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ÉducationTranscription
00:00Bonjour Guillaume Dard, bienvenue, vous êtes président de Montpensier Finance, société de gestion et de conseil en investissement et vice-président de l'AFG, l'association française de la gestion financière.
00:11Roland Gillet, bonjour, vous étiez avec les Européens il y a quelques heures, c'est ça, professeur d'économie financière à Paris, à Panthéon-Sorbonne et à l'Université libre de Bruxelles,
00:20et vous êtes conseiller auprès de différentes autorités publiques.
00:23Denis Paire, bonjour. Bonjour Nicolas.
00:25Président de Nature and People First, vous avez publié le contrat mondial pour que l'humain et la nature soient enfin au cœur de la mondialisation,
00:31mes propositions pour préserver nos classes populaires et notre souveraineté, chez First Edition.
00:361,1% de croissance, moins de 2% d'inflation, des créations nettes d'emplois, des exportations dans le vert, c'était ça.
00:42C'était ça, Guillaume Dard, avant le 9 juin ?
00:44C'était bien, mais c'était trop tard. Il y a une règle d'airain dans les élections, c'était trop tard pour le gouvernement.
00:51Il y a une règle d'airain dans les élections françaises, c'est la variation du chômage dans les douze mois qui précèdent une élection.
00:58Et donc d'ailleurs on voit bien, Emmanuel Macron a gagné en 2022, alors que ce n'était pas forcément évident,
01:04Lionel Jospin a perdu, vous vous souvenez, en 2002, parce qu'il avait eu quatre bonnes années économiques et la cinquième était mauvaise.
01:12Et donc la dégradation qu'il y a eu depuis douze mois, même si comme vous le soulignez, il y avait une reprise qui était en train de se produire,
01:20a créé un sentiment, plus le phénomène de la résurgence de l'inflation qui, le temps qu'elle se résorbe, a bouleversé les économiques, mais c'était trop tard.
01:31Et le gouvernement a essayé de dire mais ça y est, ça s'améliore, l'inflation baisse, etc.
01:36Trop tard, les gens avaient l'impression que le chômage repartait et que l'inflation était là, et le débat du pouvoir d'achat.
01:41Donc c'est vrai, mais trop tard, et comme vous venez de le dire, d'ailleurs c'est intéressant Nicolas, vous disiez qu'avant l'émission, c'est la première fois que je lis une note de l'INSEE de la veille.
01:52Que je conjugue à l'imparfait.
01:54Et donc la suite, on va en parler je crois pendant l'émission, mais elle s'annonce mal avec les programmes qu'on nous propose.
02:00Et petite phrase en forme de litote dans la note de l'INSEE, l'évolution de la situation politique constitue un aléa important du scénario.
02:08C'est tellement joli mon lit.
02:10C'est pour ça qu'ils ne feront pas une aussi bonne note avant la Saint-Glinglin si on a le nouveau front populaire.
02:16Si je vous dis à Denis Paire que l'économie française ne tournait pas si mal que ça.
02:20Oui, elle ne tournait pas si mal que ça, alors elle ne tournait pas si mal que ça avec quand même un déficit important.
02:26Ah oui, non mais je ne parle pas des comptes publics exclusivement.
02:29Mais elle tournait bien, tout à fait, c'est incontestable, et avec un quasi plein emploi à 7,5% de chômage, mais un quasi plein emploi, ce qui pose pas mal d'autres questions par ailleurs.
02:36Ce n'est pas un vrai sujet, si le plein emploi français est à 7,5%, c'est un peu...
02:40Voilà, c'est quand même problématique.
02:42Malheureusement, ce qu'on voit, c'est que l'économie n'a pas payé, probablement aussi parce que d'autres sujets sont entrés dans le débat.
02:48De façon majeure, l'immigration, l'insécurité, ou la perception d'insécurité, mais qui est quand même réelle à certains endroits.
02:54Elle est totalement réelle à plein d'endroits, oui.
02:56Exactement, et donc qui a été très largement sous-estimée.
02:58Le pouvoir d'achat, Guillaume en a parlé, la hausse des prix de l'énergie, effectivement, assomme le pouvoir d'achat des Français.
03:04C'est le choc énergétique. C'est pas 2023.
