Laurent Pinatel (CP) : « Il faut des mesures pour faire bouillir la marmite »

  • il y a 3 mois
Sortir de la crise #5

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Transcription
00:00Laurent Pinatel, je ne vais pas revenir sur la situation très difficile du monde agricole.
00:08À court terme, qu'est-ce que défend la Confédération Paysanne ?
00:11Alors nous, il nous semble qu'il faut mettre des mesures en place à court terme pour,
00:15comme on dit, faire bouillir la marmite, faire en sorte que les familles, les foyers aient
00:20un revenu.
00:21Aujourd'hui, il y a un besoin de trésorerie très important.
00:23Nous, il nous semble qu'il y a des mesures déjà de simplification qui doivent être
00:27mises en place.
00:28On imagine par exemple que la prime d'activité, ça doit être beaucoup plus simple pour y
00:32accéder sans tous ces formulaires.
00:34Quelque chose de la simplification administrative pour demander des aides très conjoncturelles.
00:42Et puis aussi, comment on arrive à réidentifier plus facilement et réorienter les gens qui
00:47se signalent en difficulté vers des structures d'accompagnement.
00:50Là, il y a une urgence.
00:51On peut peut-être imaginer que le ministère de l'Agriculture, dans ses DDTM, réoriente
00:56systématiquement les gens qui sont en fragilité vers des structures d'accompagnement qui
01:02peuvent être Solidarité Paysan ou l'AMSA, mais qu'il y a ce choix-là qui soit proposé
01:06aux paysans dès qu'on sent qu'ils sont en train de décrocher.
01:09Et puis après, comment on remet de l'argent dans les caisses ? Est-ce qu'on ne peut pas
01:14imaginer un fonds où l'agroalimentaire contribuerait, puisque l'agroalimentaire ne va pas trop
01:19mal finalement en France, l'agroalimentaire contribuerait pour redistribuer de l'argent.
01:23Nous, on a demandé un rendez-vous avec Stéphane Le Foll, qu'on va avoir d'ici quelques jours,
01:28pour faire des propositions qu'on est en train d'affiner pour faire bouillir la marmite, comme on dit.
01:32Sur les prix, sur les agléas climatiques, qu'est-ce qu'on fait ?
01:36Alors, sur les agléas climatiques, effectivement, on en a parlé avec Stéphane Le Foll.
01:42C'est difficilement acceptable pour un paysan de voir que sa récolte, elle est en quelques heures.
01:48Pour un épisode de grêle, sa récolte disparaît.
01:51Il y a eu des inondations, il y a de la sécheresse.
01:53C'est vrai que cette année, on cumule les aléas.
01:56Alors, on n'est pas là pour savoir pourquoi il y a des aléas aussi fréquents,
01:59mais c'est vrai qu'il va falloir trouver un système.
02:01Il va falloir trouver un système pour aider les gens à se protéger contre les aléas climatiques,
02:07contre les épisodes, notamment de grêle.
02:09Ce n'est pas acceptable que les gens ne puissent pas s'assurer pour la grêle, par exemple.
02:14La sécheresse, il y a quand même un Fonds national de gestion des calamités agricoles
02:17qui est très peu abondé, qu'il faut peut-être remettre de la mutualisation là-dedans.
02:21Comment on fait pour que tout le monde verse dans une caisse qui permette de faire face aux aléas climatiques?
02:28Alors, aujourd'hui, à Chambord, ils sont en train de discuter de comment on va pouvoir mettre
02:32éventuellement à terme des fonds assuranciels pour garantir carrément le revenu.
02:36Nous, ce n'est pas notre position.
02:37Le paysan doit vivre de son activité agricole.
02:39On doit organiser les marchés, organiser la production agricole et les systèmes agricoles
02:43pour que chacun puisse avoir un revenu.
02:45Après, les aléas climatiques, c'est quelque chose de très particulier sur lequel il faut avoir
02:49effectivement une réflexion sur la mutualisation et l'assuranciel.
02:53Alors, sur ces variations de prix, il faut déjà analyser que ces variations de prix
02:58sont dues à des variations de prix au niveau mondial.
03:00Donc, ça veut dire que chaque fois qu'on va sur des marchés mondiaux,
03:03on est sujet à des variations de prix importantes.
03:06Et on l'a vu avec l'exemple du port où, en un an, on a fait le yoyo très bas, très haut,
03:10pas très haut, mais très bas et on est remonté.
03:12Donc, ça veut dire que le marché mondial, il est soumis à des aléas, il est soumis à fluctuations.
03:17Et il faut se poser la question, est-ce que c'est pertinent d'aller sur ces marchés-là
03:20qui fragilisent fortement le revenu des paysans ?
03:22Après, il faut avoir une vraie réflexion stratégique sur les importations,
03:25notamment sur les céréales.
03:26On voit aujourd'hui qu'il y a des gens qui préfèrent aller chercher des coopératives,
03:29notamment, qui préfèrent aller chercher des céréales à l'étranger
03:33pour les revendre sur le marché intérieur français ou les relancer dans l'alimentation animale.
03:38Donc, il faut se poser la question de réglementer ces quotas d'importation.
03:43C'est quelque chose sur lequel on travaille aussi à la Confédération Paysanne.
03:46Il nous semble aussi que cette crise doit faire prendre conscience
03:49qu'on est au bout d'un système productiviste et qu'il faut produire moins de lait.
03:52Et produire moins de lait, c'est aussi produire moins de lait par vache.
03:55En désintensifiant chaque ferme, en aidant les paysans à faire une transition agricole
03:58par des mesures agro-environnementales, le règlement européen le permet,
04:01sur la sortie de crise, d'accompagner les systèmes un peu plus respectueux de l'environnement,
04:06des hommes et des femmes qui travaillent dans l'agriculture.
04:09Donc, on est à la croisée des chemins.
04:10Ou on va vers un système qui risque de devenir totalement industriel à terme,
04:14ou on va vraiment vers une réorientation vers une agriculture plus en phase
04:19avec ce qu'est la réalité du terrain et l'expression des territoires.
04:22On est à la croisée des chemins, c'est aux politiques de choisir.
04:25Nous, on a choisi notre camp.

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