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Réduction des importations de protéines

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00:00...
00:11Bonjour, bienvenue sur le plateau de l'espace Web TV
00:14où j'accueille Patricia Lecadre. Bonjour.
00:16Vous êtes directrice adjointe du Céréopa.
00:19Je voudrais parler avec vous d'alimentation animale.
00:23Aujourd'hui, la dépendance aux importations
00:25pour l'alimentation animale,
00:26c'est être dépendant à la volatilité des prix.
00:29Or, vous m'avez expliqué qu'entre 2006 et 2012,
00:32la France a consommé 600 000 tonnes de moins de soja,
00:36et pourtant, la dépendance aux importations
00:39n'a pas forcément baissé.
00:40Est-ce que vous pouvez nous expliquer ?
00:41Oui, tout à fait. Alors, on a effectivement perdu 600 000 tonnes,
00:44enfin, perdu, économisé 600 000 tonnes de tourteaux de soja
00:47en 6 ans, depuis 2006.
00:49Malheureusement, on a un peu déshabillé Paul pour habiller Jacques
00:52puisqu'on a dû utiliser d'autres sources de protéines concentrées.
00:57C'était du tourteau de tournesol décortiqué,
01:00qui vient de mer Noire,
01:02ce qui est une très bonne chose,
01:03puisque ça nous a permis, notamment,
01:05de limiter la hausse du prix des tourteaux de soja non OGM,
01:09dont la prime s'est énormément renchérie.
01:11Mais ce qu'il faut comprendre, c'est que la baisse
01:14la plus importante de la consommation de tourteaux de soja,
01:16elle a eu lieu chez les fabricants à la ferme.
01:19Les éleveurs qui produisent leur aliment à la ferme
01:22ont effectivement switché une partie du soja
01:25sur du tourteau de colza.
01:26Et donc, le tourteau de colza n'étant malheureusement
01:29pas suffisamment disponible au niveau français
01:32pour à la fois les fabricants d'aliments à la ferme
01:35et les fabricants industriels,
01:37il a fallu se tourner vers d'autres sources de protéines
01:40pour satisfaire les besoins des fabricants.
01:41Aujourd'hui, de manière générale, pour les fabricants d'aliments,
01:44c'est compliqué, toujours compliqué,
01:46de trouver des matières vraiment riches en protéines ?
01:49Oui. Ce qu'il faut comprendre, en fait,
01:50c'est qu'au niveau français, si on prend l'année 2012,
01:54on est en fait dépendant des importations à environ 42 %,
01:58c'est-à-dire qu'en fait, 42 % des besoins en protéines
02:01des aliments industriels, en fait,
02:05est lié aux importations.
02:06Après, le reste, en fait, provient d'abord des céréales,
02:09du soja et puis aussi des tourteaux métropolitains.
02:13Mais c'est un peu compliqué, en fait,
02:16d'avoir accès aujourd'hui à des matières premières
02:19riches en protéines métropolitaines.
02:20On n'en a pas suffisamment.
02:22Vous parliez notamment du tourteau de tournesol décortiqué ?
02:26Oui. L'intérêt du tourne-sol décortiqué,
02:29c'est qu'il a une teneur en protéines
02:30plus importante que le tourteau de colza.
02:32Ça se rapproche pas encore du tourteau de soja,
02:34mais en tout cas, c'est vraiment quelque chose de très intéressant,
02:37surtout qu'il a un caractère non-OGM, qui est non négligeable,
02:41et qu'il est en plus disponible en quantité.
02:43Cette année, ça sera sans doute un élément très intéressant
02:46et modérateur du prix du soja sur le marché français,
02:49moyennant quoi, on reste dépendant aux importations.
02:51Donc on est quand même soumis, qu'on le veuille ou non,
02:54à ce qui se passera dans ces pays-là
02:55en termes d'aléas climatiques,
02:56en termes de réglementations politiques.
