu conscience à l'époque,
05:00j'avais 20 ans, quand Jean-Paul m'a confié le rôle,
05:03du cadeau que c'était d'avoir 20 ans
05:06et d'avoir un premier rôle de tous les plans d'un bon métrage.
05:09Un grand tournant, effectivement, avec Le Monde de Demain,
05:13mais premier grand tournant.
05:14J'ai vraiment l'impression d'avoir appris énormément de choses
05:17sur ce tournage et j'ai eu aussi le privilège
05:23de travailler avec un metteur en scène qui était très sensible,
05:26très attentif à mon égard.
05:28J'avais 20 ans, je m'en rends compte maintenant.
05:30J'étais un petit oiseau et il m'a vraiment bien accompagné.
05:35Je ne remercierai jamais, c'est Jean-Paul pour sa confiance.
05:38C'est toujours loin de toi, je me sens abandonné.
05:39Tu rigoles ? Moi aussi, je me sens seul ici.
05:41Oui, mais toi, c'est ce que tu veux l'être, ici, loin de moi.
05:44Étienne Thinant ne se soucie que de son nombril.
05:48Ça veut dire quoi, tromper ?
05:49Si l'autre n'est pas au courant, par exemple, est-ce que c'est encore tromper ?
05:52Tu m'as plutôt dit, tu sais, tu ne t'attaches pas.
05:55Il n'en est pas question.
05:58Le rap ou le théâtre ?
06:02Le rap et le théâtre.
06:04Le théâtre, c'est du rap et le rap, c'est du théâtre.
06:07C'est intimement lié pour moi parce que j'ai commencé les deux
06:10à peu près au même moment.
06:11J'ai d'abord commencé par le rap.
06:13J'ai eu une grosse blessure à la jambe quand j'avais 16 ans.
06:16D'un coup, je me suis mis à écrire, à écouter beaucoup de musique,
06:18notamment beaucoup de rap.
06:19Et j'ai commencé, du coup, à vouloir enregistrer.
06:21J'ai enregistré une mixtape, un petit album.
06:24Et au fur et à mesure, j'ai fait des scènes ouvertes.
06:26Et puis, on me disait, bon, peut-être, oriente-toi vers le théâtre.
06:31Tu as un truc, peut-être pas dans le rap.
06:32Ça voulait dire que j'étais un peu nul en rap.
06:34Donc, j'écris toujours, j'enregistre mes trucs un petit peu à côté.
06:37Mais du coup, je me suis orienté vers le théâtre.
06:39Et c'est vrai que pour moi, il y a un vrai parallèle.
06:41Le plaisir des mots, savoir saisir l'instant, jouer avec,
06:47l'abandon de son corps, occuper la scène.
06:49Moi, j'avais fait la première partie de This Is à l'époque
06:51pour son album Extralucide, je crois,
06:54quand il était passé en banlieue à côté de chez moi.
06:56Et This Is, lui-même, a pris la voix aussi avec le théâtre
07:00où il a joué au télo aux Amandiers.
07:01Il y a beaucoup de rappeurs aussi maintenant qui sont des acteurs.
07:03Pour moi, c'est très lié parce qu'il y a un plaisir du verbe
07:08et aussi un don de soi pour incarner des mots, en fait.
07:11Parce que résultat, aujourd'hui, quand on te demande
07:13tu fais quoi dans la vie ?
07:14Tu dis, on est là, hein ?
07:18Toi, t'es pas une racaille.
07:19T'es un gentil voyou.
07:21Quand on te demande c'est quoi les bails, tu dis, ben voili voilou.
07:29La troupe,
07:31contrairement au personnage de Gaspard dans la récréation de Juillet,
07:33moi, je suis quelqu'un d'assez solitaire.
07:37J'ai des groupes d'amis, effectivement, mais
07:39je ne respire pas vraiment par ça, par famille, comme ça.
07:42Pour moi, l'amitié, c'est plus de l'ordre de la responsabilité
07:45que de l'opportunité.
07:47C'est un partage que j'arrive pas à avoir avec les gens
07:51quand on est plusieurs,
07:53au même niveau que quand on est one-one.
07:57C'est très étrange.
07:57Tout de suite, je trouve que le dialogue n'est pas le même.
08:00C'est moi et toi, mais par rapport aux autres.
08:02C'est essayer de faire rire.
08:03Tiens, il y a un bouc émissaire.
08:05C'est qu'il va se mettre en avant et tout.
08:07Donc, même dans mon enfance, j'ai jamais eu vraiment de troupe d'amis.
08:11Ce qui est très paradoxal, parce que j'ai fait du théâtre, du rap.
08:14Un truc très communautaire.
08:15Ouais, la troupe, c'est un vrai sujet pour moi.
08:17Là, je vais faire du théâtre,
08:20mais effectivement, par exemple, dans le théâtre,
08:23l'aspect troupe est beaucoup plus important.
08:24Moi, j'ai beaucoup plus évolué dans le cinéma, les séries, les courts métrages
08:28où, effectivement, c'est plus moi qui vais vadrouiller de metteur en scène,
08:31d'histoire et ça correspond peut-être plus à cette solitude
08:35dont je parlais.
08:35Mais j'essaie de m'ouvrir.
08:36J'essaie de m'ouvrir, effectivement, avec le théâtre prochainement.
08:40Ouais, c'est un vrai travail.
08:41C'est un vrai travail.
08:44La fantaisie.
08:47Intéressant.
08:48Très intéressant, la fantaisie.
08:50Ouais. Qu'est-ce que c'est ?
08:51Quand on grandit, quand on vieillit, on perd un petit peu de notre spontanéité.
08:56Moi, j'ai la chance de faire un métier qui tend vers l'inverse,
08:58qui m'invite à m'éveiller comme un enfant.
09:01Voilà, moi, j'ai l'impression que la fantaisie,
09:04j'essaie de la trouver, de la procurer dans mon travail
09:07et du coup, elle déborde dans ma vie.
09:08J'ai cette chance, en fait, de pouvoir faire de mon travail
09:12quelque chose que j'assimile à de la passion.
09:14D'abord, en fait, je n'ai pas l'impression de travailler.
09:17C'est un privilège immense.
09:18C'est le personnage de Fantasio dans la pièce de Musset aussi.
09:21C'est d'un coup vouloir attraper les nuages et imaginer que c'est du coton.
09:25C'est rêver aux étoiles.
09:27C'est penser à des choses qui pourraient paraître futiles dans un quotidien
09:31et le transformer en magique.
09:32Une vie, on n'en a qu'une, autant vivre pleinement.
09:34Tu ne sais pas danser, mais on s'en fout.
09:36Danse. Tu ne sais pas chanter, chante.
09:38Tu ne sais pas jouer, joue.
09:39Et on verra ce qui se passe, quoi.
09:41Pour moi, il y a autant de fantaisie dans la noirceur que dans la lumière.
09:45C'est exactement le même geste.
09:46C'est la comédie, c'est tu pleures parce que tu as perdu ta chaussure
09:50et le drame, tu pleures parce que tu as perdu ta jumelle.
09:52Mais le geste est le même.
09:53C'est la même fantaisie, le même élan qu'on met, quoi.
09:59Alors, mon frère, t'as bien dormi ?
10:02Louise, t'es là ?
10:03Bien sûr que je suis là.
10:05Premier réveil dans notre collège.
10:07Vous n'allez quand même pas louper ça ?
10:11Je peux te le dire maintenant,
10:13j'étais pas sûre que t'y arriverais.
10:16Pourquoi ? T'as plus confiance en moi ?
10:19Mais j'ai pas dit ça.