• il y a 3 mois
Couverts végétaux

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00:00...
00:11Bonjour. Bienvenue sur le plateau de la Spaceweb TV.
00:14Nous recevons Olivier Guérin,
00:16responsable agronomique de la coopérative Triscalia,
00:19pour nous parler couverts végétaux.
00:21Depuis plusieurs années, les agriculteurs en Bretagne
00:25ont l'obligation d'implanter un couvert végétal
00:27avant toute culture de printemps.
00:29Donc la question, quel couvert implanter avant le maïs ?
00:33Les agriculteurs s'orientent vers 2 choix.
00:36Le 1er choix est un choix réglementaire.
00:39Il s'agit, pour eux, à moindre coût,
00:41d'implanter une culture qui leur posera le moins de problèmes possible
00:45à l'implantation, à la destruction,
00:47et qui permet de répondre aux exigences réglementaires
00:50de couverture des sols pour piéger les nitrates.
00:53Ca, c'est la 1re solution
00:55qui répond aux exigences réglementaires.
00:59La 2e, que nous soutenons,
01:02et qui nous paraît plus appropriée,
01:04est de proposer aux agriculteurs d'implanter des couverts complexes
01:08qui vont permettre d'avoir une couverture du sol très importante
01:12et qui permet de capter un maximum d'azote, d'éléments minéraux
01:17et d'avoir un effet positif sur la vie du sol.
01:21D'accord. Donc quelle répartition entre les 2 méthodes ?
01:25Est-ce que les agriculteurs utilisent plutôt l'une que l'autre ?
01:29Dans nos chiffres de vente,
01:31les couverts relativement simples
01:33représentent pratiquement 60 à 70 %
01:38des couverts mis en place par les agriculteurs.
01:41Ca, c'est les couverts d'une seule espèce ?
01:42Voilà. C'est des couverts qui concernent une seule espèce.
01:45Soit de la moutarde, soit de la phacélie toute seule,
01:48du régras tout seul, du régras très peu alternatif,
01:52ou des avoines, ou également des agriculteurs
01:55qui récupèrent de la semence chez eux,
01:58de la semence de ferme, d'avoine, qu'ils implantent.
02:01Donc pour l'instant, une minorité, 10, 20 % des agriculteurs,
02:04qui implantent des couverts complexes,
02:05donc composés de plusieurs espèces, qui ont plusieurs avantages ?
02:10Exactement.
02:11Donc le 1er avantage, c'est d'avoir des mélanges d'espèces
02:16qui permettent d'avoir différents systèmes racinaires.
02:19Ces systèmes racinaires vont se compléter.
02:21Il y en a qui vont être plutôt en surface,
02:23d'autres qui vont aller en profondeur,
02:25d'autres qui vont avoir un mini-effet de décompaction du sol.
02:29Et ça permet d'explorer un grand volume de sol
02:31et de mieux capter les éléments minéraux
02:34et d'avoir un gros développement de biomasse aérienne.
02:38D'autres effets de ces couverts complexes ?
02:41D'ailleurs, quelles espèces sont implantées dans ces couverts ?
02:45Il y a des couverts qui mélangent 2 espèces.
02:49Voilà. C'est le cas, par exemple, d'un mélange qu'on propose
02:54qui mélange à la fois de l'avoine et du seigle.
02:59On a également des mélanges beaucoup plus complexes
03:02qui contiennent de la phacélie, du radis, du tournesol,
03:06ce qui permet aussi de rajouter de la biodiversité
03:09et puis d'autres espèces.
03:10Et on a des couverts également qui sont, pour la Bretagne,
03:15à destination de fourrage,
03:17qui contiennent également des légumineuses.
03:19D'accord. Et donc, quel intérêt, au-delà de la fixation de l'azote,
03:23qui est le même intérêt que pour un couvert simple ?
03:27Est-ce que d'autres intérêts au-delà de la structure du sol ?
03:31Alors, premièrement, pour rester sur l'azote,
03:34nous avons fait des comparaisons de couverts simples
03:37et de couverts complexes semés à la même date
03:39et nous avons mesuré ce qui avait été absorbé
03:42par les couverts complexes et par les couverts simples.
