Le front républicain doit gouverner

  • il y a 3 mois
Pierre Fagnart revient avec Christophe Berti, Rédacteur en chef du Soir, sur les résultats du second tour des législatives en France.

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Transcription
00:00Le Nouveau Front Populaire en tête devant les macronistes et le Rassemblement National.
00:05Le deuxième tour des élections législatives françaises a finalement fait mentir les sondages.
00:09Le barrage républicain a tenu, mais le Rassemblement National est loin de s'effondrer.
00:14On tire les principaux enseignements de ce scrutin.
00:20La gauche vire en tête, mais apparaît profondément divisée.
00:23Le camp présidentiel résilient.
00:25Le Rassemblement National, loin du raz-de-marée annoncé,
00:28pourrait doubler son nombre de députés.
00:31Voilà quelques-unes des questions qu'on va poser à notre rédacteur en chef, Christophe Berty.
00:34Bonjour, Christophe.
00:35Bonjour, Pierre.
00:36On l'a vu, le premier constat, il est implacable, presque, quand on voit les chiffres,
00:40c'est la victoire de l'Union des Forces de Gauche.
00:43Oui, en effet, l'Union des Forces de Gauche.
00:44J'irais même plus loin, je dirais le Front Républicain.
00:47On a vu à quel point, par rapport aux estimations faites après le premier tour dimanche passé,
00:52où on hésitait entre une majorité absolue et une majorité relative pour le RN,
00:58à quel point les sondeurs se sont trompés.
01:00Mais ils se sont trompés parce que les désistements,
01:03les plus de 200 désistements qui ont eu lieu cette semaine,
01:06avec un appel très clair de la gauche dès dimanche passé,
01:09et une réponse parfois nette, parfois timide du grand macroniste,
01:12ont en fait fait que ce Front Républicain a notamment résisté.
01:16Il m'a montré une efficacité énorme, repoussant le Front National très loin des portes du pouvoir,
01:20comme on l'écrivait la semaine passée.
01:22Oui, quand on voyait les premières prises de parole après la publication des résultats,
01:25évidemment, c'est logique, c'est l'habitude un petit peu,
01:28tout le monde tire la couverture à soi en disant « j'ai gagné ».
01:30Là, on est quand même dans de nombreux cas où le Front de gauche,
01:34enfin le camp de la gauche a gagné grâce aux voix des macronistes,
01:36ou les macronistes qui ont gagné, ils ont gagné grâce aux voix de la gauche.
01:39Oui, vous parlez très justement.
01:40J'ai le sentiment que dès 20h02, la plupart de ces gens ont oublié, en fait,
01:45qu'ils sont élus les uns grâce aux autres, et vice-versa, entre guillemets.
01:49Donc je pense en effet que la division serait maintenant une catastrophe
01:53pour le Front de gauche d'une manière générale,
01:55et aussi l'incapacité du camp présidentiel et du Front de gauche de s'unir
02:00serait une porte ouverte pour la prochaine élection pour le Front national,
02:05le Rassemblement national par contre.
02:07Et ça me semble étonnement qu'il y ait un élément qui est très très important,
02:11c'est que j'ai l'impression que cette victoire, qui est surprenante,
02:14les oblige en fait, les oblige à former un gouvernement,
02:18les oblige à apporter une réponse aussi à ces millions de voix
02:22qui vont au Rassemblement national.
02:24Parce que comme vous le dites, on attendait qu'ils aient entre 250 et 280 sièges,
02:29il sera beaucoup moins, et heureusement pour la démocratie.
02:32Mais il y a plein de gens qui ont voté pour eux,
02:34qu'il ne faut pas laisser sur le chemin,
02:35et je pense que ce Front républicain, ça doit devenir désormais un gouvernement républicain.
02:40Ça va être très compliqué de réussir à former ce gouvernement républicain,
02:43puisqu'on l'a vu dans les premières prises de parole,
02:46tous les leaders de gauche, ils semblaient n'être d'accord aucun les uns avec les autres,
02:51et on voit quand même mal Emmanuel Macron tendre la main à Jean-Luc Mélenchon et aux autres.
02:56Donc, qu'est-ce que va-t-il se passer, si on peut poser la question ?
02:59Alors, je n'ai pas une boule de cristal, mais vous avez raison,
03:02c'est qu'on n'apprend pas à faire des coalitions comme ça sur le tas.
03:06Si on était dans un pays, entre guillemets, normal,
03:09habitué à ce que personne n'ait une majorité absolue à l'Assemblée,
03:13comme en Belgique, comme en Allemagne, comme dans beaucoup de pays,
03:16on aurait déjà aujourd'hui, en fait, des partis qui seraient responsables
03:20et qui se sentiraient le besoin de trouver un accord de coalition,
03:25exactement comme on le fait en Belgique avec des préformateurs, des formateurs, etc.
03:29Et donc, la France va découvrir tous ces concepts ?
03:31Alors, visiblement, oui, et je répète que ça me paraît être extrêmement important
03:36parce que ce front républicain, il ne peut pas être juste un mur contre l'extrême droite.
03:41Ce n'est pas un projet juste d'avoir un mur contre l'extrême droite.
03:43Il faut maintenant transformer ça pour les besoins des citoyens.