03:06C'est un effet ressenti, c'est une réalité pour beaucoup de gens.
03:10Et puis, effectivement, une création de richesse qui est très largement absorbée par l'État,
03:14et qui fait que le pouvoir d'achat des Français, structurellement, est faible.
03:18Parce que l'État absorbe, avec ses 57% de dépenses publiques, une grosse partie de la création de richesse.
03:22L'INSEE indique qu'on allait vers le moment où les salaires réels allaient repasser en positif.
03:28C'est très précis.
03:30Et sur l'ensemble de l'année, les estimations de gains de pouvoir d'achat, pas de pertes,
03:34de gains de pouvoir d'achat étaient chiffrées par l'INSEE entre 0,9 et 1,4%.
03:38Bon, clairement, on va pas décliner éternellement quelque chose qui se conjugue à l'imparfait.
03:44J'ai croisé Jean-Luc Tavernier, qui était invité de l'Orclosier.
03:47Je lui ai dit, c'est quand même une situation très spéciale.
03:49Il m'a dit, oui, il faut admettre.
03:51Comment on nous regarde, Roland Gilet ?
03:53Comment on nous regarde hors de France ?
03:55Dites-le franchement avec les mots qui vous viennent du fond du cœur.
03:58J'attends pas avoir le prisme.
04:00Vous étiez à Bruxelles, notamment, il y a quelques heures.
04:02Mais en tous les cas, c'est une incertitude gênante pour le deuxième pays de la zone.
04:07Vous le dites trop gentiment.
04:08Vous voulez que je le dise autrement ?
04:09Je sais pas.
04:10On se demande où vous allez.
04:11On se demande qui va être le capitaine.
04:13On se demande vers quel cap.
04:14Et on se demande avec quel moyen.
04:16C'est ça, le sujet.
04:17C'est de dire, à un moment donné, déjà, on pouvait quand même se dire,
04:22qui est quand même un acquis de ce que l'Europe a remis sur la table
04:27pour essayer non pas de faire de l'austérité,
04:29mais d'absorber tout ce qu'on a mis depuis la crise du Covid dans les économies.
04:34Et il fallait bien le faire.
04:35Et avoir une dette soutenable partout,
04:38mais aussi qui soit dans un sens où on peut quand même espérer
04:41qu'il y aura une certaine harmonie au niveau des politiques européennes.
04:45On se retrouve avec un État, la France,
04:47qui avant même le résultat des élections, avait un déficit excessif.
04:50Et elle va d'ailleurs devoir y répondre.
04:52Elle a déjà reçu des recommandations.
04:54Et elle va devoir, dès le mois de septembre, mettre un plan crédible sur la table.
04:58Donc en septembre, précisément, qu'est-ce qui se passe ?
05:00Parce qu'en septembre, c'est ce qu'on va demander à la France.
05:02C'est de venir avec son plan.
05:03Comme les autres sept pays qui sont dans le même cas.
05:05Et la France sera évidemment très regardée,
05:07parce que la situation est telle qu'elle est aujourd'hui.
05:09Et en sachant qu'avant même la situation d'aujourd'hui,
05:12on était avec un déficit excessif.
05:14Donc on était sur la voie de comprendre
05:16qu'il allait probablement être l'année prochaine du mai morte.
05:18C'est-à-dire au moins 5,5%.
05:19Ça nous ferait 4 ou 5 années à 5.
05:21Oui. Et donc vous aviez tout à l'heure,
05:23quand j'étais à Bruxelles,
05:25j'ai vu notamment une délégation italienne.
05:27Et eux étaient sur le volet.
05:28Nous, on a fait de gros efforts.
05:30Avec Mélanie.
05:31Maintenant, on voudrait voir ce que la France va mettre sur la table.
05:34La table de son plan.
05:36Et en sachant que, si vraiment,
05:38nous au niveau du peuple, on a eu aussi la crise de l'énergie.
05:41On a fait des efforts pour au moins
05:43essayer d'avoir quelque chose de crédible
05:45en termes de gestion des comptes publics.
05:47On verrait mal qu'un pays comme la France,
05:49pour des raisons liées aux élections ou à autre chose,
05:51remette dès le départ en cause
05:53le fait d'aligner à 4 ou 7 ans
05:55un plan crédible qui en plus sera suivi
05:58et qui sera suivi éventuellement de sanctions
06:00s'il ne va pas dans le bon sens.