02:59Si demain, l'Ukraine décide, par exemple,
03:02d'arrêter d'exporter et d'utiliser ce tourteau chez lui,
03:04on se retrouvera avec le même problème
03:06que quand on était dépendant du soja.
03:08En France, on a développé des plans protéines
03:12pour relancer la production, notamment la culture de poids.
03:16Aujourd'hui, on parle d'un nouveau plan protéines
03:17pour redévelopper la culture de protéines.
03:21En adéquation avec la politique agro-écologique
03:23entre guillemets de Stéphane Le Feul,
03:26cependant, vous estimez que ce n'est pas forcément
03:29la bonne orientation ou le débat n'est pas recentré
03:33au bon endroit pour que cette culture,
03:38cette relance de la culture protéique
03:40soit bénéfique pour les filières d'élevage ?
03:42Si on doit relancer la culture des matières premières
03:46riches en protéines pour aider l'élevage,
03:48je pense qu'il s'agit d'aller plus loin
03:50que d'aider la production.
03:51Parce qu'on l'a bien vu, en fait, en 2010,
03:54quand on augmente des productions, notamment de protéagineux,
03:57le fabricant ne va pas forcément capter ce poids-là.
04:01Il y a aujourd'hui d'autres débouchés
04:02qui sont capables de payer plus cher.
04:04C'est l'alimentation humaine, que ce soit à l'exportation,
04:06par exemple, pour le poids ou au niveau de l'agroalimentaire
04:09pour faire des ingrédients à partir des farines de pois,
04:12de lupins, etc.
04:13Donc, clairement, il ne faut pas se tromper de débat.
04:15On est absolument...
04:16Aujourd'hui, on n'a pas les...
04:18On n'a pas aujourd'hui la capacité de payer, en fait,
04:21des matières premières riches en protéines
04:23qui pourraient nous être offertes à partir du moment
04:24où elles peuvent être captées par d'autres intervenants
04:27sur le marché.
04:28On n'a pas les moyens de nos ambitions ?
04:29On n'a pas les moyens de nos ambitions
04:30parce que tant qu'on ne revalorisera pas
04:32le prix de la viande,
04:34les fabricants d'aliments, malheureusement,
04:35ne seront absolument pas capables de payer
04:37une protéine plus chère sur le marché français
04:41pour, effectivement, la garder pour lui.
04:43Alors, c'est assez logique, et on ne peut pas leur en vouloir,
04:46que d'aller exporter une protéine française
04:49parce qu'elle sera mieux rémunérée à l'exportation.
04:51C'est le jeu de l'économie, et voilà, et c'est comme ça.
04:54Donc, si on veut aider, effectivement, aujourd'hui l'élevage,
04:56il faut comprendre qu'il faut aider les fabricants
04:59à capter, en fait, ces matières premières-là
05:01et qu'elles ne partent pas à l'exportation
05:02et que l'effort qu'on aura fait à la production,
05:04eh bien, on puisse aussi en profiter au niveau de l'élevage.
05:07Donc, c'est juste ce que je peux me permettre de dire,
05:08parce que quand on regarde un petit peu l'évolution
05:10de l'utilisation des matières premières
05:12telles que le montre notre modèle de simulation économique
05:15qui fonctionne depuis 30 ou 35 ans,
05:17voilà, on s'aperçoit qu'on nous demande aujourd'hui
05:20de faire un aliment le plus compétitif possible,
05:22en tout cas, un rapport qualité-prix
05:23qui soit le plus adapté.
05:25Et donc, forcément, on a des matières premières
05:27à l'importation qui restent moins chères
05:29et qui nous permettent de couvrir les besoins protéiques.
05:31Et pendant des années, on a parlé du poids
05:34comme source de protéines.
05:35Or, finalement, c'est pas la culture
05:37qui serait la plus bénéfique en termes de teneur ?
05:40Alors, le poids, en fait, est un gros souci.
