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Selon une projection de l'Assemblée nationale réalisée par Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche, le Rassemblement national et ses alliés deviendraient la première force politique du pays, mais n'obtiendrait pas de majorité absolue. "Incomplet", le Front républicain permettrait de faire reculer l'extrême droite.

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Transcription
00:00Et alors que les bureaux de vote ouvrent dans 48 heures, Bernard Sananès, le patron de l'Institut Elab, est avec nous.
00:05Mathieu Croissando continue de nous accompagner pour décrypter cette ultime livraison du sondage Elab et FMTV La Tribune dimanche.
00:13Et les projections en siège, parce que c'est ce qui nous intéresse ce matin.
00:17On va rester évidemment très prudents, mais on peut rappeler aussi que l'Institut Elab a été l'institut le plus proche des résultats du premier tour.
00:24La marge d'erreur la plus faible, c'était l'Elab.
00:28On met un peu la pression sur Bernard.
00:30C'est plus difficile pour un deuxième tour que pour un premier.
00:33Objectivement, le second tour permet d'affiner vraiment au nombre de circonscriptions.
00:38Mais le premier tour est plus compliqué parce que l'offre électorale est beaucoup plus vaste.
00:40Il y avait 4000 candidats dimanche dernier.
00:43Il va y en rester 1200 cette fois-ci.
00:44C'est ça, il y a 501 circonscriptions qui votent et en plus 577.
00:48Et donc, voici ce que ça donnerait en projections en siège, avec donc une majorité absolue pour personne.
00:54C'est d'abord ce qu'il faut dire et une majorité toute relative pour le RN, avec entre 200 et 230 sièges, Bernard.
01:00Alors, vous avez raison. Une fois qu'on a rappelé la prudence, effectivement, ce qui saute aux yeux graphiquement, c'est de voir que dans cette configuration,
01:07sur sa base de ses projections, aucun camp n'aurait la majorité même très relative.
01:12Le Rassemblement national serait crédité de 200 à 230 sièges, alors ce qui lui permettrait de faire plus que doubler son nombre de sièges par rapport à 2022.
01:21Mais il perdrait beaucoup de sièges par rapport à l'hypothèse qui était avancée dimanche.
01:25Pourquoi ? Parce qu'il s'est passé quelque chose qui est le front républicain.
01:28Ce front républicain, mathématiquement, aujourd'hui, avec les retraits, les désistements et les reports, on va en parler, il coûterait 60 à 70 sièges au RN.
01:36Nous avions des projections au début de semaine qui le donnaient entre 255 et 295, c'est-à-dire autour de 275.
01:42Et là, le poids moyen est à 215.
01:44Alors, avant, effectivement, d'entrer dans le détail, je voudrais, Bernard, qu'on évacue un sujet important.
01:48En 2022, la dernière projection des labs et des autres instituts aussi, avant le second tour, donnait entre 30 et 50 députés RN qui en ont finalement obtenu 89.
02:01Tous les instituts de sondage, encore une fois, ont été sondés sur la même ligne et le même écart.
02:06Comment expliquer ça ? Et est-ce que ça peut se renouveler dimanche ?
02:09Alors, comment l'expliquer, c'est assez facile quand on revient, une fois qu'on analyse ce qui s'est passé, parce que sur le moment, si on l'avait su, évidemment, on l'aurait dit.
02:16Ce qui s'est passé, c'est que c'était la première fois que le front républicain s'effritait autant.
02:21D'habitude, on avait des modèles de report qui faisaient que le front républicain, bon an, mal an, fonctionnait.
02:26Là, effectivement, on avait vu des électeurs de gauche aller parfois voter en proportion minime, mais pour des candidats RN, la réciproque était vraie.
02:35Et donc, ces modélisations n'étaient pas suffisamment prises en compte.
02:38On avait monté le nombre de scores du RN, mais pas suffisamment pour correspondre à la réalité.
02:42Là, effectivement, et notamment grâce à ces matrices de report qu'on va détailler tout de suite, on voit bien que le front républicain fonctionne en partie seulement.
02:50Et donc, ça nous permet d'intégrer ces modèles dans la projection.
02:53Mais donc, ça peut se reproduire ou pas ?
02:55On espère le moins possible.
02:56Alors, c'est quoi les matrices ?
02:57Vous vous êtes donné les outils pour.
02:59Tout à fait.
02:59Les outils, ce sont les matrices de report.
03:02Expliquez-nous comment vous parvenez à ce chiffre de 200 à 230 sièges.
03:06C'est encore quand même une fourchette un peu large.
03:09Vous n'allez pas nous demander, quand il y a 500 circonscriptions encore en jeu, de faire un projet au cycle pile.
03:14Mais comment est-ce que vous arrivez à ce chiffre ?
03:16Ce serait un peu de la supercherie, ce serait un peu de la magie.
03:19Donc, le front républicain, oui.
03:22Comment ça se passe ?
03:22D'abord, les sondés ont devant eux la liste des candidats qui restent réellement dans leur circonscription.
03:27Et à partir de ça, nous avons ce qu'on appelle des strates de configuration différentes.
03:32J'essaie de ne pas être trop compliqué.
03:33Par exemple, la configuration la plus importante, il y a 159 duels qui opposent le RN et la gauche.
03:41Nous voyons l'attitude des électeurs, par exemple, du centre.
03:45Que font-ils dans ces configurations ?
03:46Est-ce qu'ils vont voter ?
03:47Est-ce qu'ils ne vont pas voter ?
03:48Et nous modélisons dans les autres circonscriptions cette projection et ce rapport de force.