06:01Si c'est pour dire à la fin,
06:02et c'est ce qu'ils me disaient les technocrates de Bruxelles,
06:05je parle depuis Paris,
06:06nous on s'en fout et on continue à faire ce qu'on veut,
06:09c'est un très mauvais message pour tous les autres pays évidemment.
06:12Donc je vous dis ce que j'ai vu, ce que j'ai entendu et ce que j'ai compris.
06:15Le message, Guillaume, c'est que l'heure de vérité c'est l'automne.
06:18On a dit on regarde eux les marchés.
06:21Vous connaissez le film Barbie Land ?
06:24Non.
06:25Vous ne l'avez pas vu ?
06:26C'est un très gros succès.
06:27Alors les Français, ils croient qu'ils habitent à Barbie Land
06:29avant que Ken se rebelle.
06:31Et Ken, en l'occurrence, c'est ce que vous venez de dire,
06:34c'est le plan européen, c'est le poids de la dette.
06:37Les Français croient que l'euro est à eux.
06:39L'euro c'est une monnaie commune.
06:41Si on a une monnaie commune, on en a souvent parlé,
06:44c'est des règles communes et on ne peut pas s'affranchir de ces règles.
06:47Il faut bien être, on en a souvent parlé, target 2.
06:50Tous les jours, les Allemands mettent 1100 milliards dans notre compte courant commun.
06:54Deuxièmement, si on a un spread, même s'il s'est écarté,
06:57c'est raisonnable, c'est parce qu'on est avec une monnaie zone euro
07:01garantie par les pays « sobre », c'est-à-dire l'Allemagne,
07:05la Hollande, l'Autriche, les Pays-Bas, la Finlande.
07:09On croit que, et puis cette phrase magnifique, si vous voulez,
07:13la politique, le politique doit l'emporter sur l'économie,
07:16c'est de la pensée magique.
07:17Il faut bien se rendre compte que ressortir les vieilles lunes,
07:20si vous regardez le programme du nouveau Front populaire,
07:24c'est comme toujours basé sur les dix commandements
07:28du manifeste communiste de 1848,
07:30c'est-à-dire taxation extrêmement progressive,
07:34suppression de l'héritage, administration des prix,
07:37et cette fois-ci, il n'y a pas officiellement de nationalisation,
07:40mais la fiscalité qui est proposée revient à une expropriation
07:43pour les patrons de PME.
07:45– On va revenir là-dessus.
07:46– Expropriation.
07:47– J'ai pris toute une série de phrases,
07:50François Ecalle, que vous connaissez,
07:52« Attention de ne pas envoyer les règles européennes aux orties. »
07:55Patrick Martin, pour le Medef,
07:57« Il ne faut pas s'affranchir des réalités économiques,
07:59des contraintes budgétaires, de la compétition internationale. »
08:02Là, c'est PME, vous savez, il y a le mur de la réalité.
08:05– Oui, mais c'est ça.
08:07– Mais qu'est-ce que vous faites par le…
08:09Vous avez un doute sur la phrase ?
08:11– Mais pas du tout, ce qui est extraordinaire,
08:13ce sont quasiment que des lapalissades,
08:16et il faut les rappeler.
08:18– Mais c'est ça aussi qui inquiète,
08:20vous m'avez demandé un petit peu ce que je ressens aussi,
08:22en dehors de tout ça, dans les autres pays,
08:25c'est qu'on a très difficile à voir
08:27où la France veut en venir,
08:29vu son importance au niveau européen,
08:31et étant donné son voisin, je vais dire de contact
08:34qui est encore plus gros que lui, l'Allemagne,
08:36dans une crédibilité qui doit tirer tous les autres vers le haut.
08:39Si même des pays comme la France peuvent s'asseoir
08:42de règles à laquelle ils ont plus collaboré que les autres,
08:44je vais me dire non, pas plus collaboré,
08:46tout le monde a eu droit à la parole
08:48quand on a voté le nouveau pacte de stabilité,
08:50mais on sait que la grosse négociation l'année dernière,
08:52en fin d'année, s'est faite entre l'Allemagne et la France,
08:54où les Français ont déjà obtenu pas mal de souplesse supplémentaire
08:57que les Allemands n'ont pas voulu imposer dans des plans d'austérité,
08:59mais de dire qu'il faut que ça soit crédible.