05:43Le poids, c'est une matière première
05:46qui apporte de l'énergie,
05:47qui a pas mal d'amidon et des protéines.
05:49Aujourd'hui, ce dont on moque singulièrement en France,
05:52c'est, je crois, de la protéine très concentrée.
05:54Je vais donner un exemple, l'exemple des volailles.
05:56On est fournisseur de...
05:58On fait beaucoup d'aliments volailles en France,
05:59mais beaucoup d'aliments volailles label.
06:01Et dans le label, vous avez 80 % de la formule
06:03qui est liée à de la céréale.
06:04On est obligé d'avoir un minimum de céréales.
06:06Donc, il reste que 20 % dans la formule
06:08pour pouvoir faire rentrer les protéines
06:10et couvrir les besoins en protéines des animaux.
06:12Vous n'avez que 2 matières premières capables de faire ça.
06:14C'est le soja ou le tourteau de tournesol décortiqué.
06:17Donc, peut-être que...
06:18Mais j'imagine que bien des gens y ont pensé avant moi
06:21qu'il faudrait travailler beaucoup plus, peut-être,
06:23des filières sur le soja, sur le tourteau de tournesol.
06:26Je voudrais saluer l'initiative, enfin, qui n'est pas initiative,
06:28mais un projet qui a abouti de s'épaule
06:30de mettre sur le marché du tourteau de tournesol décortiqué
06:33depuis cette saison.
06:34Je pense que c'est une très bonne chose.
06:36Chose qu'on ne faisait pas en France, d'ailleurs.
06:37Voilà. En fait, la France est un des rares pays
06:39où on décortique pas son tourteau de tournesol.
06:42Donc, voilà, ça vient.
06:43Mais on avait des problèmes pour faire en sorte
06:46que la cellulose, donc la coque du tourteau de tournesol,
06:48enfin, de la graine de tournesol,
06:50puisse être valorisée dans d'autres filières.
06:52Donc, ça, c'était un peu compliqué.
06:54Et au final, voilà, plus, en fait,
06:57on arrive à concentrer la protéine dans le tourteau,
06:59et plus c'est intéressant pour un fabricant
07:01et pour un éleveur aussi, bien sûr.
07:02Les éleveurs, en fait, ont vraiment profité, je crois,
07:05de la politique biocarburant,
07:06puisqu'ils ont capté une grosse partie du colza supplémentaire
07:08qui a été mis sur le marché.
07:10Donc, c'est une très bonne chose.
07:11Mais du coup, ces volumes-là n'ont pas été disponibles
07:13pour les fabricants,
07:14qui ont dû se reporter sur d'autres choses
07:16et qui ont besoin, je le rappelle vraiment,
07:18d'avoir accès à des protéines suffisamment intéressantes
07:21en termes de prix et suffisamment concentrées.
07:24On parle souvent de contractualisation
07:25dans les filières d'élevage.
07:27La contractualisation pourrait être intéressante
07:29à l'échelle locale pour les fabricants d'aliments ?
07:31Moi, je pense que tous les projets régionaux
07:33qui sont de redévelopper, par exemple,
07:35la trituration de graines de soja, etc.,
07:37c'est des choses intéressantes,
07:38mais on sait que, de toute façon,
07:39cette matière première sera captée par les filières animales.
07:42Voilà. Donc ça ne va pas partir à l'exportation.
07:44Et c'est un projet global.
07:46C'est-à-dire qu'on réfléchit à ce qu'on va mettre sur le marché
07:49en termes d'abord de produits animaux.
07:51Et donc, au final, on met, par rapport aux objectifs
07:53qu'on s'est fixés, tout ce qu'il faut en place
07:55pour pouvoir, effectivement, alimenter cette filière-là.
07:58Et au final, on partage la valeur ajoutée, il me semble.
08:01Patricia Lecadre, merci beaucoup.
08:02Merci.
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