03:45Et on peut aller d'un ratio de 1 à 5
03:48en termes de biomasse produite
03:51et en termes également d'azote absorbé.
03:53C'est-à-dire que quand un couvert simple
03:55va absorber 30 ou 40 kg d'azote par hectare,
03:59un couvert complexe peut aller jusqu'à piéger 150 kg.
04:02Voilà. Tout simplement parce qu'on a une complémentarité
04:06entre les systèmes racinaires.
04:08Ensuite, l'élément qui peut être intéressant,
04:10c'est que, vu que ces découvertes
04:12qui sont complémentaires en termes de développement aérien,
04:16eh bien, ils vont concurrencer fortement les adventices
04:19et on peut penser qu'on a, à l'échelle de la rotation,
04:23une baisse des quantités de graines
04:27présentes dans le sol. Voilà.
04:29D'accord. Quels sont les freins ou les difficultés
04:34qui peuvent faire que certains ne vont pas
04:36vers ces couverts complexes ?
04:38Le 1er frein, c'est le coût,
04:40puisqu'on a pas mal travaillé ces mélanges-là
04:43pour avoir un bon équilibre,
04:44pour obtenir le résultat à rechercher.
04:47Donc on est souvent sur des 60, 70 euros de l'hectare
04:50de coûts de semences.
04:51Contre ?
04:53Contre 20 à 30 euros pour des couverts simples.
04:58Donc un niveau de retour sur investissement
05:00qu'il faut calculer ?
05:02Le retour sur investissement sur ce type de pratiques
05:05n'est pas immédiat.
05:07C'est-à-dire que quand on a un couvert qui a piégé,
05:09par exemple, 50 kilos d'azote,
05:12quand on prend une moutarde qui a fait 2 tonnes de matière sèche,
05:15on peut espérer en récupérer au maximum 15 kilos.
05:18Donc on a investi 20 ou 30 euros
05:21et on en récupère 15 euros,
05:24puisque si on compte qu'une unité d'azote,
05:26c'est à peu près 1 euro.
05:27Voilà ce qu'on récupère.
05:28Sur des couverts complexes,
05:30on peut avoir un piégeage d'azote beaucoup plus important,
05:33de l'ordre de 100 à 150 kilos d'azote.
05:36Et on peut espérer en récupérer une trentaine de pourcents,
05:39une quarantaine de pourcents.
05:41Donc vous voyez, on arrive à récupérer
05:43potentiellement 30 à 40 unités d'azote,
05:46ce qui fait 30 à 40 euros.
05:48Mais le bénéfice n'est pas uniquement là.
05:50Il ne faut pas se focaliser là-dessus,
05:52parce que l'intérêt principal de ce type de couverts,
05:56c'est de donner de la nourriture à la faune du sol,
06:00et en particulier les lombriques, donc les vers de terre,
06:04qui, au bout de 2, 3 ans,
06:06arrivent à reconstituer des populations importantes.
06:10Et les galeries qu'ils creusent dans le sol
06:14permettent, par exemple, on l'a vu cet hiver,
06:17au sol de se comporter comme une éponge
06:20et de se vider beaucoup plus rapidement
06:22que des sols dans lesquels il y a moins de vers de terre
06:25et des sols sur lesquels les couverts sont peu présents.
06:28D'autres effets positifs sur les auxiliaires
06:31au-delà des vers de terre ?
06:32L'autre type d'auxiliaire qui peut être favorisé
06:37par une couverture relativement permanente des sols
06:40sont les carabes ou les carabiques,
06:42qui ressemblent à des petits scarabées
06:45dont les larves consomment, en particulier, des limaces.
06:50Sur des apports de matières organiques,
06:53des mesures ont été faites,
06:55soit de couverts végétaux, soit de déchets verts.
06:58On a constaté que la quantité de vers de terre présente
07:02par hectare de sol pouvait passer de 500 kg
07:04dans un système avec des couverts simples, peu développés
07:07et avec du labour intensif,
07:09à 2, 3, 4 tonnes de vers de terre par hectare
07:13quand on fait tout pour qu'ils soient présents.
07:17Chez Triscalia, vous accompagnez les agriculteurs
07:19en essayant de les inciter à aller vers ce type de couverts.