09:01Donc si ici, les autres pays qui sont autour de la tape,
09:04on est quand même nombreux en Europe,
09:06regardent un pays comme la France en ne sachant pas d'abord
09:08ce qui va être fait et ce qui va être crédible,
09:10et en plus déjà des gens qui sont sur le volet,
09:12l'Europe, allez on met des guillemets,
09:14on s'en moque, et on fera ce qu'on veut.
09:16C'est très gênant évidemment, c'est très gênant.
09:18On aurait pu rajouter Roland Gillet, c'est très gênant.
09:21Oui, et si vous voulez que je le dise autrement,
09:23je ne finirai jamais peut-être pas aujourd'hui.
09:25Ça ne gênera pas certains insoumis.
09:28Je vais réagir par rapport au caractère complètement anachronique
09:30de notre situation par rapport à nos voisins européens,
09:33mais qui n'est pas nouvelle.
09:34Il y a une vingtaine d'années, j'avais fondé Croissance Plus
09:36pour mener un certain nombre de combats,
09:38dont celui de l'ISF d'ailleurs, qu'on a fini par gagner 20 ans après.
09:41Et le partage de la valeur.
09:42Et le partage de la valeur avec les salariés bien sûr aussi,
09:44avec les BSPCE.
09:45Et j'ai été invité en Allemagne par des entrepreneurs
09:47de croissance allemand à Munich,
09:49pour parler du parcours de Croissance Plus
09:51et pourquoi on suscitait tant d'intérêt en France
09:53et pourquoi ça marchait bien, etc.
09:55Et j'expliquais qu'on allait expliquer
09:58que le rôle du créateur d'entreprise, du chef d'entreprise,
10:00c'était de créer de la richesse,
10:01de tirer toute la société vers le haut,
10:03que donc c'était important,
10:05qu'il ne fallait pas tirer à vue sur le chef d'entreprise,
10:07sur le créateur d'emploi,
10:08parce qu'on créait beaucoup de pauvreté si on faisait ça.
10:10Et là, la salle éclate de rire.
10:13Éclate de rire.
10:14Elle me dit, mais Denis, comment ça se fait
10:16que tu es obligé de raconter des trucs comme ça ?
10:17C'est des banalités.
10:18C'est ça.
10:19C'est des banalités.
10:20Et c'était il y a 20 ans.
10:21Et on est obligé de recommencer là.
10:23Retour à la caisse départ.
10:25Le programme du nouveau Front populaire,
10:28c'est de nouveau la folie marxiste
10:31qu'évoquait Guillaume à l'instant.
10:33C'est tirer à vue sur le créateur de richesse.
10:35Et ne faire que ça.
10:37Tirer à vue sur le créateur de richesse,
10:38c'est le plus sûr moyen de créer de la misère.
10:40Mais vous allez expliquer ça en Allemagne,
10:41tout le monde rigole.
10:42Vous expliquez ça en France,
10:43vous vous étonnez.
10:44Ah oui, vous croyez, vraiment.
10:45Et vous vous retrouvez sur des plateaux de télévision
10:47avec des gens qui ont lu Zola en troisième
10:50et qui viennent perorer sur les plateaux.
10:52Vous croyez qu'ils ont tout compris à l'économie
10:53et qu'en fait le problème,
10:54c'est vous les salauds de patrons
10:55qui vous en mettez plein les poches.
10:56Mais Nicolas, c'est caricatural.
10:58Complètement anachronique.
11:00Délirant.
11:01Denis a tellement raison.
11:02Guillaume Dard.
11:03On en parle souvent.
11:06Nous n'avons toujours pas,
11:08les partis de gauche français,
11:10n'ont toujours pas fait Bad Godesberg.
11:12Bad Godesberg, c'est le moment
11:14où la gauche allemande dit
11:16il faut accepter les règles de l'économie de marché.
11:18On a eu un espoir avec la gauche,
11:20si j'ose dire, du moment de la création de Croissance Plus
11:23qui c'était à ce moment-là plus ouverte
11:25au moment de 2000.
