Jérôme Calleau (Coop de France) : « La coopération est en phase avec les objectifs recherchés, mais pas avec la forme ! »

  • il y a 3 mois
Viande bovine/Gie Export

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Transcription
00:00Le dossier du GIE Export, aujourd'hui, ne traduit-il pas d'abord un divorce entre les éleveurs et les industriels de la viande, et notamment la coopération, des éleveurs qui ont l'impression de ne pas être défendus sur ce dossier-là ?
00:22Le divorce, je pense que le mot est trop fort. En tout cas, c'est ce que veulent faire croire un peu les médias. Moi, je pense plutôt à une incompréhension aujourd'hui sur ce sujet-là.
00:29Il a été dit beaucoup de choses et beaucoup de contre-vérités, notamment une contre-vérité importante, c'est celle que la coopération serait opposée à une structure de commercialisation à l'export.
00:39C'est totalement fou. Nous, c'est simplement aujourd'hui la forme qui nous est proposée, qui ne nous convient pas. Mais sur son objectif, nous sommes parfaitement en phase.
00:46Celui de lever les verrous administratifs, celui de pouvoir chasser en meute sur les départements et les pays voisins, ça, ce sont des objectifs que nous entendons aussi faire.
00:54Mais sur la forme, par contre, nous tenons à maîtriser cette forme pour pouvoir en bénéficier pleinement.
01:00Ce n'est pas un sentiment de panique de dire aux éleveurs « chacun son métier » ?
01:06Non, ce n'est pas sur ces bases-là qu'il faut discuter avec les éleveurs. C'est de savoir si demain, on va être encore là et performant dans ce métier-là.
01:12Et créer une opportunité à court terme qui, demain, nous créera de plus grandes difficultés à moyen et à long terme n'est pas la solution qu'a envisagée une coopérative.
01:20Elle est là pour faire du moyen et long terme, plutôt même du long terme. Et donc, nous devons trouver les solutions qui nous apportent ces solutions à long terme,
01:26mais non pas une bouffée d'air et d'oxygène qui sera très très court terme dédommageable pour la rentabilité future de nos ateliers.
01:31Dans un communiqué du 27, qui date de mardi dernier, le CNCP, associé au CNIV, écrit que l'exportation de bovins viande menace l'emploi dans les abattoirs.
01:42La bataille de l'emploi, est-ce qu'elle ne doit pas se gagner d'abord dans les exploitations pour avoir un maximum d'éleveurs demain ?
01:49La bataille de l'emploi se mène d'une manière conjointe, à la fois avec les éleveurs, mais aussi avec leurs propres outils.
01:54Imaginez demain que ce débouché export, qui est une sorte de délocalisation, puisqu'on n'en fait plus travailler, on n'a plus la valeur ajoutée sur notre territoire, on la confie à un autre pays.
02:03Imaginez que ce propre débouché se ferme pour des raisons politiques, puisqu'il s'ouvre et se ferme en fonction de raisons politiques.
02:08Que ferons-nous de nos outils demain ? Si demain, ils tournent à moitié capacité, ils seront dans la capacité de compétitif par rapport aux autres outils européens qui, eux, tourneront à plein régime.
02:19Vous proposez notamment un pacte avec les éleveurs, avec un prix toujours en corrélation avec la réalité du marché.
02:24Le marché est porteur et les éleveurs n'ont pas l'impression jusqu'à présent d'en profiter.
02:30Cette démarche, est-ce que ce n'est pas aller contre l'accord du 3 mai et contre la demande des éleveurs d'avoir un prix qui tienne toujours compte des coûts de production, notamment ?
02:41Déjà, pour remémorer, l'accord du 3 mai ne veut pas dire qu'on aura calqué le prix de vente sur le prix des coûts de production.
02:47C'est simplement un engagement des différentes parties de se retrouver autour d'une table pour regarder aujourd'hui ce que l'on peut faire, premièrement.
02:54Deuxièmement, ensuite, la réalité aujourd'hui des prix chez les éleveurs est plutôt bonne quand on regarde les graphiques.
03:00Ceci étant, les coûts de production sont plutôt mauvais, effectivement, et donc la rentabilité n'est encore pas celle que l'on doit attendre de la part des éleveurs.
03:07Pour autant, aujourd'hui, un prix de marché ne s'écrète pas. On voit bien que le verrou, aujourd'hui, il est plutôt la capacité à repousser ce coût de production jusqu'à la grande distribution.
03:15Aujourd'hui, il faut bien avouer que nous sommes dans la capacité de faire plier la grande distribution sur ce coût des matières premières et sa transmission aux consommateurs.
03:22Il y a des exemples aujourd'hui dans le lait où l'actalis fait un rapport de force important avec une grande surface.
03:27Il n'obtient pas gain de cause, donc ce n'est pas si facile que ça à mettre en œuvre.
03:30On a l'observatoire aujourd'hui des prix des marches qui existent. Cela ne suffit pas ?
03:35L'observatoire des marches, je pense que c'est un bon début. Il y a encore un travail qui n'est pas fini puisqu'on a du mal à franchir la dernière étape,
03:41qui est celle de la grande distribution, pour savoir ce qui se trame là-bas.
03:44Ce que l'ONUCO a pu permettre de voir jusqu'à présent, c'est que les marges ne sont pas faites dans les premiers outils de transformation.
03:49Je pense que ce premier outil de transformation est tellement connecté avec la production qu'il vit au même rythme que les agriculteurs eux-mêmes.
03:56On sait qu'aujourd'hui, la valeur ajoutée n'est pas gardée ici, n'a pas augmenté aussi.
04:02La simple augmentation qu'il y a pu avoir, c'est pour compenser les coûts de production liés à des mesures de sécurité liées depuis à la crise de l'ESB.
04:09Sinon, on voit bien aujourd'hui que le coût de production n'est pas répercuté jusqu'à la grande distribution aujourd'hui.

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