07:22Est-ce qu'au niveau technique de mise en place,
07:26est-ce qu'il y a des postes qui posent plus de questions ?
07:31La mise en place des couverts, c'est quelque chose
07:34qui est relativement bien maîtrisé par les agriculteurs.
07:36Ce qu'il faut surtout, et ce qu'on les incite à faire,
07:40c'est d'apporter autant de soins à la mise en place de ces couverts
07:45qu'ils en mettraient à l'implantation du culture.
07:48Le couvert végétal en interculture
07:51doit être considéré comme une culture à part entière.
07:54Pour réussir cela, il faut semer le plus tôt possible.
07:59Il faut avoir des préparations de sol
08:01qui font qu'on va avoir débarrassé le sol des mauvaises herbes,
08:05donc avoir des faussemis qui permettent
08:08de déstocker les graines d'Adventis
08:10ou les repousses de la culture précédente,
08:12et implanter ces graines-là le plus en surface possible
08:17et de rouler, si jamais il y a besoin,
08:20pour assurer un bon contact entre le sol et la graine.
08:24Au niveau de la destruction du couvert,
08:25c'est souvent ce qui pose question ?
08:27C'est l'endroit où nous accompagnons,
08:30où nous allons accompagner encore plus les agriculteurs,
08:33parce que, de plus en plus,
08:36il faut qu'on propose aux agriculteurs
08:37pas uniquement des produits, mais des solutions.
08:41Et le produit étant un élément de cette solution,
08:43on est persuadés que,
08:48pour tirer au maximum profit des couverts végétaux,
08:51il y a des messages à faire passer
08:53sur la manière de détruire ces couverts.
08:55En particulier, les agriculteurs ont souvent tendance à se dire
08:59qu'une destruction efficace sera une destruction
09:03avec un travail du sol le plus profond possible
09:05pour incorporer les débris végétaux
09:07pour que ceci gêne le moins possible l'implantation du maïs.
09:11Or, il faut mettre tous les atouts de son côté
09:14et notamment faire travailler les habitants du sol,
09:17que sont les bactéries.
09:19Et pour que les bactéries attaquent les résidus végétaux,
09:21il faut qu'elles aient accès à la source de nourriture,
09:24mais qu'elles aient aussi accès à l'oxygène.
09:26Et l'oxygène est accessible dans les 5 1ers centimètres du sol.
09:30Voilà. Notre préconisation
09:32et les démonstrations qu'on fera auprès des agriculteurs
09:35iront dans ce sens-là,
09:36de favoriser des destructions
09:39avec des incorporations en surface.
09:42Vous évoquiez au début de l'interview,
09:45lorsqu'on parlait des mélanges d'espèces,
09:47une valorisation en fourrage de ces couverts.
09:51Parlez-nous plus en détail de cette possibilité ?
09:55Alors, les éleveurs bretons
09:59sont de plus en plus à la recherche d'autonomie
10:02au niveau fourrage et également au niveau protéines.
10:07Et donc, depuis plusieurs années, nous proposons...
10:11Alors, on a des évolutions,
10:13mais des mélanges de rais gras italien
10:17et de trèfle incarnat
10:19qui permettent des productions de fourrage à la fois à l'automne
10:24et également au printemps,
10:26qui permettent une complémentation,
10:27qui permettent d'assurer une plus grande autonomie fourragère.
10:32Et en plus, l'intérêt qu'on y voit,
10:35c'est qu'aujourd'hui, dans les couverts végétaux,
10:37en Bretagne, si la destination est un captage d'azote,
10:42donc un couvert piège à nitrates,
10:44il n'y a pas d'autorisation de mettre en place
10:46des légumineuses dans les couverts,
10:48alors que quand la destination du couvert,
10:51c'est pour l'alimentation du troupeau,
10:54il y a la possibilité d'incorporer
10:56un petit peu de légumineuses dans ces couverts,
10:59ce qui fait qu'on en retrouve le bénéfice en termes d'azote
11:02pour le maïs qui suit.
11:06Merci pour cet exposé.
11:08Espérons que les agriculteurs bretons vous entendent.
11:11Merci à vous.
11:18Sous-titrage ST' 501

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