11:26Quoiqu'elle ait fait parallèlement les 35 heures.
11:29Et les 35 heures, si vous regardez le graphe
11:30de la dérive de la France par rapport à l'Allemagne,
11:32elle démarre exactement à ce moment-là.
11:34C'est-à-dire que c'est rappelé par je ne sais plus qui ce matin.
11:37On prend la monnaie unique,
11:38c'est-à-dire qu'on n'aura plus la marge de la dévaluation
11:40et on abaisse la durée du travail.
11:43On le sait le sujet.
11:45Alors pourquoi néanmoins
11:46les gens sont très mécontents en France ?
11:49Parce qu'effectivement, là aussi, on l'a dit 100 fois,
11:51les salaires nets sont trop faibles.
11:53Pourquoi les salaires nets sont trop faibles ?
11:55C'est parce que le coût du modèle social est trop élevé.
11:58Il n'y a que 45% des Français de la population.
12:01C'est normal, il y a des enfants, il y a des retraités qui travaillent.
12:04Mais enfin, c'est 45% des Français qui travaillent.
12:06Il faut qu'ils nourrissent tout le modèle global.
12:10Et on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre.
12:14C'est-à-dire que le beurre c'est l'argent qu'on touche
12:17et l'argent du beurre c'est notre modèle social.
12:20Mais si on demande à la fois plus d'avantages de modèle social,
12:23réduction du temps de travail, retraite plus tôt,
12:26et de l'autre côté avoir un bon salaire net,
12:28ce n'est pas possible, ça ne passe pas.
12:30Et on n'a pas voulu,
12:32c'est ce qu'essayait de faire un peu le précédent gouvernement,
12:35on disait il faudrait travailler un petit peu plus,
12:37il faudrait aller dans ce sens-là.
12:39Vous l'avez dit 100 fois, Nicolas, Patrick Arthus l'a dit,
12:42si on bossait plus, on arrive à passer.
12:44Mais on ne peut pas.
12:45Mais la décision visiblement du peuple français,
12:48c'est de dire on veut le beurre et l'argent du beurre
12:50et on va être confronté au mur de la dette très rapidement.
12:52Et il y a une espèce de crédulité qui est surprenante
12:57de penser que c'est possible
12:58parce que le politique l'emporte sur l'économique.
13:01J'en suis un peu essoufflé.
13:04Et la France, je pense, est le pays de la contradiction.
13:07C'est de magnifiques espoirs sans les moyens pour les mettre en œuvre.
13:12C'est très très très très dommageable.
13:14Et pour la France, et je le répète, pour l'Europe,
13:17parce que vous êtes, la France, un des pays les plus importants
13:20dans énormément de secteurs, j'entends de développement,
13:25au niveau de ce qu'il va falloir faire,
13:26au niveau éventuellement de plus de solidarité européenne.
13:29Plus on aura l'impression que la France fait des promesses
13:32sans en avoir les moyens,
13:33plus les Allemands bloqueront une solidarité,
13:35même via éventuellement de nouveaux emprunts européens.
13:38Et on est reparti pour un tour,
13:40pour pouvoir être autour d'une table de négociation,
13:42il faut d'abord être crédible, j'entends, au niveau de son pays,
13:45avoir bien mis le cap où on doit le mettre et où on veut le mettre.
13:49Et les contradictions font qu'à un moment donné,
13:50les gens de l'extérieur ne comprennent pas très bien
13:52ce que finalement vous allez faire étant donné la situation.
13:55Et deux, à un moment donné,
13:57comprendre que les autres qui jouent dans le même club que vous
13:59ont besoin, vu la taille de la France,
14:01d'une situation bien plus claire.
14:03Et comme vous le disiez, ce n'est pas depuis hier
14:05que les phrases que j'ai entendues lundi reviennent sur la table.
14:08Ils me l'ont dit de la même manière.
14:09Les technocrates de Bruxelles vus par Paris,
14:11vous définissez qui sont les technocrates,
14:13les hommes politiques, les gens d'EDG,
14:15qui gèrent au mieux, ou qui essayent en tous les cas,
14:17de prendre des décisions au niveau européen,
14:19qui sont les technocrates de Bruxelles ?
