Bernard Hinault : "Comment j'ai retrouvé mon premier vélo"
Le champion cycliste a, un jour, retrouvé l'un de ses premiers vélos. Une histoire cocasse et émouvante qui nous fait revivre les plus belles heures du Tour de France dans les années 1970 et 1980.
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00:00J'ai dit oui, c'est mon vélo de cadet.
00:02Il m'a dit je te le donne.
00:05Non, il est à toi, je ne vois pas pourquoi.
00:07Il me dit si tu ne le prends pas, il va à la ferraille.
00:09J'ai ouvert le coffre, je l'ai mis dedans et je l'ai toujours.
00:11C'est un souvenir fantastique.
00:16Ce n'est pas le tout premier vélo.
00:18C'est le premier vélo quand j'étais cadet.
00:20C'est mon frère qui l'a acheté pour faire la compétition.
00:23Il a fait une course et il a trouvé que c'était trop dur.
00:25Donc il m'a le revendu.
00:27Je l'ai acheté.
00:28C'est un vélo tout en acier avec des clavettes qui fait 14 kilos.
00:33Mais ça ne m'a pas empêché d'y aller des courses.
00:35Il était bleu, bleu gitane, parce que c'était un gitane.
00:38Mon frère l'avait acheté chez le petit mécano qui était dans le village.
00:43Et après je l'ai récupéré.
00:45Ce vélo, moi après quand j'étais professionnel, je l'ai donné à mon fiole
00:50pour qu'il fasse de la compétition.
00:52Il en a fait un petit peu et puis après il a arrêté.
00:54Et ce vélo a disparu.
00:55Comme c'était vraiment que de la ferraille, on pensait qu'il était parti chez un ferrailleur.
01:01Et puis il y a une dizaine d'années, il y a quelqu'un qui n'habite pas très loin de chez moi
01:05qui m'appelle et me dit je voudrais que tu identifies ce vélo.
01:09Il paraît que c'est à toi.
01:11J'ai dit ok, je viens le voir.
01:13Je regarde et puis il était marqué aux initiales de mon frère.
01:16Donc je ne peux pas me tromper.
01:19Il m'a dit oui, c'est mon vélo de cadet.
01:21Il me dit je te le donne.
01:24Non, il est à toi, je ne vois pas pourquoi.
01:26Il me dit si tu ne le prends pas, il va à la ferraille.
01:28Donc ça n'a pas duré longtemps.
01:30J'ai ouvert le coffre, je l'ai mis dedans et je l'ai toujours.
01:32C'est un souvenir fantastique.
01:34C'est un vélo gitane avec des manivelles à clavettes.
01:37Je ne sais pas si les gens savent ce que c'est.
01:39Au lieu que ce soit un manchement carré et de l'aluminium, c'est que de l'acier.
01:43C'est très très lourd et il y a une petite clavette pour tenir les manivelles.
01:48Ça n'existe plus mais la technologie a beaucoup changé.
01:53La potence était quand même en aluminium.
01:56Les manettes de dérailleur qui étaient au ras du cadre étaient tellement longues que ça dépassait ma main.
02:02On pourrait dire que c'est plutôt une charrue maintenant plutôt qu'une Rolls Royce.
02:07Il est à la maison avec un certain nombre de vélos que j'ai gardés quand j'étais compétiteur comme un vélo de piste.
02:14Et puis d'autres que j'ai retrouvés un peu par hasard.
02:17Ma génération, très peu de coureurs gardaient les vélos qu'on leur prêtait pour faire la compétition,
02:23qui appartenaient à la société et donc en général on les rendait à la fin de la saison.
02:27Je sais encore le prix, il me l'a revendu, 570 francs.
02:31C'est ça sa marque.
02:34Quand vous commencez la compétition, il n'y a pas beaucoup de prix.
02:38Tout ce que je pouvais gagner en course, parce que j'en ai gagné quelques-unes,
02:41même en KD, c'était tout pour lui.
02:43C'était pour rembourser ce vélo.
02:46Peut-être qu'on devient un champion parce qu'on est heureux d'avoir un outil entre les jambes,
02:53qui est un vélo, et puis surtout se dire, si je ne gagne pas, je ne peux pas lui rembourser.
02:58Donc ça nous oblige à aller encore plus loin à chaque fois.