03:52Alors justement, le front républicain qu'on évoque à l'instant, il est plus fort auprès des électeurs de gauche que du centre.
03:58En chiffres, ça donne quoi ?
03:58En chiffres, ça donne deux séries de chiffres que je vais vous donner.
04:02Les électeurs dans le duel RN-gauche, les électeurs du centre sont 50 % à s'abstenir.
04:09Ça veut dire qu'ils ne veulent pas choisir.
04:10Les restants votent un peu plus, mais ce n'est pas spectaculaire non plus.
04:1432 % pour la gauche, 18 % pour Renaissance.
04:17Mais on voit bien qu'un sur deux s'abstient.
04:20Deuxième configuration qui est la deuxième la plus importante en chiffres,
04:23quand un candidat de Renaissance est opposé à un candidat RN.
04:27Et bien là, à l'inverse, six électeurs de gauche sur dix vont voter pour le candidat du centre.
04:32Donc c'est pour ça, Christophe, que vous avez dit que le front républicain marchait mieux dans ces conditions.
04:36Les électeurs de gauche sont plus disciplinés, ils ont une tradition du front républicain qui est plus forte.
04:40Et puis un dernier point qu'il faut noter, parce qu'on ne l'a pas dans les infographies,
04:43quand on regarde vraiment dans le détail, on voit que quand c'est un candidat de gauche qui est opposé à un candidat RN,
04:50l'électeur du centre a une réserve, c'est quand le candidat est de la France insoumise.
04:54Le report se fait moins bien de manière assez nette.
04:57Quand vous dites abstention, vous voulez dire aussi vote blanc ?
05:00Oui, tout à fait, mais en général, les électeurs qui ne veulent pas...
05:04Je pense que c'est parce que Bruno Le Maire, hier, a appelé à voter blanc en cas de duel RN et RNF.
05:08Alors on sait qu'au-delà des législatives, il y a traditionnellement plus de votes blancs au second tour qu'au premier.
05:12Et d'ailleurs, l'abstention au second tour est souvent stable ou même en légère progression.
05:18On vote moins, pourquoi ? Parce que son candidat est éliminé ou parce qu'on ne veut pas se reporter sur un candidat qui n'est pas le nôtre.
05:23En tous les cas, la participation s'annonce importante. Elle était, la semaine dernière, de 66,7.
05:28Là, quelle est la prévision ?
05:29Là, elle serait en recul, entre 64 et 66, la participation serait en recul, mais elle serait toujours très importante.
05:3515 points de plus par rapport à la participation de 2022.
05:38Il y a un enjeu, il y a une incertitude sur l'issue de ce scrutin, donc les électeurs restent mobilisés.
05:43Est-ce que le fait que la majorité absolue s'éloigne pour le RN ne va pas démobiliser les électeurs du Front républicain ?
05:50Ça, là, je revends votre question tout à l'heure de est-ce qu'on a corrigé, est-ce qu'on a pris en compte ?
05:55Ça, c'est la part d'incertitude parce que les sondages, les électeurs les suivent, les connaissent, ils s'y intéressent beaucoup.
06:01On le voit dans le suivi des médias.
06:03Effectivement, l'annonce du fait que le RN, aujourd'hui, semble un peu plus éloigné de la majorité absolue
06:08peut avoir, dans les deux derniers jours, des conséquences et donc avoir une projection au siège dimanche soir qui sera différente.
06:13Et puis, il y a une autre question et ce sera la dernière qui est très importante.
06:15Comment la France sera-t-elle gouvernée si aucune majorité absolue se dessine ?
06:20Là aussi, vous avez testé les Français, qu'est-ce qu'ils disent ?
06:22Les électeurs, là, c'est intéressant parce que les électeurs de chaque camp sont pour une alliance.
06:27Les électeurs du centre et de la gauche sont pour une alliance de, on va dire, ce qu'on a appelé, à tort ou à raison,
06:32l'arc républicain sans la France insoumise.
06:34C'est comme ça que les responsables, notamment de la majorité, l'ont appelé.
06:37Et les électeurs RN, LR sont évidemment favorables à une alliance entre le RN et le LR.
06:43Mais là, les électeurs LR historiques, eux, sont partagés en deux.
06:47Dans les deux cas, on voit bien que ce parti est tiraillé.
06:50Qu'il s'agisse de, quand ils sont testés sur l'hypothèse de cette majorité arc-en-ciel, comme on dit,
06:55ou qu'il s'agisse de cette majorité RN-LR que certains pourraient appeler de leur vœu
06:59si le RN n'a pas la majorité absolue, les électeurs de LR se partagent un sur deux pour et un sur deux contre.
07:05Ça promet, Mathieu, ça promet une majorité très difficile à trouver.
07:08Oui, mais il va falloir la trouver parce qu'à chaque fois, on dit « Oui, c'est pas la culture française ».
07:11Il va bien falloir la trouver, la solution.
07:12Il va falloir la trouver, mais il va falloir tenir compte aussi de la majorité de « nuisance »,
07:16c'est-à-dire le total des sièges alloués au RN et le total des sièges alloués à la France Insoumise.
07:22Si jamais ça dépasse 289, il y aura une majorité de nuisance qui pourra faire tomber n'importe quel gouvernement.
07:27Ce qu'on regardera aussi en détail, c'est la composition des sièges à l'intérieur du nouveau Front populaire.
07:31Aujourd'hui, la France Insoumise était hégémonique. Est-ce que ce sera encore le cas dimanche ?
07:35Ce qui est sûr, c'est qu'une nouvelle aire s'ouvrira dimanche à 20h, soirée électorale à suivre, évidemment, sur BFMTV.

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