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Les fondements du management n’ont cessé d’évoluer au fil des décennies pour tenter de s’extraire d’un paradigme centré à l’origine sur l’autorité, la relation hiérarchique, et le contrôle. Dans ce contexte, une évolution majeure nouvelle est en cours. [...]

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00:00Les fondements du management n'ont cessé d'évoluer au fil des décennies pour tenter
00:13de s'extraire d'un paradigme centré à l'origine sur l'autorité, la relation
00:18hiérarchique et le contrôle.
00:19Dans ce contexte, une évolution majeure nouvelle est en cours.
00:25Le modèle militaire, réduit à sa plus simple expression par le binôme « commandement
00:30et exécution », a pu inspirer le management des fabriques et des manufactures, c'est-à-dire
00:35des usines des débuts.
00:36Une logique plus civile, avec Henry Fayol ou Frédéric Taylor, a conduit à adopter
00:42le principe de la prescription du travail à accomplir, complété par le contrôle
00:46du travail produit, le tout synthétisable dans un binôme prescription et contrôle.
00:52Dans ce contexte, des espaces allaient s'ouvrir pour offrir des marges de manœuvre aux acteurs
00:56et en particulier aux subordonnés, et permettre d'évoluer vers le couple standardisation
01:01et contrôle.
01:02Paradoxalement, la standardisation des tâches et ce qui a pu être appelé le management
01:07scientifique à la Taylor, malgré un côté indéniablement contraignant, auront permis
01:12aux salariés les plus volontaires, car convaincus, de prendre des initiatives.
01:18Puis, sous l'influence de Chester Barnard, est venue la prescription par la finalité
01:24ce qu'il faut accomplir, plus que par la spécification de la tâche centrée sur le
01:28comment le faire, conduisant au management par objectif à la Peter Drucker.
01:33Sont également apparues les logiques de Marie Parker Follett sur la responsabilisation des
01:38individus, ouvrant la voie à un binôme fortement renouvelé et autrement plus prometteur que
01:43je résumerai par objectif et autocontrôle.
01:47Une forme d'humanisation a ainsi servi de fil conducteur à cette longue phase d'évolution
01:54du management pendant la première moitié du XXe siècle.
01:57La gestion scientifique pensait l'homme et la femme au travail comme des forces de
02:01production qu'il fallait pousser à travailler plus pour les rendre plus productifs.
02:05En 1960, McGregor prend la posture inverse avec la théorie grecque, attention à ne
02:12pas la confondre avec ce qui a pu être appelé depuis la génération Y.
02:16McGregor s'inscrit dans la veine de Parker Follett et propose de partir d'un postulat
02:21novateur.
02:22Les salariés veulent bien faire.
02:26Sur cette base renouvelée, le rôle du management est de les mettre en condition de bien faire.
02:32À mon sens, il y a là les prémices de ce qui se joue aujourd'hui.
02:36Un glissement hors du paradigme de la hiérarchie, de la prescription et du contrôle pour aller
02:42vers un rôle managériel centré sur l'accompagnement, la bienveillance, l'empathie, l'aide, le
02:49conseil afin de mobiliser les énergies et les intelligences.
02:53Il s'agit d'embarquer, de donner envie, de parier sur les volontés de bien faire
02:59et sur les prises d'initiatives, sur ce que la littérature décrit comme la capacité
03:04d'agence.
03:05La capacité d'agence, c'est la capacité des collaborateurs à se conduire en agence,
03:10c'est-à-dire à agir, à prendre des initiatives.
03:13Ces prises d'initiatives se font au-delà du travail prescrit, mais en ligne avec les
03:19objectifs assignés, même si cela passe par une réinterprétation des objectifs par les
03:25collaborateurs, suivie par un inévitable réalignement opéré en continu et en souplesse
03:29par le management pour recoller au cap stratégique.
03:32Voici une illustration concrète de ce que cela implique.
03:37Pour renouveler ces activités et se projeter vers un futur viable, l'entreprise est amenée
03:42à investir dans des projets d'innovation avec un arrière-fond, une fonction R&D et
03:47une fonction marketing amont.
03:48Dans le passé, ces fonctions R&D et marketing amont, ou marketing stratégique, étaient
03:53le plus souvent pilotées par le haut, dans une logique d'innovation dirigée, c'est-à-dire
03:58sur la base des projets prioritaires assignés par les dirigeants.
04:01J'observe que de plus en plus d'entreprises s'efforcent de parier sur les propositions
04:05d'innovation et de renouvellement qui émanent du terrain, au travers de toute l'organisation.
04:11Dans ce contexte, le rôle du management reste essentiel mais prend une autre forme.
04:16Plutôt que de se voir comme les seuls à même de définir les projets à développer,
04:21le management est en partie le management intermédiaire, et est amené à détecter
04:25les idées nouvelles qui sont proposées par l'organisation.
04:28Il s'agit d'écouter les propositions, de faire preuve au moins autant d'empathie
04:33et de bienveillance que de sens critique, pour permettre aux proposants de prendre le
04:36temps de faire mûrir leurs idées et de venir ensuite les présenter pour arbitrage, cette
04:41fois sans concession, mais sur la base de dossiers mûris, documentés et argumentés.
04:46Au passage, des managers à différents niveaux décisionnels seront invités à prendre fin
04:53des causes pour celles des propositions qui remontent ainsi, et à se transformer en avocat
04:58et coach des proposants de leur idée, de l'équipe qu'ils auront constituée chemin faisant
05:04pour former une coalition de compétences.
05:06Peter Sanjay, dans la cinquième discipline, aura été à mon sens un de ceux qui parmi
05:13les premiers ont senti venir cette seconde grande phase d'évolution du management.
05:17Après une première phase visant à humaniser l'autorité et la hiérarchie tout au long
05:22du XXe siècle, vient en ce XXIe siècle qui s'installe une seconde grande phase où les
05:28mots d'ordre deviennent mobilisation des énergies et de l'intelligence distribuée,
05:33bienveillance et empathie, donner envie, encourager la prise d'initiative, accompagner et coacher.
05:40Naturellement, ce qui peut être observé dans les organisations aujourd'hui est l'accumulation
05:46inévitable de toutes les couches sédimentaires passées avec une diversité de pratiques héritées
05:51des leçons expérimentales plus ou moins bien digérées par les managers en place,
05:55des plus éclairées aux plus autoritaires. Mais le sens de l'histoire me semble aller
06:01dans un sens favorable que j'appelle à l'évidence de mes voeux. Et cette
06:05évolution nécessite des ajustements dans les postures managériales.

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