14:20On s'en fout.
14:21Et ça c'est quand même gênant quand ça vient d'un grand pays.
14:23Alors à côté de ça, Alexandra Roulet,
14:24qui était avec nous hier de l'INSEAD,
14:26disait oui, il y a effectivement
14:28toutes ces démesures inapplicables,
14:30titre l'opinion, l'alarme en projet de la gauche,
14:32titre le Figaro,
14:33et il y a quand même 18 millions de personnes
14:34qu'il faut malgré tout écouter.
14:37Mais bien sûr,
14:39mais la contradiction,
14:41on va se répéter un peu en boucle,
14:45le revenu net des Français,
14:47des salariés, est insuffisant,
14:49puisque le coût chargé de Nile à 100 fois,
14:51il est très supérieur,
14:53puisque grosso modo c'est du simple au double,
14:55entre le prix auquel on vend
14:57sa force de travail,
14:59et ce qu'on touche en net,
15:01et donc ça ne peut pas se passer.
15:03Alors les promesses,
15:04et le problème c'est la crédulité française,
15:06et on nous ressort le Front Populaire,
15:08belle image, puisqu'on se dit,
15:10on n'est pas dans la belle équipe de Jean Duvivier,
15:12on a fait les 40 heures,
15:14comment ça s'est passé en 1936 ?
15:15En 1936, la coalition passe au pouvoir,
15:17elle n'avait pas un programme démesuré,
15:19grève pendant deux mois,
15:21et on sort sur les 40 heures,
15:23pas l'invention des congés payés,
15:25ils existaient déjà pour les fonctionnaires,
15:26mais l'élargissement des congés payés
15:27pour beaucoup de gens,
15:28et donc ça, c'était probablement
15:30la bonne mesure.
15:32Trois mois après, même pas trois mois après,
15:34deux mois après, le Front Français
15:36a été obligé d'évaluer de 30%,
15:39ce qui veut dire que tous les gains
15:41de pouvoir d'achat qui avaient été donnés,
15:42ils s'effaçaient immédiatement,
15:44et ils s'effaceraient encore plus aujourd'hui,
15:46et sur les 40 heures,
15:49on est revenu à 48 heures 18 mois plus tard.
15:52Et un point quand même aussi
15:54que je voudrais ajouter,
15:55vous avez parlé de l'énergie,
15:57quand je vois ce que la France a fait
15:58pour justement avoir un bouclier
16:00par rapport à l'énergie,
16:01il y a d'autres pays qui ont dû absorber
16:02tout le coût de l'énergie,
16:04c'est-à-dire ici, on sait qu'il y a eu
16:05des rabais sur les carburants,
16:07on sait qu'au niveau de l'électricité,
16:09et des EDF en a pris une partie,
16:11donc les effets sur le pouvoir d'achat
16:13ont été déjà minorés en France
16:14par rapport à d'autres pays.
16:15Donc de dire le Français sur son salaire réel
16:17a été touché, ça vient certainement d'ailleurs,
16:19et ça vient de ce que vous avez expliqué,
16:21et donc ici, de toujours prendre des choses
16:23qui arrivent dans tous les pays,
16:24et de dire c'est en France que ça a été le pire
16:26quant au CODEPA,
16:27que justement les autres pays ont dit
16:28tiens, qu'est-ce que c'est pour des mesures ?
16:30La France fait ce qu'elle veut,
16:31mais quand même, elle reporte sur le contribuable
16:33au travers d'EDF et de ses pertes,
16:35le problème, et donc au travers d'EDF,
16:38le problème, comme c'est une entreprise d'État,
16:40les pertes d'EDF, c'est le contribuable
16:42un moment donné qui paye.
16:43L'illusion, c'est le départ,
16:44c'est de dire le prix de l'énergie est plus bas,
16:46mais à quel prix ?
16:47Au prix que c'est EDF qui prend la perte,
16:49mais qu'elle se répercute après
16:50quand même dans le budget de l'État.
16:51Et donc à un moment donné,
16:52je crois que ce type de mesures
16:53doit être regardé au niveau de ses voisins aussi,
16:55et pas en disant
16:56nous, on subit ça plus que les autres,
16:57parce que sur l'énergie, c'est pas le cas.
