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00:007h44 avec nous ce matin le candidat Nouveau Front Populaire dans la deuxième circonscription de la Gironde, celle de Bordeaux-Centre, Nicolas Thierry
00:07qui a terminé en tête au premier tour avec 49,45% des voix devant la candidate Ensemble, Véronique Jura-Michel.
00:15Bonjour Nicolas Thierry, 300 voix environ, c'est ce qui vous a manqué pour vous passer de ce second tour
00:21sur une circonscription qui compte quand même 74 000 inscrits sur les listes. On se dit quoi dans ce cas, que c'est gagné d'avance ?
00:27Je retiens avant tout cet incroyable score de premier tour, je préfère retenir ça que les 300 voix qui me manquent pour me qualifier directement
00:34mais c'est indéniablement une marque de confiance des Bordelaises et des Bordelais et pour autant je ne considère pas que cette élection est acquise
00:42et j'étais depuis lundi matin directement revenu sur le terrain pour convaincre les Bordelaises et les Bordelais
00:48et je vais donner toute mon énergie jusqu'à la dernière minute, c'est-à-dire jusqu'à vendredi minuit.
00:52En face, vous aurez face à vous Véronique Jura-Michel de Renaissance, la majorité présidentielle pas tendre durant cette campagne avec le nouveau Front Populaire.
01:00Vous avez raison, c'était une campagne et c'est une campagne éprouvante, bien sûr en raison du contexte
01:05parce qu'il y a le risque de l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite mais également parce que la majorité présidentielle,
01:11l'ancienne majorité présidentielle a fait le choix de mener une campagne de caniveau.
01:17Oui, j'ai envie de le qualifier comme ça parce que depuis des semaines, mettre un signe égal entre l'Union de la Gauche, les écologistes et l'extrême droite, c'est une faute.
01:26Alors évidemment on peut débattre des propositions économiques, sociétales, fiscales du Front Populaire, c'est légitime, c'est la démocratie, il n'y a pas de problème.
01:34Mais mettre dos à dos l'Union de la Gauche et un parti xénophobe, ça je considère que c'est une faute morale.
01:41Je vais vous dire, le Front Populaire est soutenu par François Hollande, Jean-Marc Ayrault, Christiane Taubira, même Dominique de Villepin a refusé de renvoyer dos à dos le Front Populaire et l'extrême droite.
01:54Mais il y a aussi Jean-Luc Mélenchon par exemple qui pose problème clairement aujourd'hui au parti de la majorité.
01:58C'est un épouvantail qui est agité, il ne sera ni Premier ministre, c'est extrêmement clair, il n'est même pas candidat et aujourd'hui on voit bien que c'est toute la gauche qui est réunie.
02:06Et il faut rappeler ici l'histoire qui est celle du parti de la famille Le Pen qui a été fondée par d'anciens nazis, d'écolabos et là on parle de l'Union de la Gauche.
02:17Et je trouve vraiment que c'est complètement indigne et d'ailleurs ça a anesthésié le débat et en attendant on voit qu'on n'a parlé de rien d'autre, on n'a même pas parlé d'écologie par exemple.
02:25Quels font les différences chez Renaissance ? Beaucoup de figures de la majorité dont Aurore Berger disent qu'il n'y a aucun problème pour un front face aux RN avec les écolos, avec les socialistes mais pas avec des membres de LFI.
02:38Vous comprenez cette distinction ?
02:39Alors ça c'est très récent.
02:40C'est hier ?
02:41Exactement et là effectivement toutes les semaines qui ont précédé il n'y a aucune nuance qui a été faite et même cette nuance là elle est absolument scandaleuse parce qu'on ne peut absolument pas comparer LFI.
02:52On peut être en désaccord avec eux et la majorité a tout à fait le droit sur des questions de répartition des richesses, sur des questions sociétales, sur des questions internationales
03:01mais on ne peut absolument pas mettre LFI sur le même pied d'égalité encore une fois avec un parti xénophobe et raciste qui est le Rassemblement National.
03:09Et ça je le dis c'est vraiment une faute morale et j'espère que la Macronie va sortir de cette posture parce que jusqu'à aujourd'hui ils ont transformé le débat public en égout.
03:18France Bleu Gironde, 7h47, notre invité ce matin Nicolas Thierry, candidat à sa réélection dans la deuxième circonscription de Bordeaux-Centre.
03:25Bon j'ai sous les yeux la carte du département à l'issue de ce premier tour, on voit à travers l'insultat une fracture toujours plus évidente entre Bordeaux et sa métropole d'un côté,
03:33plutôt très à gauche et puis les territoires autour où l'ERN fait de bien meilleurs résultats.
03:38Forcément vous l'avez vu cette carte aussi, vous l'avez constaté, comment vous l'analysez ?
03:41C'est très important ce que vous soulignez là, parce qu'il faut absolument comprendre et analyser en profondeur le ressort du vote du Rassemblement National dans les territoires périurbains et ruraux.
03:53Et je pourrais passer très longtemps mais je pense qu'il y a plusieurs raisons qu'il faut esquisser, d'abord dans ces territoires là il y a un sentiment d'abandon.
04:00Auquel vous n'arrivez pas à répondre suffisamment ?
04:02Je pense que personne depuis des années et surtout pas d'ailleurs la majorité présidentielle.