03:47Mais en effet, à 20h02, Jean-Luc Mélenchon disait
03:50tout le programme du nouveau front républicain populaire, pardon,
03:56et rien que le programme du nouveau front populaire.
03:59Et puis, j'entendais Gabriel Attal, un peu plus tard,
04:02oublier le nom d'Emmanuel Macron dans son discours.
04:06Il est évident que le chambardement provoqué par cette dissolution
04:10et par ces résultats va avoir une onde de choc
04:13qui va se prolonger certainement pendant plusieurs semaines.
04:17Et on verra à quel point, aujourd'hui, la France est capable de, entre guillemets,
04:21changer de système.
04:22D'une manière générale, dans la Ve République,
04:25les élections législatives donnent une majorité
04:28au président qui est élu à l'élection présidentielle.
04:31On a vu que ce système est en train un peu de s'effriter.
04:34Alors, je ne sais pas si ce sera historique, en tout cas, si ce sera durable.
04:38Mais on a vu que lors de la dernière élection législative, en 2022,
04:42Emmanuel Macron n'avait pas de majorité absolue.
04:44Aujourd'hui, on voit qu'il y a trois blocs,
04:46avec des forces dont on ne l'attendait pas.
04:48Le rapport de force était un peu particulier par rapport à ce que les sondages disaient.
04:52Mais on est obligé de s'allier, en fait, aujourd'hui.
04:54Et je répète que c'est, à mes yeux, une responsabilité démocratique
04:58et historique extrêmement importante pour les deux parties
05:01qui, aujourd'hui, arrivent en tête des élections.
05:03– Le risque, c'est de laisser le pays s'entre-savoir dans une incertitude.
05:08Une incertitude qui, forcément, profiterait à terme au Rassemblement national.
05:11– En effet, si les gens qui ont voté,
05:14à la fois pour les gens qui ont voté pour le Rassemblement national
05:17et à la fois pour les gens qui ont voté pour le Front républicain.
05:20Aujourd'hui, la France a dit qu'on ne veut pas du RN au pouvoir.
05:25Mais ça ne suffit pas, évidemment.
05:26Ça veut dire que les partis pour lesquels ils ont voté,
05:29et il y a des gens de droite qui ont voté pour les candidats de gauche,
05:32et il y a des gens de gauche qui ont voté pour les candidats centristes ou de droite,
05:35ça oblige, je répète, les élus à sortir de leur court-termisme,
05:40à sortir de leur antagonisme.
05:42La France est un pays qui s'est polarisé extrêmement fort ces dernières années.
05:45Donc on ne peut pas demander, du jour au lendemain,
05:47à quelqu'un de penser le contraire de ce qu'il pensait la veille.
05:50Mais à un moment, il y a, je pense en tout cas,
05:52une nécessité supérieure de pouvoir répondre à l'attente des Français.
05:58Parce que sinon, il y aura le retour du balancier, très clairement.
06:01– Un mot, quand même, justement, sur le score en tant que tel du RN.
06:05On a un peu l'impression qu'ils ont perdu
06:06parce que les sondages annonçaient un tel Rademarais,
06:08et ce Rademarais n'a pas eu lieu.
06:10Ils pourraient doubler leur nombre de députés, c'est quand même pas rien.
06:13Et si on regarde depuis les précédentes,
06:15par rapport à la précédente Assemblée et celle encore avant,
06:18la progression est fulgurante.
06:20– En effet, j'ai l'impression que c'est un petit peu la journée sans fin.
06:24On a dit exactement la même chose, vous et moi,
06:26il y a un mois, à propos des élections belges,
06:28où on était contents que le Vlaams Belang
06:31ne soit pas le premier parti du pays et ne bloque pas le pays.
06:34Il ne faut pas oublier que le Vlaams Belang a fait un score extrêmement important
06:38et que donc là, les gouvernements qui vont se mettre en place en Belgique
06:41doivent aussi répondre à ça.
06:43C'est exactement la même chose aujourd'hui.
06:44Donc oui, le Front républicain a fonctionné.
06:47Alors c'est facile à dire maintenant,
06:48mais quand même, on a vu dans ces derniers jours,
06:50dans le deuxième tour de la campagne électorale,
06:53que le RN n'a pas fait une bonne campagne, contrairement au premier tour,
06:57avec le problème de remise en cause des attributions d'Emmanuel Macron,
07:03avec le sujet de candidats qui était quand même imprésentable,
07:08avec le programme qui était un peu bancal.
07:10Donc très clairement, il y a eu des difficultés au sein même du RN,
07:17par sans doute son inexpérience, par les gens qui la composent,
07:20et puis aussi par une espèce de plafond de verre.
07:23Contrairement à ce qu'on dit et ce qu'on a beaucoup écrit,
07:25on voit aujourd'hui dans les urnes que le RN continue à faire peur
07:29à une grande majorité de Français.
07:32Je dirais heureusement en fait.
07:34Merci beaucoup en tout cas Christophe.
07:36Effectivement, le RN continue à faire peur,
07:39mais on le répète une fois de plus,
07:41il pourrait doubler leur nombre de députés.
07:43Merci beaucoup en tout cas à toute l'actualité concernant les élections françaises.
07:47C'est sur le site du Soir et son application.

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