16:58– Finalement, ça aurait été mieux
16:59qu'on ait été dégradés avant les élections.
17:01– Peut-être bien.
17:03– Enfin, plus fortement.
17:04– Ah oui, d'accord,
17:05on est rarement dégradés de plus d'une note.
17:08– Vous allez voir ce qui peut arriver.
17:10– Oui, je suis d'accord.
17:12J'ai bien entendu les SNP avant-hier,
17:14un mot d'idée hier.
17:15Est-ce que les patrons ont raison
17:16d'être inquiets de NIPER ?
17:17Parmi les mesures qui y effraient,
17:191 600 nettes,
17:22l'ISF qui inclut l'outil de travail,
17:24même François Mitterrand n'était quand même pas allé jusque-là,
17:27une abrogation de la réforme des retraites
17:29et une tranche d'IRA à 90%.
17:31– Nicolas, c'est une éviscération de l'économie française.
17:35C'est ce que disait Guillaume tout à l'heure.
17:37C'est une nationalisation de fait.
17:39Déjà, quand vous prélevez un ISF
17:42incluant l'outil de travail,
17:44c'est juste pas possible.
17:46Ils pourront pas le payer l'ISF.
17:48Le type qui a du patrimoine,
17:49qui a 100 millions, 200 millions,
17:51300 millions de valeur d'action,
17:53il n'a pas un centime sur son compte en banque.
17:56– Ou pas beaucoup par rapport à la valeur de l'entreprise.
17:58– C'est du virtuel,
18:00avec en plus des valorisations qui fluctuent en permanence.
18:02Ce que j'ai subi, moi,
18:04qui m'a poussé à passer 10 ans dans votre magnifique pays,
18:06à une époque où j'avais créé une entreprise
18:08qui était devenue leader mondiale dans son domaine en 7 ans,
18:10dans le domaine dans lequel la France et l'Europe
18:12d'ailleurs n'avaient jamais réussi.
18:13– Business object.
18:14– On était leader mondial dans la tech,
18:16dans les logiciels d'entreprise,
18:17nos clients étaient les plus grandes entreprises américaines,
18:19General Electric, General Motors, la NASA,
18:23l'université de Stanford, de Harvard,
18:25Disney, Goldman Sachs, etc.
18:27Et à un moment donné, j'ai décidé de prendre du recul.
18:29La boîte était cotée au Nasdaq, je reste administrateur,
18:31j'étais soumis aux règles de l'ASIC,
18:33je pouvais vendre que des petites quantités de titres tous les trimestres,
18:35c'était très contraint parce que j'étais effectivement un initié.
18:37Donc mon patrimoine n'était pas disponible,
18:39mais fluctuait en permanence.
18:41Et j'avais la hantise que le cours de bourse monte.
18:43On est quand même un pays extraordinaire
18:45où l'actionnaire a peur que le cours de bourse monte,
18:47surtout avant le 31 décembre,
18:49parce que s'il explosait avant le 31 décembre,
18:51j'étais en faillite personnelle.
18:53Et c'est arrivé un certain nombre de fois,
18:55et heureusement que j'étais en Belgique à ce moment-là.
18:57Au moment de la bulle internet, le titre a fait x10.
18:59J'aurais été en France à ce moment-là, j'étais en faillite.
19:01Je ne pouvais pas payer l'impôt.
19:03C'est juste du délire.
19:05La moindre spéculation d'acquisition sur la société,
19:07pareil, le titre explosait, le temps de la spéculation,
19:09avant qu'il redescende quand il n'y avait pas d'acquisition.
19:11Donc on met les gens dans des situations
19:13qui sont invraisemblables.
19:15Les jeunes pousses dont on parle tant,
19:17dont on est si fier, à juste titre, de la tech,
19:19avec les licornes, les boîtes qui valent un milliard,
19:21mais avec des gens dans un pays qui n'ont pas un rond,
19:23c'est une stratégie de glyphosate.
19:25C'est le glyphosate sur les jeunes pousses,
19:27ce que veut faire le Front de Gauche.
19:29C'est juste de la folie.
19:31On marque une pause.
19:33Dans un instant, on marque une pause.
19:43Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org