04:06Le Résortika semble avoir répondu à des attentes à l'issue de ce premier tour.
04:09C'est-à-dire que dans ces territoires là, on voit les services publics disparaître, la maternité, la petite ligne de train, le centre des impôts, le bureau de poste qui disparaît.
04:18Et ça, ça crée un sentiment de déclassement et c'est vrai que l'extrême droite arrive à capter cette aigreur, cette colère, ce sentiment d'abandon dans les urnes.
04:26Ensuite, dans ces territoires là, il y a, et là il y a une responsabilité collective, il y a un sentiment anti-élite qui se propage.
04:34Le sentiment que le mode de vie rural est incompris, voire méprisé par les institutions qui sont elles-mêmes pilotées par des urbains.
04:42Et se greffe à tout ça aussi la recherche du bouc émissaire.
04:46L'étranger serait responsable finalement de tous les maux, qu'ils soient économiques ou identitaires.
04:51Et là, on a l'extrême droite qui distille notamment un récit empoisonné.
04:57Et ensuite, il y a un dernier point, je pense qu'il faut le dire, il y a une partie de l'électorat qui adhère aux valeurs du Rassemblement National.
05:04Qui vit dans le mirage selon lequel, si on était dans une société emmurée, où toutes les différences seraient effacées, où tout le monde se ressemblerait, on vivrait plus heureux.
05:15Et ça, il y a ce ressort culturel, et il faut noter que ce récit, il est aussi distillé, lui aussi, par des puissantes chaînes d'informations.
05:25Enfin, qui ne sont pas des chaînes d'informations, qui sont des chaînes d'opinion, par exemple comme CNews, et qui installent quelque chose dans le pays.
05:31Et je vais vous dire, je vais finir là-dessus, c'est commun à toute la société occidentale.
05:35On pourrait même, et c'est ce que je viens de dire là, analyser le vote Trump aux Etats-Unis.
05:38Donc en fait, ce n'est pas spécifique qu'à la France, par ailleurs.
05:41Ce que vous êtes en train de dire, c'est qu'il faut qu'on arrête de considérer le vote RN uniquement comme un vote de colère, comme on l'a beaucoup entendu.
05:47Est-ce que ce n'est pas clairement un vote d'adhésion ?
05:49Il y a en partie de l'adhésion, et il faut justement aussi mener la bataille culturelle.
05:55Et c'est ce que fait notamment l'extrême droite, avec des médias comme CNews, comme le JDD, par exemple.
06:00Ils ont compris très tôt qu'il fallait mener une bataille culturelle,
06:03et qu'il y avait aussi derrière un projet de civilisation qu'ils voulaient mener.
06:06Et il faut rejeter ce terme, et il faut vraiment lutter contre cette idée qu'on vivrait plus heureux dans une société emmurée.
06:12Donc il ne faut pas être naïf.
06:14Il y a évidemment un vote d'adhésion, en une partie de l'électorat, dans tout l'électorat, mais il ne faut pas le nier, ça existe.
06:20Est-ce que ce n'est pas aussi une difficulté pour vous, arriver à parler à des habitants du Médoc, à des habitants de Libourne,
06:25de leurs problèmes de transport, à des viticulteurs aussi, leurs difficultés ?
06:28Est-ce que vous n'avez pas des problèmes pour vous emparer de ces problématiques aujourd'hui et apporter des solutions ?
06:33La première réponse à amener, c'est d'abord effectivement tirer les conclusions de ce ressort de vote.
06:38Et on regarde au niveau européen, les trois moteurs du vote, en tout cas du nationalisme identitaire,
06:45qui est en train de pousser partout dans le pays, c'est la défiance envers les institutions, le pouvoir d'achat et l'immigration.
06:51Et évidemment que la gauche doit amener des réponses sur ces sujets-là,
06:55mais des réponses de gauche, des réponses humanistes, des réponses progressistes,
06:59mais il faut s'emparer aussi de ces sujets, comme la sécurité, on ne l'a pas évoqué,
07:02il faut qu'on aborde ces sujets et il faut cesser de les laisser à l'extrême droite qui ne fait que les instrumentaliser.
07:07Lors des précédents scrutins, on entendait souvent que l'URL fait de gros résultats, c'est entre autres la faute à l'abstention.
07:13Là, on a bien vu 7 électeurs girondins sur 10 qui votent et le RN qui caracole en tête.
07:18Oui, vous avez raison, et ça rejoint ce qu'on dit à l'instant,
07:22c'est-à-dire que ce n'est pas qu'un vote de rejet, il y a aussi un vote d'adhésion.
07:26Et les abstentionnistes ne sont pas forcément de gauche ?
07:29Exactement, et ils peuvent aussi voter RN.
07:31Et on voit que dans les circonscriptions, l'abstention a favorisé les partis qui étaient déjà forts.
07:36Dans les circonscriptions, on voit dans le Médoc par exemple, ça a favorisé le RN.
07:40Dans ma circonscription où l'Union de la gauche est plutôt en position de force, l'abstention lui a profité.
07:46Donc en effet, ce n'était pas si simple que de penser que l'abstentionniste n'est pas RN, ce n'est pas le cas.
07:51Nicolas Thierry, merci. Candidat au Nouveau Front Populaire dans la deuxième circonscription de la Gironde, celle de Bordeaux-Centre.