• il y a 3 mois
Impacts du conflit Russie-Ukraine

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00:00Bonjour, bienvenue à tous.
00:09Le conflit Ukraine-Russie ne cesse d'alimenter l'actualité.
00:14Et je voudrais en parler avec Olivier Bouillet. Bonjour.
00:17Bonjour.
00:18Alors vous êtes consultant Agritel et vous venez tout droit de Kiev, en Ukraine.
00:22Voilà, c'est ça. Je m'occupe du bureau d'Agritel à Kiev.
00:25Très bien. Je voudrais qu'on revienne un petit peu sur la campagne d'export actuellement en cours en céréales, parce qu'on va évidemment parler des céréales.
00:35Est-ce qu'on peut faire un petit point sur cette campagne d'export ?
00:38Oui, bien sûr. Je pense qu'il faut partir d'abord du fait qu'on a eu une récolte record en Russie, une très bonne récolte en Ukraine.
00:48Et du coup, des disponibilités à l'export relativement importantes.
00:54Aujourd'hui, plus de la moitié de la campagne est déjà passée.
00:58Et on remarque que ce soit en Russie, en Ukraine, des disponibilités à l'export en blé qui sont maintenant moindres, puisque la très grande partie a déjà été exportée à ce jour.
01:12De même, en Norge, si on parle de l'Ukraine. Et on va dire le véritable seul produit qui reste vraiment à être exporté de manière importante, c'est le maïs et par l'Ukraine.
01:25Le port de Mariupol est impacté un petit peu par le conflit. Est-ce que ça gêne les exportations de céréales ?
01:32Si on parle logistique, il faut savoir qu'aujourd'hui, que ce soit la Russie, que ce soit l'Ukraine, ont les capacités d'exporter bien plus en termes logistique, infrastructure que ce qu'ils vont faire cette année.
01:48Du coup, les opérateurs, notamment ukrainiens, si on parle de Mariupol, se sont adaptés. Et finalement, comme ce port Mariupol représentait jusqu'à maximum 10% des exportations, des chargements depuis l'Ukraine.
02:06Finalement, la conséquence sur la campagne export, les conséquences ne se font pas sentir.
02:13De la même manière, il y a eu des taxes à l'exportation qui ont augmenté. Est-ce que ça a véritablement un impact sur la capacité d'exportation et sur la volonté d'exportation de l'Ukraine ?
02:26Si on parle de taxes, on parle uniquement de la Russie et uniquement du blé. Donc ces taxes ont été mises et sont importantes puisque c'est 15% de la valeur du blé exporté.
02:38Ces taxes sont importantes. Et du coup, là, on a un véritable impact de la mise en place de ces taxes depuis le 1er février. Parce que si au janvier, plus de 1,5 million de tonnes de blé ont quitté la Russie, aujourd'hui, on est sur un rythme mensuel de 200 000 tonnes.
02:57Donc oui, il y a des conséquences, mais c'est sur la Russie.
03:01Aujourd'hui, ces 2 pays-là ont encore beaucoup de volume à exporter ?
03:07Non. Pour l'un comme pour l'autre, je pense qu'on considère qu'il y a à peu près 1 million de tonnes de part et d'autre à être exportées.
03:17Parlons un petit peu des perspectives parce que c'est ça qui intéresse les producteurs en France.
03:22La question monétaire d'abord en Ukraine avec la dévaluation de la monnaie, est-ce que ça a véritablement un impact sur l'attitude et les pratiques des agriculteurs là-bas ?
03:33Est-ce qu'ils ont des difficultés à acheter des intrants ? Est-ce qu'ils sont tentés de vendre maintenant ? Est-ce qu'ils conservent leurs céréales ?
03:40Comment vous percevez cette attitude des producteurs là-bas ?
03:44Au niveau économique, il faut rappeler que que ce soit l'Ukraine, que ce soit la Russie, les dévaluations étaient très fortes.
03:51En Ukraine, on est sur une dévaluation de 200 %, on est sur une dévaluation de 100 % en Russie.
03:58Et donc pour les agriculteurs, un risque de devise finalement qui est difficile à appréhender.
04:07Ce qu'on voit effectivement, c'est du fait de ces dévaluations là, une altération des trésoreries et des producteurs qui seront obligés au printemps, pour certains d'entre eux, à concéder des économies.
04:26Et donc du coup à réduire un petit peu la voilure en termes de pratique culturelle.
04:31Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que les producteurs pourraient changer un petit peu leur assolement pour l'an prochain ?
04:38Si on parle des perspectives 2015-2016, il y a des cultures qui coûtent plus cher que d'autres à produire.
04:45Je parle du maïs. Est-ce que les volumes de maïs et les emplacements de maïs pourraient changer ?
04:50Du fait des trésoreries affectées, il va y avoir, on va dire, 2 principaux impacts.
04:57Le 1er, c'est peut-être un changement des emplacements. Le 2nd, ça va être peut-être une modification des pratiques culturelles.
05:03Si on parle emplacements, c'est vrai qu'on sait que le maïs est une culture relativement chère à implanter.
05:11Donc par conséquence, je pense qu'on va observer en Ukraine une réduction de la surface en maïs, peut-être jusqu'à 5%.
05:21Et là, ça ouvre la porte à d'autres cultures peut-être moins chères à implanter.
05:29Et on va peut-être avoir un regard d'intérêt, par exemple, pour l'orge en Ukraine ou le soja.
05:34On parlait des taxes tout à l'heure pour la Russie. Il y a un risque qu'elles augmentent encore ?
05:40Il y a peut-être des rumeurs qui courent sur le marché qui disent qu'il y a un risque que ces taxes augmentent encore.
05:50Par contre, je pense que les autorités attendront la sortie d'hiver, attendront la reprise végétative pour faire un bilan,
05:58pour voir ce qui se passe vraiment, quelles sont les conditions réelles des cultures à la mi-mars pour éventuellement prendre d'autres mesures.
06:09Qu'est-ce qu'on peut dire aux agriculteurs français en termes de perspectives par rapport à tout ce contexte avec l'Ukraine et la Russie
06:17sur les impacts que pourrait avoir ce conflit sur le marché global, le marché mondial des céréales ?
06:24Est-ce qu'on peut dire des choses aujourd'hui ? Est-ce qu'il faut encore attendre ? On n'a pas assez d'éléments pour évaluer un peu l'impact de ce conflit ?
06:33Si on parle perspectives dorénavant campagne 2015-2016, je pense qu'il faut garder en tête qu'une des conséquences très importantes de ces mesures russes,
06:44ça va être l'augmentation des stocks de blé en Russie. Si l'année dernière on était à 5 millions de tonnes, là on va passer à 10 millions de tonnes.
06:51Donc ça veut dire qu'on part d'emblée, si on prend la Russie, d'emblée au début de campagne prochaine où on aura déjà une situation relativement lourde.
07:01Ça veut dire quoi ? On attend aujourd'hui quelques semaines pour avoir plus d'éléments ?
07:13Pour l'instant ces stocks de fin importants sont intégrés dans le marché. Maintenant pour moi la prochaine échéance importante à observer ce sera la reprise de végétation
07:26et voir réellement quelles seront les conditions de l'agriculture parce qu'on sait notamment sur la Russie qu'on a quand même quelques situations critiques.
07:37Olivier Bouillet, merci. Et pour en savoir plus sur le conflit Ukraine-Russie et toutes ses conséquences sur le marché des céréales, je vous invite à retrouver tous ces éléments sur www.ternet.fr rubrique marché. Merci.

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